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Jean-Baptiste Para (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070410828
320 pages
Gallimard (25/05/2010)
4.59/5   17 notes
Résumé :
Sarcastique, désespéré, violent, fragile et froid, Franck Venaille fait entendre depuis son premier recueil des années 60, une voix singulière, solitaire jusque dans l’expression de la fraternité. D’abord poète du «vivre-révolté», du cri en forme d’exorcisme, Venaille devient ensuite un écrivain en conscience. Le spontané, l’éruptif, passent derrière plusieurs écrans et l’écriture accède au labyrinthe, restitue le processus intérieur qui creuse, dénude et tout à la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Franck Venaille... Je me suis tenue longtemps éloignée de ce poète, disparu en 2018. Peut-être en raison des consonances brutes, rocailleuses de ses prénom et nom, du visage sévère, fermé qu'on présente souvent de lui... Et comme j'avais tort!

Certes, sa poésie est exigeante, souvent torturée, sombre , mais ô combien fascinante et inventive! Ce livre réunit deux recueils, " La descente de l'Escaut" publié en 1995 et " Tragique" en 2001.

Pour le premier, j'étais étonnée qu'il évoque un fleuve passant près de chez moi alors qu'il a vécu les vingt premières années de sa vie à Paris. Mais j'ai lu qu'il s'était rendu enfant en Belgique et en avait gardé un souvenir très fort. Et le voilà parti adulte à pied, le long de l'Escaut. Les textes l'évoquant sont saisissants , intenses, variés dans la longueur et la forme, vers ou prose, les ruptures d'un vers à l'autre qui ne sont pas vraiment des enjambements, coupant même un mot en deux, surprennent :

" (...) Ô soleil blanc voici que tu m'aveu-
gles. Ce couple de mariniers s'exprimant en fla-
mand. Et moi qui sais ne rien savoir Justement!"

" Tragique" présente des textes plus courts, certains sont presque des haïkus, mais tout autant innovants, étonnants...et addictifs.

" J'arrache brins de lyrisme
Et d'émotivité.

Je prends source dans la langue.

Cela ressemble à des bouquets d'ortie.

Des gerbes de fleurs amoureuses.

Que je brûle. "

Ponctuée fréquemment de points d'exclamation rageurs ou angoissés, voilà une poésie puissante, où l'humain et l'animal se mêlent, où s'expriment cris et auto-dérision. Un univers impressionnant.


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Je suis un homme meurtri

Les blessures, cette anxiété qui jamais
ne me quitte

La chair la nuit la nudité des corps
m'obsèdent

L'appréhension est un rongeur circulant dans mes
poumons
la gueule pleine

Faut-il le dire ?

Quand cessera, quand prendra fin ce temps
d'épuisement ?

Déjà ce corps flottant, déjà
d'amers pressentiments de bras en croix

Par la vie entière !

Je suis un homme meurtri
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L'homme marche pas à pas le long
de ce " poème-fleuve " et lance des
cris-défi proches de cris-tendresse.

Il s'en va Hurler Hurlant face à la mer,
l'homme-oiseau entend le chant-ami
de ce dernier et va se taire contre le
petit corps chaud.


Ainsi :

" Hurler Hurlant face à la mer

au grand dessous des glaciers bleus

S'en allant à grands pas vers la falaise

pour s'y laisser glisser — pour s'y jeter d'effroi

Hurlant — muet — la bouche à vif   Et

à l'instant même de la chute

Ah ! sentir les ailes de l'oiseau

Ah ! entendre son chant ami

Hurler Hurlant face à la mer

Se taire contre le petit corps chaud

Puis y poser ses lèvres folles !
p.148
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Enfant de la brume et du rêve, je longe régulièrent les berges de l'Escaut, écartant au hasard des clairières, le regard posé sur le silence.C'est mon fleuve, où naît de temps en temps un fragment de parole, un scintillement de phrases jouant avec la lumière elle - même jouet des variations du vent.
Lien : https://www.babelio.com/monp..
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L'homme du plat pays
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
C'était comme le désert. Comme des dunes aplaties.
Tel un troupeau allant vers toujours plus d'eau !

Halluciné ! Comme on aimerait enfin qu'il sorte de la
gorge : le grand cri rouge du couchant.

Ô la terrible anxiété de ceux qui, pieds nus dans la vase,
gravent la date de leur mort sur la pierre mouillée.

Hospice des incurables : dans la vaste salle jaune une
femme évoque, pour d'autres échevelées : la crue !

Mais justement, qu'en est-il du passé de ce fleuve ?
Ah ! Si l'on osait lui demander !

Entrant en force, m'arrachant du manteau de poussier
du brouillard.

(La Descente de l'Escaut)
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Pourquoi choisir de vivre dans la brume ? Et
Pourquoi s'obstiner ? Cloches d'effroi de l'
Église aux portes murées Comme si de quelque
Côté que notre regard se tourne surgissait un
monde aveugle et las.
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L'Escaut enfin doré ! Les écailles du soleil qui
accentuent encore le bruit de l'eau et des moteurs

L'Escaut enfin doré ! Où boivent les chevaux on
ramasse à mains plaines ce que je nomme leurs

tresses Quoi ! Serais-je passé là autrefois quand cette
terre plate m'était promise il me semble!

Et dans les prés les abreuvoirs font pourquoi pas rêver
de ce nom: Antwerpen! Devant le fleuve doré
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LA DESCENTE DE L'ESCAUT


Il
  se
  produit
  un
  choc
  un
  spasme.
  Cela
  tient
  de la lutte
  fratricide
  À la lame !
  À la lame !
  Quand la
  mer
  et le
  fleuve
  se dépècent. Et —
  le regard
  mauvais —
  saignent d'écume.


p.147
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Je suis un homme meurtri

Les blessures, cette anxiété qui jamais
ne me quitte

La chair la nuit la nudité des corps
m'obsèdent

L'appréhension est un rongeur circulant dans mes
poumons
la gueule pleine

Faut-il le dire ?

Quand cessera, quand prendra fin ce temps
d'épuisement ?

Déjà ce corps flottant, déjà
d'amers pressentiments de bras en croix

Par la vie entière !

Je suis un homme meurtri
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