L'Islande. Une terre de feu, de rocs et de glace. Des pâturages immenses où paissent des moutons et de petits chevaux à l'oeil doux, des déserts de lave, des grèves battues par les vents. Une contrée magnifique et dure. Et un peuple à son image : coriace, tenace, et étonnamment poétique. de nos jours (les années sans épidémie) elle voit défiler plus de tourisme qu'il n'y a d'habitants dans l'île. Beaucoup d'entre nous y sont allé, ou aimeraient. Mais que savons-nous de son histoire ? Rien, ou peu s'en faut.
Nous sommes au XVIème siècle. L'Islande, que des liens assez lâches unissaient à la Norvège, vient de passer sous le contrôle du roi de Danemark. Ce dernier tente d'en prendre le contrôle effectif, et parallèlement d'y introduire le culte protestant. C'est que l'île est riche : elle produit du souffre, qui permet de fabriquer la poudre à canon, et du poisson séché. Or la guerre de trente ans fait rage. Dans le sud de l'île, le clergé a accueilli avec enthousiasme les principes de Luther, et a rallié les principaux propriétaires terriens. Mais dans le nord, règne sans partage monseigneur Jon Arasson, dernier prélat catholique. Avec l'aide de ses nombreux fils et de sa fille (Rome est loin) le terrible vieillard mène une inlassable lutte pour protéger sa foi et les libertés islandaises… Et accaparer les terres.
Une immersion totale dans un monde, une mentalité, un mode de vie sans grands rapports avec les nôtres. Même les friandises locales – des abats de mouton surets conservés dans du petit lait – paraissent plus mongoles qu'européennes. Paradoxalement, l'Islande y apparait comme une terre à la fois dure et pourvue de richesses convoitées. le conflit religieux se double d'un aspect politique, les deux inextricablement liés. Les partisans du roi de Danemark croient que la Réforme accompagnera la transformation de l'île en un lieu moderne et un phare culturel de l'époque. Ses opposants estiment que le roi ne veut rien d'autre que pressurer l'Islande jusqu'à la dernière goutte, et que l'attachement à l'ancienne foi reste le principal facteur d'unité pour lui résister.
Si le thème en est passionnant, l'oeuvre souffre cependant d'une grosse faiblesse : la multiplicité des personnages et des points de vue rend assez difficile de s'y retrouver… Se rappeler qui est partisan de qui, et si Jon Arason est le père ou le fils de Ari Jonson, m'a pris un bout de temps. On ne doit pas non plus s'attendre à un souffle épique : il ne s'agit, après tout, que de quelques dizaines d'hommes se battant pour quelques pâturages et un peu de poisson séché. Mais l'enjeu final, c'est le destin de l'Islande.
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Il s'agit d'un roman historique, nous sommes au XVIem siècle en Islande, qui vit un moment crucial de son histoire. La Norvège dont elle dépendait d'une façon un peu lâche, vient de passer sous la tutelle danoise, et le roi Christian est bien décidé à régner aussi en maître en Islande, dont il espère tirer d'importants profits qui rempliraient en partie les coffres vidés par la guerre et des dépenses somptuaires. Et il veut imposer définitivement le protestantisme, malgré la promesse faite à Jon Arason de rester évêque catholique jusqu'à sa mort. Ce dernier ne se résout pas à la domination danoise, et va tenter de maintenir les anciennes traditions dans son île. Ses concitoyens se rangeront dans l'un ou l'autre camps en fonction de leurs intérêts ou sensibilités.
Le sujet est fort, les personnages aussi, la période haute en couleurs. Par conséquent le livre est prenant, même si l'auteur ne tire pas tout le parti possible de son matériel de départ. L'écriture, malgré quelques beaux passages, un peu copiés sur la littérature islandaise du moyen âge peine à donner du souffle à l'ensemble. Les personnages ne sont pas trop bien campés, j'ai un peu la sensation d'arriver au milieu de quelque chose, sans avoir les éléments pour bien tout comprendre, cela a même été un peu pénible au début, à ce demander qui est qui, et pourquoi il est là. Mais cela devient plus convaincant vers la fin, il faut dire que l'histoire est tellement forte, que c'est difficile de complètement rater ce récit, mais l'auteur devient plus inspiré au fur et à mesure du déroulement de l'action.
Donc certainement pas un chef d'oeuvre incontournable, mais un bon livre pour ceux qui s'intéressent à l'Islande et à son histoire.
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Sur les guerres de religion au XVIe siècle en Islande.
Il y a une carte en début de livre, c'est bien, mais j'aurais aussi apprécié une généalogie des personnages et leur lieu de rattachement, même si je sais que les noms de famille islandais signifient "fils de", il y a quand même beaucoup de bâtards
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