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3,6

sur 286 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
J'étais tout excité de lire ‘Paradis' le supposé grand roman de Abdulrazak Gurnah, lauréat du Nobel 2021 de la littérature. Mais je sors de cette lecture, assez déçu.

L'histoire se passe dans le Zanzibar au début du XXème siècle, une région où cohabitent les communautés arabe, indienne et autochtone païenne, qui doivent s'adapter à la nouvelle réalité du colonialisme européen.
A 12 ans, Yusuf quitte brusquement sa famille. Quand il vit les larmes dans les yeux de sa mère, la frayeur lui serra le coeur. « Aimerais-tu faire un voyage, mon petit poulpe ? » lui demanda son père. Il part en ville avec oncle Aziz, un riche marchand. Il ne lui était jamais venu à l'esprit, qu'il serait peut-être séparé de ses parents pour longtemps, ou même qu'il ne les reverrait jamais. Une fois arrivé, il ne va pas dans la belle demeure de son oncle mais dans son magasin où il travaillera la journée et dormira la nuit. Yusuf apprend 2 nouvelles terribles : Aziz n'est pas son oncle et son père l'a vendu pour rembourser une dette. Une vie de captivité commence.
Ce début présageait pourtant d'une histoire géniale. Malheureusement la suite est morne, qui ne m'a pas captivé.
Yusuf est tout sauf un personnage original : très beau, séparé de sa famille très jeune, fait souvent des cauchemars, accusé de séduire la femme de son maitre. Toute ressemblance avec le prophète Joseph est loin d'être une pure coïncidence.
Une lecture que je ne recommande pas trop, un écrivain que je ne relirai probablement pas.
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Compte tenu de sa nomination au Nobel, je reste assez déçu par Paradis. C'est une évocation intéressante de l'Afrique des caravanes menées par des commerçants arabes qui a d'autant plus retenu mon attention que j'ai séjourné en Tanzanie, mais je trouve que le roman manque de souffle, qu'il y a des passages faibles et quelques longueurs, en particulier à la fin dans les visites de Yusuf au jardin qui n'en finissent plus (et en dépit de l'intrigue que pose la relation entre Yusuf et la femme folle du marchand dans les dernières pages du roman). L'expédition est intéressante mais elle donne parfois l'impression d'être le vrai récit d'un explorateur du début du siècle. Par ailleurs Gurnah n'a fait aucun effort pour cerner le contexte de son récit. Dès le début je n'ai pas compris où se situait l'action, pensant qu'il s'agissait de Zanzibar d'où vient l'auteur. Il s'agit en fait de l'actuelle côte de la Tanzanie ou de l'arrière-pays proche si j'ai bien compris. Les identités des personnages ne sont pas non plus très bien définies. Yusuf est un swahili, c'est-à-dire un habitant de la côte mais son maître, Seyyid, est de toute évidence un arabe. C'est un aspect qui méritait une vraie précision compte tenu de l'accusation d'esclavagistes faite aux Arabes. Les marchands traitent les Africains de l'intérieur de sauvages, l'ami de Yusuf l'insulte en le traitant de swahili, bref il y a un contexte qui échappe au lecteur étranger. Il est probable que ce contexte paraît évident à Gurnah et qu'il ne lui a pas semblé nécessaire de l'approfondir.
D'autres imprécisions m'ont agacé. A priori, Yusuf séjourne au pied du Kilimandjaro. Gurnah parle d'une montagne avec de la neige. Yusuf va s'extasier devant une cascade mais ne va jamais s'intéresser au sommet enneigé du Kilimandjaro ! Curieux ! le Kilimandjaro n'est pas cité, sans doute parce que le mot ayant été imposé par les colons, il n'existait pas, semble-t-il, chez les habitants de la montagne avant l'arrivée des Blancs. On a la même chose avec les Masaï qui sont décrits par Gurnah sans jamais une référence tribale (Le contexte historique lui donne raison).
Enfin, dernier point qui m'a gêné dans ma lecture, ce sont les expressions swahilies. Sur ce point je blâmerais la traductrice qui n'a visiblement pas pris la peine de chercher dans le dictionnaire la signification des mots swahilis dont Gurnah jalonne son récit. Bonne chance au lecteur pour comprendre certains mots. Par ex p 25 on nous parle d'un nahoda. Qui peut comprendre que cela signifie ‘capitaine de bateau' ; il faut deviner avec le contexte ? La traductrice aurait tout de même pu s'efforcer de mettre la signification avec des notes de bas de page. Elle fait même une faute en écrivant p 176 un marchand mswahili alors qu'il fallait écrire un marchand swahili ; certes ça ne va pas nous empêcher de lire le texte ; ça fera tilter les swahilisant. En revanche quand Gurnah nous parle d'un chef local qui s'appelle Chatu, la traductrice semble ignorer la signification de ce terme. Aussi traduit-elle naïvement p 200 la phrase suivante : Les hommes chantaient une chanson qu'ils avaient inventée sur Chatu, le python avalé par un djinn européen etc. ; en ignorant que chatu signifie python en swahili. D'ailleurs, le simple fait que l'on apprenne que l'expédition va à la rencontre de Chatu crée une tension pour le lecteur qui connait la signification du mot, du moins cela a été mon ressenti. Je m'attendais à que quelque chose foire et la première rencontre avec Chatu m'a même étonné.
J'estime que lorsque l'on traduit un auteur anglophone qui insère des mots d'une langue africaine dans son texte, la moindre des choses serait de lui demander leur signification (même si pour l'ex de chatu, on ne peut pas se douter que c'est aussi un nom commun).
Bref, au risque de passer pour un vieux … de lecteur obsessionnel, je reste sur ma faim avec ce roman qui aurait dû m'enthousiasmer puisqu'il a trait à un pays où j'ai longtemps séjourné.
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