Gravel heart, Gurnah.
Avec ce titre shakespearien « Gravel heart » (« Ô coeur de pierre ! » Acte 3 sc 4 de «
mesure pour mesure »,) Gurnah nous donne une oeuvre qui traite à la fois des liens familiaux, de la condition d'un immigré dans le pays colonisateur, et du contexte politique du pays d'origine.
Si on ajoute à cet aperçu que le roman est écrit à la première personne, et renvoie sans doute à la biographie de l'auteur lui-même, quittant Zanzibar pour l'Angleterre avant de revenir à Zanzibar, on aperçoit les multiples facettes de ce roman attachant.
Salim vit dans un cocon familial éclaté, et il ne saisit pas la clé des comportements hors normes de ses parents : père séparé, mère affranchie (?), objets de racontars dont il ne saisit pas la portée. C'est le volet inquiet de l'enfance.
Par la suite, un oncle l'emmène en Angleterre, où il ressentira l'exil, les illusions perdues d'une formation éducative, et sentimentale. Volet d'un roman de formation nourri de rencontres diverses et d'expériences, parfois amères.
Enfin le troisième volet est le récit du père, qui lève bien des mystères, en instaurant un dialogue confiant, et peut-être une sérénité.
J'ai retrouvé dans cette oeuvre la clarté d'un récit explicite et intéressant, des personnages parfois/souvent ambivalents, des situations prenantes, des narrateurs sincères avec lesquels on fraternise ...
- et des références littéraires, mentionnées (Dickens,
Shakespeare,
Graham Green) qui ouvrent des horizons aux esprits curieux
Un régal pour le lecteur anglophone, et une clé pour découvrir tant des univers intérieurs que des sociétés, agitées de courants souterrains.