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EAN : 9781526615855
275 pages
Bloomsbury Publishing (17/09/2020)
3.88/5   13 notes
Résumé :
While he was still a little boy, Ilyas was stolen from his parents by the Schutzruppe askari, the German colonial troops; after years away, he returns to his village to find his parents gone, and his sister Afiya given away. Hamza was not stolen, but was sold; he has come of age in the army, at the right hand of an officer whose control has ensured his protection but marked him for life. Hamza does not have words for how the war ended for him. Returning to the town ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Qui connaissait Abdulrazak Gurnah avant que le prix Nobel de littérature ne lui soit attribué en octobre 2021 ? Nul ne savait que ce distingué professeur de lettres de l'université du Kent, en Angleterre, après avoir fui très jeune son île natale, Zanzibar, en raison de persécutions ethniques, avait produit une oeuvre romanesque importante dont seuls deux titres, récemment réédités, sont disponibles en français.
Son dernier roman, Afterlives, nous transporte dans un univers méconnu du public français, la ville portuaire d'un pays indéterminé de l'Est africain, au temps de la colonisation allemande et de la 1ère guerre mondiale. Dans ce qui pourrait être un « Guerre et paix » africain, nous suivons le destin de plusieurs protagonistes, enrôlés pour deux d'entre eux dans les troupes coloniales indigènes allemandes, les Schutztruppe ou Askaris, à la discipline impitoyable, où les recrues sont instrumentalisées pour semer la terreur, la mort, le pillage et la désolation dans leur combat pour asservir les populations locales et affronter des troupes coloniales adverses au service des Belges, Portugais et Britanniques. Parmi eux Hamza, qui a rejoint ces rangs, très jeune, pour fuir le travail forcé, est un rêveur qui a fait le mauvais choix. Remarqué par un officier supérieur allemand pour sa belle prestance et son instruction, il en devient l'ordonnance et se voit imposer d'apprendre la langue de Schiller, justement pour devenir capable de lire ce poète, selon du moins l'objectif fixé par son mentor.
Car pour Gurnah, la colonisation comporte son lot d'ambiguïtés. Imposant à l'Afrique ses querelles européennes, elle s'y livre à son oeuvre barbare de guerre, de déshumanisation et de destruction. Mais elle apporte aussi avec elle l'instruction, la possibilité de faire des études, une approche moderne de la médecine, plus efficace que les guérisseurs traditionnels, la culture et donc même la poésie, comme en témoignent les anthologies de Schiller et Heine, offertes à Hamza en des occasions distinctes. Ce qui sauve la plupart des personnages du roman est l'atout de savoir lire, écrire, compter, et même pratiquer plusieurs langues.
Quand la paix revient dans la vie des gens simples, tolérants et généreux, mais aussi éduqués, comme le comptable Khalifa, une existence ordonnée et paisible reprend ses droits. Ce dernier, soutenu par sa femme Bi Asha, prend sous son toit une fillette maltraitée, Afiya, quasi adoptée par le couple, puis recueille Hamza, rescapé de la déroute des Askaris pendant laquelle il a été gravement blessé par un officier allemand ivre de violence. Travail, vie sociale, bavardages entre amis, pratique religieuse modérée et sans excès, tout contribue à rendre possible l'idylle entre Afiya et Hamza, devenu menuisier chez le patron de Khalifa. Les caractères sont nuancés et ne présentent pas que des qualités, l'un est un râleur sarcastique, l'autre une mauvaise langue, le marchand âpre au gain n'hésite pas à s'enrichir dans la contrebande. L'évocation de cette société donne aussi à l'auteur l'occasion d'une réflexion sur la condition féminine en pays musulman, sur les limites de la médecine traditionnelle, sur une piété purement sociale, sur les enjeux de la modernisation.
Avec ce roman écrit dans un anglais ouvert au multilinguisme, les mots swahilis et allemands n'étant pas traduits, Gurnah oppose l'inhumanité coloniale et guerrière à la simple humanité des gens ordinaires, la barbarie s'étalant du côté de la prétendue « civilisation » jusqu'à l'épilogue des crimes racistes nazis. Cependant rien n'est manichéen dans cette chronique empathique de destins individuels, d'un continent et d'une culture à l'autre, où perce parfois une ironie désabusée.
Le mot de la fin est laissé au jeune Ilyas, hanté dans son adolescence par des voix angoissantes, qui plus tard l'inspireront et le pousseront vers l'écriture, peut-être une belle image du parcours d'Abdulrazak Gurnah.

Lu en V.O, le livre n'étant pas encore traduit en français.
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Le prix Nobel 2021 a donné l'occasion de découvrir cet écrivain  inconnu des francophones - éditions épuisées à l'attribution de la récompense - depuis réédité récemment (Paradis et Près de la Mer par Denoël). J'ai donc téléchargé Paradise et Afterlives en VO sur ma liseuse ce qui était une riche idée parce que j'ai eu accès aux dictionnaires Anglais/Français ou Anglais/Anglais et aussi à la traduction Bing des mots en swahili. Lecture facile que je recommande chaudement. 

Afterlives est une publication récente (2020) qui raconte l'histoire de la Tanzanie de la Première Guerre Mondiale jusqu'à la période contemporaine.  Commençant par l'histoire du commerce caravanier des marchands indiens et la colonisation allemande puis britannique et enfin l'accession à l'indépendance de la Tanzanie (1961-1964). Il  fait allusion aux  répressions sanglantes des révoltes d'al Bushiri (1888) de Wahehe (1898) et Maji Maji (1905-1907) réduites par des troupes allemandes et leurs supplétifs askaris. 

Quatre livres . le premier est centré autour du personnage de Khalifa employé du marchand Amur Biashara  employé d'une banque Gujarati. Ces commerçants musulmans sont à la tête d'entreprises familiales, exportation (Khalifa les qualifient de pirates) ou usuriers, artisanat varié.

Le jeune Ilyas qui a étudié auprès de colons allemands et qui a un bon niveau d'éducation est embauché par le marchand et devient le protégé de Khalifa. Il laisse sa petite soeur Afyia auprès de Khalifa lorsqu'il s'enrôle comme askari - supplétif allemand - dans la première guerre mondiale.

Le livre 2  se déroule pendant la Guerre dans l'armée allemand. Il  pour héros Hamsa, un jeune askari, protégé d'un officier allemand qui en fait son ordonnance et lui apprend l'allemand. A la fin de la guerre il sera capable de lire Schiller et Heine. Engagement assez absurde pour un africain qui se bat pour des puissances qui se disputent l'Afrique.

le livre 3 commence quelques années après la fin de la Guerre. Les Britanniques ont remplacé les Allemands. Hamza retourne dans la ville côtière, il est embauché dans l'entreprise de Nassor Biashara, accueilli par Khalifa dans sa maison. le récit se déroule dans ce cadre familial pendant plusieurs décennies. Cette chronique familiale décrit la vie quotidienne, traditions et arrivée de la modernité. 

Dans le livre 4 le fils de Hamza, Ilyas part en Allemagne à la recherche de son oncle Ilyas perdu. La colonisation allemande n'est pas tout à fait oubliée et ce qu'il trouve m'a étonnée. 

J'ai beaucoup aimé ce récit qui complète l'histoire inachevée de Paradise (1994) que j'ai lu juste avant. Hamsa, comme Yusuf de Paradise, était un enfant-esclave retenu comme gage pour les dettes de ses parents, comme ce dernier il vivait chez un marchand qui se déplaçait dans le pays avec une caravane. Comme lui, il s'est engagé comme askari pour fuir l'esclavage. Cependant, les deux récits sont différents. Paradise était écrit dans le style d'un conte oriental qui m'avait séduite. Afterlives est plus réaliste, plus historique, plus politique aussi. 

Et comme j'ai vraiment beaucoup aimé les deux oeuvres je compte lire bientôt By the Sea! 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Une grande découverte qui m a comblée , lisez cet auteur pour lequel je n'arrive pas à trouver de qualificatif adéquat , d ores et déjà dans mes top favoris , c est un formidable raconteur d histoire , sensible et touchant .
Ce roman n est pas encore traduit en français mais il y a bcp d autres titres qui le sont ea « paradis « , » près de la mer .. « 
J avais Téléchargé ce livre (car indisponible en version « papier « a l époque )lors de l attribution du prix Nobel 2021 à cet auteur que je ne connaissais pas du tout , depuis lce roman languissait dans ma PAL.
Après La lecture du merveilleux Copperhead de B Kingsolver j errais ,ne pouvant choisir le roman suivant à lire , qui serait « à la hauteur « de ce roman que je venais de reposer .
Et bingo
Lisez l excellente critique de Miriam sur Babelio :beaucoup mieux que ce que je pourrais faire (en vitesse comme d habitude )

Avec un Style éblouissant , le mot juste , concision , phrases percutantes sans en avoir l air,
L auteur nobelisé nous emmène dans les colonies allemandes en Afrique de l'Ouest avant la grande guerre de 14-18
Ce sont les « colonisés « qui parlent et qui décrivent les événements , ceci sur un mode narratif s en tenant aux faits , sans jugements ni auto -apitoiement , les mots et la narration se suffisent à eux mêmes, pas de fioritures ni chichis .

:j ai téléchagré tous les romans de cet auteur !

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Un lauréat du prix Nobel, ça crée toujours de grandes espoirs. D'abord quelques commentaires positifs. Gurnah est un conteur né, c'est clair : il suit un nombre limité de personnages dans une histoire plus ou moins chronologique, mêlant descriptions, dialogues et réflexions. Donc, pas d'expériences ici, et cela en soi est peut-être un soulagement. de surcroît, tout le décor de ce roman est assez séduisant car peu connu des Européens blancs : la communauté des Indes en Afrique de l'Est, dans la première moitié du XXe siècle. Gurnah évoque la vie dure dans cet environnement très diversifié, avec des racines qui vont très loin à la fois localement et internationalement. Et c'est rafraîchissant. L'influence perverse de la colonisation occidentale est également mise en évidence, avec notamment les impitoyables Allemands comme coupables, tandis que les Britanniques s'en tirent remarquablement bien.
Puis les inconvénients. Ce livre manque un thème centrale : surtout au début, Gurnah saute de protagoniste en protagoniste, se concentrant principalement sur le tourmenté Hamza, un volontaire africain dans le corps colonial allemand ; son histoire est captivante dépeinte. Mais à la fin, Gurnah tombe soudainement dans un résumé sec des efforts du fils de Hamza pour retrouver l'oncle dont il porte le nom, une recherche qui le mène dans le passé de l'Allemagne nazie. Cette rupture de style est bizarre, comme si Gurnah ne pouvait pas tout à fait terminer sa narration.
Donc, ce n'est certainement pas un mauvais livre, mais il a un certain nombre de problèmes. Je dois admettre que j'étais un peu déçu, étant donné ce prix Nobel.
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Après By the sea, je me suis tournée vers le dernier roman d'Abdulrazak Gurnah, Afterlives, acquis après sa parution un peu plus tôt cette année et qui sera sûrement bientôt traduit en français. Ici, aussi, le roman se déroule en Afrique de l'Est, sur le territoire de l'actuelle Tanzanie, mais le récit nous amène au début du XXe siècle, quelques décennies avant le Zanzibar de By the sea. L'imposition de la puissance coloniale allemande sur les peuples de la région, puis les combats que se livrent troupes allemandes et britanniques (et leurs soldats et porteurs africains) sur ces territoires au cours de la Première Guerre mondiale, forment la toile de fond du roman.

C'est contre cette toile de fond, et plus ou moins directement touchés par elle, qu'évoluent les personnages du roman – Ilyas, sa soeur Afiya, et le soldat Hamza, tous orphelins et tous à la recherche de leur place dans une communauté à laquelle ils n'appartiennent pas tout à fait. La toile de fond est somptueuse, et riche de détails sur une histoire coloniale allemande qui est rarement le sujet de romans (du moins en anglais ou français) et encore moins du point de vue est-africain. Contrairement à By the sea, le roman est bien davantage porté par l'intrigue – par le mystère qui entoure le destin d'Ilyas, et par la nature des liens qui se développent entre Hamza et Afiya – et le rythme est donc bien plus rapide, peut-être même trop rapide sur la dernière partie.
Lien : https://passagealest.wordpre..
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Vidéo de Abdulrazak Gurnah
Abdulrazak Gurnah vous présente son ouvrage "Les vies d'après" aux éditions Denoël. Entretien avec Lucie Leroy. Traduction par Sylvette Gleize. Rentrée Littéraire automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2929801/abdulrazak-gurnah-les-vies-d-apres
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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