Ces années sont inscrites dans la langue du corps et ce n'est pas une langue que je peux dire avec les mots.
Je détestais l'entendre sonner, je détestais cette intrusion d'appels non désirés à toute heure du jour ou de la nuit, de gens qui s'adressent à moi, que je le veuille ou non, qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs, qui s'adressent à moi sans que je les aie vus arriver et que j'aie eu le temps de préparer une excuse courtoise, je détesterais qu'ils pénètrent chez moi par le biais de ce clairon, de cette chose qui sonne, stridule, grésille, et qu'ils exigent de moi une réponse polie.
Il y a des gens qui ont une opinion sur tout et qui n'hésitent pas à l'exprimer, des gens remplis de sagacité et de superbe dont la sagesse repose sur la conviction que tous les autres sont des imbéciles.
Dans les vapeurs de l'air d'en bas, vous trouverez les opportunistes dépourvus de venin et les illuminés qui croient n'importe quoi, les foules crédules et lâches qui emplissent et contaminent les espaces de plus en plus exigus où elles se rassemblent.
Il était une fois des cartes commerciales coloniales qui transformaient la corne de l'Afrique, affectant les petites villes le long de la côte avec leurs balisages. Après l'indépendance de ces pays, les commerçants sont brusquement partis, laissant les villes au bord de la mer dans le désarroi, ne faisant plus de commerce du ghee et de la gomme, des chiffons et des bibelots grossièrement martelés, du bétail et du poisson salé, des dattes, du tabac, du parfum, de l'eau de rose, de l'encens