Waouh, quelle excellente lecture ! Je ressors totalement enthousiaste de cette découverte littéraire !
Si l'on devine très vite qu'il s'agit d'un thriller domestique, ce huis-clos psychologique réserve au lecteur une sacrée surprise et je peux vous dire que je me suis ré-ga-lée !
Ai Kitazawa est contrainte de revenir habiter dans la maison familiale où vivent sa mère et sa grand-mère, suite à son divorce et la perte de son emploi. La maison est située dans une banlieue défavorisée à quelques kilomètres au sud-ouest de Tokyo, au fond d'une impasse, dans un quartier très calme. Ai se sent bien seule pour se reconstruire et gérer les disputes plus ou moins violentes entre sa mère et son aïeule. Sa vie lui paraît bien désastreuse et elle s'interroge sur sa capacité à rebondir...
Mais c'est sans compter sur sa voisine, Miyoko, toujours prête à se dévouer pour rendre service. Mais que se cache-t-il donc derrière tant de bonté ?
Je ne peux vous en révéler plus sur l'intrigue mais je vous confirme que c'est un excellent roman noir, même si je pense que l'autrice aurait pu aller encore plus loin dans la noirceur des personnages, car je m'attends toujours au pire dans les thrillers psychologiques, j'ai une imagination débordante !! 😂 (et malgré cela, je vous jure que j'ai quand même été bien surprise !)
Enfin, sous prétexte d'un roman noir, l'autrice pointe du doigt les travers d'un système sociétal se révélant parfois faillible, ainsi que la place des femmes dans cette société (et plus généralement des adultes devant s'occuper de leurs aînés).
Je vous recommande chaudement ce titre pour une plongée contemporaine au coeur du Japon ! 😍
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Juste après avoir lu ce roman je lui ai mis trois étoiles. Je l'apprécie plus maintenant, avec un certain recul, beaucoup plus, mais pas au point de changer ma note. Certes, l'histoire est excellente, mais je ne me suis pas identifiée du tout à l'héroïne et suis restée extérieure au récit. Les dialogues sonnent faux (problème de traduction ou problème culturel ou ?). Aï est une jeune femme qui attire la poisse… Elle vient de divorcer, n'a plus le droit de voir ses enfants et doit déménager. Qui plus est, elle perd son boulot, parce qu'elle couchait avec son supérieur et que cela a fuité. Elle retourne donc dans sa famille avec sa mère et sa grand-mère. du coup Aï renoue avec une voisine qui a pris soin de ses parents puis de son grand-père toute seule. Tout cela donne lieu à une remarquable peinture de la société japonaise, jusqu'à ce qu'Aï relève quelques incohérences dans la vie et l'histoire de sa voisine. A partir de là, tout bascule dans un récit déjanté et loufoque. On devine relativement vite de quoi il retourne mais les détails sont tout de même de vrais révélations. C'est complètement loufoque, limite crédible, mais quelle critique de la société derrière ce récit burlesque ! C'est une belle satyre sociale pleine d'humour et bien rythmée. de ce point de vue-là, c'est une belle réussite pour un premier roman. Comme polar, c'est nettement moins réussi.
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Une grande et agréable surprise pour moi que ce livre qui paraît de facture classique et qui monte petit à petit dans la noirceur, jusqu'à l'horreur sans pouvoir renoncer à stopper l'histoire pour savoir comment cela se finit. J'ai beaucoup aimé avoir peur.
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Ni polar, ni thriller, mais plutôt farce tragi-comique: après l'avoir lu, on ne va plus regarder du même oeil l'étal de son boucher favori...
Sans être vraiment amies, Ai et Miyoko vont nouer une certaine complicité (dans les différentes interprétations possibles de ce mot) pour essayer de se sortir d'une situation peu brillante. Pas beaucoup d'argent pour vivre, une maison branlante, une famille insupportable, le futur d'Ai semble bien bouché. Miyoko va l'aider à entrevoir des possibilités pour en sortir.
Les hommes n'ont qu'une place limitée dans ce roman. le seul capable d'empathie est incarné par le boucher Kanemura, l'employeur d'Ai. Les autres apparaissent comme falots, veules et imbéciles, comme Akio son ex-mari, ou encore Takayanagi, son ancien chef de service, avec qui elle couche parfois parce qu'il lui prête sa voiture après l'avoir mise à la porte.
On s'attendrait donc à un éloge de la sororité, mais non, fausse piste! Car Ai va vivre avec sa mère, chez sa grand-mère. Toutes deux passent leurs soirées à se chamailler et à se reposer sur la jeune femme pour faire les courses, la cuisine, le ménage... Bref, c'est Cendrillon au pays du soleil levant.
Dans un style détaché, pince-sans-rire, l'auteure nous fait vivre l'évolution d'Ai dans un monde japonais dominé par les hommes, en décrivant au passage le sort peu enviable réservé aux femmes, aux pauvres, et aux vieux. Au passage on apprend quelques trucs sur la manière dont les Incas embaumaient les cadavres... On ne sait jamais, ça pourrait servir!
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🌸Une grande famille de Hika Harada🌸
242 pages
Ai se retrouve seule après un divorce difficile. Elle perd ses enfants, son foyer et son travail.
Elle décide de retourner vivre avec Takako, sa mère et Yasu, sa grand-mère dans une atmosphère explosive après 10 ans d'absence.
Elle a été élevée par une grand mère empreinte de méchanceté et une mère qui préférait courir après les hommes plutôt que de s'occuper de sa fille. Un père absent depuis le début.
L'ambiance familiale est terrible, disputes, coups, laisser-aller...
Pour s'aérer, elle se réfugie chez Miyoko, sa sympathique et serviable voisine qui s'occupe de son grand père.
L'histoire est posée.
Maintenant prenez Takako et Yasu, mélangez et vous obtenez une potion détonnante.
Faites de même avec Ai et Miyoko, vous obtiendrez l'inimaginable, l'inédit et l'horreur.
Ce récit vous tient en haleine du début à la fin avec des scènes proche de la nausée.
Jusqu'où peut aller l'être humain ?
La misère peut elle amener à l'impensable ?
Ce livre mérite amplement d'être lu.
Ai est très touchante, c'est un personnage très important dans cette lecture. On suit son évolution tout au long du livre.
Ne vous fiez pas à la couverture. Achetez ce livre pour entrer dans un autre monde
Depuis son entrée dans le parloir, Ai luttait pour paraître sereine. Pour elle, il ne faisait aucun doute : c’était une histoire d’homme qui avait causé la dispute entre Takato et yasu. Une autre de ses nombreuses aventures. Mais en son for intérieur Ai aurait souhaité que sa mère réponde autre chose. Qu’elle dise : « Mon homme ? Quel homme, j’ai pas d’homme. » Elle aurait aimé qu’elle dise ça. Toute sa vie, elle avait espéré que sa mère dise ça.
Alors qu'ils avaient pris l'habitude de s'épier les uns les autres, les résidents de l'impasse avaient été incapables d'éviter une série de cambriolages. On se savait sous surveillance du voisin, alors on ne prenait plus la peine de fermer chez soi à double tour. Les cinq maisons furent visitées. Tous les habitants furent saisis d'un doute. Et si c'était quelqu'un de proche qui avait fait le coup? Pendant un moment, l'ambiance avait été tendue. Les cinq foyers donnaient l'apparence d'entretenir des relations de bon voisinage, mais en réalité il n'y avait guère de communication entre eux.
Le plus souvent, Takako mentait par pure vanité, pour des motifs insignifiants. Elle enfilait mensonge sur mensonge, comme des perles, histoire de conserver le beau rôle. Mais à ce petit jeu elle n’avait pas tardé à faire le vide autour d’elle. Il y avait fort à parier que Takako avait quitté Kawaguchi après s’être fait une nouvelle fois larguer. Que ce soit par son fiancé ou par son employeur. « Jamais, ô grand jamais ma grand-mère ne lui aurait demandé de revenir auprès d’elle. »
Elle avait toujours connu Yasu fana de danse traditionnelle japonaise. Elle se souvenait, enfant, des kimonos d’apparat dans la chambre de sa grand-mère. Ils étaient glissés dans leur protection en papier, mais entreposés à même le sol. Telle mère, telle fille. Yasu, comme Takako, n’avait aucun sens de l’ordre. Chaque fois qu’elle utilisait un vêtement de gala, elle abandonnait les accessoires de droite et de gauche, une paire de chaussettes par-ici, une ceinture par-là.