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EAN : 9782377220090
Jigal (18/05/2017)
3.77/5   35 notes
Résumé :
Lorsque Henri Majencoules, un jeune mathématicien qui travaille en Californie sur le projet Arpanet, revient à Agnost-d'en-haut en 1967, son village natal focalise l'attention de tous les médias du pays : une famille d'Américains, les Stokton, vient d'y être massacrée. Imprégné par la contre-culture qui bouillonne alors à San Francisco – du Flower Power à la pop musique et de l'été de l'amour au LSD –, Henri supporte mal le silence oppressant de la terre de son enfa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Maurice Gouiran mélange plusieurs thèmes historiques dans ce polar basé dans les années 60 finissantes.

Une famille américaine meurt dans un petit village de montagne qui se vide de ses habitants. Henri, un enfant du pays, parti aux USA travailler sur l'ancêtre d'internet, l'ARPANET, revient pour l'enterrement de sa mère et se retrouve, avec un journaliste de ses amis, à tenter de comprendre ce qui a pu se passer.
Il ne tarde pas à faire un lien avec les expériences médicales menées durant la seconde guerre mondiale dans les camps de concentration et avec la récupération des scientifiques nazis après guerre par la CIA, bien peu regardante sur les crimes de guerre commis, pourvu que les applications militaires bénéficient aux States.

L'inhumanité des expériences menées par des « médecins » nazis dans les camps donne lieu à deux chapitres assez secs et d'une grande dureté. Gouiran s'y fait l'écho de Michel Cymès dans Hippocrate aux enfers.

Quant au programme « Paperclip », qui a permis par exemple à Werner von Braun de passer sans transition de créateur des fusées volantes V1 et V2 destinées à détruire Londres et la population civile alliée, à ingénieur en chef à la NASA, il constitue la thématique de fond.

S'y ajoute une réflexion sur les zones rurales de montagne, renfermées sur elles-même pendant des générations, et brutalement confrontées dans les années soixante à un monde plus vaste. La vie est dure, sans espoir d'évolution, les jeunes quittent des terres qui ont fait la fierté de leurs parents, les commerces ferment. le tout dans l'incompréhension des anciens...

Les premières pages manquent un peu de fluidité. La suite est autrement plus dense et rythmée. Les sujets abordés sont très bien documentés. D'ailleurs Gouiran fournit à la fin une biographie sélective.

Décidément j'aime bien Gouiran quand il joue avec l'Histoire.
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Découverte de Maurice Gouiran avec ce roman palpitant pour son intrigue, mais aussi pour la masse d'informations que celle-ci apporte.
En 1967, pour assister à l'enterrement de sa mère Suzanne, Henri Majencoules revient à Agnost-d'en-Haut, le village de l'arrière-pays Nîmois qu'il a quitté pour suivre sa scolarité au Lycée Saint Charles à Marseille.
Après de brillantes études, Henri s'est établi en Californie, à Menlo Park, où il travaille d'abord pour le Stanford Research Institute financé par l'ARPA (Advanced Resarch Project Agency) qui créera ARPANET le réseau utilisé par l'US ARMY puis donnera naissance à l'INTERNET.
Henri vit la contre-culture hippie, le mouvement psychédélique,les acid-test au LSD, la consommation efferénée de Marijuana, à des années lumières d'Agnost-d'en-haut.
Le retour au pays n'est pas folichon, il ne s'est jamais entendu avec son père, un taiseux qui n'a jamais supporté qu'Henri ne reprenne pas la ferme. Alida Avigliana, la fille de Piémontais immigrés, son amour d'enfance est mariée et devenue la postière du village d'Agnost-d'en-Bas. Son « copain » d'école Antoine Camaro est journaliste à France-Soir et se trouve au village pour enquêter sur un crime atroce, le meurtre d'un couple d'Américains, les Stockton et leur fille âgée de 11 ans.
En parallèle aux faits se déroulant en 1967, Gouiran relate l'atroce détermination de médecins Nazis à Dachau, en 1943, multipliant les expériences sur des cobayes humains afin de tester la résistance humaine au froid, dans des conditions d'atmosphère faible en oxygène, aux virus, aux bactéries et à des maux qu'ils imaginent toujours plus sophistiqués.
Ces expériences connaitront des applications militaires comme la fameuse combinaison anti-g pour les pilotes.
Très vite le lecteur acquiert la certitude qu'entre les événements de Dachau en 1943, le crime de la famille Stockton en 1967, il y a un lien que l'auteur nous dévoilera via Henri et son ami Antoine qui enquêtent de leur côté, certains que le commissaire Castagnet de Marseille fait fausse route en recherchant le ou les coupables parmi les habitants du village et de préférence parmi des Piémontais immigrés après-guerre.
Mais le propos de Gouiran dépasse la relation d'une simple enquête de police. Son roman, fort bien documenté comme en témoigne la bibliographie en fin d'ouvrage, veut dénoncer la foire d'empoigne qui eut lieu à la fin de la seconde guerre mondiale entre USA et URSS pour recycler les chercheurs nazis, y compris les plus atroces qui se livrèrent à des expériences sur des êtres humains.
Von Braun, le créateur des V1 et V2, le plus connu est devenu l'un des piliers de la NSA et du programme spatial américain. Mais le plus grave est de constater que nombre d'entre eux ont échappés aux procès de Nuremberg, alors que la plupart d'entre eux étaient reconnus coupables de crimes contre l'humanité.
La thèse que développe Gouiran est celle développée aussi par des hsitoriens contemporains comme Ian Kershaw, « loin de porter atteinte au capitalisme, [Hitler] en fit un auxiliaire de l'État », préfigurant l'évolution de nos sociétés vers plus de domination sur les citoyens, plus de brutalité dans les rapports sociaux, la disparition des corps intermédiaires et la sujétion du politique à l'économique.
Certes moins brutales que les expériences menées dans les camps par les Nazis, les expérimentations des radiations atomiques lors des essais nucléaires sur des soldats, tant aux USA qu'en France, longtemps cachées à l'opinion et jamais révélées aux intéressés au moment de leur réalisation, ne sont-elles pas de même nature, et les responsables ou coupables n'ont-ils pas échappés à la justice ?
Gouiran relate un certain nombre d'expérimentations menées par l'US Army ou la CIA.
Propos dérangeant, mais étayé par la découverte de nombreuses autres « expérimentations » menées dans les années 1950 et 1960.
Si l'on fait le lien avec des « affaires » comme celles du sang contaminé, du Médiator, de l'amiante, on mesure à quel point les intérêts économiques et financiers passent avant l'intérêt humain et au mépris de sa mort.
Le roman se termine en 1995, Bill Clinton reconnait la responsabilité du gouvernement fédéral dans un certain nombre d'affaires « contraires à l'éthique ».
En Californie, Henri envisage de faire découvrir Agnost-d'en-Haut à ses enfants, mais le pourra-t-il ?
Très bon roman qui restitue avec précision ce que pouvait être l'atmosphère d'un village rural de montagne du Sud de la France en 1967, référence à la chanson de Ferrat, et à l'affaire Dominici. Par contraste l'ambiance de la Californie en 1967 est également très justement retracée. La partie sur les crimes nazis et la complaisance des USA et de l'URSS pour récupérer de la matière grise pour leur propre compte est documentée est donne envie de s'intéresser à ce sujet.
A lire…

Lien : https://camalonga.wordpress...
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Roman policier et historique très documenté, il suffit de regarder en fin de livre la bibliographie, reprenant différents thèmes sur une période de 60 ans entre l'Allemagne, la France et les États-Unis.
Du camp de Dachau à la future Silicon Valley en passant par les montagnes proches d'Avignon, nous suivons les expérimentations, les manipulations et les meurtres de témoins gênants par les autorités américaines afin de camoufler les expériences sur des populations civiles au nom de bien commun et de la défense du territoire.
La réalité dépassant souvent la fiction, ces pages donnent froid dans le dos.
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En gagnant ce roman lors d'un concours, je ne mesurai pas la chance de découvrir Maurice Gouiran. Inconnu de mon univers littéraire, cet auteur fait naître toute une série de réflexions sur la manipulation des hommes et notamment gouvernementale. Point de conspiration ou autre signe paranoïaque, mais une documentation fournie de l'Histoire et de la science. En entraînant le lecteur de Dachau pendant la Seconde Guerre Mondiale à Agnost-d'en-haut en 1967, il tisse la toile du réseau du mal et de l'expérimentation. Construit comme une enquête classique, l'étendue des découvertes, elle, ne l'est pas. Entre goût de terre, flower power et imposture, le petit village d'Agnost-d'en-haut n'a jamais autant été sous les feux des projecteurs...

De retour à Agnost-d'en-haut en 1967 pour l'enterrement de sa mère, Henri Majencoules retrouve la terre et l'austérité du hameau qui peuplait son enfance. Mathématicien travaillant sur le projet Arpanet en Californie, le jeune homme de vingt-sept ans se confronte en silence à un père indifférent. Cependant, la cruelle monotonie des lieux est interrompue par le meurtre d'une famille américaine, les Stokton, installée depuis deux ans. Surpris qu'un tel fait puisse se produire dans une contrée aussi reculée, Henri va mener avec l'aide d'Antoine Camaro ancien camarade devenu journaliste, une enquête des plus bouillonnante.

Entrecoupée de flash-back sur des médecins nazis exerçant dans le camp de Dachau, cette enquête prendra une tournure inattendue...

D'une plume tranchante, Maurice Gouiran nous entraîne dans les méandres de la science et de l'Histoire. Dans un décor fait de terre et d'humidité, il se sert du meurtre de la famille Stokton pour expliquer les actes nazis à Dachau. Comment, me direz-vous ? Chaque chose en son temps...

Troublant et noir, ce polar à la construction plutôt classique révèle une histoire complexe. Complexité relationnelle entre Henri et son père, entre ruralité et métropole. Complexité entre liens historiques, mais aussi entre des actes injustifiables, perçus comme tels lors d'une guerre, et qui le sont à une autre époque, dans un autre pays. Pour vous donner un indice, je ne peux que vous révéler la récupération des médecins nazis par les Etats-Unis... Ainsi, à travers les interrogations de son protagoniste, l'auteur questionne sur la notion de "gentils" et de "méchants" et sur les expérimentations secrètes de tous bords et leurs répercussions.

En parcourant ce récit mordant, j'ai beaucoup aimé la description des sentiments d'Henri liée à l'environnement de ce hameau hostile aux étrangers, mais aussi les faux-semblants derrière se cache les habitants. Très documenté, le flower power et le LSD festif que côtoie Henri en Californie est en totale contradiction avec la noirceur qui s'empare de l'enquête.

Malheureusement, je ne peux en dire plus sur l'intrigue par peur de vous révéler toutes les ficelles qui relie les époques. Sachez juste que le pouvoir de réflexion de Maurice Gouiran est assez fort pour utiliser L Histoire afin d'éclairer notre époque. 

Cette fois-ci, pas de gourmandises ! du thé, du thé et encore du thé...et un corsé de préférence ! Parce que cette histoire est juste glaçante et semée de faits véridiques, elle m'a coupé l'appétit. Fallait le faire !
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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Le diable n'est pas mort à Dachau de Maurice Gouiran deux histoires qui s'entremêle, celui d'un médecin qui fait de la recherche sur des êtres vivants dans le camp de concentration de Dachau et celui d'un scientifique français en informatique en 1967. Des scientifiques récupérer par l'état-major américain et de l'Union Soviétique a la fin du conflit. Impossible de ne pas faire un parallèle avec le roman de Martin Michaud (Je me souviens). Henri un jeune mathématicien qui travaille sur le projet Arpanet quitte la Californie pour les obsèques de sa mère à Agnost-d'en-haut en 1967. Un triple meurtre a lieu dans ce village une famille d'Américains ont été massacrée. Ce roman est une réflexion sur l'héritage nazi dans notre société Occidentale (homme sur la Lune, avion supersonique, missile, gaz toxique, expérience médicale sans le consentement, etc.). Des criminels de guerre avec une nouvelle vie et de nouveaux laboratoires et nous comme cobayes. L'auteur dans son roman dresse une liste d'expériences causant la douleur la folie et la mort sanctionné par l'état tout cela au nom de la victoire sur le mal. Excellent roman qui laisse le lecteur amer car tout continue avec de nouveaux instruments sans notre consentement.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Henri s'est rendu compte, au fil des années, que l'Amérique qu'il avait découverte en 1965, était bien loin de l'image idéale qu'on en avait, en Europe dans les années cinquante... Elle avait beau se réfugier dans la contre-culture, la contestation, la musique ou la dénonciation des inégalités, elle en produisait que des hordes d'individus corrompus ou perturbés qui tentaient de se dissimuler derrière des fantasmes de spiritualité, et de remplacer à grand coup de drogues hallucinatoires le monde réel par une virtualité esthétique et confortable.
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Les chercheurs opérant à Dachau se sont adaptés mentalement, d'une façon presque naturelle qui banalise leurs effrayantes interventions....
Certains d'entre eux se révèlent des papas gâteaux attentionnés, jouant du Mozart à leurs gosses le dimanche après midi ou prenant grand soin d'une aieule handicapée, après avoir soumis leurs semblables à une semaine d'atroces tortures.
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Je mettrai un coup de projo sur la participation des médecins nazis à ces projets, histoire de pimenter mon récit. En fait, l'activitë de Stokton pour la CIA n'est que le prolongement de ses travaux à Dachau.
- C'est diabolique, murmure Henri dans sa barbe. Antoine referme le dossier, avale le reste de sa Kronenbourg.
- Diabolique, sans doute... Tu sais, Henri, je crois bien que le diable n'est pas mort à Dachau..
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Ils roulent sans arrêt jusqu'à Dachau. Cette ville d'artistes, prisée par les peintres depuis la fin du XIXe siècle, n'est qu'une petite bourgade bavaroise d'apparence tranquille, avec ses maisons aux façades typiques, ses jardins soignés, son château Renaissance et le haut clocher coiffé d'un bulbe de l'église St. Jakob.
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C'était ça le paradoxe: à San-Francisco, des hippies pacifistes bossaient pour des faucons du Pentagone qui les approvisionnaient généreusement en LSD!
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