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EAN : 9782081300699
432 pages
Flammarion (09/04/2014)
4.08/5   48 notes
Résumé :
Ils sont deux. Deux Allemands nés à l’aube du XXe siècle, que l’Histoire a transformés en héros d’une épopée noire.Rudolf Höss n’est pas né monstre, il le devient : enfance austère, Grande Guerre, Allemagne chaotique ; le parti nazi et l’armée seront son unique famille. C’est à lui qu’est confiée la création du camp d’Auschwitz. Hanns Alexander, juif allemand de la grande bourgeoisie, grandit dans une Allemagne heureuse, brillante et cultivée. Exilé à Londres pendan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Hanns et Rudolf

Thomas Harding, le petit neveu de Hanns Alexander mène l’enquête sur son grand-oncle, Hanns, qui a traqué le nazi en 1945. Et plus particulièrement Rudolf Höss commandant du site d’Auschwitz responsable de la mort d’un million et demi de Juifs gazés au zyklon et de cinq-cents-mille morts de maladie, de froid ou de faim.


Hanns fils d’un riche médecin berlinois a vécu dans l’appartement de 22 pièces de ses parents avec son jumeau et ses sœurs jusqu’à l’avènement d’Hitler. Malgré sa fortune et ses relations, la famille a dû (et pu) émigrer vers l’Angleterre. Hanns s’est engagé dans l’armée britannique mais un peu en retrait des combats (on hésite à lui confier une arme). Son père, propriétaire d’une clinique en Allemagne a tout abandonné et laissé à sa femme le soin de vendre l’affaire pour un prix « dérisoire » ( en fait celui de la liberté et de la vie de tous les membres de la famille) puis a refait son eau chez les frogs : nouveau cabinet, nouvelle clinique, et nouvelle "clientèle".


Rudolf, fils de personne s’est engagé dans l’armée à 16 ans pour la grande guerre et puis s’est destiné à l’agriculture. Marié à Hedwig et rattrapé par la propagande nazie il rallie les SS, un peu contre son gré. Dilemme… Doit-il exploiter sa propre ferme ou bien accepter de gérer un camp de concentration comme lui propose Himmler ? (Plus tard il pensera que la ferme n’aurait de toute façon pas pu prospérer dans ce climat au minimum délétère qu’était la guerre mondiale et le déchainement des bombes alliées sur l’Allemagne). Alors il accepte Auschwitz : une villa avec sa femme et ses enfants (dont deux conçus pendant son séjour sur place) à cent mètres des chambres à gaz. Génie de la maintenance il planifie et réalise le plan d’Adolf H.


Hedwig Höss a du personnel prélevé sur le camp et décore sa "villa" avec les saisies opérées sur les victimes au fur et à mesure de leur arrivée.(Hedwig est au courant en 1942 de l’activité secrète du camp - mais en même temps ça pue très fort- elle ouvre donc les yeux et ferme sa culotte). Hedwig est un beau spécimen de salope qui mourra vieille dans son lit quand son mari assassin de masse aura été lui pendu sur le lieu même de ses exactions à 45 ans.


Mais dans ce monde viril, l’essentiel est la non-rencontre de Rudolf et de Hanns que tente de mettre en scène un romancier enfoui sous ses notes, prologues et épilogues et surtout ses photos qui sont à la métaphore littéraire ce que la purée mousseline est à l’écrasée de pomme de terre. Hanns arrête Rudolf et laisse dix minutes à ses « collègues » pour lui foutre une bonne baston et lui faire traverser à poil dans la neige le trajet de la voiture à la prison (rires).


Rudolf sera pendu plus tard et après un procès où il sera le seul à assumer la vérité après s’être rendu compte que la Shoah avait donné une mauvaise image de l’Allemagne dans le monde.


Satisfait et épuisé de sa quête, Hanns retrouvera sa place dans une banque amie d’un beau-frère, il aura des enfants et vivra heureux.


Du coup le titre, genre « Tristan et Isolde », parait bien grandiloquent face au roman d’ Hilsenrath« le barbier et le nazi » puisque les personnages qu’on aurait imaginés plus intimement liés ne cherchent même pas à se comprendre.


Allez savoir pourquoi en 2006, on ne parle de Hanns qu’à mots couverts au petit neveu Harding (qui s’est exclu modestement de l’arbre généalogique en pièce jointe) assoiffé de vérité. Toute la famille Alexander est britannique, naturalisée et prospère. On meurt à quatre-vingt-neuf ans. On créé la synagogue qui va bien pour déposer les urnes funéraires.


Voilà, voilà.


(Harding devrait enquêter sur le comportement de sa famille dans les années 80 quand Maggie perçait the tunnel under the chanel et pourchassait l’argentin. En quatre-vingt-dix ans, il s’en passe des choses, isn’t.)


NB La police minuscule fait mal aux yeux
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J'ai littéralement dévoré ce récit, mené de main de maître par le petit neveu de Hanns Alexander.
Ce document se lit comme un roman.
Ce livre ouvre sur les grandes questions de la banalité du crime, de cet équilibre entre justice et vengeance, de cette indicible frontière entre le bien et le mal.
L'auteur montre clairement comment Höss, un homme en tout banal, officier SS, père de cinq enfants, est devenu un des plus grands criminels du XXe siècle en supervisant, froidement, sans le moindre état d'âme, le camp d'Auschwitz.
Lors de son procès, Höss répondra à ses juges : « personnellement je n'ai tué personne de mes mains » , insistant sur le fait qu'il n'avait fait qu'obéir aux ordres de son supérieur Himmler.
De nombreux passages sont véritablement dignes d'un très bon thriller.
Ce livre, très bien documenté m'a littéralement captivée.
Forcément, cette lecture nous ramène à ce livre extraordinaire de Robert Merle , «La mort est mon métier » (paru en 1952).
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J'avais hâte de recevoir ce livre, à peine l'avais-je vu que je savais que je voulais le lire. J'ai eu le plaisir de découvrir un roman qui est déjà un magnifique objet, un objet qu'on a envie d'ouvrir immédiatement en espérant que le continu soit aussi exceptionnel... et ce fut largement le cas! Ce roman est juste, les mots sont vrais, L Histoire est dépeinte de la meilleure façon possible. Chapeau bas à l'auteur de nous offrir un tel livre permettant de revenir sur des faits qui ne doivent pas être oubliés.

L'idée de croiser deux destins ainsi est géniale. Rudolf et Hanns sont deux hommes aux parcours très différents et pourtant ils sont nés dans le même pays et à la même époque. Simplement ils ont suivi des parcours très différents dû à leurs origines, à leurs familles, à leurs idéaux. C'est donc la vision des "deux Allemagnes" qui nous est offerte, d'un côté celle des hommes enrôlés dans le parti nazi et de l'autre, celle des juifs soumis à leur autorité et à leurs atrocités.

Ce livre est une claque, une plongée dans la mémoire et dans le passé, un rappel de faits à ne jamais oublier même si le temps passe inexorablement. Il devrait être lu par tout un chacun afin de garder en mémoire ces hommes et ces femmes qu'ils soient victimes ou bourreaux, car finalement ce que l'auteur nous montre ici, c'est que quelque soit le bord des personnages, ils ont autant fait de bonnes que de mauvaises actions. Personne n'a été tout blanc ou tout noir et je trouve que cet élément est important à garder en mémoire.

Le fait que l'auteur soit un membre de la famille de Hanns Alexander ne rend le texte que plus fort et plus touchant. J'ai d'ailleurs adoré la fin du roman quand il rencontre d'autres descendants pour une visite très forte dans lieu lourd en douleurs. Difficile de rester de marbre durant ce roman et cette fin amène une touche supplémentaire à tout ce qui nous est déjà raconté.

En bref, un livre qui est à lire et à relire encore et toujours. Plonger dans ce qui s'est passé ne pourra plus changer les faits, mais les garder en mémoire est notre devoir, un devoir que nous devrions tous endosser.
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Ce livre très bien écrit et documenté raconte l'histoire de deux allemands Rudolf Höss et Hanns Alexander nés dans le premier quart du XX siècle.

Rudolf, issu de la petite bourgeoisie catholique de province, s'engage en 1916 à l'âge de15 ans dans l'armée allemande et connait son baptême du feu la même année.
En 1918, il est démobilisé mais rejoint les "corps francs" par conviction politique mais aussi pour fuir la pression familiale qui le destinait à la prêtrise. Il adhère au NSDAP en 1922. Dans le cadre de ses activités politiques, il endosse la responsabilité d'un meurtre commis en bande organisée et fait de la prison.
Admis en 1934 dans la SS, il entame une carrière de gardien de camp à Dachau. Au fil des promotions, il rejoint le camp de Sachsenhausen. En 1940, il se voit confier la mission de créer et organiser le camp de concentration d'Auschwitz jusqu'à sa transformation en camp d'extermination.

Hanns, issu de la haute bourgeoisie juive bien intégrée des quartiers ouest de Berlin, connait une enfance heureuse, choyée dans une famille unie. L'arrivée au pouvoir d'Hitler, les mesures antijuives les exactions des nazis conduisent la famille Alexander, ayant tout perdu, à quitter l'Allemagne et se réfugier en Grande-Bretagne. Malgré sa qualité d'apatride « allemand », Hanns peut en septembre 1939 s'engager dans l'armée anglaise. En mai 1945, il rejoint comme interprète les enquêteurs chargés d'interroger les officiers SS capturés au camp de Belsen. le choc éprouvé à la vue des milliers de cadavres s'amoncelant à l'air libre et la plongée dans l'horreur concentrationnaire donnent un sens impérieux à sa vie : rechercher les criminels de guerre.
Dans une Allemagne exsangue et les moyens limités dont il dispose, il parvient à capturer des dignitaires nazis comme Gustav Simon Gauleiter du Luxembourg et enfin Rudolf Höss.
Thomas Harding, petit neveu d'Hanns Alexander et auteur de l'ouvrage, « signe ici son premier livre ». Disposant de sources familiales mais aussi d'archives officielles ainsi que de témoignages des victimes mais aussi des familles des bourreaux, il raconte de manière – me semble-t-il objective et pour cela se reporter aux notes additionnelles de fin d'ouvrage – la traque des auteurs de ces crimes contre l'Humanité.
Le récit passionnant « a tout d'un scénario de roman policier » même s'il ne s'agit hélas pas d'une fiction.
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Thomas Harding raconte dans ce récit historique l'engagement de son grand-oncle Hanns Alexander lors de la Seconde Guerre mondiale. Son statut de Juif allemand réfugié en Grande-Bretagne avec sa famille, l'a très tôt conscientisé à combattre et à exterminer le nazisme en Europe. Et c'est à la fin du conflit qu'il s'est le plus illustré en traquant sans relâche les criminels de guerre allemands, et en capturant le plus connu, Rudolf Höss, directeur du camp d'extermination d'Auschwitz (que j'avais à tort confondu avec Rudolf Hess, adjoint du Fuhrer, qui connaîtra un sort différent.)
En alternant avec les récits biographiques de chacun des protagonistes, Thomas Harding rend la lecture aisée malgré la gravité des faits relatés et l'issue tragique qui en a résulté. À sa démobilisation, Hanns Alexander n'a plus voulu évoquer avec ses proches cette période troublée, comme bien des vétérans.
Et suprême coïncidence, hier, dans un documentaire sur la traque de Klaus Barbie, surnommé le « boucher de Lyon », j'apprends que l'ancêtre de la CIA recrutait, à la fin du conflit, d'anciens officiers nazis à titre d'informateurs dans la chasse aux communistes, dont Barbie lui-même. Protégé par les services secrets américains, il a pu, en tout impunité, se réfugier en Amérique du Sud comme bon nombre de ses coreligionnaires.
Pressentant qu'il fallait aller au plus vite avant que les rats ne quittent le navire, Hanns Alexander s'est rapidement mis à la tâche au lendemain de la défaite allemande, ce qui s'est avéré judicieux connaissant la suite des événements.
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critiques presse (2)
Bibliobs
24 avril 2014
Thomas Harding raconte comment son grand-oncle Hanns Alexander, un juif allemand, a traqué Rudolf Höss, le commandant du camp d'Auschwitz.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
11 avril 2014
Même s'il n'est pas une fiction, le livre de Thomas Harding se lit comme un roman, tant la vie intime des individus y côtoie la démesure de l'Histoire.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Nous vivons une époque où les eaux se referment sur les événements de la Seconde Guerre mondiale, où les derniers témoins arrivent au crépuscule de leur vie, et où il ne nous reste que des bribes de ce passé, si souvent entendues qu'elles en ont perdu leur authenticité. Des principaux acteurs de cette période, nous n'avons gardé que des caricatures : Hitler et Himmler dans le rôle des monstres, Churchill et Roosevelt dans celui des guerriers conquérants et, en toile de fond, des millions de victimes juives.
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Hanns nourrissait maintenant d’autres ambitions. Il parlait allemand, certes, mais surtout, il comprenait la psyché allemande, il connaissait le pays et pouvait se repérer mieux que quiconque dans une ville. Fort de ces atouts, il se jura de mettre la main sur les grands criminels de guerre, à commencer par le commandant Höss.
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Les procès de Nuremberg furent abondamment couverts par les médias internationaux. Jour après jour, les journaux publiaient des éditoriaux de plus en plus alarmistes, prédisant qu’en dépit de leur participation manifeste à l’extermination de millions de juifs, de communistes et de Tziganes dans les camps, il n’était pas exclu que les prévenus soient acquittés. La procédure légale menaçait de tourner au fiasco.
Entre-temps, la nouvelle de l’arrestation de Rudolf Höss s’était propagée.
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Dans un passage capital de ses confessions, il estimait que l’extermination des juifs était une erreur, non parce que ces massacres à grande échelle étaient immoraux ou monstrueux, mais parce que, soulignait-il, « c’est cet anéantissement en masse qui a attiré sur l’Allemagne la haine du monde entier.
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Quelques heures plus tard, il quittait le camp, un laissez-passer et une liste de noms en poche, un revolver et une paire de menottes accrochés à la ceinture.
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