Ce livre très bien écrit et documenté raconte l'histoire de deux allemands
Rudolf Höss et Hanns Alexander nés dans le premier quart du XX siècle.
Rudolf, issu de la petite bourgeoisie catholique de province, s'engage en 1916 à l'âge de15 ans dans l'armée allemande et connait son baptême du feu la même année.
En 1918, il est démobilisé mais rejoint les "corps francs" par conviction politique mais aussi pour fuir la pression familiale qui le destinait à la prêtrise. Il adhère au NSDAP en 1922. Dans le cadre de ses activités politiques, il endosse la responsabilité d'un meurtre commis en bande organisée et fait de la prison.
Admis en 1934 dans la SS, il entame une carrière de gardien de camp à Dachau. Au fil des promotions, il rejoint le camp de Sachsenhausen. En 1940, il se voit confier la mission de créer et organiser le camp de concentration d'Auschwitz jusqu'à sa transformation en camp d'extermination.
Hanns, issu de la haute bourgeoisie juive bien intégrée des quartiers ouest de Berlin, connait une enfance heureuse, choyée dans une famille unie. L'arrivée au pouvoir d'Hitler, les mesures antijuives les exactions des nazis conduisent la famille Alexander, ayant tout perdu, à quitter l'Allemagne et se réfugier en Grande-Bretagne. Malgré sa qualité d'apatride « allemand », Hanns peut en septembre 1939 s'engager dans l'armée anglaise. En mai 1945, il rejoint comme interprète les enquêteurs chargés d'interroger les officiers SS capturés au camp de Belsen. le choc éprouvé à la vue des milliers de cadavres s'amoncelant à l'air libre et la plongée dans l'horreur concentrationnaire donnent un sens impérieux à sa vie : rechercher les criminels de guerre.
Dans une Allemagne exsangue et les moyens limités dont il dispose, il parvient à capturer des dignitaires nazis comme Gustav Simon Gauleiter du Luxembourg et enfin
Rudolf Höss.
Thomas Harding, petit neveu d'Hanns Alexander et auteur de l'ouvrage, « signe ici son premier livre ». Disposant de sources familiales mais aussi d'archives officielles ainsi que de témoignages des victimes mais aussi des familles des bourreaux, il raconte de manière – me semble-t-il objective et pour cela se reporter aux notes additionnelles de fin d'ouvrage – la traque des auteurs de ces crimes contre l'Humanité.
Le récit passionnant « a tout d'un scénario de roman policier » même s'il ne s'agit hélas pas d'une fiction.