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4,11

sur 1882 notes
Dalva, pour moi, c'est l'histoire d'une rencontre qui ne s'est pas faite. J'étais sur une berge, Jim Harrisson sur l'autre, nous avons fait des pas, mais pas suffisamment, pas dans la bonne direction pour nous rencontrer. Alors je reste perplexe, comme un rond de flan à côté de ce livre qui avait suscité tant de promesses et qui, pour moi, ne les a pas tenues.

En effet, je suis restée totalement extérieure à la narration, au personnage même de Dalva, sans compter celui de Michael, l'autre narrateur de l'histoire : rien ressenti, aucune empathie, comme avec ces gens qui prennent le même train que vous et avec lesquels vous n'échangez pas une seule parole de tout le trajet.

La narration se passe au milieu des années 1980, c'est-à-dire à l'époque même de la parution du roman. Dalva y a alors 45 ans et elle nous narre différents moments de son existence, principalement sur les terres familiales du Nebraska, un état des États-Unis très central, situé dans les vastes plaines, légèrement à l'est des Montagnes Rocheuses.

Le mode narratif employé par l'auteur a sans doute beaucoup contribué à m'éloigner des personnages, c'est très américain : pas de sentiments, juste des faits, des descriptions d'action. À aucun moment je n'ai trouvé les personnages attachants et surtout, l'héroïne, Dalva, m'a semblé très éloignée de ce que je connais de la psychologie féminine. Cet argument vaut ce qu'il vaut, sachant la diversité humaine, il doit bien exister sur la planète des femmes qui se comportent comme Dalva, mais cela a aussi eu pour vertu de m'éloigner, de décrédibiliser ce que je lisais.

En fait, cette narration est un prétexte, un prétexte à évoquer un mode de vie en voie d'extinction à l'époque de l'écriture du roman, c'est-à-dire une combinaison, une sorte d'osmose avec les animaux et la nature, un prétexte également à évoquer le sort qui fut réservé aux populations amérindiennes, notamment les Sioux.

Une large part du roman consiste en le journal de l'arrière-grand-père de Dalva, venu s'installer dans la région à l'époque de la conquête de l'ouest, sorte d'archétype du « Danse avec les loups » de Michael Blake, tombé amoureux des Indiens face aux Occidentaux, qui s'est lui même marié avec une Sioux.

Je ne peux pas dire que ce soit difficile à lire, mais c'est l'intérêt proprement romanesque qui m'a manqué. Finalement, on ne voit jamais vraiment le personnage de Dalva évoluer, se confronter ici et maintenant à la vraie vie : on nous narre uniquement les résultats passés de cette confrontation, d'où mon questionnement sur la réussite narrative de l'ensemble. Selon moi, avec mes seuls critères, c'est raté ; pourtant, j'aime plutôt bien le bonhomme Harrisson, mais dans ce roman, tout m'apparaît maladroit, mal conduit, échoué.

Enfin, bon, bref, la sauce n'a pas pris alors même que j'étais persuadée qu'elle prendrait : je n'y ai pas perçu la poésie des grands espaces que j'attendais, pas retrouvé le bonheur des évocations de temps anciens, pas adhéré aux aspirations des protagonistes à se bourrer la gueule et à baiser pour un oui pour un non.

Je n'ai pas adhéré non plus à cette espèce de quête de l'amant perdu, du fils perdu, du père perdu, lesquels n'avaient rien de fascinants pour moi malgré toute la peine que se donnait l'auteur à vouloir me les rendre tels. En somme, grosse déception dans l'ensemble pour moi et pas mécontente d'en avoir fini, mais en gardant à l'esprit qu'il ne s'agit là que de mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Vous souvenez-vous avoir déjà eu les larmes qui coulaient face à la beauté d'un paysage ? Vous savez ce frisson qui survient de manière incontrôlable quand l'émotion vous submerge ?
Asseyez-vous confortablement. Lancez la vidéo ci-dessous. Fermez les yeux, je vous emmène… Calmez votre respiration et laissez votre imagination et vos souvenirs prendre le dessus.(Bien sûr vous pouvez ignorer la pub du début 😉)

https://www.youtube.com/watch?v=-yN6MR4XraY

♫Emannahyo Yo, Yo, Yo. Emannahyo Yo, Yo, Yo,
[...] je sais que ça fait, des centaines d'années,
Et je ressens votre espoir, et je sais que c'est mauvais,
Ce que vous ressentez, vous avez été enchaînés et brisés et brûlés,
Ce merveilleux peuple,
Ces vieilles âmes sages ont été broyées pendant trop longtemps
Par cet homme veule, cet homme avide, cet homme sans coeur, le tricheur,
Cet ouvrier du gouvernement prenant le sang et la terre,
Prenant le sang et la terre, et ils le peuvent toujours
Mais vous rêvez, que votre esprit guerrier perdure, et ici c'est Tellement, tellement tellement fort sur la terre, dans les arbres et dans les rochers, dans l'eau dans le sang et dans l'air que nous respirons. Soldat en avant.
Soldat en avant, mes bons compatriotes, continuez à vous battre pour vos enfants à présent,
Continuez à vous battre pour votre nom
Doucement vous disparaissez, doucement!
Doucement vous disparaissez, doucement vous disparaissez
On y passe du temps et nous nous demandons pourquoi, on fait ce qu'on peut, nous rions et nous pleurons
Et nous dormons dans ta poussière, parce que nous avons vu tout ça avant...♫
-Spirit Bird (extrait traduction) - Xavier Rudd - 2012 -

11 000 000 d'AmérIndiens début 16e, estimation
Plus que 250 000 début XXe .... Consternation
Refoulés aux frontières du mensonge
Des nations qui crèvent, vous rongent
Tués par des rêves chimériques
Crâne de coyotte magique
pour un Discours Anthologique
Voire en trop peaux logique
Anti rides, je vis âge PAL
mon humble critique Antalgique
Ce livre nous raconte L Histoire
Vous aurez peine à croire
Cerise sur le gâteau
Edward Curtis ses albums photos
à visionner entre tous les mots ...

Légendes d'automne
Emportées par le vent
So dad Jim Harrison
pas mort, simplement Absent...

J'suis le reflet de n'importe quoi
Même le miroir se moque de moi
J'ai contemplé l'horizon
Et j'ai compté les bisons
Plus je bois
Plus je crois,
Qu'on est tout seul avec soi,
Vendre leur monde, mon chemin d'croix
Tu nieras celui que tu n'aimes pas
Et la foule marche dans les mêmes pas
Plus je bois
Plus j'te vois
Elle avait l'air indienne insoumise et païenne,
Elle cherchait dans le ciel une réponse essentielle
Plus je bois
plus j'me noie
le jour s'est enfui
dehors il fait nuit
si je me reveille dans le noir
comment vais-je savoir
avec certitude, que je suis toujours vivant ?
ma colonne vertébrale devient serpent
corps sculpté et esprit d'esthète
corbeau perché sur la tête
Les corbeaux sifflent sur les plaines
mais la vie continue quand même
plus je bois
plus je renvoie
Péter plus haut que son cul
le nez dans son caca
ils parlent comme ça
dans le Nébraska
plus j'y crois, plus je le vois
J'espère être davantage que ce que je fais et perçois
Effet Peyolt ou effet mère
Vivre chaque instant
une âme de Coyotte
Larguer un amant mort
pour retrouver son enfant vivant
"mon monde vacille en proie
à une ébriété naturelle", Montaigne, je crois....
J'aime la compagnie de ceux qui s'tolèrent
À bas les pistolets, vive l'épistolaire....
le nom n'est qu'un artifice patrilinéaire
harmonie fugace de motifs fragmentaires
et si mon père avait refusé d'etre père !?
Trouver enfin l'occasion de me taire ......
Mes pensées tourbillonnent
Se noient dans la lumière
Ça y est c'est l'automne....
indien vaut mieux que deux
Avoir Eté , ou Présent déjà passé
advienne que pourra !
Hippipique Hourra
On ira ,
quand tu voudras !
où tu voudras !?

Encore une fois admirer la diversité des facettes de la personnalité, et du panorama .
Merci Mr HARRISON pour tout ça











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Dans l'oeuvre de Jim Harrison il y a quelques romans qui méritent que l'on s'y arrête. Il y a " Légendes d'automne" qui m'avait touché, je viens de découvrir " Dalva" un autre récit attachant. Peut-on dire que dans l'oeuvre de " Big Jim" il y a des romans majeurs et d'autres qu'il vaut mieux oublier. Je pense que oui, ce qui ne m'empêche pas d'aimer l'écrivain.
" Dalva" est l'histoire d'une femme et d'une famille, elle se veut libre, libre de ses choix, de ses amours. Une femme de caractère que rien n'arrête. Elle a le tempérament des Northridge une famille fortunée du Nebraska qui à travers les générations s'est battue contre les injustices.
Dalva ne tient pas en place, alternant le ranch familial du Nebraska, le ranch de son oncle Paul en Arizona et Santa Monica où elle travaille dans une association pour jeunes en difficultés. Malgré ses voyages, ses rencontres divers et variées, une famille aimante Dalva n'arrive pas à oublier son amour de jeunesse Duane. de cet amour naitra un enfant.
Dalva a 17 ans et Duane est sioux.
A 45 ans elle décide de poser ses valises et s'installe dans la maison de son grand-père, une façon pour elle de se recueillir sur ses disparus, son grand-père vénéré, son père John wesley mort en Corée, Duane son amant et son enfant adopté à la naissance.
"Dalva" est un roman sur la famille, c'est aussi une leçon d'histoire sur les guerres indiennes, une tache de sang indélébile qui orne la bannière étoilée.
Venez découvrir les grands espaces cher à Jim Harrison, sa faune sa flore, quand l'homme et l'animal ne font qu'un comme Dalva et son cheval.
En attendant de lire " la route du retour" je vous laisse avec Dalva.
" J'ai pensé à une question qu'un Cree m'avait posée sur un ton moqueur
- Que deviennent les histoires quand il n'y a personne pour les raconter ?"
Une pensée aux membres de la tribu qui se reconnaitront.
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Bon , on va pas se mentir , y a comme un méchant sentiment de frustration au final . Souvent comparé à Joseph Boyden que j'adore et inversement proportionnel à la tengente , j'esperais me perdre corps et ame dans une nature magnifiée , exacerbée . Je n'irais pas jusqu'à parler de perte de temps , restons honnete , mais le constat est bien là : déception !
Tel le petit galopin à la vue d'un grand huit tentaculaire , j'ai pris place dans ce wagonnet tentateur , gravissant lentement et inexorablement une pente qui , immanquablement , déboucherait sur un palpitant et enivrant plaisir de lecture . Livre terminé . Je pense en avoir appréhender les lignes directrices , si , si , ne soyez pas désobligeants . Et j'ai toujours cette vaine espérance d'un manege prometteur qui jamais ne me grisera .

Pourtant , au vu des critiques ditrhi , dihti , raaaaahhh , élogieuses , la trame historico-familiale s'avérait plaisante ! Des personnages forts , emblématiques et fouillés . de magnifiques paysages , véritables invitations au voyage et au dépaysement . Mais là ou le bat blesse , c'est cette profusion de détails , d'évenements circonstanciés qui , par manque de liant , ont fait que jamais au grand jamais je ne me suis senti concerné par ce récit . Véritable spectateur passif d'une histoire aussi fouillée que fouillie . le style est enlevé et pourtant , cette surabondance de faits , cet éclatement narratif justifient pleinement cette absence d'empathie et d'implication de ma part . Un manque de sobriété pénalisant et faisant d'un bouquin chronophage un livre juste agréable...Dommage..

Dalva , 45 ans , femme libre hantée par un noir passé . 15 ans , déces de son pere en Corée . 17 ans , disparition de son grand-pere devenu alors tuteur et modele . Elle se verra également enlevé son fils des la naissance , fruit d'un amour interdit et contrarié . Sinon , tout va bien...
Michael , son petit ami du moment , plus prompt à la faire rire qu'à la faire jouir ( dixit l'auteur ) et féru d'histoire Amerindienne, la convainc alors de l'autoriser à mettre son nez dans les journaux de son arriere grand-pere . Dalva , quand à elle , est bien décidée à retrouver et renouer avec un fils qu'elle ne connait pas . Voilà le point de départ d'un drame familial se jouant sur quatre générations . Les voyages temporels s'enchainent . Les écrits apportent leur comptant de révélations historiques et familiales . Les pérégrinations de Michael , pur citadin laché dans un environnement hostile et au contact d'autochtones surprenants qu'il découvre , sont plutot jubilatoires . le dénouement est sublime mais ne suffit pas à combler et faire oublier ces longs moments de solitude . Cette persistante sensation que le bouquin ne va jamais décoller...

J'avais sorti le canoé , m'attendant à etre balloté par des flots tumultueux ! Au final , ce triste sentiment d'avoir pagayé sur une mer d'huile en faisant du surplace...Ça devait monter...
Ce qui ne m'empechera pas , afin d'infirmer ou de confirmer une premiere impression plus que mitigée , d'attaquer Sur la Route du Retour...de flammes ! Qui sait ?

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Dans la pure atmosphère de la littérature de grands espaces, on avance dans le récit comme on avance en terre inconnue.

L'écriture de Jim Harrison contient la quintessence de l'Amérique : des grandes villes aux grands espaces, de la violence de la ville à la sauvagerie de la nature, des turpitudes passées aux bassesses présentes, de la tradition à la modernité, des mythes fondateurs à la peu reluisante vérité d'un passé maquillé, des indiens aux cow-boys.
La nature est toujours magnifiée, devenant un personnage en soi, portée par une langue de feu et de grâce.

Parce que les grands espaces ne mentent jamais et que rien dans la nature ne va à contre-sens, l'auteur américain, contemplateur amoureux de rivières, de montagnes et des animaux, profite de cette immersion pour traiter les thématiques récurrentes qui lui sont chères telles la cause indienne, la condition de la femme, l'appartenance à la terre et la rédemption avant qu'il ne soit trop tard des personnages à la croisière des chemins.

Les descriptions enchanteresses et poétiques de la nature, les tirades pleines d'esprit et l'humour cynique qui frôle parfois l'insolence, rythment cette saga dépaysante, passionnante, engagée et pleine de sagesse.

Dalva est le chef-d'oeuvre de Jim Harrison.
Profondément humaniste, il est aussi un cri d'amour aux femmes libres.


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J'aime les quelques livres que j'ai lus de Jim Harrison. Certes il adorait chasser et je reconnais que c'est une des choses qui m'éloigne de lui. Mais pour le reste, je suis prêt à tout partager, la cuisine, le vin, l'amour, les rivières, les grands espaces, la passion des chevaux, l'ivresse, et puis après l'ivresse ou peut-être encore pendant cet instant fragile ou tout vacille, où nous venons de refaire le monde éternellement, revenir sur nos pas et se tromper de porte, revenir dans la part de nos vies intimes que nous ignorions. Je vais vous parler de Dalva, ce roman, ou bien cette personne, les deux semblent se lier entre eux.
C'est Dalva, la narratrice, qui nous raconte cette histoire, une histoire ancienne, elle est l'arrière-petite-fille d'un pasteur missionnaire auprès des Sioux. Son grand père était pour moitié indien Lakota. Elle n'est pas âgée, pas encore l'âge de se pencher sur son passé, elle n'a que quarante-cinq ans, mais des circonstances familiales l'amènent à se pencher sur son passé.
L'histoire de la famille de Dalva est marquée par des deuils et des séparations. Michaël est historien. Il a été l'amant de Dalva, il en est encore amoureux. Il s'intéresse de près à l'histoire de la famille de Dalva, il s'intéresse aussi de très près à Dalva avouons-le, il cherche à la convaincre de fouiller son passé. Sous les pressions de Michaël, elle accepte finalement. Michaël réussit à la convaincre d'avoir accès aux archives familiales, notamment aux journaux de son arrière-grand-père.
Le roman se partage alors entre les récits de Dalva, ceux de Michaël et les extraits du journal de l'arrière-grand-père. Jim Harrison nous entraîne dans l'histoire américaine et celle des ancêtres de Dalva, en voyageant dans l'espace et le temps. Jim Harrison, merveilleux conteur, sait alterner le souffle d'une épopée et les anecdotes qui viennent comme des braises dans le feu qu'on pose le soir au bord du bivouac. Nous voyageons de flash-back en ellipses, nous sommes Dalva dans son voyage intérieur et magnifique. C'est un très beau roman familial, une rivière qui coule de son passé, nous nous penchons sur la rive pour en prendre des lampées avec joie.
Et surtout ne baissez pas les bras devant ce texte ample et vertigineux comme les grands espaces dont on devine à peine l'horizon.
À présent je veux vous raconter ici une anecdote personnelle. Il y a quelques années, je fêtais le nouvel an avec des amis dans un chalet perdu dans les hauteurs du Cantal. Nous étions très nombreux, je ne connaissais pas tout le monde, lorsque tout d'un coup j'entends crier : « Dalva ! Dalva ! ». Mon cœur de lecteur s'est mis à battre. Je n'étais qu'à mon deuxième verre... Une femme, sur la terrasse où nous regardions la neige tomber, a saisi alors dans ses bras sa toute petite fille qui s'enfuyait vers la nuit. Dalva ? Jim Harrison ? Et nous avons alors discuté et passé un bon moment à parler d'un auteur que nous admirions en commun. Elle m'a alors avoué deux secrets, mais dont je me suis aperçu plus tard qu'elle partageait avec tout le monde : amoureuse folle des écrits de Jim Harrison, elle avait décidé d'appeler sa première fille Dalva. Bon ! Et, lors d'une visite au festival des Étonnants Voyageurs de Saint-Malo, elle avait rencontré son auteur fétiche et lui avait avoué dans un anglais approximatif l'existence d'une autre Dalva, sa Dalva ! pensant le fasciner. L'auteur avait les yeux qui brillaient, m'avait-elle dit... Dans le ciel enneigé du Cantal, je voyais danser les étoiles du Dakota... Au bout de quelques verres, le compagnon de la femme vint rompre le charme et me glissa dans l'oreille que plusieurs Dalva étaient nées dans la foulée du roman sur cette merveilleuse Terre faite de rivières, de grands espaces et d'océans d'amour... C'était Jim Harrison dixit qui lui avait glissé cette confidence, les yeux brillants de whisky.
Dalva, c'est aussi l'histoire d'une femme moderne, chez les cow-boys et les indiens. Dis comme cela, cela paraît un peu simpliste, mais tout de même, rendons grâce à Jim Harrison d'avoir écrit un magnifique personnage féminin qui n'a, non seulement pas pris une ride presque trente ans plus tard, mais sous la présidence d'un personnage de la reality-show ubuesque, voilà le visage d'une autre Amérique telle qu'on l'aime encore, différente, dissonante, dissidente, belle quoi !...
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Jim Harrison, c'est le genre d'auteur qu'on aime ou qu'on n'aime pas. Et son roman Dalva permet de le démontrer à la perfection. Je ne suis pas un grand fan mais cette oeuvre déroutante et originale a réussi à me séduire. J'avise d'emblée que ceux qui s'attendent à un roman conventionnel (pour ne pas dire traditionnel), avec un début, un milieu et une fin – pourquoi pas un schéma narratif, pendant qu'on y est ! – seront déçus. Dalva, c'est un tourbillon qui peut paraître difficile d'accès. Pour être complètement franc, il y avait des moments où je ne comprenais pas tout, où je peinais à suivre les méandres de la narration, les péripéties des personnages et leurs divagations. Et je ne revenais pas en arrière pour essayer de comprendre. Je me laissais mener par le flot, par le tourbillon, sans trop savoir où il allait m'apporter. En ce sens, je peux comprendre ceux qui n'ont pas aimé et les critiques négatives qu'ils ont laissées.

De la même manière, je trouve difficile de résumer Dalva, du moins de manière complète, sans dénaturer l'oeuvre. Il y a bien cette jeune femme qui a donné son nom au roman, qu'on pourrait qualifier de protagoniste. On y raconte son histoire d'amour avec Duane, puis elle cherche à trouver un sens à sa vie, à retrouver son fils. Mais, à travers des retours en arrière, des ellipses et autres moyens littéraires, son histoire est tellement diluée qu'elle devient difficile à suivre. Par exemple, à un moment, elle passe la narration à Michael, un universitaire-historien qui entre en contact avec Dalva parce qu'elle a en sa possession le journal de Northride, son arrière-grand-père pasteur envoyé en mission auprès des Sioux. Ce journal, c'est l'occasion pour Harrison de raconter l'histoire des relations entre Blancs et autochtones dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Une histoire mouvementée et turbulente. Mais c'est du Harrison tout craché, un individu haut en couleurs, passioné – et passionant ! –, prêt à tout abandonner sur un coup de tête. Et ses personnages ne pouvaient que lui ressembler… Trop, peut-être ? Tous ces passages où il est questions des fantasmes et habitudes sexuelles de Michael ne me semblaient pas nécessaires.

Dalva, Duane, les guerres de Corée et du Vietnam, un enfant mis en adoption, les Sioux, Northride, Crazy Horse, les colons scandinaves, le déracinement, les traditons perdues, celles qu'on souhaite maintenir, etc. La quantité astronomique d'information, certains y voient une richesse, une profondeur, un univers bien documenté et décrit ; d'autres s'y perdent. C'est difficile, voire insurmontable, de retenir tout ça !

Ainsi, au lieu d'essayer de retenir toutes ces informations, j'ai préféré porter mon attention sur les thèmes abordés. Il y avait ces Amérindiens (il est surtout question des Sioux mais d'autres nations autochtones sont également abordées), farouches et libres… Oui, de grands amateurs de liberté. Quand on pense à eux, c'est souvent négativement ou pour les plaindre mais il y a eu de ces relations qui étaient positives, des amitiés, des heureuses découvertes, une désolation face aux politiques oppressives des Blancs, etc. Ça donne un brin d'espoir. Dalva est aussi un roman sur l'Ouest américain, la nature et les grands espaces, sur le questionnement identité, la recherche de liens significatifs, la quête du sens de la vie. En ce sens, c'est un roman universel.

Bref, une lecture assez intéressante mais qui demande courage et patience.
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C'est l'histoire d'une famille américaine, de la fin du XIXième siècle jusqu'aux années 1980. Elle est contée par Dalva, arrière petite-fille d'un pasteur missionnaire auprès des Sioux pendant les guerres contre les indiens, et par Mickaël, un historien qui étudie les archives de la famille.
Jim Harrison écrit à sa manière habituelle, comme si ses histoires étaient une suite d'anecdotes, avec des retours en arrière, des ellipses, des récits qui arrivent comme au fil de la pensée, comme on le ferait dans un journal. On retrouve ses thèmes de prédilection, les indiens, la botanique et l'ornithologie, l'homme face à la nature et aux grand espaces, le tout avec l'humour dont il est coutumier. Comme d'habitude, ses personnages aiment l'amour, la bonne nourriture et le bon vin, et sont en quête de leur passé.

J'avais beaucoup aimé "De Marquette à Veracruz" et "Retour en Terre", mais là c'est encore un niveau au-dessus. le thème de fond (le génocide des indiens et l'indifférence, voire l'ignorance des Américains à ce sujet) est ici encore plus fort, ce qui rend cette lecture encore plus intense.
Une lecture à déguster par petites gorgées.

Eh les babéliami-e-s, c'est comment qu'on met une sixième étoile ?
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Portrait d'une femme forte, libre et solitaire dont la vie a été jalonnée par des deuils et des séparations. Ce livre est aussi la première partie d'une fresque historique des guerres indiennes jusqu'à nos jours. Premier livre lu de cet auteur qui m'a amené à lire tout les autres.
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Ce roman m'a transportée. Alors c'est toujours étrange quand on relit un livre de le découvrir de manière tout-à-fait différente! Lu une première fois lorsque j'avais 22 ans, il m'en restait le souvenir d'une Dalva très masculine, un peu grande gueule, et d'un roman un peu trop lent à mon goût. Or, je l'ai relu cet été, tranquillement, et j'ai été émue par cette femme à peine plus âgée que moi aujourd'hui, forte certes mais d'une force empreinte de sensibilité et du désir de vivre. Dalva vit sa vie, avec ses questionnements, ses regrets, mais sans le regard des autres. Elle s'entoure d'hommes qu'elle aime et soutient et qu'elle ne juge pas non plus.
L'écriture de Harrison, surtout, est riche, riche de la nature américaine qu'il connaît, ça se sent, et qu'il aime. En écrivant sur Dalva, on comprend qu'il parle beaucoup de lui aussi, de ce qui lui importe, ce qui construit sa vie. Et puis il a une manière d'écrire cette histoire sans aller direct au but mais par strates superposées, Dalva cherchant son fils, l'Amérique de l'Ouest au 19ème siècle, la lutte des Amérindiens, la guerre du Vietnam et ses traumatismes, l'Amérique contemporaine, la nature. Il écrit tellement bien, comme seuls quelques vrais écrivains savent le faire, qu'on ne l'entend plus écrire et qu'on est directement connecté aux pensées des personnages.
Je suis heureuse de cette relecture.
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