Ce quatrième et dernier volume de la série autobiographique des Siona est marqué par la rencontre de notre petite fille de Jérusalem avec son futur mari, le sculpteur animalier Émile Perrault, alias Gilbert Chevalier.
De retour d'un voyage en Indochine après sa rupture avec son amant Frédéric Sureau, Siona ramène un roman chinois qui ne lui plait pas et une profonde désillusion quant à l'amour. Alors qu'elle promène sa nostalgie sous le grand cèdre du Liban du Jardin des plantes, elle croise la frêle silhouette de Gilbert occupé à sculpter une lionne devant la cage aux fauves…leur rencontre aura lieu quelques semaines plus tard chez une amie commune.
Elle va peu à peu s'attacher à cet homme de santé fragile, plus jeune qu'elle, blessé lui aussi par une expérience amoureuse douloureuse, maltraité par son père, le peintre Émile Perrault, aujourd'hui méconnu. Elle admire cet art de la sculpture qu'elle découvre, ce travail dans l'ombre loin des mondanités – le sculpteur s'apparente à l'artisan, il travaille la matière de ses mains, c'est une tâche fatigante, salissante et qui revient très cher…Elle tombe amoureuse de cet homme qui ne lit jamais mais qui a une connaissance profonde de la nature. Elle finit par accepter de l'épouser malgré la précarité de leurs situations, pour lui permettre de quitter l'enfer de son univers familial…
Parallèlement à sa relation avec Gilbert, elle a rencontré l'écrivain Huysmans, alias Mirmans, auteur qu'elle admire et auquel elle fait lire ses manuscrits. Leur relation est teinté d'une certaine ambiguïté jusqu'au jour où elle lui annonce son mariage.
Ce roman s'achève avec la mort de sa mère et son adieu définitif à l'Allemagne. Désormais son unique famille est Gilbert, son mari artiste, son pays la France et sa vocation l'écriture.
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Gilbert absent, elle redevenait la maîtresse de son imagination, et retrouvait dans le recueillement absolu ce don d'incantation orientale, cette hallucination des lieux et des sensations qui faisait d'elle la bienheureuse esclave de la littérature. Ce n'était plus elle qui possédait son sujet : c'était lui qui la possédait, et elle sortait de cette possession idéale aussi brisée, aussi assouvie que des étreintes de son amant.
La petite fille de Jérusalem, de Myriam Harry