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4,19

sur 5330 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je crois bien que « Dans la forêt » est mon premier roman post-apocalyptique.
Est-ce la raison pour laquelle il m'a si fortement impressionnée ?
Peut-être en partie, mais pas seulement.
Jean Hegland met en scène deux soeurs au seuil de l'âge adulte et dont le monde familier va s'écrouler en quelques mois, lorsque l'électricité s'arrête et que des épidémies commencent à sévir. Rien de spectaculaire, non, et c'est-là toute la force de ce récit: tout paraît plausible.
Retranchées dans leur maison, au milieu des bois, Nell et Eva vont peu à peu abandonner tout espoir de retrouver leur vie d'avant et opérer un lent retour à la nature.
En alternant les scènes d'une noirceur absolue, les coups d'éclats, les moments suspendus, la grâce et l'effroi, l'auteure fait de son livre un peu plus qu'une simple lecture, une expérience dérangeante et fascinante, terrifiante mais avec au bout du chemin, une lumière à suivre, une lueur d'espoir.
Il y a des livres dont on se souvient. Des livres dont le titre, prononcé au détour d'une conversation bien des années après que nous ayons tournée la dernière page, fera surgir en nous un souvenir vif, brillant, intact.
Parce qu'ils ouvrent une porte ou en referme une autre, ils modifient notre rapport au monde, ils tracent un sillon, ils laissent une empreinte.
« Dans la forêt » pour moi, sera vraisemblablement de ceux-là.
Un livre à part.

Challenge Muli-défis 2018
Challenge Plumes féminines 2018
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Ecouté en audio. Maia Baran fait remarquablement vivre les personnages de cette dystopie apocalyptique : bravo à elle.
C'est une bonne surprise. le récit est simultanément sobre dans le vocabulaire utilisé, dans les situations décrites et puissant par le pouvoir d'évocation des mots choisis.
Pour faire simple, le ton est juste.
Si une scène ne m'avait pas mis mal à l'aise, cela aurait été parfait.
Attention, ce n'est pas réellement de la science-fiction comme on peut le lire parfois, c'est un possible futur à peine anticipé, permettant de réfléchir au présent et aux choses que l'on considère comme acquises. En ces temps incertains, ce livre est une très bonne piste de réflexion, très bien écrit/traduit/lu de surcroît.
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Deuxième coup de coeur 2022 pour ce roman dont le sujet de base, la survie dans un monde post-apocalyptique, est loin de mes sujets d'intérêt habituels. Quelle erreur cela aurait été que de passer à côté ! Ne serait-ce que parce que ce roman est d'une complexité et d'une richesse qui dépassent toute étiquette pour le catégoriser.

Dans ce roman, deux soeurs, Nell et Eva, sont confrontées au bouleversement de leurs repères quand une catastrophe (écologique et sanitaire, selon les maigres indices qui nous sont donnés, mais en fait, là n'est pas l'intérêt du roman) survient et fait s'effondrer le monde tel qu'elles l'ont toujours connu. Même si elles vivaient déjà dans une relative marge par rapport à la société (elles n'allaient pas à l'école, bien que Nell ait réussi les pré-tests d'admission à Harvard et qu'Eva devait passer une audition pour devenir danseuse classique professionnelle, et surtout elles vivaient loin de tous et de la ville, en lisière de la forêt), elles vont devoir trouver les moyens de survivre par elles-mêmes sans électricité, sans internet, et alors que leurs vivres viennent doucement à manquer…

Le roman s'ouvre avec les premières lignes rédigées par Nell dans le cahier qu'elle a reçu pour Noël de la part de sa soeur Eva, qui l'a déniché entre deux meubles dans la maison. On connaîtra ainsi leur histoire par ses yeux. Cela fait déjà quelques temps qu'elles vivent recluses dans la maison de leur enfance, trop pour qu'elles puissent dater avec précision le début de leur épreuve, bien que Nell ait réussi à construire une éphéméride. J'écris au singulier le mot « épreuve » mais je ferais bien de le passer au pluriel, car des épreuves, elles vont en connaître ! Malgré la maison qui représente, pour un moment, une sorte de cocon et sa situation, au bord d'une forêt par laquelle passe une rivière, sorte de frontière naturelle qui clôt leur monde, même s'il ne pourra pas toujours les protéger du danger que représente l'extérieur.

Car la nature joue un grand rôle dans ce roman : Nell et Eva, par le concours de ces circonstances dramatiques, renouent avec celle-ci, faisant ainsi de « Dans la forêt » un roman du retour à la nature (on notera par là une subtile critique de la surconsommation humaine, l'une des raisons de la catastrophe : a-t-on besoin nous entourer d'autant d'objets inutiles, quand tout se trouve à l'état naturel ?) et à la célébration de celle-ci, malgré son ambivalence. En effet, la nature, représentée ici par la forêt, est bénéfique et nourricière, grâce à ses plantes comestibles et médicinales et aux animaux qui la peuplent – elle était d'ailleurs le lieu des jeux d'enfance de Nell et Eva, malgré la peur et les avertissements de leur mère contre les crotales et les plantes vénéneuses ; tout comme elle peut être inhospitalière, puisque c'est par elle que les dangers surviennent, menaçant l'harmonie entre les soeurs.

Car celles-ci évoluent, forcément, au fil de cette aventure. Animées au début d'un même désir de survivre, Nell et Eva vont rapidement faire face à des épreuves qui pourraient les séparer, ne serait-ce déjà que parce que l'impulsion qui les meut va changer : Nell s'accrochera à tout prix à sa pulsion de vie, en trouvant des substituts à leur alimentation dans la forêt (formidable personnage que Nell, si battante, si forte) en s'occupant de sa soeur, tandis qu'Eva s'abandonnera à sa peur et au désespoir (même si elle a des raisons pour le faire)…

Voilà ainsi plusieurs thématiques repérées au fil de ma lecture et que j'ai tenté d'analyser, mais il y en a sûrement bien d'autres, tellement l'ouvrage est foisonnant et riche, porté par une écriture très poétique et sensuelle. le rythme est lent, accordé à la nouvelle vie des soeurs, et il m'a fallu quelques pages pour m'y habituer. J'avais l'impression d'attendre que l'action commence. Or, il n'y a pas réellement d'action dans l'ouvrage, pas de rebondissement spectaculaire. Je lisais dans l'attente que les soeurs s'organisent pour quitter cet endroit. le feront-elles ? ou pas ? Je vous laisse lire l'ouvrage pour le savoir !
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Un excellent roman post-apocalyptique, le journal d'une survivante.

Deux soeurs vivaient avec leurs parents dans une maison isolée, à six kilomètres du plus proche voisin. Une enfance idyllique, loin des contraintes du système scolaire, la lecture, la danse et la nature, un paradis… jusqu'à ce que la maladie frappe, un cancer qui emportera sa mère.

Tout à leur malheur, les filles se préoccupent peu de ce qui se passe dans le monde. Mais peu à peu, l'électricité devient instable et les ordinateurs s'arrêtent. On a plus d'essence pour aller en ville acheter des provisions et il y a de moins en moins de denrées disponibles, les commerces n'ont rien à vendre faute de camions de livraison. Elles apprennent aussi par des rumeurs que des populations sont décimées par des graves épidémies, il y aurait eu des émeutes et des troubles sociaux.

Si on ne connaît pas exactement l'enchaînement des catastrophes qui a mené à la destruction de la civilisation technologique, on constate sa dépendance à l'électricité et au pétrole. Même dans les villages isolés, un doigt sur un interrupteur et la lumière jaillit, un bouton déclenche une douce chaleur et un clic de souris permet de parcourir le monde. Comment ensuite se passer de tout cela?

C'est le propos du roman : le dénuement, la solitude et les cauchemars, mais heureusement aussi, la résilience et la fraternité.

Une bien belle découverte, merci Babelio!
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Le retour de l'homme à la nature est-il encore possible ?
En a-t-il seulement l'envie ou la volonté nécessaire pour y parvenir ?
Dans un monde dominé essentiellement par la technologie où il suffit de pousser sur un bouton pour avoir accès à tout, que devriendrions-nous sans électricité, sans essence ?
Dans une société de consommation telle qu'il nous suffit de tendre la main pour obtenir le superflux, comment réagirions-nous si tout venait à manquer ?

C'est à cette situation presqu'apocalyptique que Nell et Eva sont confrontées dans ce superbe roman de Jean Hegland.
Se retrouvant seules dans la maison familiale construite par leur père en bordure de la forêt, contraintes de vivre uniquement sur les réserves de nourriture, privées d'essence et de téléphone, elles attendent quelque chose ou quelqu'un qui leur annonce que la situation s'est rétablie.
Car chacune d'elle entretient un rêve qu'elle ne pourra réaliser sans électricité.
Pourtant, personne ne viendra et, venant à manquer de tout , elles se tournent enfin vers la forêt, la démêlant, attachant des noms aux plantes qui la peuplent, découvrant petit à petit les ressources inépuisables dont elle regorge et collaborant avec la terre, l'eau et le soleil.

Dans la forêt est un appel urgent à la réflexion, à la réaction.
Quelque chose nous échappe dans ce monde, nous exposant irrémédiablement à une catastrophe écologique et économique.
Le fil rouge de ce roman est la (re)naissance à un autre mode de vie, plus respectueux, plus propre, plus vrai.
Une renaissance à soi-même, à la rencontre de notre nature profonde, de la sève qui nous nourrit et qui puise sa force dans les profondeurs de la terre.
Quand la forêt cesse d'être une menace et devient notre unique planche de salut.

L'histoire d'une relation intense également parce que l'autre est indispensable à notre enrichissement, à notre survie, à notre bonheur tout simplement.
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Eh bien voici mon 1er vrai coup de coeur de 2018 ! Je l'ai tellement aimé et lui trouve tellement de qualités que je ne sais pas trop par où commencer.

Ce qui m'a le plus touché, c'est peut-être la description d'un retour à la nature, lent mais inexorable.
Après une catastrophe pour laquelle nous n'avons pas vraiment d'explication ni ne connaissons les véritables conséquences, Nell et Eva vont devoir apprendre à survivre en trouvant autour d'elles tout ce dont elles ont besoin. Et elles vont vite se rendre compte que c'est dans la nature qu'elles trouveront ce qui suffit à leur bien-être. Elles vont donc se réapproprier petit à petit leur environnement naturel. On peut le voir comme une régression d'un état civilisé à un état sauvage. Pour ma part, j'y vois plutôt un retour bienfaiteur à l'essence même de la vie.

A moins que ce qui m'ait le plus émue ne soient les liens qui unissent les deux soeurs, et la famille en général. Des liens très forts mais qui ne sont pas exempts de tensions : jalousie, reproches, incompréhensions. Les sentiments n'en semblent que plus réalistes. Ce sera l'occasion pour l'auteur d'aborder des thèmes forts : la maladie, la mort, la naissance, l'amour...

Ou peut-être est-ce la plume de Jean Hegland qui m'a le plus chamboulée ! Une écriture on ne peut plus sensuelle : odeurs des plantes, goût des légumes du potager, la vue à travers les promenades en forêt, l'ouïe aussi quand les soeurs tentent de reconnaître les bruits qui les entourent, le toucher enfin (massage de corps en souffrance, sexe, peau à peau...).
Jean Hegland prend son temps. Un temps qui passe lentement, qui peut être le temps du souvenir, le temps de l'urgence face à un présent difficile, où le temps de l'avenir.

Je ne pourrais jamais venir à bout de tout ce qui mérite d'être relevé dans ce récit. J'espère toutefois avoir réussi à vous en montrer les forces et la puissance afin que vous preniez ce livre entre vos mains en toute confiance, pour un pur moment de plaisir.
Et que Dans la forêt laisse ses marques en vous, comme il les a laissées en moi. Et peut-être que l'on pourra changer le monde...
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et voilà une critique de plus sur ce roman ...

Nell et Eva fêtent un étrange Noël puisque le monde a changé brutalement. Elles se font un cadeau symbolique : pour Nell un vieux carnet retrouvé derrière une commode et pour Eva passionnée de danse, une paire de chaussons de danse reprisés méticuleusement par Nell.

En effet, tout a changé, il n'y a plus d'électricité, plus de téléphone, plus d'essence (il ne leur reste qu'un bidon retrouvé en rangeant la maison, sujet à dispute, chacune voulant l'utiliser à sa manière.

Nell devait intégrer l'université et Eva une école de danse, mais tout est tombé à l'eau, il faut désormais apprendre à survivre, à se restreindre, ne pas consommer trop, faire des conserves avec les légumes du jardin les fruits cueillis dans la forêt, tamiser la farine car les sacs se sont remplis de vers, rationner le thé, qui devient blanc à force d'être dilués avant de devenir de l'eau chaude.

Les deux soeurs ont toujours vécu dans une ferme rudimentaire, et un terrain d'une trentaine d'hectares, leur chère forêt où elles aimaient crapahuter enfants. Leur mère avait dû abandonner la danse et se concentrer sur le tissage, la création de couleurs à partir de pigments naturels, et faire des conserves. Elles n'ont pas été scolarisées, les parents s'occupant de les instruire. Quand elles se sont retrouvées orphelines, une fois le choc passé, elles se sont organisées pour survivre, et leur mode de vie d'avant les a certainement rendues plus fortes.

J'ai beaucoup aimé ce livre, qui à travers une belle histoire de sororité, dénonce la société de consommation, alerte sur ses dangers, sur notre dépendance aux énergies fossiles, sur tous ces objets qui nous sont soi-disant indispensables, téléphones, machines à laver, fours micro-ondes ou autre, produits d'hygiène, et nous donne des idées pour remplacer ce qui peut l'être et devenir moins « consommateurs ».

C'est aussi un hymne à la Nature, à la respecter, à utiliser ce qu'elle nous donne sans la piller… Jean Hegland l'a écrit il y a presque vingt ans et il résonne particulièrement depuis le Covid, la guerre en Ukraine, sans oublier tous les scandales sanitaires… Serions-nous (serons-nous serait peut-être plus adéquate) capable de modifier notre comportement si l'inéluctable venait à se produire ?

Il y a longtemps que je voulais lire ce roman, et j'ai dû attendre que l'engouement soit un peu retombé, et surtout qu'il soit disponible à la bibliothèque. Dans ces cas-là, je redoute toujours d'être déçue. Et bien non ! J'ai beaucoup aimé la plume de l'auteure, la manière de raconter les évènements comme une légende telle « L'île au trésor », ou un conte philosophique sur notre existence, la vie, la mort, l'harmonie avec la forêt, les animaux et les plantes qui y vivent.
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L'immense succès de ce roman que les éditions Gallmeister ont pris l'heureuse initiative de traduire en français il y a deux ans, se reflète de façon évidente par ici : on approche les 500 critiques ! J'ai donc hésité avant d'écrire la mienne : qu'allais-je bien pouvoir dire qui n'avait déjà été exprimé par les Babélionautes ? Mais voilà. J'ai été littéralement happée par la forêt imaginée par Jean Hegland, au point d'avoir du mal à m'en défaire. Cette lecture m'a laissée avec un besoin impérieux d'échanger sur les sentiments puissants et contradictoires qu'elle a éveillés en moi. Je me suis donc efforcée de mettre des mots sur mon ressenti…

Le décor est celui d'un monde qui bascule dans le chaos. L'électricité et le carburant sont épuisés, les communications ténues, l'approvisionnement en vivres interrompu jusqu'à nouvel ordre. En marge des événements, isolées au coeur d'une forêt ancestrale, Nell et Eva s'efforcent de survivre. L'unique salut des deux soeurs semble résider dans leurs liens d'amour fusionnel et dans les ressources inespérées que renferme la nature environnante… Comment en est-on arrivé là ? Quel peut-être l'horizon des deux adolescentes et combien de temps tiendront-elles ?

Ce roman se singularise au sein de différents genres littéraires qui se développent actuellement à un rythme exponentiel – les récits survivalistes, les romans d'anticipation dystopiques et le nature writing. Dans la forêt n'est pas un roman de plus, mais un texte particulier qui se démarque. Par son côté visionnaire, avant tout, puisqu'il a déjà plus de vingt ans, Jean Hegland ayant su percevoir des enjeux sociétaux qui restent plus actuels que jamais. Par ses protagonistes exclusivement féminines, ensuite, ce qui reste éminemment rare dans ce type de littérature et permet de développer un récit survivaliste d'un genre différent, où la survie ne repose pas essentiellement sur un affrontement physique avec les forces de la nature, mais sur une symbiose plus ambiguë avec elles.

D'ailleurs, point ici de grand chambardement qui viendrait faire vaciller l'espèce humaine dans un coup de théâtre spectaculaire – il ne se passe pas grand-chose, à vrai dire, dans ce roman pourtant difficile à lâcher. La dérive vers le chaos prend la forme d'un affaissement graduel, dont les premiers symptômes se réduisent à de brèves pannes de courants qui auraient pu paraître insignifiantes. Sous nos yeux, la survie s'organise par une succession de gestes quotidiens, de réflexes fondamentaux qui doivent être réappris, de stratégies pour se préserver des prédateurs qui ne sont pas toujours ceux qu'on croit… L'essentiel se déploie peut-être même au niveau psychologique. L'écriture restitue subtilement la perte de repères (familiaux, temporels, moraux) de Nell et Eva, leur deuil d'une vie et de rêves révolus. Ces impressions d'une civilisation qui vacille sont finalement d'autant plus saisissantes que l'on voit parfaitement comment ils pourraient advenir dans notre monde si nous laissons les mécaniques actuelles s'enrayer. Perturbantes, aussi, tant certaines scènes ébranlent nos repères les plus fondamentaux.

Tout cela semble bien sombre, me direz-vous. Et pourtant ! Ce qui est peut-être le plus surprenant, c'est à quel point un récit post-apocalyptique peut être lumineux, traversé à chaque page par une poésie confondante. Une ballerine qui persiste à danser, même si ce n'est plus qu'au son mécanique du métronome ; des entrées d'encyclopédie qui résonnent étrangement avec les épreuves de la vie ; la jubilation intense de voir s'épanouir les légumes qu'on a semés. Il émane de ce texte une beauté rugueuse qui jaillit, page après page, en même temps que le texte nous percute de plein fouet.

Cet équilibre oxymorique se reflète dans des représentations de la nature étrangement contrastées choisies pour la couverture du roman dans son édition française (où elle apparaît comme idyllique) et américaine (où la forêt semble sombre et menaçante). Cette ambiguïté place ce roman sous tension jusqu'à la fin, troublante, ouverte à la subjectivité du lecteur : assistons-nous à l'agonie de l'espèce humaine ou à un renouveau ? Quelle peut-être l'issue de ce rapprochement avec la forêt environnante, que Nell et Eva redécouvrent fondamentalement, presque jusqu'à faire corps avec elle ? La forêt sera-t-elle un gouffre ou un refuge ?

Chaque page de ce roman met en relief la valeur infinie et fragile de la nature, la part d'animalité de l'humain, les dérives dont il est capable lorsque l'État faillit, la tension entre liberté et solidarité, la vulnérabilité de notre confort matériel (et plus largement de notre civilisation), le sens de la vie et des priorités.

L'éditeur parle de « choc littéraire » en évoquant ce roman, le mot est définitivement à la hauteur de mon ressenti. Je reste sous le choc de la plume de Jean Hegland qui incarne puissamment nos peurs, bouscule brutalement tous nos repères, mais conserve une part de lumière qui brille comme une lueur d'espoir.
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Deux soeurs orphelines sont contraintes, après l'effondrement de la société, de se réfugier dans leur maison familiale, située dans une clairière en forêt, en Californie du Nord, la région des grands séquoias. Leur relation, très profonde, est faite de hauts et de bas.
Un passage m'a choquée, mais, comme prévu, j'ai adoré ce bouquin.
Les personnages principaux sont fouillés, la nature reste omniprésente, les conditions de leur survie détaillées.
Au début, elles trouvent leurs ressources en elles-mêmes et dans certains livres, dans la danse aussi pour l'une.
Cependant, elles abandonnent progressivement leur vie d'avant, dont elles font le deuil (tout comme celui de leurs parents).
J'ai tremblé avec elles, éprouvé leurs joies et leurs peines.
Le succès de ce livre est bien mérité (d'où les 650 critiques, j'ai hésité à en ajouter une autre, certainement maladroite).
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Conseillé par mon libraire préféré, ce livre m'a conquise par les rapports qu'entretiennent les deux soeurs dans la situation chaotique qui est la leur. J'ai été également frappée par l'allusion à la transmission des parents aux enfants.

Habituée à lire des ouvrages traitant d'Histoire, j'ai actuellement grand besoin de faire une pause, de lire des histoires.
Peu m'importe que cela soit cohérent, qu'il y ait ou pas des énormités.
L'Histoire est une suite de répétitions calamiteuses, et les vainqueurs sont rarement (pour ne pas dire jamais) ceux qui le méritent le plus.
Alors non, je n'ai pas envie de retrouver la même chose dans un roman actuellement.
Et pas non plus l'envie de lire des romans à l'eau de rose ou autre chose du même acabit.
Je ressens simplement la nécessité de m'évader avec de bons récits et celui-ci m'a emmenée très loin...dans une forêt.
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