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Citations sur Le siècle de Dieu (70)

Pensivement, la duchesse observa son amie. – Quel plaisir pouvez-vous éprouver à la vue de ces petits malheureux ? Je ne ressens, quant à moi, que du chagrin. – Le plaisir d’aimer, madame la duchesse, celui de donner un baiser, de chanter une chanson. Leur avenir est certes bien noir et c’est la raison pour laquelle le présent a une telle importance. Des moments heureux sont tout ce que nous pouvons offrir à ces enfants. Demain, certains seront morts. J’aime à penser qu’ils ne partiront pas privés de toute affection.

Chapitre 6
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Durant le brusque silence qui suivit, Anne-Sophie chercha désespérément des arguments en sa faveur et ne les trouva pas. À quoi bon rappeler qu’elle avait vingt-cinq ans et qu’elle jouissait du bonheur de vivre ? Quant à Charles, quels efforts avait-il tentés pour apprivoiser une jeune épouse de seize ans ? Jamais il ne l’avait cajolée, complimentée, encouragée. Certes, il avait une haute idée du mariage chrétien, mais ses vertus étaient-elles suffisantes pour ouvrir la porte du bonheur ? Physiquement, il n’avait cessé de la heurter, lui rendant insupportable le devoir conjugal. L’amour était-il pour lui un acte aussi bref que possible que l’on devait accomplir furtivement, toutes lumières éteintes, sans même ôter sa chemise de nuit ?

Chapitre 5
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La vue de ses beaux-parents assis de chaque côté de la cheminée la glaça. Dans cette chambre que les Vieilleville avaient conservée conjugale après trente ans de mariage, Anne-Sophie avait passé des moments heureux durant les quelques mois qui avaient suivi son mariage. Recouverts de tapisseries fleuries bordées de franges, de gros fauteuils aux pieds torsadés entouraient une table hexagonale incrustée de nacre. En face du lit, un délicieux cabinet italien d’ébène marqueté de fleurs superposait des petits tiroirs dans lesquels la marquise serrait les lettres de ses amies, classait des mémoires à régler. Au centre du cabinet, une niche entourée de fines colonnettes abritait la statuette d’une vierge à l’enfant gardienne de la vertu familiale.

Chapitre 5
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Mais il ne fallait pas s’abuser : friand de plaisirs, galant, ambitieux la France, Louis ne tolérait aucune contestation. Déjà les protestants voyaient se rogner leur liberté. Interdiction leur était faite d’édifier de nouveaux temples et on confisquait les biens des nouveaux convertis. Certains commençaient à émigrer en Hollande, dans les États protestants du Saint-Empire. Le départ d’artisans remarquables, d’ouvriers laborieux n’avait guère d’importance aux yeux du roi. La cohésion catholique du royaume exigeait le sacrifice des minorités. À Dieu seul, et non à quelques parpaillots, le roi devait des comptes.

Chapitre 5
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Année après année, l’estime qu’il avait pour lui-même prenait de l’ampleur. Faire la guerre confirmait son goût pour le pouvoir absolu. Il était fier de son armée, de sa discipline, de son courage. Secondé par des hommes remarquables comme Louvois, Colbert et Vauban qui construisait des fortifications sur les frontières nord, s’appuyant sur Bossuet pour instruire son fils et défendre glorieusement le gallicanisme, le roi savait rendre hommage à ceux qui le servaient.

Chapitre 5
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Le Nôtre guidait le petit groupe vers ce qui serait le lac où aboutirait le Grand Canal. Il accordait une attention toute particulière à la marquise de Montespan, soudain passionnée de jardinage. Cette femme avait des dons remarquables pour obtenir la première place. Si, pour briller aux yeux du roi, elle devait faire un mot d’esprit perfide au détriment de sa meilleure amie, elle n’hésiterait pas un instant.

Chapitre 5
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Le marquis de Montespan avait causé un tel tintamarre quand sa femme était devenue la maîtresse du roi qu’il avait fallu l’exiler et, même au fond de sa province, il ne cessait d’exhiber ses fameuses cornes, heureux de flétrir le roi en se ridiculisant.

Chapitre 5
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La succession des plaisirs ne pouvait atténuer le profond malaise laissé en elle par l’échec de son mariage. Resterait-elle longtemps irréprochable ? Et pourquoi le serait-elle ? À Paris, demeurer vertueuse à vingt-cinq ans était ridicule. Charles demeurait froid et peu loquace, certes, mais il était toujours son mari.

Chapitre 5
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Chaleureux, passionné, Le Nôtre les avait rejointes. La création du parc était l’apothéose d’une irrésistible carrière dont les étapes avaient été, entre autres, l’aménagement des jardins des Tuileries, de Fontainebleau, de Vaux-le-Vicomte et de Saint-Cloud pour monsieur d’Orléans, le frère du roi, qui lui vouait une admiration sans borne.

Chapitre 5
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Les sœurs les plus éduquées enseignaient à des fillettes dans les écoles fondées par l’œuvre. Plus tard on leur apprenait à coudre, tricoter, marquer le linge, faire de la dentelle. Auparavant, il fallait persuader les parents de confier leurs enfants qui, dès le plus jeune âge, rendaient mille services à la maison. On devait les arracher à la rue, à des unions trop précoces suivies de désastreuses maternités, à la prostitution, pour en faire de bonnes ouvrières, des servantes appréciées, des épouses diligentes.
À l’hôpital des Enfants-Trouvés ouvert quelques semaines plus tôt, l’ouvrage à accomplir était immense. L’achat de petits lits supplémentaires, de baquets où baigner les enfants, de layette allait être discuté le soir même avec Marie Moreau qui tenait les cordons de la bourse. Le prix de la farine, de la viande ne faisait que croître, la misère poussait jusqu’aux femmes mariées à abandonner un nouvel enfant quand il y avait déjà trop de bouches à nourrir à la maison. On trouvait des toutpetits sur les porches des églises, au pied des statues de saints, au coin des rues et, quotidiennement, devant l’entrée des Enfants-Trouvés. Six mille nourrissons étaient ainsi recueillis chaque année.

Chapitre 4
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