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Citations sur Le siècle de Dieu (70)

Dieu n’était pas dans un ailleurs incompréhensible, Il était là, dans le monde et dans le cœur de chacun. Cette certitude donnait des ailes à Viviane, le paradis était ici et maintenant, à l’Hôpital général, chez les Enfants-Trouvés, de même que dans le joli jardin fleuri de l’hôtel de Vieilleville. Les oiseaux, les écureuils, le cours des ruisseaux, la cascade des torrents en faisaient partie comme la sonnerie joyeuse des cloches, la naissance d’un enfant, une mort sereine. Se fouetter avec des orties, porter des ceintures de crin, rester à genoux des heures durant sur des pavés glacés ajoutaient encore de la souffrance à un monde qui n’en comptait que trop. Jésus ne l’avait ni recherchée ni aimée, s’employant tout au contraire à écouter, soulager, guérir, pardonner. Et la perspective de son proche supplice l’avait épouvanté durant un instant.

Chapitre 4
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Les extrapolations sans fin des jansénistes sur la grâce efficace, nécessaire ou suffisante, sur l’approche limitée des sacrements, sur la prédestination, tout comme les anéantissements spirituels de Miguel de Molinos prêchant l’abandon de toute volonté, la passivité, un total désintérêt pour le monde, étaient des subtilités réservées à une élite spirituelle et à quelques mystiques : pour ceux-ci, aimer et secourir son prochain ne passait pas en premier.

Chapitre 4
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La façade du château côté parc était dotée d’une terrasse sur laquelle elle aimait s’attarder au coucher du soleil. Sous des nuages où se glissait une lumière déjà ténue autour de la vaste prairie, la nature ressemblait à un décor d’opéra.

Chapitre 3
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L’élan de la jeunesse détachait de plus en plus Anne-Sophie de son passé. Et cependant, au sein de sa famille, derrière les murs du château qui l’avaient vue naître et grandir, elle n’avait pas rêvé de cet avenirlà. La découverte de l’amour occupait son esprit. Son père la donnerait à un homme qu’elle chérirait. Quel visage aurait-il ? Elle ne pouvait l’imaginer, mais elle lui appartiendrait corps et âme pour toujours. Dans les salons de ses amies, beaucoup d’hommes lui faisaient les yeux doux. Mais la pensée de ses nuits avec Charles lui rendait odieuse toute caresse. S’imaginer dans les bras de l’un ou de l’autre, leur perruque posée sur la table de nuit, leur taille amoindrie sans les talons de leurs précieux souliers, leurs jambes blafardes dépouillées des bas de soie, émergeant de la chemise de nuit, lui procurait de la répulsion.

Chapitre 3
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Les Vieilleville passaient les mois chauds de l’été dans leur château de Picardie. Point trop éloigné de Paris, on pouvait s’y rendre en une seule journée de voyage et recevoir les fréquentes visites de parents et d’amis.
Anne-Sophie retrouvait avec bonheur la vie simple à la campagne ; oubliés, les danses, les spectacles et les efforts quotidiens pour se montrer charmante. Comme en Bretagne, les domestiques rassemblés dans le fond du salon, on y disait en famille les prières du soir, se couchait tôt, se levait de bonne heure. Charles avait perdu un peu de sa rigidité. Il lui arrivait même de sourire en l’écoutant.

Chapitre 3
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Chez mademoiselle de Scudéry, l’« incomparable Sapho », chez Ninon de Lenclos, la « divine », chez madame de Sévigné, la « belle Sophonie », chez Henriette de Coligny, comtesse de La Suze, « Lisimène », ou chez la duchesse de Saint-Simon, « Sinésis », on respectait la religion même si cette dernière était devenue trop souvent un devoir mondain parmi d’autres, une preuve de bonne éducation et de respect pour l’autorité. Fâché, Dieu pouvait certes vous précipiter en enfer, mais le roi avait le pouvoir de vous expédier dans un pays plus abominable encore, celui de la disgrâce. La Régence, qui avait laissé le jeune Louis soumis à sa mère et au cardinal de Mazarin, était bien finie. Les affrontements avec les barons du royaume s’étaient éteints. Le souvenir de la Fronde s’estompait. Celui de Mazarin aussi. Le roi était le maître désormais.

Chapitre 3
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À voix basse, on évoquait la malheureuse famille Fouquet : la si vertueuse épouse de l’ancien surintendant des Finances qui visitait les malades, préparait pour eux des potions curatives, sa mère non moins édifiante, associée au père Olier pour civiliser, enseigner, baptiser les Indiens de la Nouvelle-France, financer la construction d’un hôtel-Dieu à Montréal.

Chapitre 2
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Meublé simplement mais avec goût, le salon, ni trop vaste ni trop exigu, accueillait ce que Paris comptait de plus spirituel, de plus cultivé. L’amitié de mademoiselle de Scudéry et de la belle Ninon qui avait accumulé d’innombrables amants surprenait, tant l’une prêchait une vertu que l’autre n’avait cessé d’ignorer.

Chapitre 2
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En cette fin d’hiver 1665, on parlait toujours à Paris de l’affaire Fouquet, née, prétendait-on, de la jalousie du jeune Louis XIV à la vue des fastes de Vaux-le-Vicomte, le château du surintendant. Sa mère, madame de Maupeou, et sa fille, la duchesse de Béthune-Charost née d’un premier mariage, avaient trouvé refuge à Montargis. Sa femme, Marie-Madeleine, avait été séparée de ses enfants. Tous étaient exilés de Vaux-le-Vicomte. Cette jalousie n’était qu’un prétexte. Colbert prendrait sans doute prochainement le contrôle général des Finances. Travailleur acharné, soucieux des moindres détails, homme d’action mais aussi bon courtisan, partisan de la liberté des échanges, père de six fils et de trois filles, il avait toute la confiance du roi.

Chapitre 2
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Depuis sa tendre enfance, la souffrance des faibles lui était insupportable. Était-ce pour s’en protéger qu’elle avait souhaité entrer au couvent ? Ou parce que, orpheline, peu dotée, cet asile lui semblait le seul possible ? Son oncle Kerdélant l’en avait dissuadée. Anne-Sophie lui étant très attachée, pourquoi ne pas être sa compagne, sa conseillère ? À Paris, la présence d’une cousine affectueuse et pieuse lui serait d’un grand secours. Viviane s’était inclinée. Elle aimait tendrement Anne-Sophie et consentait volontiers à vivre dans son ombre.

Chapitre 1
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