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Citations sur Le siècle de Dieu (70)

Tout en pansant ses plaies, la France attendait avec bonheur ce nouveau règne. La peste faisait toujours des ravages à Marseille et une partie de la population avait fui dans les bourgades alentour. On installait des barrières sanitaires, exigeait des mises en quarantaine. De nombreux réfugiés périssaient sans soins dans les granges où on les avait entassés. La disette, la ruine de beaucoup de petits fermiers et artisans saignés par l’impôt avaient en outre jeté sur les chemins des ouvriers agricoles, des apprentis prêts à tout pour ne pas mourir de faim.

Chapitre 34
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(...) le règne de Louis XV. Ce roi jeune et beau saurait transformer la France. Dès l’été, celui-ci s’installerait de nouveau à Versailles. On lui avait donné comme fiancée une charmante petite infante, mais encore si jeune qu’il ne pourrait l’épouser avant des années. Louis ne se montrait pas enchanté. À douze ans, il éprouvait déjà un certain intérêt pour les femmes et ce bébé de trois ans ne lui inspirait aucune sympathie. Majeur à treize ans, il prendrait en main le gouvernement, écartant ainsi son oncle qui redeviendrait simple prince du sang après avoir gouverné la France pendant plus de sept ans avec l’abbé Dubois.

Chapitre 34
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Face à une France écrasée par sa dette, le régent avait prêté une oreille attentive à Law, tout juste arrivé à Paris. Cet économiste fortuné l’avait entretenu sur le système révolutionnaire qu’il avait élaboré : l’or et l’argent, moyens d’échanges, devaient être relayés par des billets de banque, beaucoup plus souples à utiliser dans les opérations financières. Cette nouvelle monnaie pouvait être imprimée selon les besoins de l’État et contribuer à lancer de grands projets dont les bénéfices profiteraient à tous. Possesseurs de billets, les plus modestes pourraient emprunter et faire fonctionner la machine économique. Son système, il en était persuadé, allait redonner souffle au commerce et à l’industrie, permettre l’embauche d’ouvriers, développer l’artisanat de luxe. Une banque générale échangerait l’or contre du papier-monnaie sans frais de courtage. Le succès avait été immédiat et, dès 1717, Law créait la Compagnie d’Occident après avoir racheté celle du Mississippi qui contribuait au développement de la Louisiane. En achetant des actions de la Compagnie, les épargnants participeraient à cette énorme et profitable entreprise. Les bénéfices promettaient d’être considérables. Alléchés par le gain, une foule de Français l’avaient suivi et en 1718 Law avait créé la Banque royale.

Chapitre 33
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Se sentant à toute extrémité, le roi venait de recevoir le petit dauphin conduit par madame de Ventadour. Il lui avait fait un beau discours pour l’inciter à éviter les guerres, trop souvent entreprises par vanité. Puis il avait recommandé l’enfant à sa chère gouvernante et à son confesseur. Le dauphin avait quitté en larmes la chambre de son arrière-grand-père.

Chapitre 32
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En repliant la lettre, Anne-Sophie soupira. Cette extraordinaire personne était-elle une sainte, la prisonnière de son imagination ou une femme tout à fait libre ? Entre deux transports mystiques, ses psalmodies ou prières de soumission, ne considérait-elle pas quelquefois sa vie comme une suite d’injustices et de chagrins ? Ne dégringolait-elle pas de temps à autre de son échelle céleste ? Pour sa part, Anne-Sophie se contentait de suivre les préceptes élémentaires de sa religion, ceux que Bossuet avait défendus avec acharnement face à Fénelon.

Chapitre 32
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Au terme de sa vie, le roi devait constater avec satisfaction l’aboutissement de ses efforts. Port-Royal était rasé et les jansénistes en disgrâce, pourchassés, condamnés. Ceux qui sympathisaient avec le quiétisme gardaient pour eux leurs convictions, les protestants ramaient aux galères ou avaient quitté le royaume. On lui avait rapporté d’innombrables conversions dont il tirait grand orgueil sans chercher à savoir si, extorquées, elles avaient la moindre sincérité. La conscience tranquille, il pouvait envisager de comparaître devant Dieu.

Chapitre 31
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À douze ans, Viviane était déjà très féminine et un peu maniérée. Elle aimait son couvent, les religieuses qui les enseignaient, comptait de multiples amies et s’initiait à la musique avec ravissement. On lui faisait apprendre le clavecin et la harpe. Éloi, qui allait avoir dix ans, montrait de si bonnes dispositions pour les études que l’on avait ajouté l’enseignement du grec à celui du latin. Contrairement à Nicolas, les exercices physiques le rebutaient et il avait refusé net d’apprendre les armes.

Chapitre 26
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Après les succès de la France en Italie, l’Angleterre, les Provinces-Unies, l’Autriche et le Saint-Empire étaient entrés dans le conflit armé. On se battait aussi sur les mers où les Français, grâce à la vaillance et l’audace de leurs corsaires, remportaient de belles victoires. Mais le succès final semblait encore lointain. Épuisé, le royaume devait fournir des hommes, des victuailles, des chevaux, du fourrage. On ne respectait plus Louis XIV, des libelles contre le tyran commençaient à circuler, condamnant son goût immodéré pour la gloire aux dépens du bonheur du peuple. Des révoltes paysannes éclataient ici et là, vite étouffées. Les rebelles manquaient de tout. Seuls les camisards ne déposaient pas les armes. En pleine guerre de succession, Cavalier dans les Cévennes, Plon dans le Vivarais, le Dauphiné et le Bas-Languedoc avaient pu lever dix mille protestants découdre contre leurs oppresseurs papistes.

Chapitre 25
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L’église était bondée. Tous les fidèles de mademoiselle de Scudéry, ceux qui avaient hanté son salon année après année, parcouru en long et en large la carte de Tendre, ses lecteurs les plus enthousiastes étaient présents. Le roi avait dépêché le duc de Bouillon et madame de Maintenon sa nièce, madame de Caylus. L’un comme l’autre souhaitaient honorer celle qui avait porté haut les lettres françaises dans l’Europe tout entière. On lisait ses ouvrages jusqu’en Russie, et ses héros, par la familiarité de leurs noms, semblaient faire partie de la vie réelle.

Chapitre 24
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Avant Chalon-sur-Saône, Viviane découvrit la misère absolue. Au milieu d’un paysage glacé, désolé, les villages semblaient morts. On ne voyait ni chien, ni chat, ni volaille, ni bétail. Tous abattus pour être dévorés ? Sans viande, sans pain, sans les légumes qui avaient gelé dans les potagers, que restait-il alors aux villageois pour subsister ?
Soudain, elle fit arrêter la voiture. Au bord de la route, une femme vêtue d’un caraco de coton, d’une jupe, d’un châle troué sur les épaules, les pieds nus dans des sabots remplis de paille, berçait un enfant livide, inerte. Viviane ôta de son cou une écharpe de laine, sortit du coffre un pain et une tranche de jambon. Incrédule, la femme la regarda avant de tendre une main tremblante. Puis, précautionneusement, elle rompit le pain en petits morceaux et tenta de nourrir son enfant mort.

Chapitre 21
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