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Human Diastrophism tome 2 sur 1
EAN : 9781560978480
288 pages
Fantagraphics books (15/07/2007)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Celebrating its 25th anniversary in 2007, the iconic Love & Rockets comic-book series is finally released in affordable and comprehensive format: a series of compact, thick and inexpensive volumes that present the whole story in perfect chronological order. This volume collects the second half of Gilbert Hernandez's acclaimed magical-realist tales of Palomar, the Central American town, beginning with the landmark human Diastrophism, named one of the greatest comic b... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Heartbreak soup qu'il faut avoir lu avant. Il s'agit du deuxième tome regroupant les histoires créées par Gilbert Hernandez et sérialisées dans le magazine "Love and Rockets". Il s'agit de suivre la vie de nombreux personnages habitant dans une petite ville mexicaine appelée Palomar, et dont certains membres de la famille ont émigré aux États-Unis.

Ce tome regroupe 17 histoires, reproduites dans l'ordre chronologique de leur parution. L'histoire la plus courte fait 1 page, la plus longue ("Human diastrophism") comprend 104 pages. La parution de ces histoires s'est étalée du numéro 21 (juillet 1987) au numéro 50 (avril 1996) de "Love & Rockets". Toutes ces histoires sont en noir & blanc.

La première histoire relate un concours de qui enverra une balle de football le plus haut possible avec un coup de pied, entre Pipo et Vicente. La deuxième montre Ofelia en train de lire un livre d'astronomie à Guadalupe sa nièce (l'une des filles de Luba), et l'effet que ces découvertes ont sur la jeune fille. La suivante montre comment Heraclio se retrouve à garder 2 bébés, confiées par Luba.

La quatrième histoire est celle intitulée "Human diastrophism". Il y a en préambule un trombinoscope avec la tête de 34 personnages par ordre d'apparition. Maricela rentre tardivement et elle se fait alpaguer par Luba, sa mère. En allant se coucher dans la chambre qu'elle partage avec ses soeurs, elle souhaite tout haut la mort de sa mère. Guadalupe (une de ses petites soeurs) récite des "Ave Marie" dans sa tête pour conjurer cet anathème. La séquence suivante présente une demi-douzaine d'amants de Luba, et son manque d'amour maternel. Jesus Bernal (l'alcalde) et Chelo (la shérif) discutent la possibilité de faire installer un téléphone à Palomar. Humberto (un artiste en herbe) découvre le cadavre d'un individu assassiné. Une équipe d'archéologues effectue des fouilles à proximité de Palomar.

Les histoires suivantes évoquent tour à tour Heraclio et sa relation avec Luba, le retour de Jesus après avoir purgé une peine de prison, le départ de Pipo et de Maricella quittant Palomar pour s'installer aux États-Unis, la détermination de Casimira avec sa prothèse de bras en guise de matraque, une journée et l'histoire de Pipo, le rôle de protecteur de Gorgo, un tremblement de terre à Palomar.

Commencer un nouveau tome de "Love and Rockets" versant Gilbert Hernandez est un petit peu intimidant. le lecteur plonge dans 250 pages denses et exigeantes. Pour commencer le format de reproduction est un peu plus petit que celui de l'original, ce qui aboutit à une police de caractère de petite taille.

Ensuite, il y a cette pléthore de personnages, très intimidante, 34 personnages pour "Human diastrophism", 37 pour la deuxième partie de l'ouvrage. L'esprit vacille un peu et la question se pose de savoir si l'on se souviendra de tous. Rapidement, le lecteur constate que chaque personnage dispose d'une identité graphique forte, sans être exagérée, et qu'il n'y a aucun risque de confusion. Par contre, il faut un peu de temps pour assimiler les relations familiales entre les uns et les autres.

Au fil des histoires, ces liens font l'objet du thème principal d'un récit, ou d'une simple séquence. Gilbert Hernandez invite le lecteur à côtoyer les personnages au cours de séquences courtes, parfois dans un savant désordre chronologique. Toutefois, petit à petit, il se développe une familiarité avec ces individus que l'on suit pendant 205 pages, jusqu'à ce qu'il soit possible de les reconnaître comme autant d'individus autonomes, avec leur propre histoire. Arrivé à la page 50, le lecteur a repéré chaque personnage et n'hésite plus sur ses liens familiaux. À travers uns savante structure narrative, Hernandez réussit à en faire autant de personnes bien étoffées et attachantes.

D'un côté, Gilbert Hernandez n'hésite par à recourir à des ressorts romanesques massifs, comme un crime commis, une paternité non reconnue, une immolation par le feu, un individu qui a fait de la prison, une organisation criminelle, un tueur à gages, une jeune fille à qui il manque un bras, etc. Il ne fait pas dans la dentelle, et le lecteur peut parfois avoir l'impression que l'auteur n'a pas assez confiance dans ses personnages, qu'il éprouve le besoin de s'appuyer sur ces éléments quelque peu sensationnels pour s'assurer de l'attention du lecteur. Il ajoute une petite couche de réalisme magique qui était déjà présente dans le premier tome.

D'un autre côté, les personnages passent avant toute autre considération, au point que le lecteur en oublie parfois l'intrigue. Non seulement Hernandez révèle l'identité du tueur en série très rapidement dans "Human diastrophism", mais en plus le lecteur n'éprouve pas de hâte à ce qu'il soit arrêté, il s'intéresse beaucoup plus à la révélation existentielle que constitue la découverte de livre d'arts par l'artiste en herbe.

Si Hernandez ne va pas jusqu'à rendre cet assassin sympathique, il refuse toute dichotomie simpliste entre bons et méchants. Il s'attache à rendre tous les personnages intéressants et complexes. Ainsi même Gordo le tueur à gages devient sympathique du fait de l'affection qu'il éprouve pour Maria (la mère de Luba, Petra et Fritz). Au fil des récits, le lecteur prend conscience que Gilbert Hernandez dispose des moyens de ses ambitions. Ces dernières sont de faire exister une communauté sur 3 générations, et de rendre chaque personnage humain et complexe.

Pour arriver à cet objectif, Hernandez utilise plusieurs constructions narratives qu'il va piocher dans l'évolution du roman au cours du vingtième siècle, mais aussi de la bande dessinée. Il a donc choisi une narration chorale dans laquelle plusieurs personnages (une vingtaine) sont des personnages principaux. C'est très ambitieux, et cela confère une forte inertie au récit. L'auteur a besoin de plusieurs dizaines de pages pour pouvoir mettre tous ces personnages en mouvement. Ensuite, il ne se focalise pas nécessairement sur une intrigue. Il peut s'agir de tranches de vie dans ce qu'elles ont de plus ordinaire. Enfin, Hernandez a l'art et la manière de faire émerger des comportements ordinaires dans des situations ou des environnements assez particuliers.

Gilbert Hernandez utilise également des structures narratives complexes. C'est ainsi que dans 2 ou 3 récits, il s'affranchit de toute transition chronologique. Sur une même page, le récit peut traverser 3 époques temporelles différentes. Dans une succession de cases sur une même bande, il peut y avoir un saut de plusieurs années, sans aucun signe d'avertissement, charge au lecteur de faire le constat par des éléments graphiques ou par le dialogue qui évoque des événements passés (datant de la case précédente).

Hernandez joue également avec la forme même de la bande dessinée pour créer des effets narratifs complexes. Ainsi dans le récit intitulé "Pipo" en 4 pages, il réalise des planches de 16 cases carrées (4 rangées de 4 cases, toutes de taille identique) montrant la journée de Pipo (une jeune femme à la tête d'un magasin de mode qu'elle a créé), sans phylactère, mais avec un court texte en haut de chaque case, au travers duquel Pipo se remémore les événements les plus significatifs de sa vie et le ressenti qui y est attaché. Cette dissociation apparente entre images et textes permet au lecteur de voir qui est cette jeune femme qui parle de sa vie, au travers des activités de sa journée, les images donnant une idée de la personnalité de celle qui parle, le texte apportant un éclairage sur le parcours de Pipo. Il utilise également quelques motifs visuels récurrents, comme un corps flottant sur la rivière.

D'un point de vue purement représentatif, Gilbert Hernandez a gagné en précision sur la qualité de ses descriptions. Son trait est plus assuré, et les décors ou environnements sont plus consistants et plus réalistes. Ses personnages sont toujours aussi remarquables par leur diversité, leurs particularités physiques et leur morphologie. Cet artiste s'attache à représenter des individus de corpulence différente, d'ossature différente, d'âge différent, dans une diversité qui reflète celle de la race humaine.

D'un point de vue contextuel, ces histoires ont la particularité de mettre en scène des individus d'origine hispanique, à une époque où les comics étaient essentiellement peuplés d'individus de race caucasienne. Hernandez précise également en début de plusieurs récits que les personnages s'expriment en espagnol, et non en anglais. Ils présentent également la particularité de donner l'avantage aux personnages féminins, en termes de pages qui leur sont consacrées, ainsi qu'en termes de responsabilités sociales.

Gilbert Hernandez ne met pas en avant ses personnages féminins pour titiller la libido des lecteurs mâles : il n'y a pas d'hypersexualisation des femmes, ou de voyeurisme gratuit pour se rincer l'oeil. Il n'y a pas non plus de pudibonderie : certains personnages ont des relations sexuelles, généralement dans le plus simple appareil avec une vue frontale sur leurs attributs, qu'il s'agisse des hommes ou des femmes. Hernandez met également en scène des relations de couple homosexuel, avec un naturel qui défie l'entendement et les préjugés. le lecteur n'éprouve aucun doute quant à la sincérité des sentiments des amoureux quel que soit leur sexe.

Ce deuxième tome narrant les histoires des habitants de Palomar est d'une richesse inouïe. Une fois acclimaté à la multiplicité des personnages et à leurs histoires personnelles, le lecteur découvre un univers narratif de grande ampleur avec des individus qu'il apprend à connaître et à apprécier. Avec cette familiarité, naît une grande empathie et le partage d'émotions nuancées et délicates. Avec la mise en scène de tous ces individus, Gilbert Hernandez a tout loisir pour évoquer à sa guise et de manière naturelle, des thèmes qui lui tiennent à coeur, qu'il s'agisse de la création artistique, du rêve américain de créer sa propre entreprise, de la réussite, de différentes façons d'appréhender la vie et la condition humaine, etc.

Gilbert Hernandez n'assène pas des leçons de vie ; il montre des individus en train de vivre dans un contexte romanesque sans être romantique. Il n'expose pas ses points par le biais de longs monologues de personnages, il montre comment les convictions de chaque personnage le font agir. La vie de ces individus se poursuit dans Beyond Palomar.
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