La couverture de
la Meute m'a interpellé. Tout d'abord par ces deux visages juvéniles qu se font face avec un feu en arrière plan dans un bois ou une forêt. Et aussi une impression de déjà vu, de reconnaître un style graphique. Je venais de finir 3 Fois dès l'aube. En regardant, j'ai découvert que la dessinatrice était la même, Aude Samana. Mais sa technique étant particulière, on ne parle pas de dessin mais de peinture. J'allais donc lire et évoluer dans un univers graphique connu.
Pour une fois, je ne vais pas essayer de résumer ce roman graphique. Je vais juste donner des impressions, des repères que j'ai pu prendre. Deux adolescents ont disparu, se sont enfouis de chez eux. C'est une fugue. En même temps, il y a des brebis tuées et on évoque un loup.
La construction du roman est particulière?
Cyril Herry propose un scénario particulier et alterne les séquences totalement différentes. Ici et là, on verra le garçon et la fille, nous suivrons leur fugue, leur fuite, leur parcours. En même temps,le scénariste va nous faire rentrer dans plein de vies qui sont en parallèle de celles des deux jeunes.
Nous suivons des discussions autour de cette fugue et de l'actualité. Tout le monde a quelque chose à dire, comme à chaque fois tout le monde a une explication. Tout le monde fait l'enquête et cherche des prétextes à la fugue. On s'interroge, on émet des hypothèses.
Les vraies raisons de la fugue seront justes esquissées, au lecteur de se faire son opinion. Les deux auteurs multiplient les situations où les gens peuvent discuter : au bar, devant le bar, lors de la visite de l'infirmière...
Les auteurs attirent notre attention sur le mal être des adolescents mais sans entrer dans les détails. Ils nous permettent d'entrer dans certaines vies sans faire de nous des voyeurs. Ils cherchent à nous faire réfléchir à ce que nos actes peuvent avoir de conséquence pour les autres..
J'ai beaucoup aimé la proposition graphique et la composition données par
Aude Samama. J'adore ses personnages qui se détachent sur des fonds colorés. Les paysages de forêts à différents moments de la journée sont très beaux à observer, il y a un vrai travail de recherche de composition et de mise en forme. le travail sur les visages est très intéressant et j'ai même cru reconnaître Jean-Hugues Anglade page 82 et
Annie Girardot, page 83. le jeu des couleurs, le jeu des ombres et des lumières sont impressionnants de réalisme.
C'est un roman graphique qui se laisse lire mais surtout qui se laisse regarder. Certaines planches peuvent être observées comme des toiles, comme des peintures.
C'est un roman particulier qui mérite une relecture.