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4,01

sur 724 notes
Premier -gros-roman de Nathan Hill et très attendu parmi les parutions de la rentrée 2017!
A quoi, justement, peut-on reconnaître un premier roman ou un premier album? En général, c'est celui dans lequel l'auteur a voulu tout mettre, tout ce qui le travaille depuis toujours, tout ce qu'il a glané, noté, mâché et fini par digérer au cours des ans, et Les Fantômes du vieux Pays en est un bel exemple.
Ce n'est pas forcément un défaut, il faut juste espérer, surtout quand c'est une réussite, qu'il en restera pour les romans suivants!
Honnêtement, Les Fantômes du vieux Pays part un peu dans tous les sens, mélange les styles, les époques, les vies, les événements, mais est suffisamment bien construit pour qu'on ne puisse pas s'y perdre. On y suit en parallèle l'enfance de Samuel et celle de sa mère qui l'a abandonné quand il avait 11 ans, et on les retrouve régulièrement en plein 2011 dans tout ce que les Etats-Unis ont d'artificiel, d'individualiste, procédurier, cynique: une nation en plein déclin qui s'auto-mutile par la malbouffe, le capitalisme, la perte des valeurs et les addictions aux jeux vidéos.
La trame du livre est bien ficelée et on ne s'ennuie pas une seconde -ou à peine - mais les ficelles sont grosses et parfois un peu maladroites, comme la manière d'amener le passé des protagonistes. Il y a quand même des passages très beaux, pour ne pas dire bouleversants, notamment dans les rencontres de Samuel avec Bishop et sa soeur Bethany lorsqu'ils sont enfants, des jumeaux qui bouleverseront sa vie, et les quelques mois que passent sa mère Faye à Chicago en pleine révolte étudiante en 1968, face à une autre facette d'elle-même et un choix cornélien.
Tout le livre tourne autour des raisons de la disparition de Faye en 1988, laissant fils et mari, et plus intimement, de ce fantôme domestique que le père de Faye a amené malgré lui de Norvège et qui a changé la vie de Faye pour toujours.
C'est un roman dense qui, dans son kaléidoscope des Etats-Unis, touche à tous les sujets actuels ainsi qu'à cette solitude moderne et sa mélancolie inhérente.
Pas un coup de coeur, mais un grand plaisir de lecture d'un livre passionnant.
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Tout d'abord un grand merci à Gallimard et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir Les fantômes du vieux pays. Une vraie merveille.

"Un psychodrame mère/fils avec des fantômes et de la politique mais aussi une tragicomédie sur la colère et la moralisation en Amérique." Ce résumé de Les fantômes du vieux pays (The Nix, en V.O), le premier roman de Nathan Hll, est signé de John Irving qui a adoré le livre. Il n'est pas le seul et il est vraisemblable que de nombreux lecteurs français vont tomber à leur tour en amour devant ce prodigieux tour de force, soit 700 pages gorgés d'aventures et de sentiments "larger than Life". Samuel est le pivot du roman, un professeur d'université qui passe ses nuits dans la peau virtuelle d'un elfe au coeur d'un jeu vidéo obsédant. Sa mère a abandonné le cocon familial quand il avait 11 ans et il ne s'en est jamais vraiment remis. Quant à l'amour de sa vie, rencontré à l'enfance, il l'a perdu. Et voici que sa mère fait les gros titres de l'actualité pour une "agression" contre un candidat potentiel à la présidence des Etats-Unis. Inutile d'en dire plus, Les fantômes du vieux pays est d'une telle opulence narrative qu'il serait criminel et stérile d'en dévoiler davantage. Il faut juste savoir qu'il s'agit du Grand Roman Américain dans toute sa splendeur, prodigieux par la richesse psychologique de ses nombreux personnages, ébouriffant pour ses changements de ton, époustouflant dans ses dialogues souvent hilarants, remarquable par sa construction et ses longues digressions, qui n'en sont pas vraiment puisque partie de cette fabuleuse mosaïque qui prend en compte 50 ans d'histoire américaine, avec en bonus une évocation de la Norvège de 1940. Equilibriste, Nathan Hill passe d'un personnage à l'autre, d'une époque à la suivante avec une agilité déconcertante. Il y a plus d'une scène marquante, l'acmé se trouvant dans le "reportage" sur la grande manifestation de Chicago en 1968. Des hippies de ces années-là aux geeks d'aujourd'hui, en passant par des étudiants, des flics, des publicitaires, etc, l'auteur cartographie socialement un pays et une société soumis à des convulsions récurrentes et dominés par une moralisation de la vie de ses citoyens de plus prégnante. le livre est éminemment politique, oui, militant d'une certaine façon contre des forces qui ont de tous temps, mais plus que jamais de nos jours, tenter de raboter les libertés individuelles et collectives à commencer par celle de penser. Dense, intense et d'une humanité fragile et fébrile, Les fantômes du vieux pays est digne de tous les éloges et, plus important, se doit d'être lu par tous les amoureux de la (grande) littérature. Celle qui enthousiasme et fait frissonner de bonheur.
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Voyage au coeur de l'Amérique
Ce gros pavé (960 pages !) trainait dans ma bibliothèque depuis un bon bout de temps ! Je suis enchantée de l'en avoir enfin sorti car c'est un sacré bon bouquin ! Je peux même dire que cela faisait bien longtemps que je n'en avais pas lu un aussi réussi sur la société américaine, des années 60 à 2011…
Tout commence en 2011 lorsqu'une femme d'une cinquantaine d'années jette des cailloux sur le gouverneur Packer, futur candidat à la présidence des Etats-Unis, dans un parc de Chicago, le blessant sérieusement à un oeil. Pourquoi un tel acte ? Et qui est cette femme, Faye Andresen-Anderson, bientôt surnommée Calamity Packer par les médias qui s'emparent de cette affaire à fort potentiel ? Tout le monde est passionné par cette histoire montée en épingle, tout le monde ou presque car Samuel Anderson, fils de Faye, est passé complètement à côté de cette information qui pourtant, tourne en boucle sur toutes les chaînes de télévision. Et pour cause ! Samuel professeur de lettres dans une petite université de l'Illinois passe tous ses loisirs sur son ordinateur (au moins quarante heures par semaine) où il joue au Monde d'Elfscape, devenant « Dodger le voleur Elfique », se livrant à des raids pour tuer un ennemi hautement dangereux, avec une guilde de gamers anonymes. Il faut dire que Samuel s'ennuie ferme dans son boulot de prof sous-payé, tentant d'enseigner Shakespeare à des étudiants au mieux apathiques, au pire abrutis, qui n'assistent à ses cours que pour valider certaines options de leur cursus, et qui trichent de manière éhontée… Samuel a une autre passion : la littérature. Il est écrivain, ou du moins, il aime à penser qu'il l'est : l'une de ses nouvelles a été publiée dans un grand magasine, un éditeur l'a remarqué et lui a fait signer un contrat avec un énorme à-valoir dans l'attente de son prochain roman… Roman qu'il n'a toujours pas écrit… Alors, quand l'éditeur en question lui propose d'écrire un livre sur Calamity Packer, Samuel n'hésite pas longtemps. Sauf qu'il n'a pas vu sa mère depuis plus de vingt ans, lorsqu'elle l'a abandonné, lui et son père, comme ça, du jour au lendemain. Samuel avait onze ans, et il ne s'en est jamais tout à fait remis… Pour écrire ce livre, il devra partir sur les traces de Faye Andresen, adolescente dans une petite ville d'Iowa, étudiante à Chicago en 1968… Découvrir qui était sa mère pourrait même l'aider à renouer le contact avec elle, et qui sait, l'aider lui-même ?
Ce roman est un voyage en forme de puzzle au coeur de l'Amérique des années 60, une fresque qui revient sur les évènements survenus en 1968 aux Etats-Unis, et notamment à Chicago, les grandes manifestations contre la guerre du Viet-Nam, l'émancipation des femmes notamment et qui met en pleine lumière toutes les contradictions et les ambigüités de la société américaine (bien-pensant et conservateur, puritanisme, religiosité –préfigurant parfaitement l'Amérique de Trump-, les racines européennes –ici la Norvège- mais aussi le côté protestataire et libertaire des années hippies, en fait tout ce qui a construit les Etats-Unis).
Au-delà de l'histoire de Faye et de Samuel, j'ai beaucoup aimé les personnages « annexes » : Bishop l'ami d'enfance de Samuel, Pwnage le chef de la guilde des Elfes sur Elfscape, Laura l'étudiante de Samuel (personnage très stéréotypé mais ô combien représentatif de notre société que j'ai adoré détester !) le père de Faye, arrivé de Norvège au début des années 40 avec tout un tas de fantômes, Alice que Faye va rencontrer sur le campus en 1968, Charlie Brown (non, pas celui auquel vous pensez !) et Sebastian… L'auteur leur donne une vraie consistance, et tous auront une importance cruciale.
Nathan Hill a parfaitement su mêler la fiction à l'Histoire, et son roman (son premier !) se lit presque compulsivement…
960 pages ? vraiment ?
Magistral.
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L'entame du match s'avère plutôt accrocheuse avec ce prof adepte de jeux en ligne et sa mordante confrontation générationnelle avec une de ses élèves.
La suite se laisse lire avec des hauts et des bas mais surtout pas mal de longueurs.
Dans la pure tradition de l'école américaine du roman, l'auteur utilise un drame familial capillotracté pour nous servir une autoflagellation nationale aussi molasse que convenue.
Qui trop embrasse mal étreint, Hill multiplie les sujets, il s'éparpille et nous lasse.
Sur plus de 900 pages!
Je rassure John Irving, Nathan Hill braconne ici un peu sur ses terres sans le mettre en danger.

Fait très rare après une lecture, Hill m'a laissé avec l'impression d'avoir perdu mon temps.
Pour couper court à ce spleen soudain, son regretté homonyme, le bien nommé Dusty Hill, bassiste et épisodiquement chanteur de ZZ Top m'a opportunément ragaillardi au son du croustillant "Party on the Patio".


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C'est un Grand, bon, passionnant roman de l'Amérique des années hippies à aujourd'hui, de la révolte contre la guerre du Vietnam au monde virtuel d'elfscapes, la vie de Faye, la mère à celui de Samuel le fils, une saga familiale dont l'intrigue est passionnante, les personnages sont irrésistibles ou héritants, un roman que l'on dévore et qui nous tient en haleine, un roman dense, intense, bien ficelé qui mérite toutes ses critiques élogieuses, vraiment un très bon premier roman merveilleusement écrit.
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Puissant roman sur les tourments d'une Amérique emprisonnée entre progressisme et conservatisme.
On traverse l'histoire des Etats-Unis depuis les années 60 jusqu'aux événements post-attentats du 11 septembre.
Le lecteur est ballotté par l'imagination de l'écrivain tout autant que par des faits historiques bien réels, ce qui confère à ce roman une dynamique constante.

Narration maîtrisée, fresque romanesque époustouflante, intensité dramatique, Nathan Hill est un auteur très prometteur qu'il faudra suivre de près ! Grand talent ! Magnifique découverte !


Lien : https://missbook85.wordpress..
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Qu'est-il passé dans la tête de Faye Andresen-Anderson lorsqu'elle a agressé le gouverneur Parker, candidat à la présidentielle américaine?...
Et quelle agression ! Elle lui aurait jeté une poignée de graviers, sans toutefois le blesser, ni le toucher...Les preuves de son forfait tournent en boucle sur toutes les chaines de télé...qui s'empressent de la surnommer Calamity Parker.
Du jour au lendemain elle devient célèbre...
Elle a jeté du gravier, Nathan Hill quant à lui m'en a jeté plein la vue.
Faye est une femme d'âge mûr, que rien ne prédestinait à commettre un "attentat" contre le gouverneur. Assistant d'anglais dans une université américaine, Samuel Anderson, son fils, n'en a pas entendu parler...le seul écran qu'il regarde est celui de son ordinateur....il passe son temps, dans une autre vie, virtuelle, dans un autre monde : "Le monde d'Elfscape". Samuel joue en effet le plus souvent et le plus longtemps possible, avec les joueurs de côté Est, puis avec ceux de la côte Ouest, puis australiens, puis japonais.....au fur et à mesure que la terre tourne. Il passe son temps à tuer des elfes virtuels en utilisant un pseudo. Son temps sur les ordinateurs de l'Université et son salaire ne servent essentiellement qu'à jouer, jouer..
Bien sûr de temps en temps il doit corriger des copies...rien de plus facile...il recherche dans une base de données, si l'étudiant n'a pas recopié un devoir. Grâce à cette astuce, il découvre que Laura Pottsdam, une de ses étudiantes a triché en rendant un devoir qu'elle a copié et qu'elle avait déjà rendu quand elle était au lycée. Alors ce sera un zéro pointé, et comme il a d'autres préoccupations bien plus importantes, il refusera que Laura refasse son devoir. Il ira même jusqu'à lui dire qu'elle "n'est juste pas très intelligente". La chose à ne pas dire aux USA, si on ne veut pas être traîné en justice
Tout irai bien pour Samuel, si son éditeur ne le menaçait pas. Samuel a en effet perçu, il y a quelques années, une avance pour rédiger un roman...le temps passe, et le roman n'est toujours pas édité...et s'il racontait l'histoire de cette mère "terroriste" ? La rédaction de ce livre lui permettait d'autre part de disposer d'éléments afin de répondre à la demande de l'avocat de Faye qui a besoin d'éléments pour la défendre.
Oui, mais Samuel la connaît peu !
Quelques premières pages, pour poser le cadre du roman, sans rien dévoiler.
Impossible de résumer ce livre en quelques lignes.
Impossible de présenter tous les rebondissements. Ce livre est riche en informations sur cette société américaine, pas si fascinante que ça, sur son système judiciaire, sur son histoire contemporaine. On navigue par des allers-retours de 1968 à 2011 en passant par 1988, d'une côte à l'autre, des révoltes étudiantes de 1968 aux émeutes de Chicago, à la guerre du Vietnam, de la Suède à Chicago, du gravier au napalm. On retrouve les images en noir en blanc de la mort de Martin Luther King ou des manifestations des noirs américains, et celles en couleur du sang des étudiants tués lors de manifestations à celui des bovins arrivant dans les immenses abattoirs de Chicago ou d'autres comme ces images des policiers qui de nos jours font la chasse aux terroristes dans les aéroports...ou comment peut-on quitter les Usa quand on vient de commettre un attentat ?
50 ans de vie des USA, de magouilles et de coups tordus de politiciens, de lutte pour ou contre l'avortement, de guerre aussi, de violence, de vie de quelques américains. Précis et fouillé...Trop peut-être!
Une affaire instruite par un juge Charlie Brown, qui veut faire de cet incident de gravier, une affaire terroriste, un juge qui veut à tout prix trouver le plus d'éléments possibles pour accuser Faye. Mais pourquoi donc? Charlie Brown...ça vous dit rien? Comment ne pas vouloir acquérir une notoriété et vouloir donner du sérieux à cette image ?
Ce pavé a nécessité 10 ans de travail à Nathan Hill...On peut regretter certaines longueurs, mais qu'importe, le plaisir est là ! Même si on est un peu perdu parfois. On passe de l'humour à l'amour sur les banquettes arrière des voitures, d'un drame à des rires, du roman à la réalité. On apprend beaucoup sur la petite et la grande Histoire, si on n'a pas connu cette période. Et si on est plus ancien, on redécouvre des faits enfouis dans nos mémoires...
Et surtout on lit un témoignage sur l'âme humaine en général mais surtout sur les contradictions ou curiosités de la société américaine, sur sa justice et ses aberrations, la religion....sa pudibonderie et son hypocrisie. Et aussi sur les ressources qu'elle peut offrir à chacun, pour parfois régler ses comptes à partir de broutilles.
Et quel final !
Et surtout, j'insiste.....ne passez pas à coté de l'exergue inspiré de paroles de Bouddha. Superbe !
Good job Nathan!
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Un premier roman écrit en 10 ans et commencé à 17 ans ? Je dis bravo. J'ai adoré plonger dans ce livre, qui nous fait revisiter l'histoire des Etats Unis à partir de 1968 jusqu'à nos jours, la course effrénée du capitalisme et donc une belle critique de la société américaine mais pas que. C'est aussi quatre à cinq histoires en parallèle : celle de Samuel et de sa mère Faye, mais aussi celle de Laura, l'étudiante "plus cruche creuse tu meurs" de Samuel, celle de Freya, je ne vous dirai pas qui c'est et d'Alice et de Charles Brown et bien d'autres encore.

Bon honnêtement, ça se dilue un peu vers la fin, et d'un point de vue strictement perso, les pages sur les geeks fana de jeux en ligne m'ont barbée, mais à part ça, du bonheur en barre ce bouquin.

J'attends le deuxième avec impatience, un talent pareil, ça se guette.
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Ce que j'ai préféré dans ce livre, qui m'a énormément plu dans sa globalité, c'est sa fin si philosophe et si ouverte. Cela m'a conforté dans mon impression tout au long de ma lecture que Les fantômes du vieux pays est un grand roman.

On comprend que Nathan Hill ait mis plus de dix ans à l'écrire tant il s'avère dense et riche. Il foisonne de personnages et aborde de nombreux thèmes, portant un regard fin sur l'histoire, la psychologie et la société américaine.

Samuel Anderson, le personnage principal, est un écrivain en panne d'inspiration qui enseigne en université pour gagner sa vie. Or sa mère, qui l'a abandonné enfant, se retrouve projetée sous les feux de l'actualité pour avoir agressé un candidat probable à l'élection présidentielle (enfin, elle lui a jeté des gravillons, mais ça suffit pour faire le buzz !). Lorsque son éditeur saute sur l'occasion et lui demande une biographie assassine de sa génitrice, Samuel se plonge dans l'histoire de cette mère et découvre sa vie, manière cathartique de chercher à comprendre et, peut-être, soigner sa blessure.
On passe d'une époque à l'autre avec bonheur.
Des personnages tous fascinants ponctuent cette grande fresque : une violoniste virtuose, un accro aux jeux vidéos, un éditeur sans pitié, une étudiante paresseuse et procédurière très paumée, un jeune militaire envoyé en Irak abusé dans son enfance, un grand-père d'origine norvégienne atteint d'Alzheimer, une militante féministe et anti-guerre, un policier devenu juge paraplégique complètement aigri...
Au final tout est lié dans une construction narrative éblouissante.
On quitte cette histoire et ses protagonistes à regret.
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Lorsque j'ai débuté ma lecture du roman de Nathan Hill « Les fantômes du vieux pays » je ne savais rien ni de cet auteur ni du roman en question.

Je peux vous dire que maintenant, cet auteur est dans mes grands favoris des auteurs américains, dont je dois reconnaître que je suis très friande, quand même, depuis Paul Auster à John Irving en passant par Raymond Carver, Saroyan, Salinger et Jim Harrison… Liste non exhaustive et dont vous aurez remarqué qu'elle est exclusivement masculine : Oui, parce que j'estime que les autrices américaines méritent bien une liste à elles seules.

Le titre original du roman de Nathan Hill est « The nix » et aurait pu le rester en français « le nix » , sans en dire plus, cela a son importance dans le roman, et un titre un peu mystérieux n'a jamais fait de mal aux lectrices et lecteurs.


Un titre chez Folio
Samuel est un trentenaire célibataire, hésitant pas très bien dans sa peau, qui est prof universitaire. Par ailleurs il joue compulsivement en ligne à un jeu vidéo nommé »Elfscape ».

Il apprend un jour que sa mère, dont il n'a plus de nouvelles depuis ses 11 ans, a jeté des graviers sur un candidat à la présidentielle.Il est contacté par l'avocat de cette dernière.

Samuel essaie de devenir écrivain, et de devenir lui-même ce qui lui est très difficile.Le roman va explorer à travers les récits de vie de Samuel dans ses différents univers (le professorat, le jeu vidéo, l'écriture et l'enfance ) l'histoire des U.S.A. depuis les années 40 et l'histoire singulière de sa vie et de celle de sa mère Faye et de son père originaire de Norvège.

Les U.S.A dans le roman
L'histoire avec un grand H est très présente dans ce roman, tout comme dans le dernier Paul Auster d'ailleurs que j'ai lu également cet été 2018.

J'aime particulièrement cet art de mêler les histoires d'individus avec les réflexions documentées (chapeau les écrivains !) sur l'histoire plus large en les fondant l'une dans l'autre.Ici c'est vraiment très réussi, Samuel qui se retrouve face à un mystère double (l'acte de sa mère et sa mère elle-même) enquête sur ce qui s'est passé quand elle a jeté des graviers à la face de ce politique mais du coup remonte complètement dans son histoire et découvre à la fois une personne, une mère, et un secret de famille qu'il va lever.Tout cela est étroitement mêlé à l'Histoire du pays , c'est une vaste fresque palpitante, vivante, et emplie de la tendresse que je suppose a ressenti Nathan Hill pour ses personnages principaux.

Et ils sont nombreux sans l'être trop, on ne s'y perd pas, mais on a de quoi explorer divers milieux sociaux et diverses époques.

Les allers-retours entre la jeunesse de Faye, l'enfance de Samuel et son père et sa vie d'adulte avec ses différentes casquettes et les principaux personnages qu'il côtoie sont bien menés, et sont absolument justes, des portraits fins et bien brossés, de vrais ingrédients de qualité pour une grande fresque romanesque et sociale.

On passe du coup, suivant les personnages et les situations, du cynisme le plus pur (l'éditeur de Samuel), à l'idéalisme naïf , en passant par l'abattement total ou la manipulation .Et on évolue des milieux des addicts de jeu vidéo, de classes moyennes, au campus universitaire, en passant par les milieux de l'édition, la jeunesse des années 60 de deux sortes : celle des états loin des villes et celles des étudiants de grandes cités, et j'adore cette diversité tout à fait reliée. L'écriture (ici traduite) de Nathan Hill est fluide et s'il a mis dix ans à travailler à ce roman et bien cela a valu le coup ! Chapeau bas, lisez-le, vous allez découvrir des personnages complexes, passionnants et une vraie intrigue que je ne vous dévoilerai certainement pas, qui vous mènera depuis les années 50 à nos jours, en passant par la Norvège…


La maison rouge de Norvège…
Les secrets de famille :
L'histoire de Samuel et Faye est une éblouissante démonstration du fait que les secrets de famille sont un poison terrible, et que dire les choses, est une véritable libération. La lente progression de chacun de ces deux personnages vers une parole qui libère est un vrai soulagement et est subtilement amenée, lentement mais de façon très vivante et crédible, et j'ai adoré la partie norvégienne du roman , assez courte, somme toute, mais plutôt déterminante pour la relation de Faye et Samuel. Et oui il y a un lien avec une maison en bois peinte en rouge au bord de la mer en Norvège, d'où l'image…

J'aime, quand je lis, me laisser emporter par le récit, l'intrigue, apprécier l'écriture, et espérer que le livre ne finira jamais, et j'aime par dessus tout, quand je me demande ce que j'ai récemment lu me souvenir précisément de ce que j'ai lu, des personnages, des gens de cette lecture, de « quoi ça parle »… Dans le fond, si on lit beaucoup, il n'y a pas tant de livres que ça qui me marquent tant, que je peux en parler facilement sans avoir à relire quelques pages ou bien la quatrième de couverture.

Mais celui-ci, oui je m'en souviens fort bien.Parce qu'il est tout simplement excellent, parce qu c'est un grand roman, empli d'un souffle puissant,plein de sens, et d'amour de la vie de ses contradictions et d'espoir.
Lien : http://lautremagda.hoibian.c..
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