Après seulement quelques pages il apparait clair que l'on est parti pour une longue aventure.
Robin Hobb est coutumière des très longues sagas et donc l'introduction prend son temps. La narration n'est donc pas la plus rapide qui soit et les péripéties peuvent paraitre négligeables à certains moments et au regard d'autres romans, mais on passe du temps avec les personnages, on apprend à les connaitre, à les aimer pour certains, à les détester pour d'autres, on en vient à faire des plans sur la comète, à s'imaginer le futur d'un tel ou d'un tel.
Il en va bien évidemment pour FitzChevalerie, le fils bâtard du roi-servant, qui arrive à la cour pour se trouver une place que personne ne lui donnera réellement. La narration est à la première personne ce qui renforce d'autant la connexion et l'attachement que l'on développe avec lui au fur et à mesure. Fitz est jeune, ne demande qu'à être accepter et ne rechigne pas à faire ce qu'on lui demande, combo parfait d'ingrédients pour que l'on place de grands espoirs en lui en tant que lecteur. Et pourtant,
Robin Hobb prend le contrepied presque constant de voir Fitz échouer dans presque tout ce qu'il entreprend. Chaque point de passage pour le personnage, ce qui pourra faire basculer sa vie d'un côté ou d'un autre, se solde par un échec. Et même si cela est frustrant au regard de l'attachement développée, cela ne fait que renforcer la cohérence de l'univers (on n'a pas toujours ce que l'on veut dans la vie, encore moins dans ce type d'univers médiéval lorsque l'on est mal nés) et le lien avec Fitz.
De plus, on sent bien que ces accrocs sur le chemin ne dureront pas éternellement, il y aura bien à un moment une victoire sonnante et trébuchante qui validera tout le parcours de l'assassin.
La seule petite remarque négative que j'aurais sur ce premier tome se trouve dans certains indications du narrateur, de Fitz donc, qui en début de tome coupe court à certaines parties de son futur (qui sont le passé du narrateur), disant que c'était la dernière fois qu'il entreprenait un type d'actions, pour au final voir cela revenir plus loin dans l'oeuvre.
En dehors de cela, ce premier tome est une sublime porte d'entrée vers un nouvel univers de fantasy. On n'attend maintenant plus qu'une chose : de voir Fitz triompher.