Le Crac des Chevaliers

De l'exposition au catalogue

Se tient du 14 septembre 2018 au 4 mars 2019, une exposition à la Cité de l'architecture et du patrimoine (anciennement Musée des monuments français), en fond de salle Viollet-le-Duc, consacrée au Crac des Chevaliers (Kala'at el Hosn), forteresse qui barrait la fameuse trouée d'Homs et interdisait aux Musulmans l'accès à la mer sur cette partie du littoral oriental méditerranéen pendant l'occupation franque.
Camille Enlart (1862-1927) fut l'un des "redécouvreurs" de cette formidable construction, et l'intérêt pour elle ne cessa de croître, les Anglais prenant un instant le relais, notamment T.E. Lawrence qui l'évoqua dans son mémoire de jeunesse sur l'architecture militaire médiévale, à la suite de son voyage en Syrie en 1909. "Le plus beau château du monde", écrira-t-il à sa mère après sa visite en août 1909.
Après l'effondrement de l'Empire ottoman, en 1918, la France obtint un mandat sur la Syrie et le Liban, ce qui lui permit de mettre la main sur cette impressionnante forteresse tenue par l'ordre des Hospitaliers.
Mais le château, tel qu'il nous est longtemps apparu, et tel qu'il demeure après les sévères dégâts causés lors des récents événements survenus en Syrie (2013), n'est pas l'ensemble homogène qu'il semble être au premier regard. Il est le résultat de campagnes de construction successives : la première enceinte, dont les murailles étaient scandées de tours quadrangulaires, fit elle-même l'objet de plusieurs transformations et ajouts, avant qu'une deuxième enceinte n'apparût et que fussent élevées des tours cylindriques et semi-cylindriques et qu'un couronnement avec mâchicoulis et bretèches ne lui fût adjoint.
L'aspect imposant et la dimension de certains espaces intérieurs révèlent bien que ce lieu fut aussi un lieu de concentration et d'entrepôt en vue d'attaques vers l'extérieur : on a pu parler de "caravansérail".
Le château tomba tardivement en 1271, non à la suite d'un assaut, dans lequel les Musulmans ne se seraient pas risqués, mais par la ruse seule.
Pendant la période mandataire, commencée en 1920, le château attira à lui des visiteurs de plus en plus nombreux, et cette attirance fut rendue possible grâce au médiéviste Paul Deschamps qui popularisa le site avec de remarquables travaux écrits sur l'architecture militaire et religieuse du temps des Croisades et à la suite d'une réhabilitation du site. Deschamps fit acheter la forteresse par la France, ce qui permit sa sauvegarde.
Des photos, des notes, des carnets, des plans, une recomposition modélisée en 3D, de célèbres maquettes (celle du Crac, celle de Saône [le Sahyun], il n'y eut pas malheureusement celle du Margat [Marqab], château en pierre de basalte), des affiches, etc. font l'intérêt de cette exposition.
On ne regrettera qu'une chose, que le catalogue de l'exposition ne reprenne pas le détail fourni près de la maquette du Crac des différentes étapes de la construction : il fait plus court en images, et c'est un peu dommage.
Le visiteur profitera de son passage en ces lieux pour revoir en déambulant les magnifiques reproductions des proches et tympans de nos grands édifices religieux du Moyen Âge, et la splendide maquette du château de Coucy.

François Sarindar

Après avoir lu l'excellente autant qu'exhaustive critique de Sarindar je n'ajouterai rien d'autre qu'un ressenti.
C'est un ouvrage que je qualifierai de "technique", on y trouve tout ce qu'il faut savoir sur la chronologie, les intervenants et le contexte autour du crac des chevaliers et de sa préservation.
Le découpage du livre est pertinent car thématique, c'est précis, complet et d'une certaine façon un peu impersonnel.
J'ai apprécié de découvrir l'histoire des occupants successifs après la période des croisades jusqu'au 19ème siècle.
Mais aimant particulièrement l'histoire militaire, j'ai regretté le peu de matière sur ce sujet en particulier.
Pour finir ce livre est abondamment illustré de photos et dessins qui permettent aisément de se représenter la fabuleuse beauté de cette forteresse unique.