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EAN : 9782070424474
576 pages
Gallimard (23/05/2019)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Le monde de la Renaissance est une sphère incertaine et mouvante. Quels contours ont les terres émergées et la ceinture océane ? Jusqu'où se déploient l'Amérique et l'immense Terre Australe ? Les auteurs ici réunis ont voyagé, découvert des terres inconnues, rencontré des hommes de moeurs étranges, de langues inouïes. Et l'ont écrit. On trouvera ainsi l'Orient de Pierre Belon et Guillaume Postel, la route des Indes de Vasco de Gama et saint François-Xavier, le Nouve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre est en fait un recueil commenté de textes d'époque, écrit par des personnages célèbres, cherchant souvent à impressionner leur monarque, ou par de simples marins ou soldats, embarqués dans des voyages hors norme pour l'époque à la découverte de peuples inconnus. Chaque texte est remis dans une perspective historique, en en soulignant les apports à la connaissance du monde pour les intellectuels du temps.

Les extraits présentés montrent les trois directions de l'expansion européenne.
L'attrait de l'Orient, avec la découverte du monde ottoman ou de l'Égypte, récits de voyage parmi lesquels figurent ceux de Léon l'Africain, diplomate marocain qui capturé poursuivi sa vie au Vatican, ou de Guillaume Postel, voyageur infatigable jusqu'au royaume des Turcs.
La route des Indes, ouverte par les Portugais et qui permit d'apporter des épices aux palais occidentaux. On trouve là des extraits des relations de voyage de Vasco de Gamma ou de Pigafetta. Les textes sur les pérégrinations asiatiques de François Xavier ou de Fernao Mendes Pinto sont étonnants : comment des Européens ont pu pousser leur curiosité jusqu'à se porter aussi loin de toute base coloniale ?
Le Nouveau-Monde suit, avec les découvertes en Amérique centrale (avec Cortez, conquérant chanceux, qui se donne le beau rôle), du Nord (le Canada de Cartier), ou du Sud (le Brésil où la France a tenté de s'implanter, comme en Floride).

La langue utilisée est modernisée (… un peu), et les extraits sont de taille variable (les plus longs ne sont pas les plus pertinents à mon avis). Les textes n'émanent pas tous de témoins directs de ces voyages, mais sont parfois parfois l'oeuvre de cartographes qui reprennent à leur nom ce qu'ils ont pu entendre (André Thevet).
Ce qui surprend, vu du XXI éme siècle, c'est le regard souvent sans a priori des premiers explorateurs qui découvrent des peuples et des usages sans (trop) les juger. C'est dans un deuxième temps que ce qui oppose frontalement les civilisations est mis en avant : la cruauté des guerriers, la nudité, l'anthropophagie… Ces descriptions sont vite devenues la norme, justifiant ainsi l'apport colonial et religieux.
Autre (demi)-surprise : l'extrême compétition entre puissances coloniales. Il valait presque mieux pour un protestant français capturé en Floride tomber aux mains des tribus indiennes voisines et y être détenu, plutôt que de voir arriver des Portugais ou des Espagnols liquidant toute présence étrangère...

Cet ensemble donne une petite idée de la façon dont les découvertes ont changé la pensée du Monde à la Renaissance, sans forcément ouvrir l'esprit des monarques ou des intellectuels de l'époque.
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Ce recueil met en lumière le regard porté par les Européens de la Renaissance sur les mondes qu'ils découvraient au fur et à mesure de leurs avancées, en regroupant des extraits de textes d'auteurs contemporains, acteurs ou pas, de cette frénétique exploration du monde. Il est composé de trois parties selon le découpage géographique du monde: l'Orient proche du nouvel Empire ottoman, les Indes orientales et le Nouveau monde (l'Afrique, sur la route asiatique via le cap de Bonne Espérance, étant rattachée aux Indes orientales).
Forcément, ce regard est condescendant et obtus. L'Européen n'est pas capable de comprendre des principes sociaux et philosophiques différents. Et l'on comprend qu'il n'en est pas capable parce que l'esprit de l'Européen est alors figé par le Christianisme. Conscient qu'il détient la vérité, sûr de sa puissance et de son autorité morale, il ne peut qu'être l'agent des pires atrocités.
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Au-delà des aspects strictement historiques, le regard des Européens, Portugais et Espagnols, sont intéressants : ce qui les intrique, ce qui les choque, ce qu'ils admirent. Ils notent qu'hommes et femmes sont “bien faits”, la sélection naturelle y est pour quelque chose. Les pratiques de peintures des corps et des visages les intriguent, l'utilisation des parures de plumes est appréciée. La barbarie des comportements des guerriers et le cannibalisme vis-à-vis des prisonniers font l'objet de nombreuses chroniques (certains Occidentaux rappellent qu'en matière de barbarie, il ne s'agit pas d'un monopole des Indiens…). Ah, les gentils sauvages… Se balader à poil choque les voyageurs qui essaient parfois, sans succès, de leur donner des vêtements ! A Canada, la température restreint les possibilités de “naturisme”. On peut remercier les Indiens de ne pas nous avoir envoyé de missionnaires pour nous convertir à leurs dieux !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
En définitive, le voyage est précieux par le temps qu'on prend à en revenir. On revient du voyage en lisant les livres qui en parlent, et qui en parlent en empruntant aux autres, inlassamblement, sempiternellement. Le voyage délecte à distance, dans la mélancolie sereine de celui qui s'est arrêté.
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Je ne connaissais pas alors l'usage des Indiens comme je les ai appris depuis, et je pensais qu'on allait me tuer, quand je vis arriver mes deux maîtres, dont l'un se nommait Jeppipo Wasu, et l'autre, qui était son frère, Alkindar Miri. Ils m'annoncèrent qu'ils m'avaient donné, comme marque d'amitiés, au frère de leur père, Ipperu Wasu, pour qu'il me gardât et me tuât quand je devrais être mangé, ce qui illustrerait son nom; car l'année précédente, Ipperu Wasu avait aussi fait un prisonnier, et l'avait offert par amitié à Alkindar Miri, qui l'avait assommé, et s'était rendu célèbre par ce moyen. C'est pourquoi celui-ci avait promis de lui donner à son tour le premier prisonnier qu'il ferait, et ce fut moi.
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