Ce livre est en fait un recueil commenté de textes d'époque, écrit par des personnages célèbres, cherchant souvent à impressionner leur monarque, ou par de simples marins ou soldats, embarqués dans des voyages hors norme pour l'époque à la découverte de peuples inconnus. Chaque texte est remis dans une perspective historique, en en soulignant les apports à la connaissance du monde pour les intellectuels du temps.
Les extraits présentés montrent les trois directions de l'expansion européenne.
L'attrait de l'Orient, avec la découverte du monde ottoman ou de l'Égypte, récits de voyage parmi lesquels figurent ceux de Léon l'Africain, diplomate marocain qui capturé poursuivi sa vie au Vatican, ou de
Guillaume Postel, voyageur infatigable jusqu'au royaume des Turcs.
La route des Indes, ouverte par les Portugais et qui permit d'apporter des épices aux palais occidentaux. On trouve là des extraits des relations de voyage de Vasco de Gamma ou de
Pigafetta. Les textes sur les pérégrinations asiatiques de
François Xavier ou de
Fernao Mendes Pinto sont étonnants : comment des Européens ont pu pousser leur curiosité jusqu'à se porter aussi loin de toute base coloniale ?
Le Nouveau-Monde suit, avec les découvertes en Amérique centrale (avec Cortez, conquérant chanceux, qui se donne le beau rôle), du Nord (le Canada de Cartier), ou du Sud (le Brésil où la France a tenté de s'implanter, comme en Floride).
La langue utilisée est modernisée (… un peu), et les extraits sont de taille variable (les plus longs ne sont pas les plus pertinents à mon avis). Les textes n'émanent pas tous de témoins directs de ces voyages, mais sont parfois parfois l'oeuvre de cartographes qui reprennent à leur nom ce qu'ils ont pu entendre (
André Thevet).
Ce qui surprend, vu du XXI éme siècle, c'est le regard souvent sans a priori des premiers explorateurs qui découvrent des peuples et des usages sans (trop) les juger. C'est dans un deuxième temps que ce qui oppose frontalement les civilisations est mis en avant : la cruauté des guerriers, la nudité, l'anthropophagie… Ces descriptions sont vite devenues la norme, justifiant ainsi l'apport colonial et religieux.
Autre (demi)-surprise : l'extrême compétition entre puissances coloniales. Il valait presque mieux pour un protestant français capturé en Floride tomber aux mains des tribus indiennes voisines et y être détenu, plutôt que de voir arriver des Portugais ou des Espagnols liquidant toute présence étrangère...
Cet ensemble donne une petite idée de la façon dont les découvertes ont changé la pensée du Monde à la Renaissance, sans forcément ouvrir l'esprit des monarques ou des intellectuels de l'époque.