Ce livre est d'une étonnante actualité.
Horace (65-8 av. J.-C) admire les tragédies grecques (qui n'ont pas leur équivalent chez les Romains) et conseille de les imiter, nous rappelant tout l'écart qu'il y avait entre les deux cultures. Il conseille, pour les mots nouveaux, les néologismes, de les dériver du grec: traduire par des termes nouveaux des idées non encore exprimées (49), les néologismes trouveront du crédit (52). Les sujets qui sont du domaine public comme Electre doivent être traitées de manière personnelle. Il ne faut pas raconter les choses depuis le début, "ab ovo" depuis l'oeuf (147). L'expression est de lui et est restée.
L'ouvrage se divise en trois parties. 1) Préceptes généraux. 2) Les genres principaux; tragédie, épopée, drame satirique, et le ton qui convient à chaque genre (86). 3) , Conseil aux poètes, notamment avoir un ami qui soit un juge sévère.
Il nous livre ses réflexions et "trucs et ficelles" en matière de style. Il parle en ces termes de l'évolution des mots: «Les forêts renouvellent leur feuillage à mesure que l'année décline, et les premières tombent. Ainsi tombent les vieilles générations de mots. Et les nouvelles, comme des jeunes gens, s'épanouissent et prennent force… Les mots ne conserveront pas un éclat et un crédit éternel. Beaucoup renaitront, qui ont aujourd'hui disparu. Beaucoup tomberont, qui sont actuellement en honneur, si l'exige l'usage, ce maitre absolu, légitime, régulier, de notre langue».
C'est dans ce livre, au 140, qu'on trouve l'expression "La montagne a accouché d'une souris".
Pour ce qui concerne le théâtre, il fait la distinction entre les choses qui doivent être montrées sur scène et celles qui doivent seulement être racontées par un témoin oculaire (180 et s.), soit pour gagner du temps, soit parce qu'on ne doit pas montrer la violence: "Ce n'est pas devant le public que Médée doit massacrer ses enfants, l'exécrable Atrée faire cuire les membres de ses fils, Procné se changer en oiseau, Cadmus en dragon".
Le tout est une causerie familière, riche en idées sur la poésie, dans un langage didactique simple. Composé vers la fin de sa vie, c'est une oeuvre adressée à un certain Pison, consul et protecteur des poètes.
Il y a des trésors dans ces classiques qui méritent d'être lus.