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EAN : 9791095438182
L' Iconoclaste (21/09/2016)
3.12/5   13 notes
Résumé :
L’auteur témoigne de son passage à l’âge adulte après une enfance « en autisme », avec le syndrome d’Asperger. Il évoque sa paternité nouvelle, son métier de comédien, ses amours impossibles, le monde et ses émotions.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Mais qu'est-ce que je peux être naïve, tout de même !!! Comment ai-je pu imaginer que je pourrais lire ce livre sereinement ? Et pourtant, à la lecture des premières pages, j'y ai cru. Vraiment.

Commençons par le début. À réception, hier au soir en rentrant du boulot, de Carnet d'un imposteur, un mélange de surprise (déjà là?!), de joie (merci Babelio et les éditions L'Iconoclaste) et d'impatience m'a fourmillé au bout des doigts. Mais ma journée était loin d'être finie. Et j'étais déjà totalement épuisée. Malgré tout, le soir, dans mon lit, les paupières déjà à moitié fermées, je n'ai pu m'empêcher de manipuler dans tous les sens le livre, de le parcourir du bout des yeux et à pleines mains.
Le format, d'abord. Surprenant. À la fois petit et grand, pas tout à fait un format de poche ni une taille standard. La couverture : amusante de contraste des matières, des couleurs, des styles... Je l'aime beaucoup.
Le contenu... Non ! Je dois dormir, je n'en peux plus...
… bon, aller, juste quelques minutes.
Qui se sont transformées en plus d'une demi-heure.
Page 7 : dédicace simple et poétique. Bonne entrée en matière. Toujours sereine, je tourne la page.
Page 9, je ne connais pas ; je me dis qu'il me faudra aller voir ça de plus près à l'occasion. Première interrogation avant-même le début du texte à proprement parlé. Prometteur. Je continue.
Page 11, MANIPULATION. Mais comment, par qui (pas forcément celui qui se présente comme tel) et jusqu'où ? Un peu énervée et titillée, je passe directement à la page 15 puisque je voyais en transparence que la 13 ne comportait qu'un mot-titre.
Les deux premières phrases : très déçue. Une impression de déjà vu. Ça m'apprendra à regarder une ou deux émissions promotionnelles avant de lire un livre ! Donc énervée, franchement, mais contre moi.
La fatigue tire dans tout mon corps, mais je ne renonce pas, intriguée d'être fâchée mais pas blessée. Je me suis arrêtée, vaincue par l'épuisement, à la fin du premier chapitre. Mes premières impressions sont mitigées. Je ne suis pas sûre d'aimer cette rediffusion de ce qui a déjà tant été dit. Et surtout, je n'aime pas penser cela. Mais, je me rends compte que, peut-être, ce qui m'a tant mis les chairs à vif dans L'Empereur c'est moi, n'était peut-être pas l'histoire personnelle de l'auteur, comme je voulais le penser jusque là. Ces choses informes et invisibles qui se sont réveillées en moi semblent être beaucoup plus personnelles. Je m'endors avec presque un besoin d'enfin retourner vers l'Empereur. Presque. Manque encore de forces.

Réflexions de la nuit :
Le choix de l'effacement de soi semble avoir été fait relativement tard, par l'auteur. Cela peut peut-être expliquer cette sorte d'aisance publique, de force qui semble l'accompagner.
Mais quand cet effacement de soi, devenu négation de soi au fil des années, est choisi et entrepris depuis la plus tendre enfance, alors il arrive forcément un jour où il ne reste plus rien de soi. Absolument rien. À chaque victoire de dissimulation, on meurt encore un peu plus. Et on se rend soudain compte qu'on n'a plus la moindre énergie pour continuer à faire semblant, qu'on n'a plus la moindre force pour continuer à vivre. Qu'on n'est qu'une chimère immonde. Qu'on est ce monstre, justement, qu'on a mis tant d'année à vouloir camoufler, museler, nier... Et plus rien d'autre. Toute cette souffrance de chaque instant (et que c'est long une vie!) que l'on s'est soi-même infligée, par une choix conscient et réfléchi, malgré le jeune âge où il a été entrepris pour la première fois, pour se protéger de cette souffrance qui vous rongeait de l'extérieur (éviter à tout prix le regard au mieux attristé et plein de compassion (de condescendance) au pire dégoûté et craintif qu'on porte sur vous), et bien, cette souffrance vous ronge maintenant de toutes parts. Elle a puisé dans vos forces les plus vitales et les a sucées jusqu'à la moelle. C'est décidé, je vais me servir de la force que partage ici Hugo Horiot pour regarder le monstre droit dans les yeux, sans ciller : je vais relire L'empereur c'est moi.

Aujourd'hui. Pas de date. Inutile. Quelques heures ont suffi pour bouleverser mes structures internes. Pour me redonner l'illusion de forces que je n'ai plus. Une journée mi-figue mi-raisin m'attend : une moitié calme que je compte bien mettre a profit pour lire d'une traite ce qui me reste de ce livre, une moitié plus éprouvante à tenter de jouer mon rôle de maman. Dans la réalité, les 2 moitiés sont quelque peu entrelacées : je me retrouve à lire en même temps que j'installe l'antivirus sur l'ordinateur, compose ce texte au fur et à mesure de ma lecture et de mes pensées hors lecture, cuisine un repas qui sera certainement encore boudé, par moi la première comme souvent, programme des rendez-vous... Mais à midi, tout était fini. Enfin, presque : il me reste les saucisses pour mes morpions gloutons à faire cuire et à mettre la table et à attendre qu'ils rentrent du collège pour remettre le masque. Il me reste très peu de temps pour finir d'écrire cette critique au propre et la poster ici, et ailleurs. Donc, les saucisses, la table et ce texte. Aller-retours entre la cuisine et l'ordinateur. Les citations qui me brûlent les doigts attendront.

Cette reprise de lecture après une nuit de sommeil porteuse de rêves a été bien plus percutante que je ne l'avais imaginée. Percutante. Oui, ça doit être le mot qui s'approche le plus de l'effet que les mots de Monsieur Horiot, dès la deuxième partie, ont eu sur moi. Bien moins douloureux qu'avec l'Empereur, mais pas indolore. Les petits chapitres et leur titres si bien sentis se sont insinués en moi, au compte goutte, mais aussi au jet fulgurant. Certains d'entre eux (Les témoins, par exemple) sont un pur mélange de poésie et de réalité crue. C'est idiot, mais par moments, certains chapitres m'ont fait instantanément penser à Rimbaud (pas seulement le poète public). Et encore plus idiot : je suis incapable de mettre le doigt sur ce qui amène cette image dans ma tête. Ainsi en est-il, par exemple, de La joueuse.
Et que dire encore de L'aiglon ! Rien. Je vous laisse lire ce livre. N'ayez pas peur : il se lit très vite et vous laisse une empreinte telle que vous en aurez pour des jours et des jours de réflexions.

C'est un texte à bout de souffle. Le cri d'un acteur. Le jeu d'un comédien. Un texte touchant. Drôle. Dérangeant. Impertinent. Sensible. Un texte dans lequel certaines de mes connaissances y retrouveront des propos que j'ai pu dire et qui les ont choquées. Un texte plein de courage.

Pour moi, l'imposture ne se trouvait pas où elle était attendue. À chacun de se faire son idée, ses idées, mouvantes et changeantes... le dernier chapitre va bien dans ce sens, à mon avis.

Je m'arrête là, et vous laisse entre de bonnes pages. Mes saucisses sont presque cuites. Les enfants vont arriver. Il me reste la table à mettre. Je fais un copier-coller de ce texte sur Babelio et je me sauve.

Bonne lecture et bon appétit.
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J'ai lu ce livre dans la continuité de "L'empereur, c'est moi" et je l'ai trouvé plus amer (à juste titre) d'une colère remâchée contre une société qui n'accepte pas la différence. L'auteur revient rapidement sur son évolution depuis l'enfance, comment il a réussi à se construire, le choix de son métier de comédien, l'hypocrisie des médias faussement éblouis par "l'autiste insoupçonnable" qui sait parler. On devine le tourment du jeune homme qui cherche à affirmer qui il est tout en demeurant fréquentable.
J'ai trouvé intéressant le passage qui explique comment son ami l'a filmé depuis l'enfance dans sa forteresse et en dehors, se construisant et jouant déjà le jeu de l'acteur. Remarquable mise en abyme.
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Ma lecture est partie de rien. Je n'avais pas lu "Le petit prince cannibale", récit de cette maman aux prises avec son fils autiste, encore uniquement dans son monde, et la société incapable de les aider. Je n'avais pas lu "L'empereur c'est moi", le récit de ce même enfant devenu adulte sur son enfance.
Je commence ainsi "Carnet d'un imposteur" d'Hugo HORIOT avec juste ce que offre là cet homme, dans les médias et sous la plume.

Hugo se dévoile par courts chapitres.
De cet enfant "atypique", qui ne parle pas. de celui que sa maman traine pour être parmi les autres, à la crèche, au parc, à l'école. de celui qui subit un monde qu'il ne comprend pas.
De ce jeune homme qui se construit une face, multiple mais surtout belle et aimable pour mieux se préserver et prêt à sortir les crocs si besoin est. de cet homme cherchant la maîtrise, de son art d'acteur, de cette couverture médiatique mais aussi de séducteur au monde et aux femmes. de cette sensibilité accrue, de ce désir qui n'accepte pas l'attente.
De cette faille nouvelle qu'est la paternité. Une possible blessure, une prise de risque, un nouveau défi pour découvrir son monde et ne pas jouer.

Mais ce n'est pas juste un témoignage. C'est une prise de position. Forte. L'homme est en réaction permanente, aux aguets, sur la défensive ou à l'attaque. Il a dû tuer l'enfant qu'il était, Julien. Il en est l'assassin, cet enfant sans parole, qui ne trouvait qu'incompréhension dans le regard des experts et pour qui le monde n'était pas déchiffrable. Sa naissance s'est fait par la violence. Il a choisi son entrée au monde ennuyeux des neurotypiques. Ne pas juste parler mais maîtriser le langage pour s'adapter. Refuser de s'intégrer mais forcer les autres à faire avec lui. Il parait sûr de lui, peut-être même affable mais c'est juste pour mieux nous observer. Cela peut être violent à entendre pour nous, autour d'enfants ou d'adultes comme lui, mais c'est tellement salvateur, pour eux.

Ce fut dur de parler de ce livre intense. Trop de choses à dire. Intense car de voyeur(s) que nous aurions pu être, nous devenons confident(s) interposé(s) et aussi presque dindon(s) de la farce.
Non, ce n'est pas un livre coup de poing, juste une claque pour ne pas avoir pris en compte la différence.
Lien : http://1pageluechaquesoir.bl..
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Tout d'abord, avant de vous donner mon avis je souhaite remercier le forum Babelio et les éditions L'iconoclaste qui m'ont permis de découvrir ce livre dans le cadre de l'opération masse critique du mois de septembre.

J'avoue que quand j'ai lu le synopsis de ce livre j'ai tout de suite voulu le découvrir.

Je pensais lire un roman sur l'autisme mais, en réalité c'est beaucoup plus subtile que ça. En effet, cet ouvrage est découpé en trois parties , une première partie sur la petite enfance de l'auteur, une seconde sur sa vie d'ados/jeune adulte et enfin une autre partie quand il est devenu adulte et un « imposteur »

Le style est plus ou moins identique du début à la fin. Il s'agit de chapitre assez court, qui nous raconte un épisode marquant de la vie de l'auteur à chaque fois. Ça s'enchaîne très bien et c'est très intéressant de voir comment l'auteur essaye de s'adapter comme il le peut à la société .

J'ai beaucoup aimé les deux premières parties car elles sont fluides et je les ai trouvés très enrichissantes.

En revanche, j'ai beaucoup moins aimé la dernière partie ou l'on sent que l'auteur est fébrile et perdu. J'avais le sentiment en lisant les chapitres que j'étais plongé dans la tête d'un autiste avec son langage que lui seul ne peut comprendre.

Certain diront donc que c'est justement un coup de génie sauf qu'en réalité pour moi à partir de ce moment-là, j'ai perdu l'intérêt de ce livre, simplement, parce que je ne suis pas autiste et quand je lis, j'aime que cela ait un minimum de sens sans devoir essayer de comprendre ce que l'auteur a voulu dire .

Toutefois, cela tranche vraiment avec le début qui paraît plus gentillet mais, ça n'a pas marché sur moi …

En conclusion, je reste sur une note très mitigée parce que j'ai adoré les deux premiers tiers, mais pour moi la fin n'est pas concluante et gâche un peu tout. Cependant, étant donné qu'il y a peu d'avis de ce livre sur la toile, si vous l'avez lu, n'hésitez pas à me donner votre avis ou des éclaircissements🙂
Lien : https://lecturesdepau.wordpr..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Jamais je ne m'intégrerai, je refuse. Renoncer à mon royaume pour le vide de l'ennui, jamais ! Je ne m'intègre pas. Je m'adapte, je porte un masque et je vous parle. Je suis devenu insoupçonnable. Insoupçonnable mais néanmoins coupable. Coupable de ne pas correspondre à une attente. Ce qui est un grave délit, souvent puni d'enfermement. Aujourd'hui cette culpabilité ne me pèse plus. Elle me donne des ailes.
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Tu sembles si curieux de ce qui t'entoure et si gourmand de découvrir le monde. À moi d'entretenir cette curiosité et cette gourmandise. Hors de question que j'abandonne l'exclusivité de cette tâche à l'Éducation nationale. Le personnel enseignant compte quelques bonnes volontés, mais le corps éducatif s'emploie à les écraser. Écraser tous ceux qui tentent d'échapper à sa médiocrité. Le nivellement par le bas est la règle. Toute initiative individuelle noyée au profit d'un collectivisme normatif.
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A Hugo maintenant de s'inventer une image, de porter un discours et de devenir une personne digne d'intérêt en adéquation avec la comédie sociale. Suffisamment dangereux et invisible: un monstre d'adaptation. Un monstre que personne n'enfermera et qui, un jour lointain, te protégera. Julien. Lui qui voulait juste rester un monstre aux yeux du monde.
Julien se rêvait en dragon. Hugo se rêve en homme. Ni Julien ni Hugo ne voulaient être un enfant.
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"La plainte est la prostitution du chagrin", disait le vieux fou aux paroles sages. Il avait cent fois raison. La plainte ne mène à rien. La plainte ne sert à rien. La plainte n'est que l'écho d'une absence de proposition, ou d'idées. Les plaignants n'ont qu'un seul horizon : l'attente des idées des autres. Pour s'en plaindre ensuite. (p.94)
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C'est ainsi que je suis invité pour une interview, qui bien plus que sur l'objet littéraire, porta sur le caca. Le journaliste semblait très curieux au sujet de mes problèmes d'occlusion intestinale durant ma jeunesse.
J'avoue que c'est avec un certain amusement que je me mis alors à parler de merde durant de longues minutes sur la première chaîne nationale devant une audience de plusieurs millions de téléspectateurs.
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Videos de Hugo Horiot (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hugo Horiot
Et si l?autisme, plutôt qu?une condition prédestinant à la déchéance, était une valeur d?avenir ? Diagnostiqué autiste à l'âge de 3 ans, Hugo Horiot est aujourd'hui auteur et comédien. Il déplore une "pathologisation de la différence" qui demeure très présente.
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit Hugo Horiot comédien et auteur notamment de « Autisme : j'accuse ! » (éditions L?Iconoclaste).
L'Invité des Matins de Guillaume Erner - émission du 18 octobre 2019 À retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/saison-26-08-2019-29-06-2020
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