On m'a offert ce livre. J'ai été assez souvent en colère à sa lecture, et un peu déçu.
Certains passages m'ont fortement déplus, alors que j'ai été en bonne partie d'accord avec d'autres, malheureusement moins nombreux.
Ceux-ci se résument à la dénonciation de l'industrie médico-sociale qui fait du handicap un marché et une manne. Sur cela, on peut s'entendre.
Sur le reste...
L'auteur se questionne souvent sur ce qu'est la norme, et pourquoi les autistes s'en écartent. Voilà la définition: "réf. à une moyenne statistique, gén. sans jugement de valeur: la norme se définit par rapport à une fréquence] État habituel, régulier, conforme à la majorité des cas."
Voilà.
L'auteur ensuite est très fier des particularité de ses frères et lui. Il peut avoir raison, mais alors pourquoi défier la norme et faire semblant de ne pas la comprendre ? le problème en société ouverte n'est pas tant de s'écarter de la norme, et c'est même un des jeux préféré des humains, mais de s'en éloigner sans possibilité de faire autrement, sans le vouloir, et en étant incapable d'être avec les autres.
De même, l'auteur rappelle à juste titre qu'il y a autant d'autisme que d'autistes. Certes, il y a aussi autant d'humanité qu'il y a d'humains. Lui est ce qu'on appelait un Asperger, ou autiste de haut niveau, c'est à dire avec des capacités intellectuelles préservés voire supérieures dans des points précis. Ce n'est pas le cas de tous, loin s'en faut, et tout le monde n'a pas la chance d'avoir une famille aidante, soutenante, qui peut éduquer et instruire son enfant à la maison pendant 20 ans.
Quant au constat que l'argent n'est pas placé au bon endroit pour aider les autistes, on ne peut qu'être d'accord, mais la façon de le dénoncer en mettant tous les "neurotypiques" dans le même sac n'est pas bien efficace ni sympathique.
L'idée de voir dans l'autisme une bande de mutants surdéveloppés et avenir de l'humanité n'est pas vraiment étayée, mais c'est sans doute encore un complot des neurotypiques.
Le regard sur ces derniers est négatif pour le moins, méprisant souvent, et violent parfois. Je ne vois pas en quoi il s'agit d'un nouveau regard sur l'autisme, puisque l'auteur a plutôt tendance à la nier, et à nier qu'il puisse s'agir d'un handicap ou d'un trouble. Il découvre en passant que le handicap est toujours situé dans un environnement ! Et que donc, une différence qui empêche certaines habiletés (sociales dans le cas du TSA) est appelé handicap.
Une page étonnante que celle où il préconise de ne plus utiliser les mots pour parler, mais les pictogrammes et autres émoticônes. Quelle richesse en effet ! Il faudra le mettre en pratique dans un prochain livre alors ! Canular ou propos sérieux ? Je n'ose répondre.
On le voit et le comprend, j'ai moyennement adhéré, bien que je comprenne que la situation des personnes handicapées soit souvent rageante. Je ne partage pas l'idée de créer un grand réseaux de TSA qui gouverneraient le monde ou éradiqueraient les autres.
M'enfin, c'est édité, libre à chacun de le lire et de se faire son idée même si le propos n'invite ni au dialogue ni à la réflexion. Il faut être d'accord.
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Une nouvelle ère s’ouvre, sans paroles. Le verbe s’envole dans les ondes et paraboles. On ne s’écrit plus « je t’aime », on s’envoie des cœurs. Les mots, aux multiples accents et à double sens, nécessitent une grande et subtile gymnastique cérébrale. Même en fournissant tous les efforts nécessaires, il est rare que deux individus, par ce biais, parviennent à se comprendre. Trop de malentendus génèrent le désordre. Le désordre, c’est l’imprévisibilité. Il est souhaitable que le langage oral et les mots cessent d’être le canal de communication principal. Ils pourraient devenir facultatifs, réservés à une caste maîtrisant la diction, le sens et le verbe. La rhétorique, l’écriture ou la lecture, que ce soit dans la langue de Shakespeare ou de Molière, seraient appréhendées comme la pratique de la musique ou encore du chant : facultative mais exigeante. Il serait d’ailleurs préférable que ceux n’ayant aucune prédisposition en la matière, autistes ou non, cessent d’écrire, se taisent et se limitent aux émoticônes, qu’ils affectionnent déjà.
Nous sommes le cauchemar des staliniens qui veulent tout niveler, jusqu’à l’inégalité biologique. Les plus extrêmes d’entre eux rêvent d’abolir même l’héritage de nos gènes. Ennemis de la neurodiversité et de la différence, adeptes de l’uniformisation des masses et de l’écrasement de l’individu : enfermer ou dresser ceux qui s’en écartent ne suffit plus ! À défaut de nous stériliser, leur dessein est de nous façonner à l’image de leur monde empreint de stupidité, de non-sens ou de médiocrité.
« Le silence est un projet de meurtre », disait Pierre Debauche, un homme de théâtre que j’ai bien connu et qui m’a beaucoup appris. Pour cette raison, le premier des commandements de notre société du spectacle est « Parle ou crève ! »
Jamais je ne me promène. Condamné à l’errance ou au trajet, j’opte pour le trajet. D’un point A à un point B, d’un pas décidé, je m’élance vers mon objectif. Le désordre en moi règne en maître. Alors que mes pensées sont dispersées, mon corps doit être stable et sûr, ou du moins le sembler.
Le monde n’est pas sympathique. Céder à la dictature du sourire et de la bonne figure n’est pas la réponse appropriée. Pourquoi être sympathique ou s’efforcer d’en avoir l’air ? Face de rat et langue de bois, la dictature du médiocre veille.
Selon Madame Larousse, l’autisme se traduirait au sens propre par « un repli pathologique sur soi » et au sens figuré par « un déni de réalité poussant à s’isoler et à refuser de communiquer, et, particulièrement, d’écouter autrui ». On y trouvera également, pour le plus grand bonheur d’une majorité de psychanalystes et de certains psychiatres, le terme d’« autisme » pour définir la psychose infantile. « Autiste » sonne comme une tare et une fatalité. Être reconnu autiste annonce la condamnation. Être taxé d’autisme entraîne l’exclusion, le licenciement et la mort politique : la perte de sa citoyenneté. C’est un jugement implacable et sans appel signifiant l’incapacité à vivre en communauté pour en devenir un acteur à part entière.
En attendant ce jour inéluctable, notre civilisation n’offre que deux options à celui que nous qualifierons de « neurodivergent ». La première est d’officialiser son statut dans l’espoir d’obtenir aide et compassion. Cela revient à se mettre sous la tutelle de l’autorité psychiatrique. Il s’agit pour lui de s’accepter comme étant un cas de « santé mentale » et donc, implicitement, d’admettre son inaptitude à la citoyenneté, laquelle implique d’être sain, si ce n’est de corps, du moins d’esprit.
Et si l?autisme, plutôt qu?une condition prédestinant à la déchéance, était une valeur d?avenir ? Diagnostiqué autiste à l'âge de 3 ans, Hugo Horiot est aujourd'hui auteur et comédien. Il déplore une "pathologisation de la différence" qui demeure très présente.
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit Hugo Horiot comédien et auteur notamment de « Autisme : j'accuse ! » (éditions L?Iconoclaste).
L'Invité des Matins de Guillaume Erner - émission du 18 octobre 2019
À retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/saison-26-08-2019-29-06-2020
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