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3,72

sur 2176 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Près de 20 ans après la parution d'un de ses romans polémiques, que retenir du troisième ouvrage de Michel Houellebecq, paru après son premier grand succès "Les Particules élémentaires", qui devenait une star montante de la littérature française de la fin du XXème siècle ? J'avoue ne pas comprendre l'éloge accordé à cet écrivain, lequel se réclame, du moins se réclamait à l'époque, d'une influence balzacienne. S'il on s'en tient strictement au style du roman, force est de constater que la phrase "houellebecquienne" est à mille lieues de la richesse et la variété de celle du maître de Saché. Ce style plutôt impersonnel peut néanmoins se comprendre dans la description d'un homme sans qualités, meurtri par l'ennui et la frustration sexuelle, ou dans l'exposé des stratégies managériales du capitalisme, mais même avec les médiocres, Balzac conservait sa plume. Les brusques accès de vulgarité, s'ils se veulent le reflet de pulsions du narrateur, n'en sont pas moins lassantes à force de leitmotiv. Au demeurant, l'intérêt réside dans la description positive, subversive encore maintenant, du tourisme sexuel et de la prostitution, du constat amer sur la sexualité occidentale refoulée ou fantasmée tant masculine que féminine et d'une critique amusante (mais pas novatrice) de la consommation culturelle contemporaine. La narration à la première personne brouille naturellement la frontière entre imaginaire du personnage et argumentaire structuré des positions de l'auteur, et tant mieux : cela évite l'écueil "dossier de l'écran" thèse-antithèse, mais l'ouvrage n'échappe au côté racoleur inévitable de par la répétition de la crudité (qui ne choquera que les yeux trop prudes). Je sauve néanmoins de ce roman la fin d'une histoire d'amour d'une sécheresse et d'une soudaineté émouvante dans sa sobriété, interrompant la parenthèse idyllique peut-être chimérique pour un retour sur la plateforme de la vie quotidienne bien amère et déprimante.
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Éminent chroniqueur des faits et gestes de ses contemporains, Houellebecq s'est intéressé au spécimen de la classe moyenne tout juste doté pour aller se consoler de sa misère affective dans les lieux de plaisir au travers de la planète. Les besoins de première nécessité ont évolué depuis qu'on se préoccupait avant tout de se nourrir et se loger.

Chemise à fleurs, tongs et bermuda, élégances spirituelle et comportementale assorties, valent à ce spécimen le sobriquet de « beauf ». le tourisme sexuel, puisqu'il s'agit de cela, est un sujet de chronique qu'on ne s'étonne pas vraiment de trouver sous la plume du futur Goncourt 2010, n'est-il pas ? (Plateforme paraît en 2001)

Il fallait donc s'attendre à ce que l'étude de marketing conduite par le tour opérateur, à laquelle son héros va se retrouver incidemment associé, soit ponctuée d'exercices pratiques détaillés par le menu. C'est confirmé. Tout y est : ingrédients, temps de cuisson, température du four et tournemain du maître-queux. Qu'en pareille contexte on peut sans vergogne travestir en maître-queue. Elle était facile, je vous l'accorde, je n'ai pas pu résister.

Bref, un instant de honte étant quand même vite passé, pour dire ce que m'inspire cet ouvrage, je formulerai seulement le voeu, à l'adresse de notre truculent prosateur national, que sa vie amoureuse soit aussi intense et harmonieuse que celle de son héros, lequel intervient à la première personne dans cet ouvrage. A moins que les écrits ne viennent en consolation de quelques frustrations opiniâtres, assorties d'angoisses existentielles dont on sait, il nous en a convaincu, que ces dernières sont largement atténuées par une pratique assidue de l'exercice physique qui fait se concilier les contraires le temps d'une trêve, toujours trop courte il nous l'enseigne aussi.

C'est mon troisième Houellebecq. J'arrive certes un peu tardivement dans cet univers de cacophonie des sens, mais il faut varier les genres, et j'ai donc confirmé avec celui-ci la maîtrise du verbe que je lui avais découvert dans les deux autres. Maîtrise du verbe donc, plutôt cru, et qui vaut à notre goncourisé son lot d'inconditionnels, justement équilibré par le nombre de ses détracteurs. le bilan étant quand même positif puisque les inconditionnels achètent alors qu'on n'est pas obligé de dédommager les détracteurs. Cette maestria dans la pratique de la langue (française), qui sied aux inconditionnels et leur sert à justifier leur penchant, est à la hauteur de celle de la grammaire du kama sutra avantageusement imagée dans la production littéraire de notre auteur à la tant convoitée jaquette rouge.

J'ai retrouvé avec intérêt – alors inconditionnel ou détracteur ? - un auteur désabusé, qui se complait à se dépeindre sous les traits d'un contemporain obstinément médiocre, en panne de raison de vivre, avec en prime une critique acerbe de notre bonne vieille société européenne. Même si c'est toujours émoustillant à souhait, l'intérêt n'est pas que là. Il faut savoir hausser le débat avec Houellebecq. Il y a malgré tout une morale à cette histoire, le sujet est quand même grave. A trop se vautrer dans la luxure, on se prépare des lendemains incertains et plus dure sera la chute. Et avec Plateforme, elle est sévère, et rédhibitoire. Il ne faut pas non plus effrayer les inconditionnels et leur laisser quand même des arguments pour défendre l'indéfendable. Ils peuvent eux-aussi avoir des scrupules à la bacchanale impunie.

La performance littéraire n'allant pas de pair avec la performance physique, je ne pense pas que ce soit le meilleur Houellebecq. J'en ai deux autres qui arrivent pour consolider cette opinion de novice. Je subodore le thème choisi à dessein pour donner libre cours à une imagination libérée de toute convenance. Je n'irai pas jusqu'à dire que cet ouvrage devait être alimentaire, ce serait ramener le sujet à un besoin physiologique de première nécessité et cela risque de rester sur l'estomac de certains, mais soit, beauf s'écrira bof pour une fois. Notre Houellebecq national fera mieux, dix ans plus tard.
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Rarement lu un livre aussi cru, qui ne prend pas de gants pour décrire la réalité des rapports humains. La crudeur des scènes de sexe semble obscène, mais ne l'est finalement peut être pas autant que la lucidité des descriptions des rapports humains et de domination dans une société ultracapitaliste. Si l'on est choqué par l'un mais pas par l'autre, je pense qu'on se cache une partie de la réalité du monde. Je me pose la question de la nécessité d'une telle crudeur, voire obscénité des scènes de sexe. Est ce que ca n'est pas ca qui légitime l'auteur/narrateur comme étant "sans filtre" et ne "prenant pas de gants" pour nous décrire sa vision des rapports humains ?
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Je reste sur une note moyenne car je ne sais que penser de ce roman. L'histoire de ce gars fonctionnaire on ne peut plus banal qui trouve l'amour fou et nous le fait savoir à travers de nombreuses scènes érotiques (peut-être trop). L'apologie du tourisme sexuel qui bien sûr est une triste réalité mais cela reste choquant et je pense qu'il n'est pas nécessaire d'en faire un idéal. L'auteur, j'espère, veut choquer à travers ce roman et nous faire réagir, enfin j'ose espérer que tel était son but...
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Un phénomène (qui date un peu)

J'ai lu ce livre il y a longtemps mais je n'avais pas publié mon avis
Le style Houellebecq demeure inimitable et bien-sûre cynique. Plateforme est plaisant grâce au style. Plateforme sort froid et mûre à la fois.
Le roman se veut polémique. Plateforme est une lecture rapide parce que toujours entraînante. L'angoisse y est omniprésente, l'atmosphère oppressante.
Le sujet abordé du tourisme sexuel, reste malheureusement grave, ravageur.
Qu'en penser par la suite ? Chacun est doté d'une conscience.
Michel Houellebecq donne sa version au lecteur ?
Tout dépend de l'état d'esprit avec lequel le lecteur aborde Platefome.
Plateforme donne aussi un tout petit début de l'idée que Michel Houellebecq se fait de l'Islam, ce n'est en aucun le cas le thème central du roman.
D'ailleurs il y a-t-il un thème central à ce roman ?
Une chose vraie :
Michel Houellebecq ignore l'hypocrisie, c'est rassurant.
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Lu il y a bien longtemps... et je n'en garde aucun souvenir... c'est pour dire !!
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Ce fut une lecture surprenante. A dire vrai, ce livre aurait pu être un franc succès s'il n'y avait eu tout cet étalage sexuel. Je peux concevoir que le livre porte sur ce sujet, je devais donc m'y préparer. Or j'ai l'impression qu'au contraire, toutes les scènes détruisaient progressivement l'intrigue, et c'est bien dommage. Hormis cela, ce fut une lecture plaisante et je suis certaine que je tenterai d'autres publications de Michel Houellebecq.

Plus d'infos sur ma chronique :)
Lien : http://la-riviere-des-mots.b..
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Un livre qui nous laisse perplexe dans son ensemble
une première partie jubilatoire où l'on suit le personnage de Michel en voyage organisé en thaïlande est épique.Ce sont vraiment "les aventures d'un anti-tintin en thaïlande" avec un personnage cynique à souhait : un régal Houellebecquien.
La deuxième partie est plus glauque qui entraîne Michel dans une forme de bonheur très sexué entre les mains ( doigts, bouches, cuisses etc etc etc ) de sa compagne Valérie et j'ai trouvé cela plutôt long et pas toujours très intéressant (le sexe dans l'économie de marché est finalement lassant) et puis peut être que Michel ne supporte pas le bonheur .
Puis la troisième partie et on peut dire que la vie reprends ses droits mais bien sur pas les personnages de Houellebecq.
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Un livre plutôt interessant, très réaliste mais.....quelle triste fin.
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« Plus sa vie est infâme, plus l'homme y tient;
elle est alors une protestation,
une vengeance de tous les instants. »

C'est par ces mots De Balzac placé en exergue de son troisième roman que Michel Houellebecq s'est mis en quête d'écrire un livre au sujet plutôt controversé. Il a en effet placé l'industrie du tourisme occidental (plus particulièrement du tourisme sexuel) au centre de l'intrigue. Sujet donc très polémique quand on sait que la majorité des grands médias ne savent faire la différence entre ce que dénonce l'auteur et l'auteur lui-même, surtout lorsque ce dernier fait preuve d'ironie.

Michel, un fonctionnaire blasé travaillant au ministère de la culture, rencontre une femme lors d'un séjours en Thaïlande. Ils se revoient une fois de retour à Paris et se lie entre eux une histoire d'amour passionnée et torride. Valérie travaille dans le tourisme, gagne très bien sa vie même si sa motivation n'est pas l'argent. Michel suivra l'évolution professionnelle de sa compagne.

C'est un livre vraiment très crue quant aux scènes sexuelles décrites mais tout à fait justifié au regard du sujet abordé, il s'agit d'une énième critique de la mondialisation de la part de l'auteur.
On parle encore et toujours ici de marchandisation des corps et du cynisme inhérent à ce système mais en prenant cette fois-ci un point de vue opposé à ce qu'il avait pu faire auparavant dans ses oeuvres précédentes. Car dans ses romans ultérieurs, les principaux protagonistes subissaient le système néolibérale, ici, ils en font partie, ils en sont les roues motrices, ceux qui apportent du grain à moudre à un monde économique amorale, où la quête de l'argent et du sexe sont les seuls formes de bonheur possible.

Peut-être y a-t-il de la complaisance de la part de Houellebecq à énumérer tous les objets sans lesquels le touriste occidental ne se départ jamais quand il part en vacances à l'étranger, à égratigner l'art contemporain, ou encore cette débauche de sexe à deux ou à plusieurs.

Probablement que l'auteur aime se faire haïr par une certaine partie du public qui ne comprend pas l'intérêt de ses livres, ne sachant scruter que la surface. On ne peut leur en vouloir ni lui en vouloir de se montrer souvent antipathique, désabusé et atrabilaire. Il ne faut pas y voir là de la condescendance ou du mépris.
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