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sur 2156 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Éminent chroniqueur des faits et gestes de ses contemporains, Houellebecq s'est intéressé au spécimen de la classe moyenne tout juste doté pour aller se consoler de sa misère affective dans les lieux de plaisir au travers de la planète. Les besoins de première nécessité ont évolué depuis qu'on se préoccupait avant tout de se nourrir et se loger.

Chemise à fleurs, tongs et bermuda, élégances spirituelle et comportementale assorties, valent à ce spécimen le sobriquet de « beauf ». le tourisme sexuel, puisqu'il s'agit de cela, est un sujet de chronique qu'on ne s'étonne pas vraiment de trouver sous la plume du futur Goncourt 2010, n'est-il pas ? (Plateforme paraît en 2001)

Il fallait donc s'attendre à ce que l'étude de marketing conduite par le tour opérateur, à laquelle son héros va se retrouver incidemment associé, soit ponctuée d'exercices pratiques détaillés par le menu. C'est confirmé. Tout y est : ingrédients, temps de cuisson, température du four et tournemain du maître-queux. Qu'en pareille contexte on peut sans vergogne travestir en maître-queue. Elle était facile, je vous l'accorde, je n'ai pas pu résister.

Bref, un instant de honte étant quand même vite passé, pour dire ce que m'inspire cet ouvrage, je formulerai seulement le voeu, à l'adresse de notre truculent prosateur national, que sa vie amoureuse soit aussi intense et harmonieuse que celle de son héros, lequel intervient à la première personne dans cet ouvrage. A moins que les écrits ne viennent en consolation de quelques frustrations opiniâtres, assorties d'angoisses existentielles dont on sait, il nous en a convaincu, que ces dernières sont largement atténuées par une pratique assidue de l'exercice physique qui fait se concilier les contraires le temps d'une trêve, toujours trop courte il nous l'enseigne aussi.

C'est mon troisième Houellebecq. J'arrive certes un peu tardivement dans cet univers de cacophonie des sens, mais il faut varier les genres, et j'ai donc confirmé avec celui-ci la maîtrise du verbe que je lui avais découvert dans les deux autres. Maîtrise du verbe donc, plutôt cru, et qui vaut à notre goncourisé son lot d'inconditionnels, justement équilibré par le nombre de ses détracteurs. le bilan étant quand même positif puisque les inconditionnels achètent alors qu'on n'est pas obligé de dédommager les détracteurs. Cette maestria dans la pratique de la langue (française), qui sied aux inconditionnels et leur sert à justifier leur penchant, est à la hauteur de celle de la grammaire du kama sutra avantageusement imagée dans la production littéraire de notre auteur à la tant convoitée jaquette rouge.

J'ai retrouvé avec intérêt – alors inconditionnel ou détracteur ? - un auteur désabusé, qui se complait à se dépeindre sous les traits d'un contemporain obstinément médiocre, en panne de raison de vivre, avec en prime une critique acerbe de notre bonne vieille société européenne. Même si c'est toujours émoustillant à souhait, l'intérêt n'est pas que là. Il faut savoir hausser le débat avec Houellebecq. Il y a malgré tout une morale à cette histoire, le sujet est quand même grave. A trop se vautrer dans la luxure, on se prépare des lendemains incertains et plus dure sera la chute. Et avec Plateforme, elle est sévère, et rédhibitoire. Il ne faut pas non plus effrayer les inconditionnels et leur laisser quand même des arguments pour défendre l'indéfendable. Ils peuvent eux-aussi avoir des scrupules à la bacchanale impunie.

La performance littéraire n'allant pas de pair avec la performance physique, je ne pense pas que ce soit le meilleur Houellebecq. J'en ai deux autres qui arrivent pour consolider cette opinion de novice. Je subodore le thème choisi à dessein pour donner libre cours à une imagination libérée de toute convenance. Je n'irai pas jusqu'à dire que cet ouvrage devait être alimentaire, ce serait ramener le sujet à un besoin physiologique de première nécessité et cela risque de rester sur l'estomac de certains, mais soit, beauf s'écrira bof pour une fois. Notre Houellebecq national fera mieux, dix ans plus tard.
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Il y a les houellebecquophiles béats d'admiration devant l'insolente clairvoyance du maître, et les houellebecquophobes qui ne peuvent pas le voir en peinture.
Il y a les houellebecquiens en puissance qui partagent sa singulière vision du monde, et les houellebecquologues capables de disserter à l'infini sur la modernité de sa prose, de fustiger ses "emprunts" à Wikipédia, d'analyser son goût pour la provoc et la polémique, de pointer l'évidence ou le scandale de son Goncourt, de pérorer sur son sens aigu du marketing et de la communication, ou encore de s'épancher sur le caractère pour le moins atypique de son oeuvre (et sur celui tout aussi inclassable de ses "fantaisies" vestimentaires ou capillaires...)

Il y a en somme autour de "l'astre-Houellebecq" une foultitude de commentateurs-satellites, qui tous ont une opinion radicale du bonhomme ... et dans cette galaxie foisonnante il y a moi, modeste lecteur à l'orbite incertaine, sensible comme tout le monde à sa "force d'attraction" sans autant pour réussir à déterminer la nature exacte du phénomène. Gravitons-nous autour d'un soleil superbe, ou d'une obscure Étoile de la mort ? Michel Houellebecq : brillante supernova ou funeste trou noir ?
Une chose est sûre : ce n'est pas avec Plateforme (ma sixième incursion dans le sinistre univers de "l'enfant terrible des Lettres françaises") que je parviendrai à trancher cette épineuse question...

En effet, comme d'habitude, si j'ai bien souvent été impressionné par la plume aiguisée de l'auteur et par la terrible lucidité du regard qu'il porte sur la marche du monde, l'omniprésence flagrante de ses sempiternelles obsessions (à savoir le sexe, l'islam, le sexe, le déclin de l'Occident et le sexe) ont dans le même temps fini par me taper sur le système.
Nous voilà une fois encore en présence d'un CSP+ blasé, misanthrope et relativement peu sympathique, coincé dans une vie qu'il juge insignifiante et intimement convaincu que l'Homme n'est pas fait pour le bonheur. Bien, jusque là rien de bien nouveau.
Pour rester dans la plus pure tradition houellebecquienne, notre narrateur (prénommé lui aussi Michel, tiens donc !) est en outre un pur produit de la société de consommation occidentale - tout à fait conscient de l'être ! -, à la situation confortable mais sans ambition particulière sinon celle d'attendre patiemment la mort en répondant aussi fréquemment que nécessaire aux injonctions pressantes de ses gonades en perpétuelle ébullition.
Après tout, comme il dit, "les organes sexuels existent, source de plaisir permanente, disponible. le dieu qui a fait notre malheur, qui nous a créés passagers, vains et cruels, a également prévu cette forme de compensation faible. S'il n'y avait pas, de temps à autre, un peu de sexe, en quoi consisterait la vie ? Un combat inutile contre les articulations qui s'ankylosent, les caries qui se forment [...] le collagène dont les fibres durcissent, le creusement des cavités microbiennes dans les gencives").
Certes, c'est une façon de voir les choses...

Cette fois pourtant, à l'occasion d'un voyage en Thaïlande, notre Droopy neurasthénique retrouve un semblant de légèreté et d'enthousiasme en se découvrant un vif intérêt pour le tourisme et les séjours exotiques. Soleil, plages de sable fin, dépaysement et ouverture à de nouvelles cultures ? Penses-tu ! Ce qui motive véritablement Michel, c'est avant tout les salons de massages et autres bordels de Pattaya, qu'il ne manque pourtant pas de qualifier de "cloaque, d'égout terminal où viennent aboutir les résidus variés de la névrose occidentale" mais qu'il écume néanmoins sans vergogne et dont il vante autant la compétitivité des tarifs que la qualité des services rendus.
Et puis un beau jour notre brave touriste en goguette fait la rencontre de Valérie, une jeune parisienne qui voyage avec le même organisme que lui et qui manifestement partage son appétit pour "la chose". Avec le concours d'un troisième larron, haut placé dans un grand groupe hôtelier, les tourtereaux mettent alors sur pied un concept révolutionnaire (et lucratif !) de "tourisme de charme" (comprendre : système ludique, normalisé et rationalisé d'exploitation sexuelle dans les pays les plus miséreux du globe).
Quel coup de génie, n'est-ce pas ?
Et dire que ce projet est né de ce simple constat, tellement plein de bon sens : "Européen aisé, je pouvais acquérir à moindre prix, dans d'autres pays, de la nourriture, des services et des femmes ; Européen décadent, conscient de ma mort prochaine, et ayant pleinement accédé à l'égoïsme, je ne voyais aucune raison de m'en priver."
Voilà voilà...

Vous l'aurez compris : Plateforme dérange, Plateforme effraie, Plateforme horripile.
Et c'est dommage parce que derrière cette surenchère d'indignités et de thèses nauséabondes (flirtant parfois avec la pédophilie), derrière cette abondance de scènes franchement pornographiques (dont la fréquence et la crudité augmente au fil des pages, à tel point que je me suis demandé plus d'une fois si vraiment ce roman était en "vente libre", accessible à tous les publics ?), bref derrière cette esbrouffe malsaine typiquement houellebecquienne l'auteur a quand même des choses à nous dire !
Des choses sur le ridicule clubs de vacances et les nuisances du tourisme de masse, des choses sur les échecs et les dangers d'une mondialisation devenue folle, des choses sur l'impasse de nos sociétés dites "civilisées" ("nous étions pris dans le système social comme des insectes dans un bloc d'ambre; nous n'avions pas la moindre possibilité de retour en arrière")...
Des choses enfin sur l'effondrement annoncé et les orientations mortifères de notre vieux continent :
"Jusqu'au bout je resterai un enfant de l'Europe, du souci et de la honte; je n'ai aucun message d'espérance à délivrer. Pour l'Occident je n'éprouve pas de haine, tout au plus un immense mépris. Je sais seulement que, tous autant que nous sommes, nous puons l'égoïsme, le masochisme et la mort. Nous avons créé un système dans lequel il est devenu simplement impossible de vivre; et, de plus, nous continuons à l'exporter."

Sur cette question, Houellebecq est clair, et je ne suis parfois pas très loin de partager son avis...
En ce qui concerne le point central du roman en revanche, à savoir la pratique du tourisme sexuel et la marchandisation des corps, sa position me semble moins tranchée. A-t-on vraiment affaire à une condamnation sans équivoque de cet esclavagisme moderne, ou bien l'auteur et son héros (que j'ai encore eu du mal, comme souvent, à distinguer l'un de l'autre...) témoignent-il d'une certaine complaisance envers ce triste commerce et ses plaisirs tarifés ?
Je crains hélas que cette question purement rhétorique "soit vite répondue", comme dirait l'autre.

Quoi qu'il en soit, Plateforme, publié il y a plus de 20 ans, n'était que le troisième roman de Houellebecq mais il portait déjà en germes les principaux axes de son oeuvre, qui continue malgré tout de m'interpeller...
Et quand son héros nous avoue "j'ai des doutes, de plus en plus en souvent, sur l'intérêt du monde qu'on est en train de construire", j'ai bien envie de lui répondre :
moi aussi, Michel, moi aussi.
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Après "Extension du domaine de la lutte", son fameux premier roman paru en 1994 et l'émouvant "Particules élémentaires" (1998), voici "Plateforme" paru en 2001.

Ce n'est pas mon roman préféré de Houellebecq.

Un grand Tour Opérateur y développe le concept d'un tourisme sexuel adapté aux attentes de cadres moyens et supérieurs dans diverses parties du monde. On assiste à la mise en place stratégique du projet à travers les interactions amoureuses et professionnelles de plusieurs personnages.

Lors de la sortie de ce livre, on a beaucoup reproché à son auteur d'avoir fait la promotion de l'exploitation sexuelle.

Certes l'existence de la prostitution ne scandalise pas le narrateur du roman, c'est le moins qu'on puisse dire : il est vrai qu'il n'y aborde que le thème d'une prostitution "clean", débarrassée en apparence de son sordide accompagnateur, le proxénétisme.

A tel point que le lecteur, et surtout la lectrice, peut se demander si Houellebecq n'a pas une vision un peu trop "angélique" du commerce des corps, ou alors (seconde hypothèse, moins à son avantage), s'il n'est pas complètement indifférent au sort des femmes et des hommes qui en vivent (et qui en meurent). Plus probablement, la prise en compte du proxénétisme introduirait-elle une problématique trop lourde qui nuirait à la force de la démonstration.

Car je ne crois pas que Houellebecq prône le développement d'un libéralisme appliqué au sexe : tout d'abord parce qu'il est farouchement anti-libéral et ensuite parce que le projet de mise en place de cette "plateforme" touristique connaît un effroyable et retentissant échec.

"Plateforme" est un livre ambigu, assez tendre par moments, assez cru à d'autres, parfois les deux en même temps et qui approfondit un thème cher à Houellebecq : celui du tourisme dont les caractéristiques et l'évolution sont un reflet assez fidèle de l'évolution de la société occidentale.

Un livre pas très gai, qui ne m'a pas semblé à la hauteur des deux premiers, comme je l'ai dit plus haut, et qui ressemble à un galop d'essai des suivants, bien supérieurs.

Un bon livre quand même.
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Ah c'est ça Houellebecq.
C'est ma première vraie découverte de cet auteur. j'avais vu l'adaptation théatrale des Particules élémentaires, sans que je m'en souviennent particulièrement, ni que ça me donne envie de le lire d'ailleurs.
C'est un livre audio qui m'a donné l'occasion de faire cette découverte : 15 heures d'écoute qui commencent par la mort et se finissent par la mort. Et je me demande comment le contenu entre les deux à pu arriver.
Ce personnage principal m'a scotcher. Je l'ai trouvé vide, sans consistance. Alors qu'il est décrit comme quelqu'un d'intelligent. Bref, je ne suis pas certaine n'avoir compris l'objectif de toute cette histoire.
Par contre, j'ai beaucoup aimé le style. je ne sais pas dire pourquoi : ce phrasé était très doux à mon oreilles. Et passer de description d'un contexte économique à une scène de rapport sexuel très détaillée, sans changer le mode langage : c'est une belle performance.
Mais voilà, trop de bite, de couille, de chatte et autre joyeuseté ne me donne pas envie de tenter un nouveau roman de cet auteur
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A la mort de son père, Michel, fonctionnaire au ministère de la culture se décide pour un voyage organisé en Thaïlande. Il y pratique le tourisme sexuel et se lie avec Valérie, un membre de son groupe de voyage. de retour à Paris le couple décide de développer ce système de tourisme de charme dans les pays pauvres. Ensemble ils multiplient les rencontres, les expériences et les séjours sexuels.
Un roman qui ne peut laisser insensible, ni par le sujet traité, ni par le style.Le narrateur, être solitaire et taciturne nous entraîne dans des pérégrinations sexuelles, ponctuées de réflexions cyniques mais souvent justes sur notre société occidentale de plus en plus décadente.C'est dur,c'est blessant,sans complaisance, c'est un roman tragique qui est comme une plaie purulente.On regrettera tout de même la prolifération des scènes de sexe qui nuisent à l'ensemble du roman.
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C'est très clairement le plus mauvais des livres de Houellebecq que j'ai lus. Certes, il n'est pas un styliste, mais le niveau d'écriture est pauvre voire carrément mauvais (Plateforme porte à cet égard bien son nom), si le livre était signé par un inconnu, il serait probablement jeté aux oubliettes. Mais là, comme il s'agit de Houellebecq, on fait l'effort.
Et c'est vrai que comme chaque fois, on tourne les pages et on avance dans ce texte. Pourtant beaucoup trop long, au out d'un temps on a bien compris à la fois les aspects sexuels (c'est aussi de loin le plus sexuel de ses livres), çà la fois les aspects de l'univers du tourisme, ainsi que des quelques piliers du contexte dans lequel se place cette histoire.
Ce qui bizarre, c'est que rien n'est dit de manière forte, en fait, on entend la voix plate de Michel nous raconter ça, oui plate, platement, alors qu'il se passe parfois des gros bouleversements, mais donc, bizarrement, sur cette longueur et langueur, ça fait d'autant plus mal. On est anesthésié tout du long par tout ça, parfois un peu réveillé par les scènes sexuelles, puis en fait blam la tristesse et le côté désespérant houellebecquien pénètre définitivement et... on n'en peut plus.
Pour ceux qui se retrouvent dans l'un ou l'autre des personnages, on en ressort meurtri une fois de plus.
Mais ce qu'il faut reconnaître à cet écrivain, c'est qu'il tape juste, parfois. Si je mets trois étoiles, c'est parce que, disons au total, une dizaine de pages (sur 350) sont hyper justes et fracassent. Ca sauve sans doute ce livre et la carrière entière du bonhomme. Enfin, parler de bonhomme, est... amusant.
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Un phénomène (qui date un peu)

J'ai lu ce livre il y a longtemps mais je n'avais pas publié mon avis
Le style Houellebecq demeure inimitable et bien-sûre cynique. Plateforme est plaisant grâce au style. Plateforme sort froid et mûre à la fois.
Le roman se veut polémique. Plateforme est une lecture rapide parce que toujours entraînante. L'angoisse y est omniprésente, l'atmosphère oppressante.
Le sujet abordé du tourisme sexuel, reste malheureusement grave, ravageur.
Qu'en penser par la suite ? Chacun est doté d'une conscience.
Michel Houellebecq donne sa version au lecteur ?
Tout dépend de l'état d'esprit avec lequel le lecteur aborde Platefome.
Plateforme donne aussi un tout petit début de l'idée que Michel Houellebecq se fait de l'Islam, ce n'est en aucun le cas le thème central du roman.
D'ailleurs il y a-t-il un thème central à ce roman ?
Une chose vraie :
Michel Houellebecq ignore l'hypocrisie, c'est rassurant.
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Un roman récupéré dans une boîte à livres. Qu'on adore ou qu'on déteste Michel Houellebecq, la lecture de ses oeuvres est toujours un événement parfois un parcours du combattant. Ce fut le cas avec Plateforme que j'ai failli abandonner... mais j'ai résisté et me suis laissée entraîner jusqu'au dénouement final.

Ce roman a tout juste vingt ans, il a été publié en 2001 mais on pourrait le croire issu de la rentrée littéraire 2021, tant rien a vraiment changé depuis ; notre société occidentale a continué d'évoluer dans le même sens voire en pire. Il faut reconnaître ici les qualités visionnaires de l'auteur.

Michel Houellebecq, comme à l'accoutumée, met en scène un anti-héros, fonctionnaire sans grande motivation au Ministère de la Culture qui se délecte de Questions pour un Champion... 40 ans, célibataire endurci, il est désabusé, déprimé, sans amour, indifférent aux autres et n'a aucun goût pour la vie. Néanmoins le sexe est une de ses principales préoccupations. Un voyage en Thaïlande va transformer sa vie routinière pour le meilleur et pour le pire.

Avec cynisme et brutalité, mais parfois humour, l'auteur dénonce notre monde capitaliste, qui en veut toujours plus, l'individualisme, l'exploitation, la mondialisation et le tourisme sexuel. Il affiche, sans scrupule et dans un langage souvent très cru, son dégoût pour la société occidentale.

« Pour l'Occident je n'éprouve pas de haine, tout au plus un immense mépris. Je sais seulement que, tous autant que nous sommes, nous puons l'égoïsme, le masochisme et la mort. Nous avons créé un système dans lequel il est devenu simplement impossible de vivre ; et, de plus, nous continuons à l'exporter. »

J'ai un ressenti très mitigé sur ce roman, dont la lecture a été parfois pénible. Je lui accorde une note moyenne, entre 2,5 et 3. Pourquoi ? J'ai aimé le fond, l'écriture fluide, le côté visionnaire, les réflexions sociologiques, les personnages bien étudiés, les références assez osées à des personnes publiques. Par contre, je n'ai pas aimé les descriptions ressemblant à des copies pures et simples de pages Wikipédia et surtout, j'ai trouvé inutile et lassante la multiplication gratuite de scènes pornographiques. Cela n'apporte rien.

Toutefois, je ne regrette pas la lecture de ce roman ni le regard lucide et désespéré de Michel Houellebecq sur l'état de notre monde occidental.

« Jusqu'au bout je resterai un enfant de l'Europe, du souci et de la honte ; je n'ai aucun message d'espérance à délivrer. »












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L'auteur, cinglant et drôle, nous livre, en observateur attentif, une fable sur les voyages organisés de nos jours. Il ne rate rien de son époque et porte un regard cynique (réaliste?) et la sociologie d'une certaine population occidentale qui perd la richesse des relations humaines. Il commente les agissements et reflexions de son personnage sans avoir peur d'être très lucide et provocateur.
C'est un roman que j'ai lu avec plaisir et qui me semble intéressant pour découvrir l'auteur car sa lecture est facile.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Que dire de ce livre dont il faut probablement, puisque c'est du Houellebecq, aller chercher le 2ème degré voire le 3ème, sans forcément le trouver ...
On trouvera par contre des réflexions sociologiques et des analyses visionnaires toujours très intéressantes, des réflexions sur le tourisme sexuel qui sortent du prêchi-prêcha habituel, un style souvent drôle mais aussi des scènes assez répétitives et cliniques de frottis frottas à longueur de pages dont on ne comprend pas tellement l'intérêt.
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