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3,72

sur 2156 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Michel est un petit homme médiocre et égoïste, fonctionnaire sans ambition ni dans sa vie professionnelle, ni dans sa vie personnelle. « Je ne suis pas bon, dans l'ensemble, ce n'est pas un des traits de mon caractère. L'humanitaire me dégoute, le sort des autres m'est en général indifférent, je n'ai même pas le souvenir d'avoir jamais éprouvé un quelconque sentiment de solidarité. »
Quand il touche un héritage à la mort de son père, il en profite pour s'offrir une escapade en Thaïlande. le voyage organisé ne l'empêche pas profiter des salons de massages Thai et des jeunes femmes qui y officient. Méprisant, il fuit ses compagnons de voyage. Seule Valérie, dont il ne sait pas grand-chose, trouve grâce à ses yeux.
De retour à Paris, il croise de nouveau la jeune femme, qui poursuit une carrière brillante en tant que cadre marketing à Nouvelles Frontières. Ils habitent rapidement ensemble.
Le groupe international Aurore, de bien plus grande envergure que Nouvelles Frontières, débauche (embauche ?) bientôt la jeune femme, avec pour mission de faire remonter la fréquentation de certains clubs de voyages en perte de chiffres d'affaires. C'est ainsi que Valérie, avec l'aide de Michel, met en place le concept des Eldorador Aphrodite.

Houellebecq fait le tour de la petitesse humaine qui gravite autour de cette plateforme. Portrait au vitriol de la société de consommation, entre cynisme et provocation, il dépeint une société qui périclite, une société décadente, sans espoir d'évolution vers un monde meilleur. C'est l'humain qu'il met au coeur de cette fatalité, l'humain et sa recherche de satisfaction immédiate et gratuite. Dans ce livre, l'auteur semble suggérer que, quelque part, à un moment donné, un tournant a été pris par la société. le retour en arrière, vers "le bon sauvage" est impossible, et la société, poussée par la consommation à outrance, se névrose, ce qu'il illustre par les difficultés sexuelles de ses contemporains. Voilà un constat plutôt triste mais pas dénué d'intérêt.
Pour enfoncer le clou sur la petitesse des hommes, Houellebecq cartographie et tend jusqu'à la provocation certains types de comportements courants, en première ligne de mire, les "élites marketing" et leur vision court-termiste, sans création de valeur, qui sortent des écoles prestigieuses ; la création du concept Eldorador Aphrodite est une vraie petite leçon qu'on croirait tout droit issue d'une leçon de marketing stratégique : le fameux couple produit-cible, identification de l'existant, de la concurrence, des forces et faiblesses de la proposition / de la marque, plan d'actions, etc… L'auteur égratigne aussi le vernis des bien-pensants, caricaturant à outrance des propos que chacun de nous a forcément entendu, un jour ou un autre, sur la prostitution (avec des propos quand même limite concernant l'âge desdits prostitués) ou les musulmans.

L'écriture de Houellebecq est agréable à lire. le récit est raconté au je narratif, qui intègre, de façon un peu maladroite, des passages sur l'histoire de la Thaïlande, ou sur les personnages du récit, et des scènes de sexe plutôt crues. L'ensemble est à prendre au deuxième, voire au troisième degré.
Bref, une première incursion plutôt réussie pour moi dans l'univers de cet auteur encensé et controversé.

"Jusqu'au bout je resterai un enfant de l'Europe, du souci et de la honte ; je n'ai aucun message d'espérance à délivrer. Pour l'Occident je n'éprouve pas de haine, tout au plus un immense mépris. Je sais seulement que, tous autant que nous sommes, nous puons l'égoïsme, le masochisme et la mort. Nous avons créé un système dans lequel il est devenu simplement impossible de vivre ; et, de plus, nous continuons à l'exporter."
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Après quelques pages, l'inquiétude grandit : nous aurait-on conseillé un porno ? Houellebecq n'y va pas par quatre chemins pour décrire l'acte. Avec lui, pas de suggestion, ça suce, ça lèche, ça pénètre. On croise des bites, des chattes, des fesses et des tétons. Autant dire qu'une telle lecture n'est pas recommandée aux esprits prudes.
Mais s'il se permet tous les vices, s'il prend plaisir à dériver vers tous les interdits, l'auteur verrouille son oeuvre d'un souci permanent d'apparaitre tel qu'il est : triste. Ce n'est un secret pour personne, ce type est un parangon d'amertume. Même son histoire est à son image, désabusée. Jamais une joie n'évite le désaveu d'un contrepoids brutal. Avec Houellebecq, aucun bonheur n'est éternel – et tout le long du livre il n'a de cesse de nous le rappeler.

Mais réduire son récit à la complainte d'un quadra mal luné serait un tort. Plateforme évoque une voie de sortie il est vrai peu compatible avec les morales en vigueur, mais après tout plausible. Et le raisonnement conduit est assez fouillé pour convaincre.
Certes on n'a pas tous la frustration du sexe, l'envie pressante de découvrir des expériences nouvelles avec nos corps. On n'est pas tous à voir dans les voyages une opportunité d'accomplir nos fantasmes. Simplement, force est d'admettre qu'il y a dans nos sociétés occidentales modernes un sentiment diffus d'inachevé. Une lassitude d'ensemble saturée de produits et d'un besoin malsain de rayonner. Et cette proposition d'associer les cultures dans un but essentiellement charnel n'est pas forcément insensée.

Plateforme se lit vite, intensément, comme une démonstration sarcastique d'un autre monde qui serait possible sans l'héritage judéo-chrétien qui nous enchaîne. Une chronique douce-amère où l'on rit jaune, où l'on s'entête, où l'on stoppe régulièrement sa lecture en regardant le ciel, pensant : pourquoi pas ? On en regretterait presque son final plus commun, mais nécessaire, dans lequel elle s'automutile. Mais on le sait maintenant : avec Houellebecq, aucune jouissance ne dure.

4/5
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"Un vie sans lecture, nous dit Houellebecq, c'est dangereux.
C'est se contenter de la vie.
Ca peut amener à prendre des risques".
Il faut savoir évaluer le risque ...
Et, entrer dans un livre de Michel Houellebecq, c'est toujours le faire de plein-pied.
Car, voilà, au moins, un auteur à qui l'on ne peut pas reprocher de faire lanterner ses lecteurs !
Toujours, dès les premiers mots, la Littérature y prend à la gorge, irrite ou fait sourire.
Ici encore, dans "Plate-forme", Michel Houellebecq cultive l'ambiguité et la provocation à un point tel que cela en devient un art, un de ceux que tout grand écrivain doit à ses lecteurs.
Le style est inimitable, c'est le moins que l'on puisse en dire.
"Plate-forme" est un livre captivant, mais un peu alourdi par les longues, trops longues, descriptions de scènes érotiques, voir pornographiques.
Même lorsque l'on n'en est pas choqué.
Michel, le narrateur du récit, vient de perdre son père qui a été retrouvé assassiné, près de Cherbourg, le crâne brisé dans son appartement.
Michel va partir alors en voyage vers la Thaïlande ...
C'est, là, le grand sujet du livre.
Mais pas le seul.
Car "Plate-forme" est un livre foisonnant d'idées.
Houellebecq y pousse ses raisonnements à l'extrême.
Et même s'ils ne sont pas toujours judicieux, ils ont au moins le mérite de bousculer le lecteur.
C'est que Michel Houellebecq balance tout azimuth !
Et, ce livre ne peut pas laisser indifférent.
Mais son sujet est maîtrisé.
On a là affaire à un écrivain sérieux, documenté et animé d'une réflexion intelligente.
Ce livre est plein d'humanité, d'une humanité vraie, sordide parfois, pitoyable souvent et ordinaire.
Il est fait d'une littérature riche de sens et de questionnements.
Il faut savoir y lire entre les lignes.
Houellebecq est un peu la voix de la mauvaise conscience, le poil à gratter qui fait tomber les idées reçues.
Les idées incongrues voisinent ici avec les longues réflexions muries.
Pour Michel Houellebecq, comme pour Wells, "l'esprit humain n'est pas encore né, et en l'absence d'amour la défaite est assurée".
Alors Michel Houllebecq ... docteur Jekyll ou mister Hyde ?
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Second livre de Michel Houellebecq que je lis et on peut dire que c'est un peu particulier, une écriture bien à lui, des thèmes sexuels récurrents. Je n'ai pas vraiment compris pourquoi j'ai aimé ce livre, il n'y avait pas grand chose pour me séduire aussi bien du côté du thème des voyages organisés et des clubs de vacances que des personnages, pourtant j'ai accroché et l'ai lu assez vite.
L'auteur fait montre de fulgurances, beaucoup de choses sont très bien observées par le personnage principal, assez désabusé, qui voit le monde autour de lui avec un regard cynique et une pointe d'impertinence assez drôle.
Son constat est que les occidentaux ne savent plus s'épanouir sexuellement et qu'il faut qu'ils partent à l'étranger pour renouer avec le plaisir. le sexe est donc omniprésent dans ce roman, les dessous des grandes entreprises de voyage également, c'est parfois glauque, triste mais le fond reste intéressant, à réserver néanmoins aux amateurs.
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Troisième livre de Houellebecq que je lis, et je suis toujours séduite par le ton de son écriture et le regard aiguisé qu'il porte sur le monde.
L'histoire n'est ici qu'un prétexte à une critique acerbe de notre société qui détruit les hommes.
On peut reprocher quelques longueurs, mais le but est ailleurs et j'ai apprécié ma lecture.
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Le capitalisme comme catalyseur du processus de décomposition de la race humaine, voici le thème de ce livre. Pour le présenter, Michel Houellebecq crée un personnage à peine imaginaire, totalement désespéré, se persuadant de toutes ses forces que le bonheur n'a pas disparu de sa vie à jamais et qu'il le retrouvera peut-être grâce au tourisme sexuel. Merci l'argent, merci le cul, vous nous donnez des solutions immédiates qui nous permettront de ne jamais nous confronter une bonne fois pour toutes à nous-mêmes.


Tous les personnages de Houellebecq auraient pu devenir de grands hommes si les circonstances le leur avaient permis.
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Je me sens un peu en difficulté, pour vous présenter une chronique qui tienne la route, d'un roman de Michel Houellebecq. Au final, on est face à un récit de vie où le narrateur, Michel, nous livre ses réflexions, ses visions, son sarcasme. On adhère ou non, mais l'écriture est tellement fluide que les pages s'enchaînent.
Michel (tiens donc), 40 ans, fonctionnaire moyen, vient de perdre son père.
Célibataire, sa meilleure connaissance semble être Marie-Jeanne, sa collègue de bureau.
Le personnage est coupé de la vie, coupé de l'humain.
Du gris donc…
La première partie, retrace un voyage en Thaïlande. le sexe prend, très vite, une dimension importante mais dans la fuite de l'humain. Il fuit son groupe dont il étudie le comportement, il fuit la seule femme du voyage qui pourrait lui tenir compagnie. Sans point de repères, il est incapable d'entretenir une conversation.
La seconde partie, il se rapproche de Valérie, cette femme dénigrée pendant son séjour. Nous plongeons à ce moment, dans la vie professionnelle de celle-ci. Cadre chez un tour opérateur, le narrateur va nous dépeindre les mécanismes sociologiques des clients par les professionnels du voyage. Avec à la clef, la formule de séjour magique qui va permettre une adhésion de masse.
Je retrouve chez Houellebecq des réflexions qui me parlent. Ses visions de la société seront, pour certains justes, et pour d'autres polémiques, mais dans tous les cas amènent le lecteur à s'interroger, à réagir.
Une qualité d'écriture indiscutable.
Bien à vous tous amis babéliens !
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Plateforme est surtout un document révélateur de l'époque (la nôtre forcément), celle qui ouvre à l'industrie du voyage à l'échelle mondiale des perspectives économiques quasi illimitées. Ce qui n'échappe pas au héros narrateur . La réorganisation de l'industrie touristique occupe la plus grande partie du livre.
Impolitiquement correct, Houellebecq s'attaque au tourisme sexuel, même s'il fait l'impasse dans son roman sur le sida, le proxénétisme et la pédophilie dans son utopie économiste pansexuelle. Mais c'est vraiment s'exciter beaucoup sur les enjeux de ce livre que de l'encenser de toutes ces vapeurs de soufre. Plateforme, utopie burlesque, constat cynique, peinture réaliste des rapports Nord-Sud? le guide du routard victime des sarcasmes de l'auteur, prend le livre au sérieux et lui offre la publicité supplémentaire d'une attaque en justice. Houellebecq décrit ses auteurs comme «des connards d'humanités protestants ( ...) dont les sales gueules s'étalent complaisamment en quatrième couverture» et en faisant preuve de «pudibonderie» en la matière. Poussant la polémique plus loin, en prenant plaisir à envenimer le débat, Houellebecq affirma au magazine Lire sa haine des monothéistes, surtout l'islam, car au moins «les juifs ont un sacré talent littéraire» et les catholiques gardent «un aspect polythéiste»! Mais, plus que la tête, en vrac, des routards et des touristes sexuels, c'est celle de l'Islam que Houellebecq se paie ouvertement sans aucun rapport avec la Thaïlande et ses attraits, il parsème tout le roman de flèches à l'encontre de la foi islamique, moqueur quand il souhaite un «Bonne nuit... les Taliban, bonne nuit... faites de beaux rêves», déchaîné quand il ne cesse d'opposer moeurs occidentales et loi islamique.
Dans ce beau roman d'amour, on trouve tour à tour, la solitude, la haine de la filiation, la satire de l'industrie des loisirs, la sexualité rédemptrice et la visée sociologique. .
Dans Plateforme, Houellebecq avoue son aversion pour les Musulmans, parce que sa mère s'est convertie à l'Islam. Au-delà de la provocation littéraire, il est tout à sa haine des Arabes.
Sans ambages il fait sien l'esprit de provocation.
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J'avais essayé en vain de me plonger dans Les particules élémentaires trop hermétiques pour moi et pensais ainsi en avoir terminé avec Houellebecq. Le hasard en a décidé autrement en me mettant Plateforme entre les mains.
J'ai abordé cette lecture avec une grande méfiance due à la mauvaise réputation de l'auteur, volontiers provocateur et cynique, mais je dois reconnaître que je l'ai appréciée. Je ne suis pas mécontente d'être enfin être allée à la rencontre de cet auteur si contreversé.
En se focalisant sur le sujet du sexe, Houellebecq ici explore plus largement le champ des relations humaines et la relation amoureuse en particulier, ce qui n'est pas inintéressant. Si je suis restée perplexe face à certains propos d'un goût douteux et que je pensais ne pas avoir été particulièrement interpellée par son propos, je me rend compte qu'il a réussi quand même à ouvrir chez moi quelques pistes de réflexion. Elles m'ont tenue éveillée la nuit mais n'ont répondu à aucune des questions que je me pose.
Même si j'ai apprécié Plateforme, je ne pense pas aller plus loin dans la découverte de l'oeuvre de Houellebecq car j'ai trouvé chez lui un petit côté nauséabond qui m'a dérangée. Mais déranger, c'est certainement ce qu'il souhaite...
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Cher Michel,

Pourquoi autant de cynisme et de désillusions chez toi? Que s'est-il passé dans ta vie, dans ton enfance pour être si indifférent et détaché du sort de tes congénères ? As-tu connu la solitude, le manque d'amour pour aller vers le sexe ?
Alors oui, tu dresses le portrait d'une société en dérive qui, pour panser ses maux plonge dans la consommation de masse et je t'en remercie mais ton langage souvent cru, dénué d'empathie m'a bien souvent dérangé.
S'agit-il pour toi d'une manière de provoquer les lecteurs comme tu sais si bien le faire ? J'ai bien peur que non et que c'est bien ta vision du monde et de la vie dont il est question.
Allez mon grand, enfile des lunettes roses et soigne ta névrose. La vie, même dans le monde d'aujourd'hui est plus belle que tu ne le penses. Écris-nous ton émerveillement d'être en vie. Ça nous fera du bien et à toi aussi.
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