La cage

La couverture n'attirera probablement pas le tout-venant (du sang sur le sol) et le sujet (l'extase et le MMA) dissuadera à coup sûr la majeure partie de la horde des grands défenseurs des petits libraires indépendants qui ne se doutent pas que leur combat est bien plus obscène que celui des combattants de l'UFC (personne ne semble s'inquiéter de savoir ce que deviennent les vendeurs de coques de téléphones portables, les barmans qui bossent au black et les coiffeurs).

Pourtant, ce bouquin est un petit bijou d'intelligence et d'écriture qui prouve une fois de plus que l'éditeur belge Vies parallèles sait ce qu'il fait. J'avais déjà été complétement fasciné par Que faire de ce corps qui tombe de John d'Agata (la conversation entre un fact checker et un auteur à propos du récit alambiqué du suicide d'un adolescent à Las Vegas) et j'ai été complétement happé par ce récit de non-fiction (ni un essai, ni un roman mais quelque chose entre les deux) où l'essentiel de l'action n'est pas dans l'action mais dans l'attente. Car quand les combattants ne combattent pas, ils doivent bien passer le temps et pour cela ils ont recours à ce qu'on ne peut véritablement pas imaginé : des spacetakers, c'est à dire des gens qui sont capables de ne rien faire avec eux, des spécialistes de l'attente et du vide.

Ce bouquin vaut vraiment le coup croyez-moi. C'est drôle, violent, de mauvaise foi et très honnête en même temps. C'est philosophique et matérialiste, implacable, dérangeant. Au risque de verser dans le sentimentalisme pour parler d'un bouquin qui l'évite systématiquement, je dirais que c'est tout simplement un bouquin humain, trop humain, terriblement humain. A lire.