« Ténébreuse » est un roman graphique comme je les aime, les dessins sont expressifs, le scénario haletant et je remercie Babelio et les éditions Dupuis pour cette lecture.
J'avais beaucoup apprécié «
Peau d'homme » dont Hubert avait écrit le scénario et je retrouve également dans « Ténébreuse » une héroïne singulière avec du caractère.
Tout commence comme un conte de fée classique, sauf que le chevalier déchu Arzhur n'est qu'un mercenaire qui va passer un contrat avec trois vieilles femmes du genre harpies. le marché est simple : contre espèces trébuchantes, il lui faut sauver une princesse du château en ruine où elle est prisonnière. Ainsi retrouvera-t-il son honneur perdu. N'écoutant pas son écuyer, plus circonspect, le jeune homme se jette dans l'aventure.
Grâce aux pouvoirs d'une épée magique, Arzhur délivre Islen la jolie princesse de ses geôliers, monstres hideux et féroces. Sauf que notre héros a tout faux et Islen le lui reproche avec véhémence. L'ingénu chevalier s'est fié aux apparences mais la vérité est tout autre, et la jeune fille lui révèle que les monstres la protégeaient. de plus, elle n'a jamais été prisonnière du château.
Commence alors pour les jeunes gens un long périple pour rejoindre le royaume du père de la princesse.
Bien que marquée par sa lourde hérédité – elle porte la couronne de papillons de sa mère magicienne- et par d'étranges pouvoirs, la jeune princesse est déterminée à vivre son propre destin. Islen et Arzhur vont devenir alliés pour franchir les obstacles qui parsèment leur chemin vers la liberté.
La jeune princesse a un caractère bien trempé. Loin de la douce apparence des princesses de conte, c'est elle qui prend les choses en main et guide Arzhur, brave mais ingénu et bien loin du preux chevalier des contes.
L'auteur prend plaisir à revisiter les codes du conte. Nombreuses sont les références culturelles, on retrouve le fantastique des contes du moyen-âge avec des figures comme Mélusine ou Draglon le roi de la ville d'Ys. Cette histoire a deux lectures, à la fois conte fantastique qui abonde en métaphores où le lecteur est emmené vers des contrées mystérieuses, et épopée teintée de féminisme où les femmes tiennent des rôles importants.
L'histoire n'est pas bavarde, c'est le dessin qui prend toute la place et rythme la progression. Outre les personnages, tous très expressifs, on ne se lasse pas d'admirer le détail des décors et des paysages. Les couleurs, souvent assombries, donnent de la densité au récit. C'est tout simplement fascinant.
Un vent funeste et puissant souffle sur cette histoire qui m'a tenue en haleine jusqu'au dernier dessin.