Ce roman historique est tiré des mémoires du comte, Jean du Barry lui même, guillotiné en 1794 victime de la Terreur. On découvre l'ascension de cet homme ambitieux et libertin.
L' histoire est très intéressante. On apprend les moeurs et usage de l'époque. La position de la femme dans la France du 18ème siècle. Mais aussi celle de l'homme avec ses ruses et ses manigances au sein de la cours du roi. La nécessité d'arriver à ses fins pour obtenir le pouvoir et l'argent.
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Ainsi va le monde. Ni laid ni beau, donc, je devais compter sur d'autres artifices pour espérer m'extraire de la banalité de mon quotidien. Si cependant d'aucuns ont du talent pour la musique, le négoce, la guerre ou l'exercice du pouvoir, je m'avoue assez médiocre dans toutes ces disciplines. En revanche, deux qualités se sont fait très vite jour chez moi : l'éloquence et la ruse.
Cette ville aimante, c'est vrai. Vous vous apercevrez toutefois qu'y vivre demande d'avoir des appuis. On ne peut s'y risquer trop avant sans protection. L'argent en est une, mais les relations garantissent tout autant qu'une lettre de change. À la Cour, de même. Car si votre nom et vos recommandations vous en ouvriront les portes, sans alliés, vous n'irez pas loin. C'est ainsi, vous devez être d'une coterie : on y pêche parfois des amis, on y rend souvent des services, on en retire toujours des avantages.
Paris est une cité de maîtres et de valets : ils ne sont pas moins de quarante mille, m'a-t-on dit, à se louer. Tout le monde, ici, veut se faire servir et, dans les bonnes maisons, on en compte souvent une trentaine. Cette mode est passée chez les bourgeois, où même les moins aisés s'en offrent un – ou une –, voire deux. Bref, qui n'a pas son domestique n'est pas. Ils sont généralement bien traités, alors que leurs manières ne sont pas toujours des plus civiles.
Tout le monde joue, c'est de la rage : femmes, hommes, vieillards, jeunes gens, riches et pauvres ; chacun, à la mesure de sa bourse ou de son crédit, peut se faire une place autour de la table. Et nos philosophes seraient bien attrapés d'y voir, cartes en mains, les hommes tous égaux. Une bonne levée rachète un quartier de noblesse manquant car le seul privilège qui règne ici sans partage est celui de la chance.
En société, il faut toujours se souvenir que le compliment fait à un inférieur l'oblige doublement envers vous. D'abord parce qu'il n'aura plus de cesse de vous démontrer qu'il est à la hauteur de vos louanges. Ensuite, s'il ne l'est pas, il n'en sera que plus soumis, de peur de perdre votre estime.