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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Plusieurs critiques ont déjà dit que ce second roman de Huysmans dont Durtal est le héros, raconte la conversion de ce dernier, à savoir son retour à la foi et à la pratique catholiques de son enfance. La "route" est ici la distance que parcourt cet homme solitaire et voluptueux, cet esthète raffiné et amoureux de ses habitudes et de son confort ; ce jouisseur finit par aller passer quelques jours dans un monastère, une Trappe, et en revenir transformé et régénéré. Par quelles étapes passe-t-il ? "Là-bas", le roman précédent, nous le montrait soulevé de dégoût devant son époque, prêt à tout, même au satanisme, pour déterrer un peu d'esprit dans des épaisseurs de matière et d'intérêts égoïstes. Le satanisme de "Là-bas" est une illusion, et "En route" nous montre un Durtal non moins écoeuré par son époque et cherchant dans l'art sacré, l'art chrétien, la nourriture dont il a besoin dans ce temps de famine spirituelle. Mais l'esthétisme est aussi une voie sans issue, une jouissance égoïste de plus. Il faut aller plus loin si l'on veut être vivant et ne pas étouffer. D'où les pages extraordinaires de la retraite à la Trappe, de la confession et de la communion. Peu de romanciers avant Bernanos ont su écrire pareilles pages sur la vie religieuse, les prêtres, les moines. Cette fin de roman est tendre et foudroyante, après les longues pages naturalistes, énumératives, sur les églises parisiennes, leur manière de chanter le grégorien, bref les manoeuvres dilatoires d'un homme qui n'ose pas se confronter à lui-même. C'est de la critique picturale et musicale. Les chapitres de la Trappe, dans leur simplicité divino-humaine, sauvent tout le roman de ses lourdeurs.

J'apprends qu' En route" a joué un grand rôle dans le retour du catholicisme dans la culture française. Comme Huysmans se convertissait, l'état adoptait ses mesures de persécution anticléricales, et d'autres artistes, tel le jeune Claudel, étouffant comme Durtal dans cette France positiviste, maçonnique et affairiste de 1890, retrouvaient l'esprit et la foi. Ces romans de la fin de carrière de Huysmans rendent possibles les grands poèmes et les grands textes théâtraux des années 30.
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Le deuxième roman du cycle de Durtal, un double de l'écrivain, que l'on avait vu dans Là-bas, aux prises avec le monde du satanisme, et déjà animé d'un dégoût de son époque matérialiste.

Nous le retrouvons assistant à un office dans l'Eglise Saint-Sulpice, et dès le début, il nous engage sur son chemin de réflexions et de doutes, sur son mépris d'une pratique religieuse qu'il trouve viciée, et sur sa nostalgie du Moyen-Age, déjà présente dans Là-bas, la peinture des Primitifs, le plein-chant, le dépouillement présumé de cette époque médiévale.
Ses errements dans différentes églises de Paris lui donnent beaucoup de déception, malgré leurs beautés architecturales, devant une liturgie médiocre, un clergé et des paroissiens à la piété de façade.
Sur le plan spirituel, Durtal est déchiré entre son attraction vers le catholicisme et sa vie personnelle qu'il trouve inadéquate et débauchée.
Mais une cérémonie plus sobre et plus sincère à l'église Notre-Dame des Victoires sera une étape dans son chemin, qui lui fera rencontrer l'abbé Grevesin, avec qui il va se lier. Ce dernier l'incitera à faire un séjour à la Trappde Notre-Dame de l'Âtre, séjour qui constitue la seconde partie du roman.
Cette retraite changera profondément Durtal, qui se libèrera progressivement de ses tourments pour trouver la paix intérieure, en s'intégrant à la vie monacale rude et contemplative, en traversant une grave crise de tentation démoniaque, et en ayant des discussions avec plusieurs moines qui vont l'éclairer à la fois sur la religion et sur le sens à donner à sa vie.
Le roman se termine avec un Durtal en route vers Paris, plein d'interrogations sur ce qu'il va faire.

Comme toujours chez Huysmans, il y a la beauté du style et des descriptions, l'érudition magnifique. Mais, je dois avouer que j'ai été moins séduit par ce récit qui correspond à cette période du renouveau du catholicisme de la fin du 19ème siècle. Certes, la démarche du héros qui cherche à se dépouiller de tout ce qui est superflu me parle, mais c'est celle que l'on retrouve aussi dans les philosophies orientales et d'autres.
Mais cette démarche est noyée dans un chemin religieux dont je me sens bien loin, référence à la Vierge Marie, tentations du démon, etc…, toutes ces « bondieuseries », je n'ai pas su y adhérer. Même si je respecte toutes ces croyances, mon adhésion au propos de ce roman est difficile, moi qui suis athée, ou qui pourrais au minimum accepter l'idée d'un Dieu qui soit celui de Spinoza, un Dieu immanent à l'Univers. Et puis, il y a la façon de considérer la femme essentiellement comme une tentatrice, une déconsidération de ce qu'il appelle « le péché de chair », qui m'ont rebuté.

En conclusion, et pour toutes ces raisons, En route me plaît beaucoup moins que A Rebours et Là-bas.
Mais ce n'est que mon ressenti de ce roman pourtant magnifiquement écrit.
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On imagine mal aujourd'hui l'effet que produisit la sortie du long roman de Huysmans. Pour en prendre la mesure, il faut se pencher sur la critique de l'époque, tour à tour élogieuse ou assassine.
Ce livre est à tort, nommé « roman d'une conversion » mais son personnage principal n'a jamais abandonné son attachement profond au catholicisme. Perdu dans le monde, étourdi de plaisirs et de satisfactions d'orgueil (comme nous tous), Durtal parvient au seuil de ses vieux jours et se rend compte qu'il est seul et empli de remords. Ses amis, connus dans le roman « Là-bas », sont décédés et, peu à peu, sombrant dans la dépression, il erre dans Paris à la recherche de plaisirs plus spirituels que seuls peuvent encore lui procurer les chants religieux et la contemplation de quelques églises parisiennes.
Insensiblement, contournant ses craintes d'inconfort et d'introspection radicale, un prêtre plus cultivé et surtout plus fin que la moyenne le pousse à faire une retraite d'une semaine au sein d'une Trappe. Ce séjour déclenchera la catharsis.
Intervention divine pour certains, purge émotionnelle pour d'autres, Durtal sera transformé à jamais.
Mais ce retour de l'enfant prodige ne va pas annihiler pour autant l'esprit critique de Durtal. Beaucoup alors assimilant Huysmans à Durtal, reprocheront à l'écrivain les coups de griffes de son personnage récurent au clergé séculier.

Grand érudit, maîtrisant parfaitement le long fleuve inspiré de la mystique chrétienne, Huysmans ne s'en laisse pas compter et sait reconnaître l'âme baignant en Dieu de celle des tartuffes et dévots (de ville). D'un style époustouflant de maîtrise, de création poétique et parfois aussi de réelle rosserie, Huysmans se délecte avec aisance et pédantisme de la bêtise de son temps. Car l'un de nos plus brillants romanciers que ses contemporains amères qualifièrent d'opportuniste, demeure un esprit d'exception, une intelligence vive douée d'un incroyable acuité.
Paradoxalement, ce retour en religion impulsé par le si "douteux" Huysmans et son livre à succès draina vers l'Eglise bon nombre de chrétiens de surface qui se mirent à réfléchir plus profondément à l'essence même de leur âme. Et cela, le clergé l'accepta sans barguigner.

J'ai eu le plaisir d'enregistrer ce livre pour le site Litteratureaudio.com. Téléchargement MP3 gratuit, sous forme de fichiers séparés ou d'archives groupées ; durée : 12 h 20 min environ.
http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/huysmans-joris-karl-en-route.html
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Michel Houellebecq a remis récemment Joris-Karl Huysmans à la mode avec son roman Soumission. François, le héros de Soumission, vient d'achever une thèse de littérature sur cet auteur de la fin du XIXème siècle et intitulée : « Joris-Karl Huysmans, ou la sortie du tunnel ». Hommage d'un romancier « pessimiste » du début du XXIème siècle, à un autre.
On comprend que Houellebecq s'inscrive dans la filiation littéraire de cet auteur. Huysmans, dans son oeuvre, s'inscrit, comme Houellebecq, en opposition à une France qu'il juge décadente et dont les symptômes seraient le positivisme, l'occultisme (pratiques auxquelles il s'est lui-même livré), la dépravation des moeurs (dont il a été lui-même adepte) et un catholicisme dépourvu de grâce, celui-ci ayant abandonné toute exigence spirituelle et toute ambition artistique inspirante.
« En route » s'inscrit dans cette critique. le héros du livre, Durtal, qui n'est autre que la figure de papier de Huysmans lui-même, déplore dans la première partie cette abdication du catholicisme, alors qu'il ressent lui-même une attirance irrésistible et renouvelée pour la pratique de cette religion. « Comment était-il redevenu catholique, comment en était-il arrivé là ? Et Durtal se répondant : je l'ignore, tout ce que je sais, c'est qu'après avoir été pendant des années incrédule, soudain je crois ».
Mû par une sorte de sérendipité orientée par cette foi renaissante, Durtal fréquente les églises parisiennes qui lui semblent les plus inspirantes et rencontre l'abbé Gévresin. Celui-ci, progressivement le convainc de faire une retraite de quelques jours dans une Trappe de moines dominicains. Après moult hésitations (il met plusieurs dizaines de pages à se décider), Durtal part pour la Trappe. Là, il approfondit sa foi dans la dureté de la vie monacale. Sa confession et sa communion sont les temps forts de cette retraite qui le transforme définitivement, au terme d'une lutte intérieure entre les restes de sa vie d'avant et son aspiration nouvelle. C'est transfiguré qu'il rentre à Paris.
J'ai aimé En route, un livre qui pourtant n'est ni spectaculaire, ni racoleur. On se laisse charmer par des phrases élégantes et par l'immense culture religieuse et artistique de l'auteur. Si la quête spirituelle de Durtal/Huysmans peut paraître toujours d'actualité, ce livre nous plonge aussi dans une autre époque, celle de la fin du XIXème siècle et d'une France en pleine transformation sociale et « sociétale » dirait-on aujourd'hui. Je suis pourtant sorti de ce livre avec un sentiment de tristesse. Certes, Durtal parvient à trouver le chemin de sa vérité. Mais d'un autre côté, le retour à la pratique qu'il vit apparaît comme un bien maigre barrage face au déferlement du matérialisme.
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En Route est le premier volet du triptyque catholique de Huysmans, dont les deux oeuvres suivantes sont la Cathédrale et L'Oblat. La Cathédrale abordant le catholicisme par sa symbolique, ici c'est l'aspect mystique de la foi qui est traité. C'est aussi le versant “blanc” de Là-bas qui était consacré au ténèbres du Spiritisme. On y retrouve le personnage récurant de Durtal.

On reconnaît dans cet écrit, le goût de l'auteur pour le mot rare, les archaïsmes de langues, les néologismes tirés du latin, les champs lexicaux issus du naturalisme. Narré dans une langue de feu, comparable à celle d'un Léon Bloy, ce récit aux forts échos autobiographiques est l'histoire d'un lent et difficile processus menant le protagoniste à faire brièvement retraite dans une abbaye. On saisi aussi ce qui a attiré, principalement, Huysmans vers le catholicisme: goût de l'architecture romane et gothique, amour du plain-chant, prédilection pour l'art des primitifs, c'est-à-dire la foi dans son acception médiévale.

La prose de Huysmans est vraiment un bonheur, elle rend ce livre au sujet qui semble si austère, et qui pourrait n'être qu'un fatras de bondieuseries, relativement intéressant. Ce livre est une somme de connaissances sur le mysticisme religieux, et grâce à l'appareil critique remarquable de l'édition Folio, on se cultive à l'envie...
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Dans le cadre de mon cours de littérature de XIXe, je suis supposée manger, boire et respirer Huysmans depuis le mois de février. En élève un peu paresseuse, j'ai parcouru à toute vitesse "En ménage" et "A rebours", sauté "Là-bas" pour me consacrer au livre sur lequel portera mon examen, qui est "En route".

Les premières pages ont fait mon désespoir. Ainsi donc, j'allais devoir lire 500 pages sur la conversion au Catholicisme d'un homme englué dans la Luxure. J'ai senti que cela allait être fastidieux et j'ai entrepris quelque chose que je ne fais jamais d'ordinaire: j'ai pris des notes à même le roman, pour m'assurer d'y rester attentive : ça a marché et, à vrai dire, j'y ai pris goût!
Certes, c'est lent, on y retrouve le goût de Huysmans pour les passages encyclopédiques à la "A rebours" où il nous assomme d'inventaires de livres mystiques, de chants liturgiques, etc. Mais peu à peu on se laisse gagner par cette expérience de conversion.

J'aurais détesté ce livre si je l'avais entamé dans un autre cadre que celui de mon examen. Mais m'obliger à en comprendre toutes les nuances m'a appris à l'apprécier, à en apprécier les procédés littéraires. Je songe à relire "A rebours", celui de ses romans qui a fait le plus de bruit, pour trouver le trésor que d'autres avant moi y ont déterré et que, dans ma course folle aux lectures obligatoires, j'ai lamentablement loupé. Mais avant-cela, je vais retrouver le héros de "En route", Durtal, dans "Là-bas", qui s'annonce paraît-il fort différent.
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Second volet du roman de Durtal, notre héros, passablement secoué par la perte coup sur coup de deux amis très chers, se retrouve désemparé et erre dans les rues de Paris, à la recherche d'un idéal de vie. Errant d'église en chapelle, Durtal renoue avec le catholicisme après avoir flirté avec le satanisme et l'occultisme. Une rencontre décisive avec un prêtre le fera se tourner vers l'ordre monastique et un séjour chez les moines trappistes le confortera dans ses croyances. Porté par l'écriture grandiose de Huysmans, ce récit, dont le propos est parfois barbant, m'a tout de même enchantée. Je me suis prise à aimer cet homme déchiré entre sa conscience aiguë et sa foi chancelante.
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Pourquoi "En route" et non pas "Divagations érudites sur la civilisation chrétienne et notamment sa musique (ah le plain-chant !, Dieu le plain-chant que c'est important !) à l'occasion du retour à la foi d'un post-aristocrate écrivain lassant et désoeuvré qui met une partie pour se rendre dans un monastère et une autre pour en repartir avec tendresse et nostalgie en y ayant croisé des oblats et des pères profonds et amicaux" ?

Le titre eût été plus adéquat. le texte en tout cas n'est pas dénué d'intérêt, certains passages m'ont même beaucoup touché (notamment les discussions de Durtal avec l'abbé Gévresin) mais que la forme romanesque est ici lourde, superfétatoire, et combien un essai eût été plus simple et plus efficace ! Certes, on gagne bien quelques petites distractions avec la belle poitrine de Florence – une épreuve pédagogique voulue par l'auteur pour nous divertir et nous faire participer à la torture mentale du personnage ? – mais pourquoi un roman ? Nous n'avons pas besoin de Durtal et de ses atermoiements pour parler de messes, d'art sacré, d'architecture chrétienne, de chants ou de rites, il eût même été plus rationnel de structurer son propos en chapitres dédiés à chaque points au lieu de le mêler ici ou là dans le flux de pensée d'un être fictif. Vraiment, le roman peut apporter beaucoup au propos par tout ce qu'il permet de facétie, de liberté, de procédés littéraires, de mensonges qui disent le réel, etc. ici ce genre ne sert à rien.

Ce texte, commencé lors d'une marche en montagne en plein hiver, écouté pendant des mois, péniblement, abandonné cinq ou six fois avant d'arriver jusqu'au bout dans un cerisier à en cueillir ses fruits, aurait sans doute été plus apprécié sous une autre forme.

On règle ce compte en Enfer, Joris-Karl, tu m'as bien saoulé et en même temps ce fut génial et fort.
Lien : http://san3tiago.com/en-rout..
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