Le deuxième roman du cycle de Durtal, un double de l'écrivain, que l'on avait vu dans
Là-bas, aux prises avec le monde du satanisme, et déjà animé d'un dégoût de son époque matérialiste.
Nous le retrouvons assistant à un office dans l'Eglise Saint-Sulpice, et dès le début, il nous engage sur son chemin de réflexions et de doutes, sur son mépris d'une pratique religieuse qu'il trouve viciée, et sur sa nostalgie du Moyen-Age, déjà présente dans
Là-bas, la peinture des Primitifs, le plein-chant, le dépouillement présumé de cette époque médiévale.
Ses errements dans différentes églises de
Paris lui donnent beaucoup de déception, malgré leurs beautés architecturales, devant une liturgie médiocre, un clergé et des paroissiens à la piété de façade.
Sur le plan spirituel, Durtal est déchiré entre son attraction vers le catholicisme et sa vie personnelle qu'il trouve inadéquate et débauchée.
Mais une cérémonie plus sobre et plus sincère à l'église Notre-Dame des Victoires sera une étape dans son chemin, qui lui fera rencontrer l'abbé Grevesin, avec qui il va se lier. Ce dernier l'incitera à faire un séjour à la Trappde Notre-Dame de l'Âtre, séjour qui constitue la seconde partie du roman.
Cette retraite changera profondément Durtal, qui se libèrera progressivement de ses tourments pour trouver la paix intérieure, en s'intégrant à la vie monacale rude et contemplative, en traversant une grave crise de tentation démoniaque, et en ayant des discussions avec plusieurs moines qui vont l'éclairer à la fois sur la religion et sur le sens à donner à sa vie.
Le roman se termine avec un Durtal
en route vers
Paris, plein d'interrogations sur ce qu'il va faire.
Comme toujours chez Huysmans, il y a la beauté du style et des descriptions, l'érudition magnifique. Mais, je dois avouer que j'ai été moins séduit par ce récit qui correspond à cette période du renouveau du catholicisme de la fin du 19ème siècle. Certes, la démarche du héros qui cherche à se dépouiller de tout ce qui est superflu me parle, mais c'est celle que l'on retrouve aussi dans les philosophies orientales et d'autres.
Mais cette démarche est noyée dans un chemin religieux dont je me sens bien loin, référence à la Vierge Marie, tentations du démon, etc…, toutes ces « bondieuseries », je n'ai pas su y adhérer. Même si je respecte toutes ces croyances, mon adhésion au propos de ce roman est difficile, moi qui suis athée, ou qui pourrais au minimum accepter l'idée d'un Dieu qui soit celui de
Spinoza, un Dieu immanent à l'Univers. Et puis, il y a la façon de considérer la femme essentiellement comme une tentatrice, une déconsidération de ce qu'il appelle « le péché de chair », qui m'ont rebuté.
En conclusion, et pour toutes ces raisons,
En route me plaît beaucoup moins que A Rebours et
Là-bas.
Mais ce n'est que mon ressenti de ce roman pourtant magnifiquement écrit.