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Denise-P. Cogny (Éditeur scientifique)Pierre Cogny (Préfacier, etc.)
EAN : 9782868080660
471 pages
Christian Pirot (19/05/1998)
3.68/5   19 notes
Résumé :
Ce dernier volet de la trilogie de la conversion, après«En route»et«La Cathédrale», parut en 1903. En 1901, l'auteur avait fait profession d'oblature à l'abbaye de Ligugé : couronnement d'une évolution spirituelle et temps d'épreuve, une expérience incomparable.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un oblat est un laïc qui "se donne" (selon le latin) à un monastère sans pour autant prononcer les voeux monastiques. Il reste laïc, demeure aux alentours du couvent, mais n'intègre jamais entièrement la communauté. Cette très ancienne pratique a été illustrée par Huysmans lui-même, Claudel et d'autres artistes ou personnalités célèbres, qui voulurent mener une vie chrétienne plus exigeante que dans une paroisse de ville.

Le roman de Huysmans portant ce titre est le quatrième et dernier de la tétralogie dont Durtal est le héros. Après s'être converti, avoir vécu avec son père spirituel à Chartres, le voilà en train de se préparer à l'oblature dans le voisinage d'une abbaye bénédictine de Bourgogne. Il fait sa profession peu de temps avant la série de lois anticléricales qui, en 1901, expulsèrent les moines hors de leurs couvents et hors de France.

Cet ultime roman est moins chargé de digressions que La Cathédrale. Il y en a certes encore beaucoup, surtout sur la liturgie monastique, mais le nombre de personnages augmente, les dialogues renaissent, et le principal défaut de la Cathédrale, le pseudo monologue intérieur exposant tous les détails d'un vitrail ou d'une chapelle, ce défaut est moins flagrant. Du reste, les pages sur Sluter et les sculptures des tombeaux des ducs de Bourgogne sont admirables.

Donc, si Huysmans ne renonce pas à son ambition encyclopédique héritée du Naturalisme, il compose ici un roman plus vivant et plus varié, plus riche en personnages attachants. C'est aussi un beau recueil de réflexions sur le Moyen-Age, l'art chrétien et les conditions de sa renaissance. Le roman pur cède souvent la place à l'essai sur l'art, l'histoire ou l'avenir de la culture, mais reste un roman.

Ce chef-d'oeuvre d'intelligence et de lucidité mérite d'être relu.
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En suivant Durtal, maintenant installé au pied d'un monastère, nous saurons tout sur la vie des oblats de St Benoit, leur règle, leurs prières et dévotions, études et occupations.

Mais aussi tout ou presque … de la culture des plantes selon Strabo, de la manière d'accommoder des graisserons d'oie, de la vie des reclus au Moyen âge, des noces de Cana et des peintres de Dijon… Notre éclectique érudit est intarissable.

Mais ce qui fait vraiment le sel de ce long roman, ce sont de pures pages de poésie mystique. comme cette description de ces moines chantant la nuit au sein glacial de leur abbaye; ce sont les questionnements et incertitudes d'une âme en route vers Dieu, et enfin le contexte historique d'une France qui ne veut plus de ses moines et les contraint à l'exil.

Mon grand-père fut lui-même oblat rattaché à l'abbaye de Sainte-Marie de la Pierre-qui-vire dans l'Yonne, c'est vous dire tout l'intérêt que j'ai pris à cette lecture.

J'ai eu le "long" plaisir d'enregistrer ce livre et vous pourrez l'écouter en suivant le lien ci-dessous :
https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/joris-karl-huysmans-loblat.html
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Dernier volet du Roman de Durtal, L'oblat vient clore un parcours semé d'incertitudes, de doutes et de volte-face chez notre écrivain catholique. En quittant Chartres à la fin de la cathédrale, Durtal se rapproche d'un monastère bénédictin près de Dijon et entreprend son apprentissage vers l'oblature (« pour atteindre à ce résultat, il ne suffit point d'être fidèle à ses devoirs et de communier plus ou moins fréquemment, il faut aussi avoir le goût de la liturgie, le sens du cérémonial, l'amour de la symbolique, l'admiration de l'art religieux et des beaux offices. »). Mais la Loi sur les congrégations adoptée par le gouvernement français en 1904 viendra mettre un terme à son idéal de vie; sa communauté monastique décide de ne pas se plier aux conditions de la loi, plie bagage et s'exile alors en Belgique. Durtal se replie par dépit sur Paris. Ainsi, prend fin mon propre chemin dans cet univers religieux (au-delà de 1200 pages) et je pousse un certain soupir de soulagement. Pourquoi ai-je continué cette lecture après Là-bas? Ce n'est pourtant pas un sujet qui m'attire... mais encore une fois, l'écriture superbe de Huysmans m'a rattrapée...
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L'ouvrage parachève la trilogie dite « mystique » (avec « En route » et « La Cathédrale »), avec une tonalité nettement auto-biographique. En fait Huysmans, converti tardif, ne va pas au-delà du plan théologique ou mystique, s'attardant de surcroît à des considérations esthétiques, la dimension proprement initiatique d'une tradition sacrée (nous sommes avant René Guénon) lui échappant totalement.
Après on ne lit pas Huysmans pour le sujet mais pour l'écriture elle-même. C'est un professeur d'écriture. On lit Huysmans pour apprendre la langue française.
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Mon livre de chevet
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ce n'est point du côté de la science, mais du côté de l'art que l'Ordre de Saint Benoît doit s'orienter, s'il veut conserver l'aloi de son ancien renom ; il faut qu'il recrute des artistes pour rénover l'art religieux qui s'inanime ; il faut qu'il obtienne pour la littérature et pour l'art les résultats qu'ont obtenus Dom Guéranger pour la liturgie et Dom Pothier pour le chant. L'Abbé de Solesmes, lui, l'a bien compris et il a aiguillé, quand il l'a pu, sur cette voie. IL avait parmi ses moines, un architecte de talent ; il le chargea de construire les nouveaux bâtiments du monastère et Dom Mellet a taillé dans le granit un monument admirable de simplesse et de force, la seule oeuvre d'architecture monastique qui ait été créée dans notre temps. Il faudrait maintenant des littérateurs, des statuaires, des peintres ; il faudrait, en un mot, reprendre non la tradition de Saint Maur, mais celle de Cluny ...

ed. Bartillat p. 1062
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Durtal résidait depuis plus de dix-huit mois déjà au Val des Saints. Las de Chartres où il s’était provisoirement fixé, harcelé par des appétences déréglées de cloître, il était parti pour l’abbaye de Solesmes.

Recommandé au supérieur de ce monastère par l’abbé Plomb, un des vicaires de la cathédrale de Chartres, qui connaissait le révérendissime de longue date, il avait été aimablement reçu, était resté, à diverses reprises, plus de quinze jours, dans ce couvent, et il en était toujours revenu plus mal à l’aise, plus incertain qu’avant. Il retrouvait avec allégresse ses vieux amis, l’abbé Gévresin et sa gouvernante, Mme Bavoil, réintégrait avec un soupir de soulagement son logis et le même phénomène se produisait ; il était peu à peu ressaisi par le souvenir de cette existence conventuelle qui s’écartait complètement de celle qu’il avait autrefois vécue à la Trappe.

Ce n’était plus, en effet, la règle de fer des Cisterciens, le silence perpétuel, les jeûnes complets, le maigre ininterrompu, le coucher, tout habillé, dans un dortoir, le lever à deux heures, en pleine nuit, le travail de l’industrie ou le labeur de la terre ; les Bénédictins pouvaient parler, usaient, certains jours, d’aliments gras, couchaient déshabillés, chacun, dans sa cellule, se levaient à quatre heures, se livraient à des travaux intellectuels, besognaient beaucoup plus dans les bibliothèques que dans les comptoirs de marchandises ou dans les champs.

La règle de saint Benoît, si inflexible chez les moines blancs, s’était adoucie chez les moines noirs ; elle s’était aisément pliée aux besoins dissemblables des deux ordres dont le but n’était pas, en effet, le même.

Les trappistes étaient plus spécialement préposés aux œuvres de la mortification et de la pénitence et les Bénédictins, proprement dits, au service divin des louanges ; les uns, avaient, en conséquence, sous l’impulsion de saint Bernard, aggravé la règle dans ce qu’elle a de plus strict et de plus dur ; les autres, au contraire, avaient adopté, en les assouplissant, les dispositions si accortes et si indulgentes qu’elle recèle.
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La Vierge ne mourut, ni de vieillesse, ni de maladie ; elle fut emportée par la véhémence du pur amour ; et son visage fut si calme, si rayonnant, si heureux, qu'on appela son trépas la dormition.
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Ce moine, le P. Paul de Moll aurait été l'un des plus extraordinaires thaumaturges de notre temps. Il guérissait, comme en s'amusant, tous les maux.
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Dans quel état d'abandon et d'anémie se trouve l'Église depuis qu'elle s'est désintéressée de l'art et que l'art s'est retiré d'elle! Elle a perdu son meilleur mode de propagande, son plus sûr moyen de défense.
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