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EAN : 9782844181879
188 pages
La Part Commune (22/10/2009)
4.19/5   26 notes
Résumé :

Sans aucun doute le livre le plus personnel de Léon Bloy, Le Sang du Pauvre est aussi celui dont la maturation  fut la plus longue et la plus sourde. Ce sang du pauvre dont il est ici question n est autre que l argent, transfiguration audacieuse du sang versé par le Rédempteur : « Il est exécrable et adora-ble, symbole flagrant et ruisselant du Christ Sauveur. La force de Bloy est de nous happer dans son imaginaire intuitif... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Sorte d'essai dans lequel l'auteur établit un parallèle entre le sang du pauvre et l'argent. Rédigée un style toujours aussi spectaculaire, cette comparaison est à mon sens heureuse, puisqu'elle permet de se figurer ce que représente l'argent, le sang et la sueur de gens souvent moins fortunés ; cela donne une grande responsabilité à ceux qui en ont beaucoup ... J'en conseille la lecture.
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Le Sang du Pauvre est, dans sa concision même, l'un des plus beaux textes de Léon Bloy, qui écrit à son sujet, le 5 février 1909 : «Ce livre que je porte depuis des années, sort de moi, comme un flot de mon propre sang, si on me perçait le coeur. C'est nouveau, inouï dans toute ma vie d'écrivains. Les deux ou trois auditeurs choisis qui en connaissent les premiers chapitres, s'étonnent, persuadés que j'accomplis l'oeuvre qui me dépasse».
Lien : http://www.juanasensio.com/a..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le riche est une brute inexorable qu'on est forcé d'arrêter avec une faux ou un paquet de mitraille dans le ventre...

Il est intolérable à la raison qu'un homme naisse gorgé de biens et qu'un autre naisse au fond d'un trou à fumier. Le Verbe de Dieu est venu dans une étable, en haine du Monde, les enfants le savent, et tous les sophismes des démons ne changeront rien à ce mystère que la joie du riche a pour subsistance la douleur du pauvre. Quand on ne comprend pas cela, on est un sot pour le temps et pour l'éternité !
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« Grande Dame, dit Christophe Colomb à Isabelle, dans l’Atlantide de Verdaguer, donnez-moi des navires et, l’heure venue, je vous les rendrai avec un monde à la remorque. » Il les obtint, ces petits navires dont on aurait pu garder les débris comme d’impayables trésors, leur bois étant le plus précieux qu’il y eût sur terre, après celui de la Croix du Christ et pour la même raison. Il les obtint, comme on sait, après dix-huit années de supplications dans toutes les contrées de l’Europe et ce fut la mort qu’il apporta au monde indien, dans ses mains ineffablement paternelles.

On lui changea son œuvre dès le premier jour. On fit des ténèbres avec sa lumière et quelles ténèbres ! On se soûla du sang de ces innombrables fils et ce qui restait de ce sang, ce dont les chacals et les chiens du vomissement ne voulaient plus, on le recueillit dans le creux des mains, dans des pelles de mineurs, dans des écopes de bateliers, dans les coupes de la débauche, dans les deux plateaux de la justice prostituée, dans les calices mêmes des saints autels et on l’éclaboussa de la tête aux pieds ! On contraignit cette Colombe amoureuse à piétiner, ainsi qu’un corbeau, dans le pourrissoir des assassinés. L’orgie des avares et des sanguinaires enveloppa la montagne de son sourcilleux esprit comme d’un tourbillon de tempêtes, et ce fut la solitude la plus inouïe sur cet amoncellement de douleurs !

Christophe Colomb avait demandé qu’aucun Espagnol ne pût aborder aux terres nouvelles, à moins qu’il ne fut certainement chrétien, alléguant le but véritable de cette entreprise, qui était « l’accroissement et la gloire de la religion chrétienne ». On vida pour lui les prisons et les galères. Ce furent des escrocs, des parjures, des faussaires, des voleurs, des proxénètes et des assassins qu’on chargea de porter aux Indes l’exemple des vertus chrétiennes. Lui-même fut accusé de tous les crimes et la hideuse crapule qu’on lui envoyait fut admise a témoigner contre cet angélique Pasteur qui voulait défendre son troupeau, et dont le principal forfait avait été d’attenter à la liberté du pillage et de l’égorgement.

Il fut enfin dépossédé, exproprié de sa mission et, pendant plusieurs années, put assister, lié et impuissant, à la destruction de son œuvre. Ses illégitimes et cupides successeurs remplacèrent aussitôt la Paternité par l’Ergastule et l’évangélisation pacifique par le cruel système des repartimientos, qui fut l’arrêt de mort de ces peuples infortunés.
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— Un homme va mourir pour nous de la plus infâme des morts. Cet homme est un voleur et un assassin, comme chacun de nous. La seule différence entre nous et lui, c’est qu’il s’est laissé prendre, n’étant pas un hypocrite et que, portant ostensiblement ses crimes, il est moins abominable. C’est en ce sens qu’il va expier pour nous et c’est parce que j’ai mission de vous annoncer la Parole de Dieu que je vous en avertis. Je sais bien que ce langage vous étonne et qu’il vous révolte. Je voudrais qu’il vous fît peur. Vous vous croyez innocents parce que vous n’avez coupé la gorge à personne, jusqu’à ce jour, je veux le croire ; parce que vous n’avez pas fracturé la porte d’autrui ni escaladé son mur pour le dépouiller ; parce qu’enfin vous n’avez pas transgressé trop visiblement les lois humaines. Vous êtes si grossiers, si charnels, que vous ne concevez pas les crimes qu’on ne peut pas voir. Mais je vous dis, mon très-cher frère, que vous êtes une plante et que cet assassin est votre fleur. Cela vous sera montré au Jugement d’une manière plus que terrible. Sans le savoir et sans le vouloir, chacun de nous confie son trésor d’iniquités et de turpitudes cachées à un homicide, comme un avare peureux confie son argent à un spéculateur téméraire, et, quand la guillotine fonctionne, les deux têtes tombent ensemble ! Nous sommes tous des décapités !
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Car voici l’horreur des horreurs : le travail des enfants, la misère des tout petits exploitée par l’industrie productrice de la richesse ! Et cela dans tous les pays. Jésus avait dit : « Laissez-les venir à moi ». Les riches disent : « Envoyez-les à l’usine, à l’atelier, dans les endroits les plus sombres et les plus mortels de nos enfers. Les efforts de leurs faibles bras ajouteront quelque chose à notre opulence. »

On voit de ces pauvres enfants qu’un souffle renverserait, fournir un travail de plus de trente heures par semaine et ces travailleurs-là, ô Dieu vengeur ! se comptent par centaines de mille. Pour qu’il soit dit que la religion n’est pas oubliée, les ateliers de petites filles, ignorés du Dante, sont souvent dirigés par des religieuses, vierges consacrées, aussi sèches que les sarments du Démon, et qui savent les bonnes méthodes pour le rendement…
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Je me suis demandé souvent quelle pouvait être la différence entre la charité de tant de chrétiens et la méchanceté des démons.

( Bloy apostrophe le prêtre qui s'emporte contre des condamnés à mort)
— Regarde donc à tes pieds, bavard mécanique ; sans clairvoyance ni charité. Si tu le peux encore, aveugle conducteur d’aveugles, regarde ce troupeau à canailles qui t’écoute et qui jouit de l’absolution que tu lui donnes, en flétrissant de ta bouche d’autres canailles plus évidentes et moins respectueuses des lois de l’argent. Tu n’es peut-être pas un bandit toi-même et, pourtant, vois ce que tu fais. Ces têtes qu’on va couper et pour lesquelles ton Dieu a souffert autant que pour la tienne, tu en promets, tu en donnes d’avance le sang à boire à des animaux féroces.

Vois cette dévote à museau de crocodile dont la gueule de médisance a dévoré vingt réputations ; vois cette pénitente à figure d’hyène affamée, cramponnée à tous les confessionnaux, ouvrière d’épouvante et provocatrice de malheur, qui travaille, dix heures par jour, à se confectionner un cilice avec de la corde de pendu ; et cette autre, mangeuse d’innocences et mangeuse d’eucharistie, qui n’a pas d’égale pour flairer les cœurs en putréfaction. Vois cette propriétaire, soularde et omnipotente, mais précieuse et sans couture, qui se pourlèche en songeant à l’agonie des locataires malheureux qui s’exterminent pour son estomac de vautour femelle et pour son boyau culier. Vois ces rangs de mouflons et de tapirs, ces fanons, ces crêtes, ces caroncules de commerçants estimables et recueillis. Mais surtout — oh ! je t’en prie — vois ces vierges de bourgeois, ces jeunes filles du monde aspirant au ciel, dont l’âme blanche est pleine de chiffres et de marchandises restées pour compte jusqu’à ce jour. Élevées avec une attention méticuleuse par leurs parents alignés et immobiles derrière elles, — comme des barriques sur le quai d’un entrepôt — elles n’ont plus rien à apprendre du côté de la pureté ni du côté de l’arithmétique. Il ne leur manque vraiment que du sang à boire, du sang humain de première marque et c’est précisément ce que tu leur donnes.
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Videos de Léon Bloy (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Léon Bloy
http://le-semaphore.blogspot.fr/2015/.... Le 29 novembre 2015 - pour l'émission “Les Racines du ciel” (diffusée tous les dimanches sur France Culture) -, Leili Anvar s'entretenait avec François Angelier, producteur de “Mauvais genres” à France Culture, chroniqueur au Monde, auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels on peut citer le “Dictionnaire Jules Verne” (Pygmalion, 2006) et le “Dictionnaire des voyageurs et explorateurs occidentaux” (Pygmalion, 2011). Il vient de publier “Bloy ou la fureur du juste” (Points, 2015), essai dans lequel il revient sur la trajectoire de Léon Bloy, qui ne cessa, entre la défaite de 1870 et la Première Guerre mondiale, de clamer la gloire du Christ pauvre et de harceler sans trêve la médiocrité convenue de la société bourgeoise, ses élites et sa culture. Catholique absolu, disciple de Barbey d'Aurevilly, frère spirituel d'Hello et de Huysmans, dévot de la Notre-Dame en larmes apparue à La Salette, hanté par la Fin des temps et l'avènement de l'Esprit saint, Léon Bloy, écrivain et pamphlétaire, théologien de l'histoire, fut un paria des Lettres, un « mystique de la douleur » et le plus furieux invocateur de la justice au coeur d'une époque dont il dénonça la misère sociale, l'hypocrisie bien-pensante et l'antisémitisme. Bloy ou le feu roulant de la charité, une voix plus que présente - nécessaire. Photographie : François Angelier - Photo : C. Abramowitz / Radio France. François Angelier est aussi l'auteur de l'essai intitulé “Léon devant les canons” qui introduit “Dans les ténèbres”, livre écrit par Léon Bloy au soir de sa vie et réédité par Jérôme Millon éditeur.
Invité : François Angelier, producteur de l’émission « Mauvais Genres » à France Culture, spécialiste de littérature populaire
Thèmes : Idées| Religion| Leili Anvar| Catholicisme| Mystique| Douleur| Littérature| François Angelier| Léon Bloy
Source : France Culture
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