Quel personnage cette Olivia ! Manipulée dans sa jeunesse par sa mère, plutôt que de devenir architecte, elle a décidé de bosser dans une fonderie. Mise à la porte par son petit ami, elle apprend que sa tante Agot décédée brusquement lui lègue sa maison en Islande.
Lors des obsèques, elle tombe amoureuse de Bé,elle-même mariée à une femme. Nos deux héroïnes se rendront donc ensemble en Islande.
Plus que cette histoire d'amour, toute en délicatesse et ellipses, c'est le personnage d'Olivia, en chemin vers sa liberté et le style de l'auteure qui ont su emporter mon enthousiasme. Alternant différents registres de langue, utilisant des mots tantôt anciens, tantôt peu usités (bravo au traducteur !), "J'étais sémillante, badine et rigolarde, un rien déclenchait mon hilarité, et mon rire était imprudent comme celui d'un enfant après une crise de larmes "Mona Hovring a aussi le goût des métaphores, ce qui ne gâte rien !
Une découverte réjouissante !
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Chère Olivia,
Lorsque les colons venus de Norvège se sont installés en Islande, ils avaient emporté des chevaux et des moutons. Les premiers étaient destinés au transport et au travail, les seconds à la nourriture et à la laine. Sans cette laine, les Islandais seraient morts de froid. Les moutons islandais passent leur été en liberté dans les alpages, ils se nourrissent de cette herbe et de ces plantes des montagnes qui donnent à leur viande un goût si particulier. Quant à leur laine, elle permet de résister à toutes les intempéries: les fibres extérieures sont longues, lustrées et imperméables, tandis que celles de l'intérieur sont douces, fines et protègent du froid. Je n'ai jamais vu d'aussi jolis moutons qu'en Islande. Pendant nos promenades et randonnées, alors que le vent implacable se dressait sur la lande et dans l'herbe d'un vert chimique, nous sommes souvent passées devant ces créatures à la toison luxuriante. Si je devrais parler de la beauté du monde à la femme que j'aime, je lui parlerais alors du mouton islandais.
Bé
Notre relation semblait plongée dans une espèce de brouillard, contenir une part de réticence et de réserve, et pourtant nous étions indubitablement possédées l’une par l’autre.
Je m’ingénie à avoir le moins de désirs possibles ; souvent, les désirs ne contiennent que de la peine et du languissamment dans leur traîne.
J’avais l’impression qu’être heureuse ou pas n’avait pas la moindre importance, j’avais de toute façon les mêmes traits, les mêmes gestes.
Tu sais quoi ? Il n’y a rien de plus important dans ce monde que de trouver quelqu’un qui élimine le malaise d’être seul.
Les Éditions Noir sur Blanc