Être une femme passe par le langage. Être tout court d'ailleurs.
Luce Irigaray démonte un par un les automatismes de formulation, les mécanismes d'énonciation, les clichés, les lieux communs qui, nous empêchant de formuler avec justesse notre identité intime, nous en éloignent. Savons-nous qui nous sommes quand, sans cesse, nous nous exprimons avec les mots et les concepts qui nous précèdent ? Elle nous encourage à revenir à la source. C'est une remise en cause de toutes les définitions, mais surtout une découverte des mots qui émerveillent, renouvellent, appréhendent notre désir d'être au monde comme s'il nous apparaissait pour la première fois.
Elle nous invite à envisager notre corps, notre jouissance, notre sexualité hors des modèles théorisés par le plaisir masculin d'où découle toute une bonne partie de la psychanalyse. Dérangeons l'ordre des croyances en commençant par bousculer le langage puisque "la femme n'existe pas de ce que le langage - un langage - règne en maître". (p.87)
Peut-on "parler femme" et comment ?
Cet essai (poétique par ailleurs) publié en 1977 est toujours très actuel, même si de nombreuses autrices s'expriment depuis avec leur rythme et leurs mots, portées par l'énergie de celles qui depuis
Sappho et au-delà ont fait trembler les certitudes.