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EAN : 9782375021446
316 pages
Editions Paulsen (07/04/2022)
4.09/5   16 notes
Résumé :
Sur une île sauvage au nom énigmatique, où aucun homme n'a posé le pied depuis près d'un demi-siècle, une catastrophe s'est produite. Une hécatombe brutale et inattendue. Pour enquêter, une expédition scientifique s'est rendue sur place.

L'île aux Cochons, perdue au sud de l'océan Indien, est observée pour la première fois en 1772. Terrain de chasse des phoquiers et des baleiniers au XIXe siècle, elle a été quasiment oubliée au siècle suivant. En 1982... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
N°1856 – Avril 2024.

Le mystère de l'île aux Cochons- Michel Izard – Paulsen.

Le titre suggère un roman policier et pourtant il n'en est rien et une énigme demeure... Ce petit coin de France au nom étrange, perdu au milieu de l'océan indien qui se décline en un chapelets d'îles désolées, inhospitalières et glacées, sans habitants permanents autres que des scientifiques en transit et des milliers de manchots royaux qui posent problème. On a constaté que cette communauté animale, jadis la plus importante au monde, avait perdu plus de 90 % de sa population. Telle est l'objet de cette expédition scientifique de cinq jours en terres australes dans des conditions spartiates, de ces investigations d‘une poignée de scientifiques. En sa qualité de grand reporter, Michel Izard, accompagné de Bertrand Lachat cameraman, couvrira l'évènement.
C'est un compte rendu de voyage, entrecoupé d'extraits de journaux de bord et de récits d'autres navigateurs historiques ou anonymes, marins cartographes et découvreurs, amoureux des voyages au long cours ou cupides chasseurs de baleines ou d'éléphants de mer, qui ont exploré ces contrées désolées et y ont parfois fait naufrage. On ne peut pas ne pas évoquer Baudelaire « Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent pour partir, coeurs légers semblables aux ballons, de leur fatalité jamais ils ne s'écartent, et sans savoir pourquoi, ils disent toujours Allons ! » Ce voyage est raconté par le menu, rencontres et découvertes improbables, compte rendu de séjour, d'explorations et de prélèvements, avec heureusement des cartes et des photos pour permettre au lecteur de s'y retrouver dans ces terres australes.
Le livre se savoure non seulement à cause des descriptions précises, des images, avec un grand souci du détail et de précisions techniques, poétiques parfois, mais aussi de sa riche documentation historique et des témoignages de journaux de bord des navigateurs qui tissent l'histoire pourtant maigre de ces lieux où l'homme est absent et presque intrus. C'est que ces îles du Grand Sud fascinent par leur nom nom même qui évoque les 40° rugissants, les écueils, les tempêtes, les paysages solitaires, juste peuplés d'une faune sauvage, d'une maigre flore, de paysages volcaniques et dépouillés. Avec lui on voyage dans l'espace et dans le temps et on ne peut pas ne pas évoquer Baudelaire, à cause sans doute de l'albatros mythique mais aussi tout simplement le voyage lui-même qui transforme un être banal en marin, le temps d'une campagne de pêche ou d'un périple au long cours, à la suite d'Alvaro Mutis ou de Bernard Giraudeau. le dépaysement est assuré, même si cette île n'encourage pas vraiment le tourisme mais ces paysages répondent souvent à un rêve de gosse « Pour l'enfant amoureux de cartes et d'estampes, l'univers n'a d'égal que son vaste appétit ». Quand il quitte l'île Michel Izard a une drôle d'impression, celle de l'abandonner ou pire peut-être d'y abandonner quelque chose de lui-même tant la magie du lieu, ajouté au mystère qui entoure ces côtes désolées continue d'exercer son étrange pouvoir.

Je ne suis qu'un modeste téléspectateur de TF1 mais j'apprécie toujours les reportages de Michel Izard. C'est d'abord une voix, à la fois posée et économe en mots mais pas en émotions et les chroniques qu'il nous propose n'ont rien à voir avec la façon journalistique traditionnelle de ses confrères. Avec lui, même si le sujet est banal, et il l'est rarement, le spectateur entre à sa suite dans un monde différent, poétique et parfois un peu mystérieux qui se révèle au fil des mots et des images, avec cette envie de nous faire voir les choses sous un jour différent et qui outrepasse la réalité du quotidien. C'est toujours un plaisir que je partage avec lui, une émotion qui sans cela n'eut jamais été ressentie ni même révélée.


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Que peut bien raconter comme un histoire un livre qui se passe sur une île nommée L'île aux Cochons ? Qui plus est dans l'archipel Crozet ?
Et bien Michel Izard (II), dans ce second livre, nous plonge dans une véritable enquête suite à l'énigmatique diminution de la plus grande colonie de Manchots Royaux au monde.
Dans cet ouvrage, tout comme dans le premier, j'ai été bercé par les flots pour se rendre vers ces mers et ces îles aux noms d'Hommes de mers du 18ième et du 19ième siècles, j'ai été secoué et transi de froid dans les eaux des 40ième parallèles et au-delà, je me suis émerveillé devant ces lieux ô combien austère pour nous humain, mais ô combien vital pour nombres d'espèces animales. En alternant d'une magnifique écriture l'expédition qu'il a vécu et les expéditions passées, entre réalité du 21ième siècle et récits historiques, entre émerveillement des navigateurs et besognes immondes des chasseurs de phoques et baleines, l'auteur m'a vraiment conquis ! J'ai véritablement eu l'impression de vivre cette expédition avec les six scientifiques et les deux journalistes.
Honnêtement, je ne peux que dire du bien de cette oeuvre. Michel Izard fait parti des auteurs qui racontent superbement ces endroits du globe encore dangereux et difficiles de nos jours, et qui, par leurs mots, me font rêver.
Je ne peux que vous pousser à lire ce livre, et à voguer vers l'archipel Crozet pour y vivre une aventure faite de rencontres fortes et de drames terribles.
Et si vous avez l'occasion, au détour d'un salon littéraire, de croiser l'auteur, c'est avec une grande gentillesse qu'il dédicacera ce livre, comme il l'a fait pour le mien.
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C'est à une enquête passionnante et vivifiante que nous invite Michel Izard.

« L'île aux Cochons, terre perdue dans la solitude de cet immense espace maritime, aperçue par hasard, exploitée en secret, oubliée puis sanctuarisée, est un peu la quintessence de ce monde étranger, de cette autre planète sur notre planète, en lisière de l'Antarctique. »

Avril 2018, des photos aériennes font état de la disparition massive et brutale de 90% de la colonie de manchots royaux de l'île. La dernière estimation en 1982 avait permis de l'estimer à environ un million d'individus, soit la plus grande colonie au monde.

Une mission scientifique est mise en place pour déterminer les causes de ce déclin brutal. le journaliste Michel Izard accompagne cette expédition exceptionnelle, personne n'ayant mis les pieds sur l'île depuis 1982. Ils seront huit à y passer cinq jours afin de collecter le maximum d'indices et de données scientifiques pour tenter d'expliquer cette hécatombe.

L'immersion dans ces contrées sauvages, âpres et isolées est totale. Des oiseaux par millions, manchots royaux, grands albatros, pétrels géants, prions de Salvin, ajoutent au mystère de cette île qui semblent parfois presque irréelle. de nombreux détails scientifiques viennent émailler le texte avec à-propos sans en alourdir la lecture.

La légende de cette île est aussi liée à son histoire. Longtemps restée cachée des hommes, elle s'est aussi souvent dérobée à eux. le récit des tragiques naufrages qu'elle a connus ajoute au côté mythique de l'archipel Crozet.

Un moment de lecture hors du temps.
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J'ai découvert ce mystère par l'intermédiaire de la radio, Michel Izard étant invité ce jour là. j'ai été tellement intéressée et séduite par le personnage que j'ai commandé le livre a mon libraire préféré. Et ma lecture achevée, je ne suis pas déçue. Loin de là. Je suis une amoureuse de la nature et ai toujours été émue par les pingouins et autres manchots. Alors ces animaux décrits avec délicatesse, affection, humour m'ont encore plus touchés jusqu'à être bouleversée par le dernier chapitre. Une aventure humaine et scientifique passionnante décrite avec simplicité, précision et style. Un exemple réussite.
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Michel Izard est un très bon narrateur et il le prouve avec ce livre. J'avais été captivée par le documentaire du même nom. le livre ajoute plus de détails "humains", de ressentis que ne le fait le documentaire. On ressent vraiment l'intensité avec laquelle cette équipe vit ce moment unique.

J'ai parfois décroché avec le côté historique, il y a une alternance entre le présent et le passé que je n'ai pas trouvé toujours utile au récit. Il était intéressant d'apprendre comment les îles avaient été trouvées et quelle utilité elles ont eu, mais certains faits et dialogues m'ont parus être du remplissage plus que de la vraie information, détournant le sujet du livre par moment.

Mon impression globale est tout de même très bonne, j'aime beaucoup la plume de Michel Izard et j'ai vraiment été accrochée au livre jusqu'à la dernière page pour connaître enfin le mystère de l'île aux Cochons...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Cédric range la menue monnaie de plastique dans sa poche. La pollution parvient à toucher les endroits les plus isolés. Les albatros de l'île aux Cochons ne portent plus à leurs cous les messages de naufragés désespérés qui lancent un appel au secours. Leur message, aujourd'hui, est un cri d'alarme. Danger pour la nature. Danger pour la planète. Le jeune albatros nous regarde. Et nous regarde encore. Nous allons bientôt partir, nous aussi.
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Le bruit de l'hélicoptère couvre sa voix. Un vrombissement nous arrache à Cochons. L'espace d'un instant, un kilomètre, quelques secondes, pour passer d'un monde à l'autre.
Les poignées de main vigoureuses qui m'accueillent sur le Marion Dufresne, les premiers mots échangés sur le pont réveillent l'émotion qui était tapie au fond de moi, comme un chat de Cochons prêt à bondir sur un prion de Salvin. Je regarde ma tête de loup de mer flapi dans le miroir de notre cabinet de toilette, nez rougi, visage bruni, grandes rides, poches sous les yeux, cheveux aplatis par le bonnet avec des pointes jail- lissant par touffes comme le duvet rebelle d'un poussin en fin de mue. Je ne veux pas me laver. Je voudrais rester dans cet état pour ne pas revenir encore, pour garder sur moi la peau de l'île aux Cochons, cette légère couche qui m'enveloppe depuis cinq jours, si légère comparée à la crasse des phoquiers, je ne veux pas l'enlever, je ne veux pas reprendre une vie normale. Et pourtant, le bateau sur lequel nous sommes remontés est lui aussi un monde à part, si différent de la normalité de nos vies.
Le Marion a repris sa route. L'île s'éloigne. J'ai l'impression de l'abandonner, ou plutôt d'y abandonner quelque chose, comme si j'y avais oublié, cela m'arrive souvent, un sac, un vêtement, un carnet. Un bout de moi.
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Notre reine a maintenant maigri de trois kilos. La mue s'achève. Les vieilles plumes sont toutes tombées ou presque. Quelques touffes rebelles résistent sur le crâne et sur le jabot, comme les îles d'un archipel que le vent balaiera. Elle redrescent par le chemin avec les autres, en file indienne; elle rejoint les "glandeurs" qui ont fait de la promenade indécise un art de vivre, puis, après quelques jours de cette déamlabulation méditative, elle retournera dans les vagues, libérée de tout appareil, hors de toute surveillance. Elle nagera vers le nord en laissant derrière elle, en suspension, comme une pluie qui ne tomberait pas, sur fond de mornes et de nuages, semées dans la lumière du soir, legère dans la pourpre de l'air, l'escadrille duveteuse et tournoyant de son plumage qui, longtemps après son départ, continuera de flotter, là-bas, loin de tout, loin de nous, sur les rivages de l'île aux Cochons.
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« C’est toujours triste de terminer une mission aussi intense. Toujours triste de quitter un lieu aussi fort que celui-ci. On a encore la chance d’avoir des îles avec une telle naturalité.un territoire français qui plus est. On se doit de le protéger. Ne serait-ce que par respect pour cette beauté.
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C'est loin parce que c'est différent. Les critères de la vie en société ne s'y appliquent pas. L'homme est un intrus. L'homme n'existe pas.
Nous étions au bord du monde, et même de l'autre côté, dans un autre monde.
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