Un Christian Jack plus intéressant que le dernier livre lu,
la femme d'or.
Certes, cette fois le scénario n'est pas tiré de l'imagination de l'auteur, mais d'un ancien conte, le plus vieux "bestseller" de l'humanité.
L'auteur a su transposer ce conte pour le rendre accessible au plus large public possible de notre 21ème siècle.
Les personnages sont d'emblée intéressants, plus "accessibles" je trouve que dans
la femme d'or. Plus humains. J'ai immédiatement apprécié Sinouhé, Roud ou Chémès, ainsi que Séchat. Plus tard, je me suis prise d'affection pour timon et même Amounenchi tant je comprenais leurs motivations. de plus, l'idée d'utiliser dans ses derniers romans des figures quasi conceptuelles tant ils ne représentent qu'un type de personnage ("Le Vieux", "l'âne"...) ne me dérange pas au contraire, j'apprécie ces clins d'oeil, devenus marque de fabrique de l'auteur, du moment qu'ils n'empiètent pas trop sur l'histoire.
L'histoire racontée, le rythme, la structure m'ont également empêchée de m'endormir à un horaire convenable. J'avais hâte de connaître l'identité des antagonistes même si je me doutais de l'un d'entre eux (l'auteur use hélas d'un cliché pour décrire les personnages peu reluisants, et se trahit par ce simple détail ;
Pourquoi la gourmandise et l'embonpoint sont autant de signes négatifs ? ).
Cependant, je suis déçue que toutes ces années passées "chez l'ennemi" n'ont jamais remis en cause la perception de Sinouhé sur ces Bédouins.
le jeune homme a rencontré des personnes qu'il apprécie et qui l'apprécient en retour, des gens qui ont pris soin de lui, il a formé des soldats qui l'admirent, il s'est marié, a eu des enfants, et même s'il précise qu'il ne ressent rien pour eux, difficile de concevoir s'il se moque à ce point de savoir qu'il va libérer l'armée égyptienne sur eux à la fin du récit.... Cela enlève une part d'humanité au personnage principal, en plus de priver le récit d'un nouvel enjeu, un dilemme, qui aurait tout à fait été justifié.
Reste une belle aventure, une longue enquête, un récit qui comme toujours fait la part belle aux Égyptiens sans jamais remettre en question les fondements de leur société (même s'il s'agit d'aller massacrer des villages).