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4,07

sur 198 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est avec beaucoup d'émotion que je me prépare à rédiger ma chronique sur ce livre. J'ai le coeur serré et les mots qui se bousculent dans ma tête. Mais il faut que je parle de cette biographie romancée qui m'a arraché quelques larmes, sinon je ne pourrai pas passer à une autre lecture.

Comme le titre l'indique quelqu'un a tué Vincent van Gogh, contrairement à ce qu'on a cru pendant 120 ans.
C'est le livre biographique Van Gogh : The life écrit par les américains Steven Naifeh et Gregory White Smith en 2011 qui tire cette conclusion. C'est de cette biographie que Marianne Jaeglé a été inspirée. Elle a rassemblé tout le matériel nécessaire, les correspondances du peintre avec son frère Théo, les lettres de Paul Gauguin et plusieurs autres informations. C'est un travail de recherche extraordinaire, une véritable oeuvre d'art.

Avec une belle écriture poétique, Marianne Jaeglé retrace les deux dernières années de la vie de Vincent van Gogh. le peintre mal aimé, nous apparaît avec toute sa sensibilité et sa passion pour la peinture. Impossible de ne pas être touché par cette personnalité hors du commun qui n'a jamais fait de mal à personne.
C'est rare qu'un livre me touche autant. Je lis depuis toujours, j'ai aimé plusieurs bouquins, mais côté sensibilité, je compterai désormais trois oeuvres : Notre dame de Paris de Victor Hugo durant mon adolescence , ‘Les pêcheurs' de Chigozie Obioma, lu l'année dernière et "Vincent qu'on assassine".
Encore un coup de coeur, un de plus…
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Nous suivons Van Gogh dans son parcours sinueux depuis Arles jusqu'à Auvers-sur-Oise.
A Arles, il repeint une maison abandonnée qui devient "la Maison Jaune". Il voudrait la transformer en école du Midi. Paul Gauguin vient le rejoindre mais ils sont tellement différents que la relation s'envenime vite. Paul semble plus solide, très écrasant.
Vincent est hypersensible, confronté aux moqueries des gamins du coin.
Ses originalités sont mal perçues. Il peint avec frénésie des peintures qui, on le sait maintenant deviendront des chefs d'oeuvres.
Pris d'une crise de désespoir, Vincent se tranche l'oreille. Il passera quelques temps dans un asile à Saint-Rémy financièrement couvert par Théo qui vide un héritage pour faire vivre son frère.
Il arrive ensuite à Auvers-sur-Oise où il sera suivi par le docteur Gachet et finira ses jours atteint par le tir d'une arme. La sienne ou celle d'un fils de bourgeois qui l'avait pris pour cible.? Le doute plane...Jean-Michel Guenassia l'avait déjà sous entendu dans son livre magnifique "La valse des arbres et du ciel".
Marianne Jaeglé nous livre un roman qui part à la rencontre du peintre, de l'homme blessé dans son âme, honteux de ne pas pouvoir subvenir à ses besoins. Son écriture est magnifique et les ambiances sont décrites de façon à ce qu'on se retrouve dans le décor du livre.
Après avoir lu "La valse des arbres et du ciel", "La veuve des Van Gogh" et celui-ci, j'ai trouvé que de nombreux évènements se recoupaient comme le lien très fort entre les deux frères, la sympathie naissante entre Johanna, la belle-soeur et Vincent. Le plus imaginatif des trois livres que j'ai lus est celui de Jean-Michel Guenassia mais, après tout un roman n'est pas obligé de respecter les faits à la lettre. le plus respectueux de la nature du peintre est celui de Marianne Jaeglé et "La veuve des Van Gogh" amène un vent de renouveau après la mort des deux frères.
Je sais qu'il existe d'autres oeuvres sur Vincent van Gogh mais je crois que je vais m'arrêter ici pour mes lectures à son sujet.
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Le dernier roman de Jean-Michel Guenassia qui mettait en scène les dernières semaines de Vincent van Gogh à Auvers sur Oise m'a appris le travail , les recherches de deux historiens américains, remettant en cause la légende du suicide de cet artiste. Légende entretenue par tous, dont le
fameux "bon Docteur Gachet"... et ceci dure plus de 120 ans... Alors qu'en réalité il fut tué...

La lecture du roman de J.M. Guenassia m'a incitée à aller plus avant ; c'est ainsi que j'ai choisi la lecture du roman de Marianne Jaeglé, que je lis pour la toute première fois, et avec infiniment de plaisir !

L'écrivain a une écriture fluide, poétique, pleine de sensibilité et d'empathie envers cet artiste-peintre, écorché vif, ayant vécu son art comme un sacerdoce, tour à tour "bonheur et ultime souffrance"
Marianne Jaeglé, s'est également inspirée des investigations des deux historiens, Steven Naifeh et Gregory White Smith. Elle met en scène les trois unités de lieux : Arles, St Rémy de Provence et Auvers-sur-Oise

Elle explique dans un interview ses supports et la documentation utilisés pour ce roman: les célèbres lettres, bien sûr, de van Gogh à son frère Théo,qu'elle connaissait depuis fort longtemps, mais également d'autres correspondances, dont celle de Gauguin, Emile Bernard, et un ouvrage des
plus détaillés et précieux sur la période très riche bien que des plus éprouvantes , vécue à Arles entre Van Gogh et Paul Gauguin, cet "Atelier du midi" commun , tant rêvé par Vincent !!
[" Van Gogh et Gauguin, L'Atelier du midi"de Douglas W. Druick et Peter Kort Zegers, Gallimard, 2002]

En dehors de son cadet , Théo, ayant compris d'instinct le talent et l'originalité de son frère, Van Gogh, sa vie durant, vécut une traversée du désert, une incompréhension tenace de ses contemporains, et même des autres artistes, dont Paul Gauguin, l'ami qu'il admire et aime tant , et méprise les toiles trop vite bâclées, trop "émotionnelles"...à son goût!!

Le destin de van Gogh, nous le connaissons tous... mais le livre de Marianne Jaeglé réussit un tour de force en écrivant avec poésie et finesse les questionnements, le regard unique , l'amour viscéral de van Gogh pour sa peinture...ce décalage avec les autres, dont il souffre tant, qu'il essaye pourtant de réduire, tant qu'il peut, sans succès, jamais !!.
Un idéaliste qui ne rêvait que de fraternité, de partages avec d'autres peintres, d'autres artistes, cet atelier communautaire , qu'il a tout fait pour concrétiser...

Cette complicité et affection exclusives entre Théo et Van Gogh... nous les "revisitons" avec moult émotion... grâce aux lignes de Marianne Jaeglé. Théo n'aurait pas été aussi constant dans la certitude du talent de son frère... nous n'aurions sans doute pas eu la chance, le bonheur, de connaître, admirer les oeuvres de Vincent, encouragé moralement et financièrement par un Théo, seul dans son indéfectible appréciation de la peinture de Vincent, toujours, fidèle et tenace et espérant que l'on reconnaisse enfin le talent de Vincent...

"La vie sans son aîné, sans ce grand rêve de peinture et d'avenir que celui-ci portait pour eux deux lui fait horreur. Comment Théo fera-t-il pour y croire encore ? Où trouvera-t-il encore le courage de vendre des tableaux dénués de grâce, faits par des peintres qu'il n'estime pas ?
Où puisera-t-il la force de dialoguer avec ceux qui n'ont pas su reconnaître le talent de son frère ?" (p. 301)

Un roman bouleversant, à l'écriture des plus prenantes...J'ai adoré cette lecture. Je regarderaisûrement très vite du côté des ateliers d'écriture qu'anime Marianne Jaeglé [cf "Ecrire, de la page blanche à la publication" , édition Scrineo, 2014]

"Tu es trop jeune pour le savoir, ajoute-t-il à voix basse: un peintre peint non seulement avec de la couleur mais aussi de l'abnégation et des renoncements à soi et le coeur brisé" (p. 232)

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"En plein air, exposé au vent, au soleil, à la curiosité des gens, on travaille comme on peut, répond Vincent. On remplit sa toile à la diable. Alors pourtant, on attrape le vrai et l'essentiel : le plus difficile c'est ça."

Alors là…! je me suis trouvée embarquée dès les premières lignes. Une écriture pleine, fine, vive, qui plonge le lecteur dans les dernières années de la vie Vincent. Je n'arrive plus à le voir comme Vincent van Gogh. C'était Vincent, et Théo aussi. Les frères maudits et le frère fantôme. Tous étaient réincarnés. Ce roman possède une rare puissance. J'étais en immersion et il me fallait, lorsque je le lâchais, un petit temps pour revenir à ma réalité, parce que j'étais avec lui, dans sa tête. Vincent. Pas une once de méchanceté, une folle admiration pour Gauguin et si coupable vis-à-vis de Théo. J'avançais dans les champs en plein été du côté d'Arles au début -elle était belle cette maison jaune- puis je vins à Auvers. Je savais pourtant qu'il ne fallait pas y aller, moins de soleil, moins de vie. Ca allait se finir avec le livre. J'ai même pensé m'arrêter avant la fin. Oh pas beaucoup, dix ou vingt pages… en fonction. Pour ne pas être à ses côtés, dans sa chambre, dans sa souffrance. Et puis l'écriture me tenait. Tellement personnelle, on ressent, on voit, on est avec Vincent. C'était assez incroyable d'y être, et très souvent c'était difficile. J'ai adoré !

"C'est la peinture qui a voulu de moi, la peinture et personne d'autre.
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de la maison jaune d'Arles, (qui a bien changé en plus d'un siècle, mais qu'on peut encore bien reconnaître ) en passant par Saint- Rémy, pour finir à Auvers-sur-Oise, nous suivons, au quotidien, les dernières années de la vie de Vincent, un être humble, pathétique, illuminé par le soleil de la Camargue, captivé, chaviré par le bleu du ciel provençal , passionné, obsédé par le besoin de peindre sans relâche, prolifique à en perdre la raison, voulant partagé cette beauté avec son ami Paul, tourmenté d'être à la charge de son frère Théo . Un homme raillé, incompris, malheureux, inquiet, La plume empathique de Marianne Jaeglé qui raconte ces deux ans, permet de mieux comprendre les tourments poignants de van Gogh et surtout de croire à une autre hypothèse que la version officielle, celle du suicide.
Je retrouve dans ces pages l'atmosphère des lieux évoqués que je connais bien s'agissant d'Arles et de Saint-Rémy, une invitation à mettre mes pas dans ceux de Vincent en faisant un détour par le musée Angladon-Dubrujeaud à Avignon, qui abrite le seul tableau de van Gogh en Provence – Wagons de chemin de fer – 1888- dans notre région
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Ma première rencontre avec l'oeuvre de Vincent van Gogh remonte à l'année 1964, dans ce petit musée proche de la ville natale de Vincent, à Nuenen, grâce au sculpteur Pierre de Grauw, et aux étudiants des beaux arts de Paris.

Le village de Nuenen montre ce qui a façonné la production de l'artiste, c'est dans cette région brabançonne qu'il a suivi ses premières leçons de dessin et produit un quart de son oeuvre.

Cette réalité loin de la flamboyance de ses futures peintures d' Arles, m'avait sidérée par les scènes sombres et poignantes montrant des mangeurs de patates ou de vieilles paysannes, des laboureurs, cette glaise devait inspirer toute son oeuvre, et irriguer sa perception de la nature et de la vie, cette humanité allait coller littéralement à chaque coup de ses pinceaux.

Mon livre de référence, écrit par Charles Estienne et publié en 1953, décrit un peintre devenu fou, Van Gogh se suicide à cause d'une volée de corbeaux, ( idem chez Frank Elgard Amsterdam 1994) .

Le livre de Marianne Jaeglé est d'une bien plus grande finesse, pour nous initier par étapes à la vision de Vincent, à sa cohérence sa force et son abnégation, à l'explosion des couleurs qui l'habitaient.
Son livre charnel, sensuel, ardent nous dit, et nous fait lire le ressenti palpable des émotions du peintre, "Etre la pulsation de l'herbe qui croit, de la fleur qui s'épanouit, habiter les volutes des nuages, le crissement des cigales, le cuir fatigué des chaussures.p177"

Toute sa sensibilité est encore dans cette phrase  "Il lui faut habituer son corps à une peau, à une odeur, à une voix, à la proximité d'une autre chair, à sa chaleur. Il a besoin de temps...Il lui faut des caresses, des baisers, être rassuré de l'attention qu'on lui porte, sans quoi son corps ne peut pas. Il lui faut pouvoir s'abandonner à la douceur, à la confiance..."
P47

Est-ce alors un malade mental ou un peintre génial ?

La lumière est enfin porté sur les médecins dont la mission est de protéger, comprendre, accompagner Van Gogh. Ils ont failli, et plus encore méprisé. le bon docteur Gachet laissant pourrir des toiles à l'humidité et malgré les remarques avisées de Vincent. L'excuse dégradante aux lèvres fuse pourtant, il avait mieux à faire, "soigner mon jardin."

On est frappé par la légèreté des médecins, Félix de Rey ou Gachet, c'est si simpliste si peu cohérent d'invoquer la folie, face à un homme si complexe si novateur.

Avec le docteur Félix Rey une étape de plus est franchit, dans le mépris, et la vulgarité, quand il demande qu'on répare son poulailler avec un portrait de van Gogh. Lui qui ne voit dans le portrait qu'une mascarade, ne supporte pas ce que dit son visage, "Il regarde stupéfait la moustache qui vrille, l'oeil coquin, les lèvres charnues."

Ils ont non seulement humilié leur malade, mais détourné la fougue du peintre et son inspiration en une folie qu'il fallait corriger, soigner, c'est l'inepte et invraisemblable comportement de ceux qui devait sauver. N'est ce pas la fatigue et le surmenage qui mène Vincent au bord du burn-out non la folie, .
L'artiste est hyper sensible et dans le cas de Vincent il se double d'une hyper activité, qui est un étonnement pour le jeune Hirschig, Théo lui même n'a pas les clés pour comprendre son frère, lui même englué dans un situation qui le dépasse.

Quand l'article d' Albert Aurier sort dans le Mercure de France , c'est la stupeur voir l'impression d'un canular. Personne n'y croit!
"Ce qui caractérise son oeuvre, c'est l'excès, l'excès en la force, l'excès en la nervosité la violence en l'expression"...p 188 citation à lire.

Vincent peut-il entendre ces louanges ?

Non car un jour,
"Un an jour pour jour après la naissance du 1er enfant, Vincent est nommé exactement du prénom de son frère aîné,... Lui n'a jamais fait autre chose que tenter de le remplacer. Et tous les dimanches il y avait la rituelle promenade au cimetière.
Voilà pourquoi il est promis à l'errance, et l'échec quoi qu'il fasse."
P 174

L'absence du regard d'une mère, de son amour est insurmontable.

La voix d'Annie Ernaux me vient aux paupières, celle qui remplaça une soeur jamais nommée.
Vincent manque de bluff, d'aplomb, de feu sacré en lui même, il perçoit que Paul se moque de lui, alors qu' il partait avec les tournesols, sans complexe il réalise une copie de son tableau du « fauteuil aux tournesols » qui sera ensuite salué par Albert Aurier.

L'intelligence de Marianne Jaglée est de nous faire partager ses éblouissements, sur les godillots de cuir comme sur les tournesols, où les paysages d'Arles (la Nuit étoilée ).

Vincent aura peint une oeuvre immense en 15 mois, 200 tableaux, et les chefs d'oeuvre de l'art du XX ème, certains soulignent ses hallucinations, d'autres y voient l'expression tourmentée de l'âme humaine, et la prééminence de la couleur.

Je vais saluer comme les autres chroniques un livre lumineux, qui parle au coeur, qui cherche notre empathie, puis notre enthousiasme pour les peintures de Vincent.
L'écriture poétique est d'une belle sensibilité, un enchantement.
Un coup au coeur, oui.


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Alors que l'automne prend sa place, et que les tournesols laissent place aux fleurs de saison, je vous présente aujourd'hui Vincent qu'on assassine, biographie romancée du célèbre peintre à l'oreille cassée...

On le sait, Vincent van Gogh s'est donné la mort. Pourtant, on comprend qu'il n'en est rien: Vincent, le peintre incompris, est victime de la société. Une société qui ne l'accepte pas. Des détracteurs qui le blessent au plus haut point. Quelle est donc cette personnalité si atypique que celle du peintre des tournesols ?

Quel coup de coeur ! On ne peut ressentir que de fortes émotions à la lecture de ce roman. On découvre un autre Van Gogh, un homme sensible, écrasé par les forts caractères. A la fin du livre, on regarde les tableaux du grand peintre différemment... Et on veut en savoir plus sur cet homme si célèbre, que l'on connaît si mal !
Lien : https://hipelos.home.blog/20..
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Et si Van Gogh ne s'était pas suicidé ? Si la légende construite autour de son dernier jour était fausse ?

En s'inspirant des conclusions des historiens Naifeh et White Smith, Marianne Jaeglé retrace les deux dernières années de la vie de van Gogh, depuis son installation à Arles, à la recherche d'une lumière qui n'avait jamais été rendue sur la toile, de son internement à Saint-Remy de Provence jusqu'au jour de sa mort en juillet 1890.
Le lecteur partage tout avec le peintre : ses doutes, ses disputes avec Gauguin, les violences et moqueries lancées par les Arlésiens, son amour pour Théo et ses espoirs.
.
Que s'est-il passé à Auvers-sur-Oise ? Et si la réalité n'avait rien en commun avec le récit du dernier jour de van Gogh retenu par L Histoire et participant à la construction du mythe de l'artiste maudit ?
Le suicide n'a pas eu lieu et Vincent van Gogh est mort dans un stupide accident mettant en scène deux bourgeois parisiens. Voici ce que Marianne Jaeglé nous raconte dans ce roman très bien documenté.
.
Le récit des deux dernières années du peintre est passionnant, l'écriture de l'autrice est très belle et le lecteur en apprend beaucoup sur le travail et la conception de l'art de van Gogh. Ce roman se dévore et ce fut un coup de coeur pour moi.
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Grande admiratrice de van Gogh, j'ai lu récemment le dernier roman de Jean-Michel Guenassia La valse des arbres et du ciel qui donne une version romancée des deux derniers mois de la vie de van Gogh.

Deux historiens américains, Steven Naifeh et Gregory White Smith, auteurs d'une nouvelle biographie sur le peintre, "Van Gogh : the Life", remettent en cause la thèse du suicide de van Gogh. Jean-Michel Guenassia développe dans son roman une hypothèse sur la mort de van Gogh.

Nicole du blog Motspourmots a récemment lu Vincent qu'on assassine, un roman sur la fin de la vie du peintre. Quand elle m'a proposé de faire une lecture croisée de ces deux romans, je n'ai pas hésité une seconde. Nous avons échangé nos livres et publions nos chroniques respectives le même jour.
Une expérience originale et très agréable pour marquer la publication de mon 300ème article sur mon blog!

Dans un récit chronologique Marianne Jaéglé relate les deux dernières années de la vie du peintre.

Ses relations avec Paul Gauguin sont au centre de la première partie du récit qui débute à Arles en 1888 avec l'installation de van Gogh dans "la Maison Jaune".
Il invite Paul Gauguin à le rejoindre pour réduire ses frais, vaincre sa solitude et dans l'espoir de créer à terme une communauté d'artistes. Contrairement à Van Gogh, Gauguin commence à être connu. Théo, le frère de Vincent, marchand d'art, fournit une rente mensuelle aux deux peintres.
Rapidement des tensions apparaissent entre les deux hommes, alors que Van Gogh voue une admiration sans borne à Gauguin, celui-ci est très vite exaspéré par ce peintre exalté au comportement extravagant, illuminé... Des divergences artistiques voient aussi le jour, Gauguin reproche à van Gogh de se contenter de recopier le réel, alors que lui-même s'emploie à le récréer dans une approche plus moderne selon lui.

Ensuite Gauguin quitte Arles, l'état de van Gogh s'aggrave, il souffre d'hallucinations, se taillade l'oreille et doit être interné à St Rémy de Provence.

La troisième partie correspond aux derniers mois de van Gogh à Auvers-sur-Oise à partir de mai 1890 (période sur laquelle Jean-Michel Guenassia s'est centré) lorsque l'artiste quitte l'hôpital pour être pris en charge par le Dr Gachet, spécialiste des maladies nerveuses et amateur de peinture.

Ce récit nous montre un Van Gogh extrêmement touchant qui se sent "exclu, isolé, rejeté", qui souffre terriblement de solitude, qui aimerait pouvoir de parler de son travail avec d'autres artistes. Sa dépendance par rapport à Gauguin est particulièrement émouvante. Ce texte nous fait découvrir la personnalité de van Gogh mais nous plonge aussi vraiment dans sa vie quotidienne, dans son processus de création artistique, on se sent vraiment dans ses pas.

La personnalité de Théo van Gogh est également très bien restituée ainsi que le lien qui unit les deux frères. Vincent ressent beaucoup de culpabilité d'avoir déçu sa famille, d'être encore à la charge de son frère et éprouve un profond sentiment d'échec.

J'ai aimé lire ce livre en faisant en parallèle des recherches sur internet sur les multiples tableaux évoqués, le fauteuil de Gauguin, les portraits de la famille Roulin, le tableau de Gauguin représentant Van Gogh peignant des tournesols...

Suivre Vincent durant les deux dernières années de sa vie, découvrir la personnalité des deux frères Van Gogh, le lien qui les unit, les liens entre Van Gogh et Gauguin, ressentir le rejet social dont Vincent a fait l'objet sont les atouts majeurs de ce roman captivant et très bien documenté. L'écriture très fluide rend la lecture très agréable.

J'ai simplement regretté que l'auteur n'étaye pas son propos en insérant des extraits de la correspondance entre les deux frères comme l'a fait Jean-Michel Guenassia, il ne me reste plus qu'à les lire maintenant...

Marianne Jaéglé reprend la thèse énoncée par les deux historiens américains, bien différente de celle de Guenassia qui décrit un homme en apparence guéri et capable d'entretenir une relation amoureuse, mais ne peut-on pas conclure que c'est la société qui a assassiné Vincent van Gogh en le rejetant complètement?

J'ai trouvé ce roman passionnant et très consistant. Je déplore qu'on en ait si peu parlé.


Merci à Nicole pour cette proposition de lecture croisée et à Delphine pour avoir inventé le concept !
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Fin juillet 1890. Vincent van Gogh agonise dans sa petite chambre de l'auberge Ravoux, à Auvers-sur-Oise, d'une balle dans le ventre. On conclura à un suicide. Mais rien n'est moins sûr, il pourrait bien s'agir d'un assassinat. C'est la thèse que défend l'auteur, qui revient sur les derniers mois de la vie du peintre, depuis son séjour à Arles et ses tentatives de créer un groupe d'artistes, son admiration pour Gaughin, jusqu'à son internement puis son arrivée à Auvers. Marianne Jaeglé évoque aussi l'enfance de van Gogh, le traumatisme initial de la perte de son frère aîné dont il porte le même prénom et que ses parents emmenaient régulièrement fleurir la tombe, sa foi, ses relations avec son frère Théo, sa terrible solitude et sa frénésie de peindre le monde tel qu'il le voyait, dans un beau récit lumineux et fluide.
Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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