J'étais sans doute encore sous l'impression positive d'un petit voyage récent dans le Somerset ésotérique, quand j'ai choisi de recevoir pour le critiquer ici, le roman policier de Dame
Phyllis Dorothy James, parmi la sélection des ouvrages de l'opération Masse Critique.
Je n'ai pas totalement regretté mon choix impulsif (la couverture ?), mais je n'ai pas non plus été vraiment séduite par le dernier opus de l'une des majestés du polar britiche. C'est un honnête gros roman policier de facture très Christienne (genre
Agatha Christie), à lire dans
le train ou en cas d'intempéries lors de vacances plutôt celtiques que méditerranéennes.
D'ailleurs je m'étais trompée, c'est le Dorset, pas le Somerset. Même si il y a pour le décor, un alignement druidique, des cottages humides, un vieux manoir qui sert de clinique de chirurgie esthétique pour londoniennes hypes, et des nuits glacées et glaçantes, sans lune.
Comme dans les romans de Lady Agatha, il y a un enquêteur récurrent qui va réunir les suspects pour les interroger dans un lieu clos, jusqu'au dénouement, au bout de 441 pages. C'est Adam Dalgliesh. Mais bon, à part la poésie, il n'a aucun vice caché, Adam, et pas beaucoup de soucis. Sa future et superbe jeune femme, professeur à Cambridge, ne parviendra jamais à le détourner complètement de son devoir, et il ne mettra pas très longtemps à démêler brillamment et courageusement l'intrigue gigogne, le premier crime en amenant un second, puis un troisième...
Si vous aimez
Stieg Larsson,
Fred Vargas ou
Jean-Cristophe Grangé, vous serez peut-être déçus. Ou
Simenon, pareil. Mais il demeure néanmoins un charme désuet et bon-chic-bon-genre dans cette histoire de mort esthétique, qui pourra plaire, et en fera certainement un bon scénario pour un téléfilm, si c'est la BBC qui le tourne.
Je voudrais tout de même parler de la traduction. A différents endroits il a fallu que je relise plusieurs fois la même phrase pour être sûre de ne pas faire d'erreur d'interprétation. Impression étrange, car il ne s'agit pas d'une oeuvre littéraire, on s'en doute.
J'ai même relevé assez vite une petite erreur de scénario. Au début du roman, lors d'un déjeuner au restaurant, Rhoda Gradwyn (la premiere victime) se fait décrire les occupants du manoir où elle va subir une intervention, par son ami Robin (la seconde victime) qui est un parent des anciens propriétaires et qui connait bien les lieux. Il lui parle d'une employée, Sharon Bateman.
Page 41 :
"J'allais oublier une fille bizarre qu'ils ont trouvée je ne sais où, Sharon Bateman, elle fait des bricoles à la cuisine et travaille un peu pour Miss Cressett. Elle passe son temps à entrer et sortir chargée de plateaux. Je pense avoir fait le tour."
Plus tard lorsqu'elle se rend pour la première fois au manoir, c'est justement Sharon qui accueille Rhoda.
Page 80 :
"elle dit : "Je vous ai monté votre thé, Madame. Je suis Sharon Bateman, j'aide à la cuisine."
Page 82 :
"Sharon quitta la pièce. Elle n'avait jamais vu cette jeune fille ni entendu parler d'elle "
L'erreur n'est certes pas imputable à la traductrice-adaptatrice, mais il est dommage que le tir n'ait pas pu être corrigé, au moins pour la version française.
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