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EAN : 9782226389541
180 pages
Albin Michel (30/03/2016)
3.47/5   53 notes
Résumé :

Une petite fille perdue. Une femme qui a fait le mauvais choix. Un commissaire désabusé et romantique. Une institutrice en colère. Une gloire des médias au parcours inattendu. Une mère et son fils dont la rencontre a scellé des liens d'autant plus solides que leurs passés furent chancelants.

Autant de vies en apparence si banales... jusqu'à ce que l'écriture d'Anaïs Jeanneret en dévoile les subtils décalages et entrelacs : cette part du hasar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Au début, j'ai pensé qu'il s'agissait de nouvelles et très rapidement , les liens entre les chapitres se sont révélés. J'ai compris que les personnages allaient se rejoindre dans une seule et même histoire, une belle histoire de discrétion, de pudeur, d'amour. Cela dans une écriture toute simple, jolie, sans fioritures. J'ai regretté que la fin soit un peu trop évidente.
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Autant vous avertir d'emblée : la construction très originale de ce roman demande une lecture attentive et peut-être est-il préférable de le lire d'une traite pour que les éléments de ce puzzle viennent parfaitement s'emboîter. Sans quoi vous risquez de vous perdre dans les histoires et les personnages. Ajoutons que la plume alerte et le joli style d'Anaïs Jeanneret vous rendront la lecture très agréable, même si ce n'est qu'à la fin du roman que le puzzle dévoilera l'image d'ensemble.
D'emblée, on est pris par le récit de cet enfant coincé sous l'armoire d'une salle de classe et qui tente de suivre la leçon : «Je découvre les élèves de ma cachette. Leur façon de s'agiter et leurs voix me suffisent pour imaginer leurs visages. On entend mieux quand on ne voit pas.» Comme la maîtresse qui finit par découvrir la petite fille, le lecteur ne sait pas qui elle est, comment elle est arrivée là, quel sera son avenir.
Le chapitre suivant ne lèvera pas davantage le voile, car un autre récit commence. Voici le parcours d'Emma qui se demande comment elle est passée à côté de la vie dont elle rêvait. Son premier amour étant parti au service militaire, elle a accepté d'accompagner ses parents à l'île Maurice pour y fêter le réveillon de ses vingt ans. C'est là qu'elle tombe sous le charme de Laurent. Un mois plus tard, est enceinte. «À partir de là, je n'avais plus rien maîtrisé. Ma vie avait été une succession d'erreurs et de renoncements. Ma seule certitude était que je n'étais pas amoureuse de Laurent. (…) Par fierté, j'avais persisté dans mon fourvoiement. Un mauvais aiguillage est si facile. Il suffit d'un moment d'égarement.»
Les jumeaux Victor et Louis naissent presque au même moment ou Laurent devient avocat. Emma s'efface derrière la carrière de son mari et s'occupe de ses enfants, mais sa frustration va croître au fil des enfants jusqu'au jour où le divorce lui semble inéluctable. «Victor venait de s'installer avec sa fiancée. Louis espérait être engagé dans l'entreprise lilloise où il effectuait son stage. Ainsi, je m'étais retrouvée pour la première fois seule chez moi.» Prête pour de nouvelles aventures…
C'est sur une plage bretonne qu'elle va croiser Manuel : «Il a surgi de l'océan, du vide, de la lumière du large que je percevais à travers mes paupières closes. Il a surgi du passé, de ma préhistoire.» Mais n'est-il pas trop tard pour entamer une nouvelle liaison ?
Entre temps, Manuel est devenu commissaire de police. Il est chargé de l'affaire Alice, cette petite fille prénommée ainsi par la maîtresse qui l'a découverte dans sa classe. Les liens entre les différentes histoires commencent à se tisser.
Anaïs Jeanneret nous propose alors de revenir sur le parcours de la maîtresse. Eloïse Jinkerson a maintenant 43 ans. Elle est seule, mais a trouvé un peu de sérénité après une relation difficile avec un écrivain. Mais était-elle amoureuse de l'écrivain ou de son oeuvre ? Et lui, était-il sous le charme de la jeune fille ou éprouvait-il le besoin d'avoir une admiratrice à portée de main? Toujours est-il que le temps ne va pas tarder à user le couple. «Le jour où il n'a plus vu en moi qu'une contrainte, qu'un frein à ses désirs de liberté, il m'a quittée. Je n'ai éprouvé aucune surprise. La douleur n'en a été que plus vive.» Puis les années ont passé, jusqu'à ce jour où Alice est entrée dans sa vie.
Je vous laisse découvrir comment David Alejandro, sa mère adoptive et sa grand-mère viendront compléter le puzzle jusqu'aux révélations finales. Et si Nos vies insoupçonnées n'étaient pas avant tout des liens insoupçonnés ? Et si les liens du sang n'étaient somme toute pas aussi forts que ceux que l'on choisit de construire avec une fille ou un fils que l'on adopte ? «J'ai six ans et demi. Je m'appelle Alice Jinkerson. Je sais que ce n'est pas mon vrai nom. Mais qu'est-ce que ça peut faire. Quand je suis triste, je me le répète plusieurs fois. Chaque syllabe sonne dans ma tête, et cette musique me rend légère. Alors je peux vaincre les ombres.»
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Des histoires sous formes de nouvelles qui s'imbriquent les unes aux autres pour nous montrer les vies parfois difficiles des personnages mais où jailli l'espoir à chaque fois.
Mélancolique et beau, j'ai passé un bon moment de lecture.
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Pour écrire une critique pertinente, il vaut mieux disposer d'arguments objectifs, au pire d'arguments subjectifs pour dire pourquoi on a aimé ou pas un livre. Nos vies insoupçonnées d'Anaïs Jeanneret me prend un peu dépourvu au moment d'en parler.
J'ai aimé sans aucun doute, mais peut-être pas littérairement parlant. Je crois plutôt que je me sentais bien dans ce livre ; il est agréable à lire, les personnages sont plutôt sympathiques, on n'en sait ni trop ni trop peu sur eux. C'est un peu quand on rencontre une personne juste une fois et qu'on apprécie sa présence sans connaître le reste de sa vie. C'est un roman doux, tendre, un roman-duvet, un roman "spécial cocooning", un roman caressant. Et puis, j'avoue que je me suis un peu identifiée à Héloïse, l'institutrice rousse qui prend en affection la petite fille abandonnée. Faiblesse de lectrice ...
Ce roman est presque trop court comme une nuit avec de beaux rêves, on aimerait rester sous la couette pour imaginer tous ces destins se croiser encore et encore ... bien gentiment.
Lisez-le, c'est comme une tisane : si ça ne fait pas de bien, ça ne fait pas de mal !
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Roman dont je n'avais pas entendu parler mais que j'ai découvert dans les nouveautés proposées à la bibliothèque : La couverture et la quatrième de couverture m'ont convaincue de l'emprunter !
La construction du roman n'est pas linéaire puisqu'on suit tour à tour différents personnages dont les histoires semblent indépendantes les unes des autres : une petite fille étrangère perdue dans une école, une femme qui réalise ses erreurs et décide de changer de vie en quittant son mari, une institutrice, un commissaire, une journaliste-vedette en fin de carrière, une directrice d'école et son fils adoptif…on découvre l'univers de chacun, sa personnalité, ses choix de vie…et toutes les histoires finissent par s'imbriquer très habilement à la fin en faisant découvrir au lecteur ce qui relie ces différentes personnes.
J'ai aimé cette trame originale et je me suis retrouvé dans pas mal des portraits faits : je pense que c'est là la force de ce livre : les personnages présentés sont tellement différents les uns des autres que chaque lecteur pourra se retrouver dans au moins l'un d'entre-eux ! C'est une lecture agréable et distrayante.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Lorsque j’observe les passants ou ceux qui lézardent comme moi à la terrasse des cafés, je leur imagine un destin. Je trouve à chacun son histoire. Car chacun est un héros. Tous ont connu l’émerveillement d’une rencontre, le chagrin auquel on pense ne pas survivre. Tous ont aimé et ont été aimés. Ce vieillard qui avance à petits pas, plié en deux, a autrefois étreint de jeunes beautés et fait tourner les têtes. Ceux-là viennent de se rencontrer et n’osent rien que des sourires. Leur histoire commence à peine. Pour d’autres, la fin semble déjà scellée. Certains cherchent la paix au milieu de la foule anonyme quand d’autres espèrent briser leur solitude. Cette femme trop maquillée attend un inconnu dont elle ne connaît que la photo postée sur le site de rencontre par lequel ils ont engagé une relation virtuelle. Parfois nos regards se croisent. Alors, je sais qu’un même sang nous parcourt, que nous formons un tout. Nous sommes d’infinies particules reliées les unes aux autres, agglomérées malgré nous dans une force qui nous dépasse. Jeunes ou vieux, hommes ou femmes, heureux ou malheureux, cela ne fait aucune différence. Nos existences sont chahutées, nos destins se ressemblent et s’entremêlent dans notre quête du bonheur. Parfois, nous le frôlons. Par instants, nous l’atteignons. Mais à chaque seconde, cet espoir nous porte vers le jour suivant.
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Soudain, j’ai eu une impression de courant d’air derrière moi. Je me suis retournée. Elle était en haut des marches. Nos regards se sont croisés, puis elle a aussitôt disparu dans l’escalier. Elle ne dira rien. Elle avait les yeux vides comme si elle venait de croiser par hasard son reflet dans un miroir. Moi, chaque fois que je repense à elle, très pâle avec de grands cernes et les veines bleues sous sa peau, ma gorge se noue. Elle a l’air si triste. On voit qu’elle n’a plus l’envie ni la force de prendre soin d’elle, et ses joues ont sûrement un goût de sel. C’est sans doute pour ça que les autres ne lui parlent pas. Personne n’aime sentir le malheur. Je ne connais ni son prénom ni le son de sa voix. Je l’appelle l’Ombre.
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J’avais vingt ans. Et déjà mes premiers trous de mémoire.
Effacer les plus beaux souvenirs reste le plus sûr moyen de se mentir, de renier ses convictions et ses désirs. Dans ce domaine, celui de l’oubli et de la fuite en avant, j’ai excellé.
Un mois plus tard, j’étais enceinte. A partir de là, je n’avais plus rien maîtrisé. Ma vie avait été une succession d’erreurs et de renoncements. Ma seule certitude était que je n’étais pas amoureuse de Laurent. Mais j’avais considéré ma trahison envers l’homme qui occupait mon cœur comme suffisamment impardonnable pour la rendre irréversible. Par fierté, j’avis persisté dans mon fourvoiement. Un mauvais aiguillage est si facile. Il suffit d’un moment d’égarement. [..]Je n’ai aucune excuse. Mon mari, mes enfants, personne n’est responsable à part moi. J’ai construit ma prison toute seule. Le temps a passé. J’ai parfois imaginé ma fuite. Je suis restée. Je me suis trompée de vie.
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Il ne veut pas écouter Emma. Il veut la quitter à l’instant, sans entendre une parole de plus. Il veut seulement garder cette douce sensation d’une plongée dans le passé qui ne mène nulle part, mais qui ravive la mémoire et fait se sentir plus vivant. Il veut préserver ce qui peut l’être encore. Bien sûr, il sait ce qu’elle va dire. Il l’a su à la seconde où il est entré dans le restaurant et l’a aperçue. C’est absurde, mais il éprouve de la culpabilité. Il a attendu Emma si longtemps qu’il a l’impression de la trahir. Aimer comme il l’a aimée donne des responsabilités. D’ailleurs, lui aussi a œuvré pour leur échec, puisqu’à l’époque lointaine de leur jeunesse, il n’avait pas su la retenir. Il n’avait pas su lui faire sentir l’évidence impérieuse de leur passion, le bonheur qui s’offrait à eux. Pourtant, il ne peut plus rien. Il envisage de se jeter sur elle, de l’embrasser à pleine bouche, juste pour la faire taire. Mais il ne peut pas empêcher le flux de mots. Elle s’élance. Et c’est comme un bras menaçant qui s’abat sur lui :
- Je t’ai aimé. Je ne suis pas sûre de te l’avoir assez dit. On est tellement inconsistant à vingt ans. Si tu savais comme j’ai regretté. J’ai souvent pensé partir à ta recherche, en espérant que tu pourrais me pardonner. Mais la vie a passé…
Que peut-il dire ? Il se sent mortifié. Il devrait la prendre dans ses bras et l’enlacer comme autrefois. Si seulement elle lui avait parlé quelques jours plus tôt. Hier même. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, il est trop tard. Il lui caresse la joue comme on le fait avec un enfant. Elle s’avance vers lui. Il la serre un instant, puis s’écarte. Ce qui occupe alors son esprit, c’est un regard vert comme le jade, un regard furieux et impérial. C’est une constellation de tâches de rousseur. C’est une rage face à l’injustice et à la cruauté du monde qui le remplit d’impatience et de curiosité. C’est cette beauté rousse qui a déboulé dans sa vie il y a à peine quelques heures, accompagnée d’une fillette perdue et tremblante. C’est l’image qui s’impose violemment à lui.
Celle d’une autre femme.
Il est presque minuit. Ce soir, il s’est produit une chose incroyable : il a cessé d’aimer Emma.
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Les enfants rient, le soleil nous réveille, et le printemps revient toujours. c'est l'aventure humaine. Ailleurs, il y a bien pire. Il y a d'autres chagrins, d'autres drames, d'autres arrachements bien plus terribles. Il n'empêche. Cela fait un mal de chien.
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Vidéo de Anaïs Jeanneret
Anais Jeanneret lit un extrait de son livre "La solitude d'un soir d'été" (Ed. Albin Michel 2013).
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