AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,43

sur 609 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'art français de la guerre m'apparaît comme la somme de plusieurs livres. J'ai l'impression que l'auteur a voulu montrer l'étendue de ses possibilités littéraires. Il y a les chapitres nommés romans dans lesquels il fait preuve d'une grande force narrative dans la description des scènes de guerres, les épisodes que vivent ses personnages sont haletants, les combats, les ambiances lourdes, les peurs, les interrogations, les atrocités sont parfaitement rendus. Dans les chapitres nommés commentaires, il entraîne le lecteur à la réflexion, notamment sur l'incidence des guerres, coloniales, que la France a conduites dans les années 50, et le racisme lattant qui règne dans la France actuelle. Puis il y a de superbes passages sur la peinture à l'encre de chine, et sur la passion amoureuse, celle du narrateur pour une rencontre, et celle du personnage Victorien Salagnon pour Eurydice sa compagne. le premier chapitre commentaire, surprend par les propos du narrateur sur son rôle, qui paraissent un peu légers, ensuite on est emporté par les plongées dans l'apocalypse des attaques de résistants, des combats dans la jungle indochinoise, et des interrogatoires dans les caves de la villa mauresque à Alger. Après les immersions dans l'horreur auprès des hommes qui exercent l'art français de la guerre, l'initiation du narrateur à la peinture à l'encre apporte aux lecteurs des bouffés d'air salutaires. Les contrastes, sont la trouvaille qui fait la beauté du livre, contraste entre la violence de la guerre et la sérénité de l'art, mais également contraste entre les moments de tension fulgurante et d'autres de grande sagesse, contraste également entre une écriture régulièrement très efficace, et quelques approximations. Pour un premier roman publié c'est une réussite.
Commenter  J’apprécie          20
Le problème avec L'art français de la guerre, c'est que c'est un essai lâche car camouflé en roman. (Peut-être un modèle de l'art de la guérilla intellectuelle.)

Certes, cette forme romanesque dont … < … la suite sur mon site personnel >
Lien : http://antoastu.com/art-fran..
Commenter  J’apprécie          20
Bien qu'il me fut impossible de dépasser la 100ème page de ce livre, j'y ai lu beaucoup de belles choses, mais je pense qu'un tri aurait dû être fait de la part de l'auteur.

Je pense que j'essaierai de le finir dans quelques temps, car j'ai vraiment beaucoup aimé ce que j'ai entrevu dans les idées et le style de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          20
Aurais-je lu ce livre s'il n'avait été le Goncourt de cette année. Sans doute pas et j'aurais eu tord car malgré la difficulté le roman livre quelques éclairages intelligents sur l'incapacité française à vivre ensemble, et l'hypothèse de la guerre de 20 ans me semble être de ceux là. Cependant, les traits de Jenni (facile !) sont enfouis dans une histoire qui nous embrouille, des tas de choses y sont racontées qui n'ont pas toujours de lien évident. le romancier un jeune lyonnais un peu paumé va rencontrer Victor Salagnon dans un café, de leur amitié naîtra une sorte de contrat, Victor va lui apprendre à peindre à l'encre et lui en échange devra écrire l'histoire de sa vie. Celle d'un jeune résistant pendant la guerre de 40, d'un militaire pendant les guerres coloniales mais aussi d'un dessinateur de talent qui va conserver son esprit critique malgré ou grâce à son fusil sur l'épaule.
Commenter  J’apprécie          20
Une très belle écriture qui se prête très bien à la lecture à haute voix.

Ce roman mêle culture, réflexions (dérangeantes pour certains thèmes comme la colonisation, l'intégration, l'extrême droite) et humour .

Loin du roman de pur divertissement, "L'art fançais de la guerre" est tout de même un roman d'aventure avec des personnages attachants dont les péripéties viennent animer et illustrer les réflexions du narrateur.

Pas accessible à tous mais un livre vraiment marquant. Je lirai le prochain Alexis Jenni.
Commenter  J’apprécie          20
L'art français de la guerre/Alexis Jenni/Goncourt 2011
« Nos soldats : des stipendiaires assoiffés de sang ?
Il est difficile de commenter ce roman riche et divers, sans donner un bref aperçu du contenu. Et pour antimilitariste notoire que paraisse l'auteur par le biais du narrateur, la guerre est fort bien contée dans son premier roman. Ce qui pouvait sembler une gageure au début du récit s'avère au fil des pages être un défit relevé, avec en apothéose la guerre d'Indochine en deuxième partie du livre.
D'emblée on comprend que l'on a affaire à un écrivain à la plume acérée : c'est un style facile, alerte et puissant au service d'une critique tous azimuts de notre société qui commence. Un beau style avec des répétitions utiles telles des refrains et des leit-motiv. Débute une satire violente et emportée de l'armée puis des médias : la télévision ne montre rien et les commentaires sont radoteurs au cours de la guerre du Golfe en 1991. Pour le narrateur, c'est une drôle de guerre aux allures de guerre coloniale : le rapport des morts est de 10 pour un !
« L'armée en France est un sujet qui fâche. On ne sait pas quoi penser de ces types, et surtout quoi en faire. Ils nous encombrent avec leurs bérets, avec leurs traditions régimentaires dont on ne voudrait rien savoir, et leurs coûteuses machines qui écornent les impôts. »
Ensuite le narrateur fait la rencontre de Victorien Salagnon, non seulement un artiste de la peinture à l'encre de Chine, mais aussi un talentueux stratège et fin tacticien, ces dernières qualités étant retracées dans un chapitre évoquant l'enfance de Salagnon chez les Scouts. Beaucoup de références à l'art pictural et au dessin dans ce chapitre. Salagnon à la Grande Institution s'avère être un fort en thème (latin) ainsi qu'une forte tête. Il va ensuite entrer dans les chantiers de jeunesse qui forment les résistants.
Puis le narrateur retrace sa vie de couple, une vie terne, sans exaltation : la scène à l'hypermarché est pittoresque et les descriptions de la viande à la boucherie donne la nausée, sans parler de la cuisine chinoise. le repas avec les convives sombre alors dans le Grand Guignol.
La construction de ce livre est originale avec un chapitre sur deux de commentaire dans lequel le narrateur s'exprime à la première personne, et l'autre intitulé « roman « dans lequel la vie de Salagnon est contée.
Le chapitre sur l'état de la France, commentaire, avec ses grèves et ses manifestations vaut vraiment le détour : une fine analyse des comportements marque ces pages inoubliables. (p.156 à 161).
L'auteur se complait à critiquer la société, la police, l'identité par le sang ou la langue. La scène du buraliste facho m'a bien fait rire. Les digressions sont nombreuses et vont dans tous les sens, avec une dominante concernant l'attitude déplorables des français, policiers ou citoyens.
Les scènes de guerre sont décrites avec réalisme et souci du détail que ce soit dans le mâconnais ou au Tonkin. C'est non seulement un livre de guerre, mais encore un livre sur la guerre des français. C'est très différent d'un roman tel que « Les nus et les morts » de Norman Mailer » dont je suis en train de terminer la lecture (un pavé de 800 pages), et plus littéraire en définitive. Avec de très beaux passages comme celui où Salagnon décrit Roseval mourant, ou celui évoquant les amours de Victorien et Eurydice. Je citerai un splendide passage évoquant la tombée de la nuit indochinoise qui comme partout sous les tropiques ne dure que quelques instants :
« La nuit déferlait comme une meute de chiens noirs qui montaient par les chemins du fonds des vals, flairaient les lisières, remontaient les pentes, recouvraient tout et à la fin dévoraient le ciel. La nuit venait d'en bas avec un halètement féroce, avec le désir de mordre, avec l'agitation maniaque d'une bande de dogues. »
L'auteur aime aussi les phrases choc, laconiques et cinglantes :
« À la guerre, on meurt à la sauvette. »
« L'art est un état plus subtil que le talent. »
Au chapitre des critiques, Il est vrai, comme l'ont dit certains commentaires, que l'on a parfois l'impression d'un collage de morceaux avec des redites et des retours plus ou moins utiles : anaphores et épanalepses se succèdent avec par moment une certaine cacophonie. le récit est découpé en tranches qui se lient plus ou moins bien, telles une série de réflexions ou de reportages. On a le sentiment que l'auteur a voulu tout dire ce qu'il avait sur le coeur dans ce roman, comme cela, de suite, en oubliant un peu son roman.
Certains passages m'ont mis mal à l'aise : « La France m'exaspérait avec son grand F emphatique, le F majuscule comme le prononçait De Gaulle, et maintenant comme plus personne n'ose le prononcer… » le narrateur semble se fourvoyer dans une diatribe inutile. Je n'adhère pas. Je ne dis pas que nous sommes meilleurs que les autres avec notre grand F, mais au moins nous sommes aussi respectables que les autres. Pour l'Histoire, De Gaulle restera un grand homme. Mystificateurs, menteurs et rusés : tous les grands hommes l'ont été : de Richelieu à Mitterrand en passant par Napoléon. Si les propos tenus par le narrateur aux pages 457 et 458 sont ceux de l'auteur (ce qui n'est pas douteux), alors je dis que malgré la qualité de ce roman, je n'acquiesce pas quand il charrie le Romancier. Cela fini par agacer.
Et puis s'il déplore que la police se soit militarisée, pourquoi n'ajoute –t-il pas que c'est parce que les délinquants eux aussi se sont militarisés. le temps des gendarmes à pèlerine et bâton blanc et bel et bien révolu.
Le point d'orgue de ce beau roman concerne la guerre d'Indochine : l'aventure guerrière désespérée et sans illusion du Corps Expéditionnaire qui n'ignora jamais qu'il allait au casse-pipe. Des pages inoubliables et dures :
« On avait jeté sur l'Indochine une étrange armée qui avait pour seule mission de se débrouiller. Une armée disparate commandée par des aristocrates d'antan et des résistants égarés, une armée faite de débris de plusieurs nations d'Europe, … »(P 453)
Les trois personnages clefs de cette épopée au travers de trois guerres que sont Mariani, Salagnon et le narrateur sont tous trois attachants. Mais en définitive, le sage, c'est Salagnon.
Quand plus loin l'auteur revient sur la guerre d'Algérie, je pense que son jugement est décalé par rapport à l'Histoire : il juge les pieds-noirs et leur histoire qui débute au XIXé siècle, ainsi que la colonisation en général avec les critères d'aujourd'hui. Cela me fait penser à la critique que l'on pourrait adresser à Hergé pour avoir écrit « Tintin au Congo » à une époque où la chasse aux fauves était de bon ton. Il faut savoir replacer les faits dans leur contexte ce que ne fait pas toujours l'auteur. ¨¨
Il y a toujours eu des exactions : il n'existe pas de guerre propre. L'auteur fait preuve parfois d'un idéalisme frôlant la naïveté. Il est facile de parler ainsi aujourd'hui et de critiquer à tout va. Il eût fallu pouvoir le dire à l'époque : mais était-ce envisageable ? Là est la question.
Le dernier commentaire sombre carrément dans le délire et l'auteur veut nous asséner sa vérité à propos de l'usage immodéré de la force et du délit de sale gueule face à la délinquance dans les banlieues.
Finalement, un livre plaisant à lire, assez bien écrit, au contenu intéressant mais qui irritera plus d'un lecteur par son parti-pris.
.

Commenter  J’apprécie          10
Sentiment mitigé pour cette lecture. D'un côté nous avons les passages sur la vie de Victorien Salagnon qui sont excellents et de l'autre les pensées du narrateur qui sont parfois, brouillonnes et auxquelles on a du mal à accrocher particulièrement au début du livre. Par la suite, les commentaires se rapprochent des événements cités et poussent à la réflexion.
Commenter  J’apprécie          10
Un portrait de militaire qui embrasse une période de plusieurs guerres et décrit une vie plus subit que désirée. A noter : quelques petites longueurs de texte.
Commenter  J’apprécie          10
À travers les souvenirs de Salagnon défilent cinquante ans d'histoire de France revue à travers le fait militaire : la Deuxième guerre mondiale, l'Indochine, l'Algérie...Livre passionnant, captivant, bien écrit, très sensible. Beau Goncourt, à lire et conserver sut l'étagère du milieu .
Commenter  J’apprécie          10
Vingt ans de guerres françaises, de la 2ème guerre mondiale à la guerre d'Algérie, décrites à travers le double prisme d'une narration à deux. Un narrateur contemporain du lecteur, rapportant le récit d'un nnarrateur qui revient par bribes sur son passé guerrier. Effroyable de vérité sur les méthodes de la guerre, désepérant sur les politiques de tous bords, c'est tout de même un roman sur l'Homme, et grâce à celà, il en reste un peu d'émotion. Premier roman de l'auteur, très bien écrit, beaucoup de verbes,ce qui donne un dynamisme à l'action "racontée", construction remarquable et sur mesure pour cette histoire.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (1368) Voir plus



Quiz Voir plus

"L'art français de la guerre" de Alexis Jenni

Les chapitres s'intitulent alternativement :

notes - roman
commentaires - roman
épisode - roman

6 questions
11 lecteurs ont répondu
Thème : L'Art Français de la Guerre de Alexis JenniCréer un quiz sur ce livre

{* *}