A la fin de sa vie, à l'aube du XXe siècle, Alexandrine Jourdan éprouve le besoin d'écrire son histoire, laissant la liberté à sa descendance de découvrir ou pas les secrets d'une existence bien remplie. Née en 1826, dans une famille de muletiers cévenols, elle a toujours été passionnée par l'élevage des vers à soie, activité très fréquente dans la région. A 14 ans, elle entre à la filature exploitée par les Favière, grande famille d'industriels locale. le travail y est dur mais le contremaître, Charles Rabanel, fils bâtard d'Adrienne Favière, tombe sous le charme de son esprit rebelle. Ce sera peut-être pour la jeune fille l'occasion d'accéder à son rêve : avoir un jour sa propre exploitation.
Avec la lecture de livre qui traînait dans ma PAL, je prends conscience que l'époque où j'étais une grande amatrice de romans du terroir est bel et bien révolue. Même
Michel Jeury, dont j'ai pu apprécié autrefois de nombreux écrits n'y fait pas exception. Certes, le talent de l'auteur n'est pas à remettre en cause mais mes goûts ont considérablement changé. Et puis, je dois reconnaître que ma phobie pour les insectes en tout genre ne m'a pas aidée à apprécier tout le processus et les différents cycles de l'exploitation des vers à soie, car pour en arriver à l'aspect chatoyant de cette fibre luxueuse, il faut en passer par bien des étapes peu ragoutantes. L'auteur décrit avec un soin tout particulier les conditions de travail déplorables des ouvrières, et notamment les odeurs dégagées (par la matière première mais aussi par les corps des ouvrières, à cette époque où l'hygiène n'était pas la préoccupation principale). D'autre part, sur ces terres marquées par le protestantisme, les querelles avec les catholiques sont encore très présentes et j'ai déploré que les nombreuses références religieuses ne finissent par alourdir le récit. J'en retiendrai cependant un bel hommage au courage des femmes et à leur entraide indispensable pour exister dans un univers industriel géré par les hommes.
Globalement l'ennui chez moi a prédominé au cours du récit et la relation ambigüe (attrait physique ou financier ?) qu'entretient Alexandrine avec Charles n'a pas contribué à rendre cette lecture, à laquelle j'accorde un 8/20, vraiment captivante. J'attends tout de même de lire la suite "La soie et la montagne" et de découvrir l'étape suivante, la soierie lyonnaise.