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Un vent glacial pour l'accueillir mais personne sur le quai de cette gare qui lui semble plus petite. Depuis le départ du train, le silence règne. Il reconnaît alors le bruit de la voiture bien avant de la voir. Son père prend le temps de s'en extraire, s'approche de son fils, Philippe. Une poignée de main pour tout salut, comme s'ils s'étaient pas vus de la veille. Dix kilomètres pour atteindre la maison, une maison en pleine campagne, loin de tout, et sa mère est là, dans la cour, à faire de grands gestes enthousiastes. Récupéré et entouré à pleins bras, l'étreinte le met mal à l'aise. Un coup d'oeil sur la maison, le jardin maintenant qui fait n'importe quoi. L'odeur du bon poulet fermier accompagné de purée se dégage de la cuisine. Sa mère est évidemment contente de retrouver son fiston. Mais, lui est juste venu pour quelques jours. Se ressourcer, prendre un bol d'air. Il a laissé ses soucis à Paris...

Quand tout va mal, qui n'a pas envie d'aller se réfugier dans la maison de son enfance ? Aller retrouver ses parents qu'on délaisse sans s'en rendre compte ? Redécouvrir les paysages de sa jeunesse ? Philippe, gérant d'une entreprise à Paris, revient sur les traces de son passé et retrouve des parents vieillis. Des retrouvailles timides, les raisons de sa venue cachées mais des parents toujours les bras ouverts, si heureux de voir leur fils qui redevient par là-même un adolescent. Serge Joncour dépeint tout en délicatesse et justesse ce retour aux sources. Il se dégage tant de sensibilité, d'amour et de tendresse dans ce petit roman qu'évidemment on voudrait prolonger ce séjour à la campagne. Les non-dits sont éloquents, les gestes maladroits parfois mais l'amour est là, presque retenu. Porté par une écriture délicate et douce, ce roman fleure bon les parfums de l'enfance.

Quel Bol d'air !
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Il la sent passer la crise. A tel point que sa boîte a fait faillite et que les liquidateurs judiciaires sont aux abois.
Lui, c'est Philippe. Pas qu'il soit au bord du gouffre mais l'imitation a de la gueule.
Faire le point, ouais, la meilleure idée qu'il ait eu depuis un bon bout de temps. Et quoi de mieux, pour se faire oublier, que de renouer avec ses racines et rejoindre ses vieux à la campagne.

L'amour est dans le pré?
Pas vraiment. Faudrait pour ça que le fiston ait le courage d'accepter ce qu'il est finalement, un fils de paysans. Un gars de la terre, à mille lieues de l'image qu'il s'efforce de véhiculer dans son costume trois pièces.

Un court récit du terroir qui fleure bon l'enfance retrouvée malgré des rapports filiaux toujours aussi complexes.
Se retrouver, se réapprivoiser, oublier les vieilles rancoeurs, faire table rase du passé.
Accepter enfin d'être plutôt que de paraître.
Le programme est audacieux, la démonstration imparable.

Je sais pas vous mais moi, je reprendrai bien une p'tite bolée de Joncour.
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Voilà deux ans que Philippe n'a pas rendu visite à ses parents, au fond de leur campagne, à cinq heures de train de Paris. Allez, un petit effort, il y va, malgré son emploi du temps surbooké d'homme pressé - version officielle pour la famille, en réalité il a besoin d'un bol d'air. Rapidement, son père l'agace : « A chaque fois qu’il retrouvait son père, il ressentait ça, d’abord une affection, d’abord il le trouvait cocasse, presque amusant, puis très vite, au bout d’une heure ou deux, d’un coup ça se gâtait et il ne pouvait plus l’encadrer. » Par contre, sa mère, eh bien c'est la maman d'un fiston, quoi, alors elle est aux petits soins pour lui. Philippe savoure sa douceur réconfortante, l'odeur de lessive des draps propres, les petits plats qu'elle lui prépare. Quitte à régresser et à se retrouver comme à quinze ans : infantilisé, dépendant, jugé, critiqué par ses parents... et espionné.

Entre roman et nouvelle, cette histoire en huis clos amuse d'abord, puis met mal à l'aise. La plume de Serge Joncour me plaît toujours autant - humour tantôt grinçant, tantôt doux (et un peu triste), grande finesse d'observation des protagonistes et des situations, tendresse moqueuse pour ses personnages et pour la campagne. Avec ici en prime, un charme suranné façon Maupassant, à la fois dans le ton, dans le décor et les thématiques (province vs Paris, "paysans" vs hommes d'affaires). Je me suis régalée sur les deux premiers tiers, puis mon intérêt a faibli face à la tournure prise par les événements. J'attendais plus de surprises, sans doute. Une fois la dernière page lue, je pense donc qu'il s'agit plutôt d'une nouvelle si je compare aux romans de Joncour que j'ai lus (plus construits, plus étoffés), et je trouve qu'elle ne tient pas tout à fait ses promesses...
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Les affaires de Philippe vont mal : les créanciers sont à ses trousses, la liquidation menace. Pour faire face aux troubles que la vie sait distiller, rien de tel qu'un bon bol d'air. Philippe a décidé d'aller retrouver ses vieux parents, agriculteurs retraités, qui vivent loin de tout, au milieu de la nature. Dès les premiers instants, il sent monter en lui un arrière-goût d'adolescence avec son lot de colère sourde et une envie tenace de partir d'un cocon qui l'étouffe, tout autant qu'il protège. Il se l'est bien dit avant de venir, il ne restera dans ce trou que quelques jours…

« Bol d'air » est une oeuvre qui sait mêler subtilement la férocité et la tendresse : l'auteur dresse un portrait sans concession de chaque protagoniste, appuyant sur chaque défaut par petites touches de mots précis et incisifs. Et le « Bol d'air » devient enivrant, le lecteur redécouvrant avec Philippe la neige et la dentelle qu'elle coud au sommet des arbres, les saisons qui s'enchaînent et leur lot de promesses et réjouissances. Et ce lieu sait retenir les êtres, les souvenirs. Il érode les projets, émousse la temporalité, aplanit les émotions : les journées s'écoulent au rythme du présent, l'ailleurs d'une vie autre disparaît peu à peu, étouffé dans la protection du foyer. Dans ce concentré de 100 pages, la gare fait figure de point de départ et de clôture, dans lequel la question du sens se pose de manière cruciale. « A l'anticiper comme ça, il était ravi de son voyage, même s'il hésitait sur le sens, savoir s'il s'agissait bien plus d'un départ que d'un retour, ou bien plus d'un retour que d'un départ » (p. 93).
Une oeuvre douce-amère sous la plume d'un talentueux Serge Joncour.
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Celui que j'écoute jouer avec les mots le dimanche sur France Culture, dont j'avais lu quelques nouvelles avec beaucoup de plaisir ("combien de fois je t'aime" ou "situations délicates ") m'a encore régalée!
C'est un auteur, un vrai. de ceux qui savent nous parler du quotidien avec poésie, avec des mots choisis...

L'histoire est assez simple: Philippe décide d'aller prendre un bol d'air chez ses parents, agriculteurs à la retraite. Il débarque dans la ferme parentale, retrouve le père (taiseux agriculteur) et la mère (attentive).
Petit à petit on découvre que Philippe est accablé de dettes, que le personnage important qu'il a été, n'est plus. Est ce une fuite? Une planque? Ou simplement un besoin de retour à l'enfance, dans un environnement sans hostilité?
Le problème c'est que les saveurs d'enfance ont parfois un petit goût amer...D'ailleurs, Philippe nous informe dès les premières pages qu'il a déjà envie de fuire ce cocon qui l'étouffe. "Il se l'est bien dit avant de venir, il ne restera dans ce trou que quelques jours…"

Parfois, l'écriture m'a fait penser à celle de Marie Hélène Lafon, celle qui sait si bien dépeindre cette apparente hostilité de la campagne, cette rugosité. La description du lit immense, aux draps glaces, tendus, dans cette maison de campagne en est la parfaite illustration.
Dans ce tout petit roman, d'une plume douce-amère, Serge Joncour parvient a nous décrire cette ambivalence de sentiments. Cet enfant qui n'en n'est plus un qui retourne au bercail!
Vraiment un joli moment!
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Le titre correspond parfaitement au récit. Philippe, en pleine déroute financière va rendre visite à ses parents pour un très court séjour qui va se prolonger.
Il va redécouvrir la vie à la campagne et coupé du monde professionnel se "vider la tête" et pour un temps redevenir un jeune garçon, choyé par ses parents.
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95 pages ! C'est agréable un petit livre ! On l'ouvre à 20h00. On le referme à 21h20. L'auteur a eu la délicatesse de ne pas nous empoisonner avec des descriptions ou des pensées qui allongent les chapitres.
C'est technique, un petit livre. Donc c'est court ! Ecrire l'essentiel de l'intrigue dans quelques pages.
Pas facile à écrire un petit livre. C'est un travail que seul un dilettante peut réaliser car par économie, il concentre sa phrase avec les seuls noms, verbes, compléments qui suffisent à décrire un paysage, à exprimer un sentiment ou une idée !
C'est aussi contemporain, un petit livre. Un film, une pièce de théatre, un spectacle durent de 1h30 à 2h00 ! Et tout est dit dans ce temps ! Alors pourquoi un livre ne pourrait-il pas nous offrir la même chose ?
C'est la 1ère fois que je lis un livre aussi petit depuis les classes primaires.

Bol d'Air ! le titre va bien !


Quand on va à la campagne, c'est pour prendre un bol d'air ! Rien qu'un bol ? le contenant n'est pas grand ! Comme si l'air venait à manquer ! Sommes-nous devenus si nombreux sur terre qu'il faille contingenter les volumes d'air disponibles à chacun ?
Ou bien notre capacité respiratoire s'est-elle réduite au point que nous ne pouvons prendre qu'un bol ?
Ou bien alors, le temps ! Vite, toujours plus vite ! Zapper heures et minutes. Alors, nous n'avons le temps que pour un bol ! Combien cela prend-il de temps un bol ? 3 secondes ?
Un bol d'air, ça sent l'angoisse, l'exaspération !
Un être équilibré respire ! Un anxieux prend un bol d'air !
Ça peut être thérapeutique ! "Je vous prescris 3 bols d'air, à prendre matin, midi et soir avant chaque repas, pendant 1 semaine!" " Bien docteur !"
Est-ce que ce sera suffisant pour bien oxygéner le sang afin d'assurer son transport dans les tissus ? Pas sûr ! Mais comme un bol d'air, c'est toujours pur, on peut espérer.

Joncour a écrit un bon petit livre ! Une sorte de nouvelle longue qui raconte le retour d'un homme vers sa famille suite à un désastre professionnel.

Philippe, le fils et héros du roman. Il est ruiné. Il part visiter sa famille espérant trouver là-bas quelque chose qui…. Il ne sait pas très bien quoi après tout !

Le père, retraité agriculteur, (les bobos disent "paysan » depuis qu'ils visitent la Foire Agricole de Paris), barbouilleur à ses heures. Son modèle est russe.
Est-ce qu'il la peint nue, l'histoire ne le dit pas, mais son oeil ne perd rien des formes de la fille. Hâbleur, avec son copain toubib nostalgique de l'Indo. Il aime la terre et les fougères. Il recherche une complicité avec son fils à base de crottin et de visite d'élevage de chevaux. C'est viril, un cheval. Il y a des relents de Jument Verte.


La mère, épouse du retraité agriculteur , femme d'intérieur, vive et active. Elle aime cuisiner et faire le lit au carré. Et plaquer de gros bisous. Et surtout elle aime s'occuper de ce qui ne la regarde pas et en particulier de ce que son fils Philippe lui cache: sa ruine et son désespoir. Elle se substituera à lui en tout et deviendra sa secrétaire de l'ombre.

Nadège (c'est la russe - curieux prénom pour une russe ! Pourquoi pas Anastasia ou Natalia) se crème la poitrine en passant ses doigts sous le tissu du haut de maillot. C'est très sensuel. Philippe le remarque. Il met son désir en berne et n'en fera rien.
Les russes, elles se marient via une agence internationale, débarquent en France, découvrent après quelques mois de vie commune que la vie est plus drôle à l'extérieur. Et donc foutent le camp. C'est ce qu'a fait Nadège.

Le fils est accueilli comme un fils. Fils prodigue ? Qu'as-tu fait de tes talents (Evangile selon St-Matthieu, chap. 25, versets 14 à 30) ? Joncour ne va pas jusque là !

Philippe va se reposer, écouter son père et sa mère, bricoler et faire quelques travaux des champs. Il va prendre de la distance et essayer de résoudre ses problèmes.

Il y a du scénario dans ce bouquin, une action qui se passerait entre le Cantal, Paris et Deauville.
Et dans l'écriture une vague parenté avec un Michel Audiard qui aurait policé son verbe en restant dans la même couleur.

Quelques bonnes raisons de ne pas retourner chez ses parents quand nous affrontons un gros problème:
- S'ils sont retraités, il y a des chances qu'ils ne comprennent plus rien à l'évolution du monde, genre, " c'était mieux avant ! Laisse tomber" ou bien "Pourquoi tu restes pas, c'est mieux içi ?"
- Ils nous achètent une paire de charentaises;
- Ils nous revoient comme le petit enfant que nous étions: risque de régression grave;
- régression à un point tel que le désir et la sexualité reste enfouis au fond de l'être. En fait on a plus besoin de ces 2 trucs qui n'amènent que désillusion et malheur;
- Si on séjourne trop longtemps, ils nous prennent vite pour un domestique puisque on est logé, nourri et blanchi gratis;
- on est tellement bien qu'on se prend à rêver que les problèmes vont se résoudre comme par enchantement.
Ce qui ne sera pas le cas !

Alors, fuyons la famille ! A toutes jambes !
Ou bien, allons la visiter quand on n'a rien a lui demander !

Bon, j'ai été un peu long pour un livre si court, mais j'ai bien aimé la déambulation désabusée-amère de Joncour dans l'âme humaine.








Lien : http://antochariscardaminess..
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J'ai beaucoup aimé ce petit livre plein d'humour et de clins d'oeil aux comportements des parents envers leur enfant, et réciproquement.
A peine arrivé que Philippe veut déjà repartir…
Mais que lui est-il passé par la tête pour avoir eu envie de rendre visite à ses parents dans ce milieu rural hostile qu'il a fui depuis belle lurette pour la ville ?
Ses parents, ne voient-ils pas qu'il est devenu un homme important et indépendant sans le sou ?
On s'éloigne tous de nos parents et au moindre pépin instinctivement on se précipite vers eux tellement agaçants et pourtant rassurant de retrouver l'insouciance de notre enfance, même si on sait que c'est pour un court instant, car tout est éphémère.
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Un peu de cynisme, beaucoup d'humour malgré un sujet pas très comique....
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