AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,79

sur 1186 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
un livre, deux périodes, deux histoires séparées de plus de cent ans. 1914, les hommes partent à la guerre et les femmes restent et feront - par la force des choses - ce que les hommes faisaient avec les moyens du bords, moyens non engloutis dans la guerre. 2017, Lise entraine Franck en vacance dans un endroit reculé, dans une maison perdue. En 1914, un dompteur allemand est venu là cacher ses fauves. Sa présence a étayé toutes les ""on dit"". Seule Joséphine - la jeune veuve de son mari médecin - ne se laisse pas entrainer dans ces croyances d'un autre temps. En 2017, Franck se bat pour ne pas se faire phagocyter par ses jeunes associés. La nature, un chien vont le pousser à se battre.
Un livre bien écrit - les sentiments et les situations sont bien analysés. J'ai apprécié la façon de l'auteur d'aborder la probématique du tout connecté ; très actuel.
Commenter  J’apprécie          640
Lise, une bobo parisienne, rêve de se déconnecter de la ville et des écrans le temps de quelques semaines. Elle entraîne son mari Franck dans cette aventure. Rien que de très banal. Même l'écriture au début du roman est convenue comme pour mieux souligner l'insignifiance de la situation. Mais, avec Serge Joncour, on sait d'avance que l'intrigue va sortir des sentiers battus et de la normalité (cf « L'écrivain national »).
Pour s'échapper, la quadragénaire a choisi de louer un gîte au fin fond du Lot. L'arrivée du couple en terre quercyenne (sic) est épique. A bord d'un puissant 4x4, Lise découvre avec émerveillement le paysage alors que son compagnon, un producteur en perte de vitesse forcé de s'associer avec deux jeunes aux dents longues lorgnant sur son catalogue de films pour le négocier à l'ogre Netflix, se désespère de ne plus voir les précieuses barettes s'afficher sur son portable.
Un siècle plus tôt, la Grande Guerre éclate. Les hommes sont envoyés sur les différents fronts. Les animaux sont réquisitionnés. Les femmes doivent s'occuper des cultures, de leur progéniture et des anciens. le premier soldat mort au combat est le médecin. Son épouse, la sensuelle Joséphine, s'entiche d'un dompteur allemand vivant dans la montagne avec ses fauves. Précisément dans la maison où les Parisiens passent leurs vacances...
Selon un procédé narratif classique, le présent fait écho au passé.
Bien construit, « Chien-loup », dont le titre fait référence à un étrange canidé avec lequel Franck entretient une relation mystérieuse, est un roman qui s'interroge sur le rapport que le monde moderne entretient avec la nature. Conclusion : l'homme est bien un loup pour l'homme et le plus bestial n'est pas celui qu'on croit.

Lien : http://papivore.net/litterat..
Commenter  J’apprécie          641
Il y a énormément de choses dans ce roman et il faut accepter d'accorder son esprit au rythme volontairement lent de la narration, parfois répétitif même. Comme si l'auteur demandait au lecteur le même effort qu'à Franck, son personnage soudain déconnecté de "la civilisation" et obligé de se réadapter au cycle naturel du temps. Et c'est ainsi, en cheminant tranquillement que l'on parvient à être littéralement projeté dans l'histoire.

une histoire double ou plutôt duale, tissée de deux fils que l'auteur déroule d'abord en parallèle avant de les entremêler. Deux moments, à cent ans d'intervalle et un même lieu. Un village du Lot et une demeure très isolée, au sommet d'une colline, entourée de forêts. C'est cet isolement qui a plu à Lise, idéal pour satisfaire son envie de déconnexion et de retour à la nature. Pas de voisins. Vivre au rythme du soleil. Peindre, rêver. de quoi donner des sueurs froides à Franck lorsqu'il s'aperçoit qu'aucun réseau ne passe. Lui, producteur de cinéma toujours à l'affût se sent soudain en danger, vulnérable. D'autant qu'il se méfie de ses deux jeunes associés aux dents qui rayent le parquet. Et puis, les gens du village ne cessent de leur répéter que le coin regorge de bêtes sauvages... Même des lions ont vécu ici parait-il. Non, ce n'est pas une blague. En 1914, alors que la première guerre mondiale débutait, un dompteur d'un cirque voisin, allemand répondant au doux prénom de Wolfgang est venu se cacher au sommet de la colline avec ses lions et ses tigres. Sous le regard méfiant des habitants, propice à alimenter toutes les légendes.

Ce sont donc ces deux histoires que Serge Joncour déroule en parallèle et en alternance par des courts chapitres qui semblent se répondre. Ce qu'il explore avec habileté, c'est la notion de sauvagerie, qui n'est pas moins présente chez l'homme que chez l'animal. On apprend à la réfréner, en principe, mais elle peut s'avérer très utile dans certains cas. C'est ce que va peu à peu découvrir Franck dont le cheminement est assez fascinant, une évolution qui commence par la rencontre avec un chien-loup qui deviendra son compagnon d'équipée et qu'il décide de nommer Alpha. En se réappropriant ses instincts dits primaires, en se reconnectant avec d'autres êtres vivants non corrompus par la civilisation, Franck réapprend la prédation, la sauvagerie qui préside à la survie. Une sauvagerie que Wolfgang avant lui avait dû mettre en pratique à la place de ses fauves auxquels il devait se substituer pour les nourrir, eux qu'il ne pouvait se permettre de laisser chasser en liberté.

"Nourrir des fauves convoque la barbarie. Pour que ses lions vivent, il devait tuer. Chaque jour il s'adonnait à la cruauté la plus totale, sans s'en défendre ni le revendiquer. Toutefois, cette barbarie elle venait d'eux, c'étaient leurs gueules avides qui le contraignaient au crime. "Tuer pour vivre", l'imparable commandement qui règle le règne des animaux sauvages, c'était à Wolfgang qu'il revenait sans fin de l'honorer, devenant encore plus animal qu'eux, encore plus sauvage".

Il y a quelque chose d'assez jouissif à observer la mue de Franck, sous les yeux d'une Lise qui semble toujours dans son élément, en phase avec la nature comme elle l'est avec elle-même. Il y a des scènes captivantes, comme celle qui voit Franck, converti depuis longtemps par Lise au véganisme, soudain éprouver le besoin de mordre dans une viande sanguinolente pour renouer avec cette sauvagerie qu'il réapprend à convoquer... et faire face aux jeunes loups qui seraient prêts à abandonner sa carcasse sur les chemins encombrés du business et de l'argent.

L'homme est un animal dont des années de civilisation et d'intelligence ont poli les instincts primaires. Qui subsistent donc. Qui apparaissent d'ailleurs chaque jour sous des allures policées, des instincts pervertis car détournés de leur sens premier qu'est la survie de l'espèce. Reste à trouver le subtil équilibre entre tous les éléments qui le constituent et lui permettent de vivre dans les nouvelles jungles modernes.

Une démonstration habile, un roman qui se dévore avec un bel appétit et qui donne beaucoup à réfléchir sur la relation de l'homme avec son environnement.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          614
Lise décide de réserver une maison de vacances, au fin fond des Causses, un endroit si reculé que même le réseau téléphonique ne l'atteint pas ; afin de décompresser, déconnecter dans tous les sens du terme. Son mari, Franck, est beaucoup moins convaincu, surtout que pour son travail de producteur, il est toujours sur le front, face à ses nouveaux collaborateurs qui veulent vendre leurs fonds à Netflix.

En 1914, au même endroit, la première guerre mondiale a appelé tous les hommes au front. Reste seulement un allemand, un éleveur de lion, qui décide de se cacher sur le haut de la colline avec ses félins, ce qui engendre une certaine crainte au village.

N'ayant pas adoré le précédent roman de Joncour, je n'étais pas plus disposée que ça pour lire celui-ci ! Mais on m'en a fait une critique élogieuse, j'ai décidé de lui laisser sa chance et je ne le regrette absolument pas !

L'alternance des époques est un procédé maintenant classique, mais qui marche ici très bien. On suit donc d'un côté Lise et Franck, plutôt ce dernier d'ailleurs. Il y a à la fois leur découverte de ce lieu unique, du chein-loup sauvage qui vient bientôt les accompagner leur solitude et toute la thématique autour du travail de Franck. Il y a également une partie importante de l'intrigue sur le végétarisme, mais d'une manière ou d'une autre, les animaux ont une place vraiment très importante dans le récit.

D'un autre côté, en 1914, on suit la vie du village une fois que les hommes sont partis à la guerre, le manque de nouvelles, les premiers deuils, mais aussi, de façon moins classique, le travail de la terre fait par les femmes. le dompteur de lion est donc présent à tout instant dans les esprits alors qu'au village personne ne le voit, mais les cris des félins, le fait qu'il soit allemand et un homme renforce la différence entre lui et le reste des villageois (essentiellement des femmes qui, en plus, s'occupent des moutons). La place des animaux a encore une fois une place importante, l'auteur nous décrit notamment la façon dont ils ont été envoyé à la guerre, qu'il s'agisse des chevaux, des pigeons voyageurs ou encore du bétail abattu par milliers pour ne même pas suffire à nourrir les hommes qui combattaient.

Ce roman est donc vraiment très riche, il aborde énormément de sujets, nous décrit une nature sauvage avec forces de détails visuels, olfactifs, afin de nous immerger totalement dans l'une ou dans l'autre des époques. Les personnages sont attachants et ont tous une vraie existence propre (ils n'existent pas les uns en fonction des autres, ils sont vraiment très réalistes et pourraient exister), ce qui est bien montré par la manière dont est nommé le chien-loup, une fois Bambi quand on est du point de vue de Lise, une fois Alpha, lorsque Franck est au centre du récit.

Je crois que de tous ceux que j'ai lu de la rentrée littéraire, c'est celui qui ressort le plus du lot, en littérature « blanche », en tout cas.

Un vrai coup de coeur, que je vous conseille de toute urgence !
Lien : https://girlkissedbyfire.wor..
Commenter  J’apprécie          610
Deux histoires séparées par une siècle, l'une au début de la Grande Guerre, l'autre de nos jours, en 2017.
Toutes les deux au même endroit, le mont d'Orcières, au milieu des Causses, au milieu de nulle part.
Un village terrorisé par cette guerre qui leur a pris les hommes et le laisse aux prises avec les terreurs de l'imagination, amplifiées par la présence d'un dompteur allemand déserteur qui garde ses fauves comme une ombre planant au-dessus de ce village.
Un couple, Lise, ancienne actrice qui a tout coupé pour se retrouver et Franck, qui est noyé dans le tourbillon de sa vie de producteur.
Deux histoires reliées par la nature, sauvage, brute, par cette présence de bestialité qu'on a tous un peu en nous, mais en même temps, cette grandeur, cette immensité qui nous donne parfois le vertige...
Un roman puissant, qui nous parle de notre lien à la nature et à nous même...
Commenter  J’apprécie          590
Mi conte, mi roman contemporain, un livre qui croise deux époques celle d'aujourd'hui avec Lise et Franck venus trouver le calme dans ce gîte perdu du Lot et celle de 14-18 avec ce dompteur allemand réfugié avec ses fauves dans la montagne.
Beaucoup de lyrisme, de descriptions, une belle réflexion sur le progrès et la nature humaine et surtout deux histoires d'amour.

Commenter  J’apprécie          590
n gîte perdu au milieu des bois, loin de tout et de tous. Voilà le choix de Lise pour les vacances. Au programme, peinture, méditation, promenades... le bonheur !

Son mari, Franck est moins enthousiaste, paniqué à l'idée d'être privé de téléphone et d'accès à Internet: une situation incompatible avec son agence de production et sa vision de l'existence. D'ailleurs, cette annonce doit être une arnaque.

Pourtant le gîte existe bel et bien, aussi isolé que décrit dans l'annonce. Lise est aux anges, touchée par la magie des lieux et le calme de la nature. Franck, déboussolé, met plus de temps à s'adapter, il garde le contact avec le monde et ses affaires, grâce à des virées régulières au village le plus proche. Pourtant, insidieusement, il devient, à son tour, sensible à l'endroit. Frappé en quelque sorte par la sauvagerie de l'endroit.

Les vacances : un joli point de départ. Des projets agréables et le moral au beau fixe à l'idée des bons moments à venir. Rapidement, le malaise s'installe, en parallèle de la panique de Franck. Au fil de ses rencontres, dans les bois ou au village, le producteur tranquille se transforme, gagné par la puissance des bois qui l'entourent.

En marge de ce suspense d'aujourd'hui, Serge Joncour nous ramène cent ans en arrière, à l'aube de la Première Guerre mondiale, une époque de grand changement également: lorsque les femmes ont remplacé les hommes au village, assumant tous les rôles. Une période que l'arrivée d'un dompteur cherchant à mettre à l'abri ses fauves dans les bois a troublée davantage encore, semant l'angoisse parmi les villageois.

Inévitablement, les récits se rejoignent, au-delà du partage des lieux et créent de concert une tension palpable autour de ce couple a priori sans histoires. Un roman sauvage et cruel, alliant humour et réalisme: une photographie sans complaisance de notre temps. Indispensable !

Lien : https://nahe-lit.blogspot.co..
Commenter  J’apprécie          570
Adoptant un parti pris romanesque audacieux, à savoir mêler les époques, Joncour affirme, avec son CHIEN-LOUP que le nature writing cher à Jim Harrison, Henry Thoreau, Jack London etc. n'est pas l'apanage des auteurs anglo-saxons.

CHIEN-LOUP propose deux pans narratifs aux temporalités éloignées. le devenir d'un village des Causses en 1914 alors que la grande boucherie vient de débuter son étripage de masse et celui d'un couple, une actrice inactive Lise et son mari Franck, producteur de cinéma hyper stressé et connecté. Ce couple qui vient de louer un gîte perdu au fond des causses du Quercy, loin de tout, de la wifi, des antennes relais, un endroit où on ne capte... RIEN.

Ce procédé qui pourrait s'avérer artificiel va se révéler payant car il entremêle judicieusement les tenants et les aboutissants. le style précis, épatant, de Serge Joncour s'affine habilement quand il passe d'un siècle à l'autre. Une mise en couleur pastel réaliste et empathique de la vie paysanne des années 1900, zébrée de réflexions acerbes sur la folie des hommes, leur courte vue, leurs peurs superstitieuses.

Ce n'est pas mieux en 2017. Les portables ont remplacé les dictons des anciens. le sevrage de Franck, qui voit les barres de réseau de son mobile disparaître, a quelque chose d'hilarant, de méchamment jouissif. Sa compagne n'est guère plus aimable, égoïste et inconsciente (on ne part pas en randonnée, en tong et sans carte !).

Et toujours, de tous temps, la nature. Sauvage. Ni bénéfique, ni maléfique, elle se contente d'être là. A l'image du chien-loup du titre qui apparaît, subitement, sans explications, qui se contente d'être là. Au début.

Franck a peur. Au début.

La peur traverse ce roman. La peur de l'autre. le dompteur allemand en 1914, le boche, bouc émissaire rêvé. La peur des nouveaux associés de Franck, plus vifs, plus adaptables, plus compatibles. Eux qui veulent vendre le catalogue de la boite de prod' de Franck à l'ogre Netflix.

Serge Joncour a bien compris que les prédateurs ultimes sont les GAFA, ce sont bien eux qui se repaîtront des restes.

Un livre auquel on ne peut pas reprocher grand chose, peut-être une fin un poil expédiée mais qui se révèle aussi subtilement et joyeusement amorale : la civilisation, la technologie ne sont que vernis à ongles peint sur des serres griffues.

Formidable roman.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
Commenter  J’apprécie          571
Que du Bonheur, le stress de notre monde y est parfaitement exprimé, avec en balance une description sensorielle de ce beau département du Lot où je me sens tellement bien.... Et puis en parallèle la présence sur la période 14-18 de cet "estranger" que l'on incrimine et le rend responsable des affres que subit la population du village d'en bas... à méditer quant à certaines prises de position...
Commenter  J’apprécie          561
Lire ce livre c'est voyager entre deux époques, celle du début de la première guerre mondiale et celle d'aujourd"hui.
Et le centre de ces allers et retours temporels c'est une petite maison perdue au milieu du Quercy, totalement isolée de tout et de tous. Et cette maison a un lourd passé qui raisonne fortement dans le présent.

Au début de la grande guerre Wolfgang , dompteur de fauves allemand trouve refuge avec ses tigres et ses lions sur les hauteurs du village d'Orcières. Sa venue est mal vu par les gens du village, déserté par presque tous les hommes partis se battre. La peur, le manque, la fatigue, et la jalousie attisent les flammes d'un drame qui se jouera en vase clos.

Franck et Lise, lui producteur en plein questionnement et complètement accro à la technologie, elle, actrice ayant envie de se ressourcer et de retrouver la sérénité loin de l'agitation du monde, loue une maison isolée au milieu des collines. Au contact de cette nature sauvage et avec la rencontre d'un chien solitaire, Franck va changer sa vision des choses et échaffauder un plan machiavélique pour piéger ses associés au dents longues.

Serge Joncour confronte ici les humains avec la nature et les bêtes. Suivant le contexte chacun réagit selon ses propres codes, son ressenti, ses valeurs et parfois ses pires instincts.

J'avoue avoir préféré la période de la première guerre avec cette belle histoire d'amour entachée par les superstitions, les peurs paysannes et la jalousie.
Et j'ai grandement aimé cette nature évoquée de façon puissante, qui donne à ceux qui savent la travailler et reprends ses droits quand on l'abandonne.

Merci à mon club de lecteurs/trices de Babelio Vannes pour cette belle découverte
Commenter  J’apprécie          551





Lecteurs (2117) Voir plus



Quiz Voir plus

Nature humaine : Serge Joncour

Les événements du roman se déroulent entre 1976 et 1999

VRAI
FAUX

10 questions
29 lecteurs ont répondu
Thème : Nature humaine de Serge JoncourCréer un quiz sur ce livre

{* *}