Les policiers nous saluent après nous avoir conseillé de les recontacter en cas de problème. À la sortie du commissariat, Tobias serre les dents.
– Ils attendent toujours qu’un drame se produise pour intervenir, marmonne-t-il.
Je veux lui prendre la main, mais Henry me coupe dans mon élan et l’entraîne à l’écart.
– Je suis vraiment navré de rencontrer la petite amie de Tobias dans de telles circonstances, me dit gentiment Amaury.
Suis-je vraiment la « petite amie » de Tobias ?
– J’espère que nous aurons bientôt l’occasion de nous revoir. Tobias m’a beaucoup parlé de vous. D’Henry et de vous, je veux dire.
Avais-je besoin de dire cela ? Ne va-t-il pas se poser des questions ?
Mais Amaury me sourit toujours et répond avec beaucoup de naturel :
– J’aimerais pouvoir en dire autant, mais j’étais en tournée ces dernières semaines…
– Vous êtes musicien ?
– Saxophoniste. Tobias et moi ne nous sommes pas parlé beaucoup, reprend-il sans s’offusquer de s’être fait couper la parole. Sinon, je suis sûr que vous auriez été au cœur de nos conversations.
Il est adorable. Pourtant, j’ai du mal à imaginer le Tobias que je connais, si secret et sur sa réserve, parler de sa petite amie aussi facilement.
Je décide de changer de sujet :
– Vous vous appelez Duplantier. Est-ce français ?
– Tout à fait. Mes parents vivent dans le sud de la France.
– J’ai de la famille là-bas.
– Quelle coïncidence ! Excusez-moi, je vais devoir sermonner nos compagnons respectifs : ce n’est pas très poli de s’isoler ainsi.