Le 9 mars 1700, le botaniste
Joseph Pitton de Tournefort embarque pour le Levant, d'abord la Grèce et puis la Turquie, le Kurdistan, la Géorgie, l'Arménie, la Perse, pour un voyage de naturaliste. Plusieurs passages, assez savoureux relatent sa rencontre avec les Kurdes yézidis d'Erzurum (les "jasids d'Erzoron" dans le texte), qui semblent faire la loi dans les campagnes et les montagnes et se ficher complètement de l'autorité des pachas. La mention des Kurdes descendants des "anciens Chaldéens" était une des premières hypothèses européennes sur l'origine des Kurdes, comme l'explique
Basile Nikitine : "La tradition biblique situaient ceux-ci, en effet, dans le Kurdistan. Marco Polo se prononça dans le même sens. Il parla en outre du christianisme des Kurdes dans les montagnes de Mossoul. Il n'en fallut pas plus pour que la science européenne occidentale du Moyen-Âge vît dans les Kurdes les continuateurs des Sages Chaldéens du Nouveau Testament. Les grands historiens et philologues de la fin du XVIII° siècle, comme Michéalis et Schlötzer, tout en insistant sur la nécessité de réunir la documentation exacte sur la langue et la culture des Kurdes, n'en soutenaient pas moins, conformément à la tradition scientifique médiévale, l'hypothèse de l'origine chaldéenne des Kurdes." (
Basile Nikitine, Les Kurdes, 1943). On notera aussi au passage le goût pour l'eau-de-vie de ces Jasides, que Tournefort interprète comme disciples de Jésus, se méprenant sur l'étymologie de Yézidis (en fait de Yâzid ou Yazd)...
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