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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
James Joyce est généralement reconnu comme un grand écrivain… mais souvent obscur. Ce roman quasiment autobiographique fait mentir cette réputation. On le lit sans difficultés et on n'a pas à y chercher des arrière-pensées littéraires compliquées. Stephen Dedalus, un personnage que l'auteur a fait apparaitre dans plusieurs de ses livres, est clairement un alter ego de Joyce. Dans ce "Portrait", on voit un garçon (fréquentant d'abord un collège) devenir un jeune adulte. Tout est intelligible dans ce parcours. Tout sonne authentiquement. Mais Joyce nous introduit dans une époque et un pays qui nous semblent très éloignés. L'Irlande de la fin du XIXème siècle essaie d'entrer dans l'ère moderne, mais elle reste encore très archaïque. L'emprise de l'Eglise catholique est lourde. Elle est particulièrement sensible à l'intérieur de l'école religieuse où étudie le jeune Stephen D. Les discours - à la fois lénifiants et terrifiants - des prédicateurs paraissent presque incroyables. le jeune garçon est très fortement influencé par cette pression. En outre, l'Eire subit encore la loi britannique, suscitant de graves divisions entre les Irlandais eux-mêmes (encore maintenant, il en reste de forts reliquats en Ulster).

Le roman nous décrit le chemin de Stephen (alias James) vers la maturité. Dans le premier chapitre, une scène remarquable le montre quand il fait valoir sa bonne foi, après une punition donnée par un implacable préfet des études. Puis, devenu adolescent, il est travaillé à la fois par le démon de la chair et par les prescriptions de l'Eglise. Il mettra beaucoup de temps à s'affranchir des contraintes inacceptables. Dans cette démarche, il est foncièrement honnête. Par exemple il explique à un de ses amis: « Tu m'as demandé ce que je ferais et ce que je ne ferais pas. Je vais te dire ce que je veux faire et ce que je ne veux pas faire. Je ne veux pas servir ce à quoi je ne crois plus, que cela soit mon foyer, ma patrie ou mon Eglise. Et je veux m'exprimer, sous quelque forme d'existence ou d'art, aussi librement et aussi complètement que possible en usant pour ma défense des seules armes que je m'autorise à employer: le silence, l'exil et la ruse ».(p. 353). Cette ambition est emblématique du parcours de l'écrivain.

Il y a donc une coexistence entre une évidente authenticité (soulignée par les très nombreuses notes, rassemblées à la fin du livre, qui se réfèrent au vécu personnel de Joyce) et l'impression d'étrangeté que j'ai mentionnée plus haut; ça peut surprendre. Mais, en fait, ceci en fait un roman d'un très grand intérêt.
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Le « Portrait de l'artiste en jeune homme » se propose de peindre un être hors du commun évoluant dans un réalisme quotidien.
Ce roman à caractère autobiographique met en scène, Stephen Dedalus, qui n'est d'autre que l'alter-ego de James Joyce lui-même. le processus qui y est décrit montre notre héros dans la continuité de sa vie : de l'époque de son enfance jusqu'à l'aube de sa vie adulte à travers des événements cruciaux de son existence.
L'oeuvre évoque les tentatives de son père pour se décharger sur lui de ses responsabilités, les efforts des jésuites pour le convertir à leur idéologie, ou encore les pressions des nationalistes qui entendent le convaincre de la validité de leurs solutions politiques et artistiques, etc.
Mais cet itinéraire est porteur d'une leçon : il convient, pour se réaliser (atteindre la pleine maturité et la conscience de soi),de ne pas céder aux conventions, et d'opposer la résistance à la soumission.
Et pour Dedalus (Joyce), cette résistance se trouve dans le langage : le livre est le portrait d'un homme angoissé et renfermé dont le seul moyen de communiquer avec les autres passe par la littérature, les mots. Plus précisément, Joyce nous montre comment l'identité profonde du créateur se trouve dans les mots, dans les souvenirs verbaux issus de l'enfance.
Ainsi, la place qu'il accorde à l'inconscient est très importante. Les rêves et désirs sont, également, des thèmes essentiels dans le roman. Par extension, cette dimension du langage va s'affirmer, plus amplement et largement, dans Ulysse.
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Comme le titre le suggère, il s'agit d'un récit des jeunes années du célèbre écrivain irlandais. Stephen Dedalus, que l'on suit de l'enfance à l'aube de l'âge adulte, découvre à travers le regard des autres et grâce à sa propre introspection ce qui sera son destin : celui d'un homme seul, qui se sent différent des autres et ne parvient guère à communiquer autrement que par la littérature et l'érudition. Son angoisse existentielle, fortement imprégnée d'interdits religieux, acquis grâce à une scolarité complète chez les jésuites puis au Trinity College de Dublin, est faite de culpabilité. le conflit entre son caractère rebelle et les modèles prônés par les "bons" pères en charge de son éducation en ont fait un être renfermé, dégoûté de lui-même et de son désir de vivre. Ce récit au pessimisme sublimé par l'écriture, jaillissante d'inventions de toutes sortes (collages de chansons populaires, de citations, report de mille et un faits d'observation courante), rappelle "Mort à crédit" (Louis-Ferdinand Céline) et l'on a vite fait de rapprocher ces deux écrivains, aux destins et aux idées pourtant fort différents. le regard de James Joyce est attentif à tout ce qui fait la richesse du petit peuple de Dublin, dont il observe et nous rapporte les faits et gestes quotidiens (voir aussi "Gens de Dublin", du même auteur). On entre plus facilement dans cette oeuvre de jeunesse, dont le récit reste linéaire, que dans celles de la maturité, comme "Ulysse", dont l'aspect kaléidoscopique peut rebuter le lecteur non averti. Reste qu'il faut, pour apprécier "Portrait de l'artiste en jeune homme", avoir une certaine culture religieuse (catholique romaine) et avoir effectué des études classiques, les nombreuses citations latines qui émaillent le récit échappant sans doute à la plupart des lecteurs actuels, ce qui est malheureusement mon cas...
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