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Citations sur La Colonie pénitentiaire et autres récits (24)

Mais comme il devient calme à la sixième heure! L'esprit le plus stupide, s'ouvre alors. Cela commence autour des yeux, puis rayonne et s'étend. Un spectacle qui vous tenterait de cous mettre aussi sous la herse. Il ne se passe d'ailleurs plus rien, l'homme commence seulement à déchiffrer l'inscription, il avance les lèvres comme s'il épiait. Vous avez vu qu'il n'est pas facile de lire cette écriture avec les yeux ; eh bien, l'homme la déchiffre avec ses plaies. C'est un gros travail, certainement ; il lui faut six heures pour finir. A ce moment, la herse l'embroche complètement et le jette dans la fosse où il tombe en faisant "plouf" sur l'ouate et l'eau sanglante. La justice a fini son œuvre ; moi et le soldat nous enterrons le corps.
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Le voyageur suivit l’officier et dit :
– Vous ne savez toujours pas ce que j’ai l’intention de faire. Je vais donner au commandant mon avis sur ce procédé, mais non pas lors d’une réunion : entre quatre yeux ; je ne vais d’ailleurs pas rester ici assez longtemps pour qu’on puisse me convier à aucune réunion ; je pars dès demain matin, ou du moins je m’embarque.
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Quand le voyageur, suivi du soldat et du condamné, arriva aux premières maisons de la colonie, le soldat en montra une et dit :
— Voici la maison de thé.
Au rez-de-chaussée d'un immeuble se trouvait une salle profonde, basse, semblable à une caverne et dont les murs et la plafond étaient brunis par la fumée. Du côté de la rue elle était toute ouverte. Bien que cette maison de thé ne se distinguât pas beaucoup des autres maisons de la colonie qui étaient toutes très délabrées, sauf les palais du quartier général, elle produisit sur le voyageur l'impression d'un souvenir historique et il sentit la puissance des anciens temps. Il se rapprocha, suivi de ses deux compagnons, passa entre les tables vides de la terrasse et respira l'air froid et croupi qui venait de l'intérieur.
— Le vieux est enterré ici, dit le soldat, le curé lui a refusé une place dans le cimetière. On s'est demandé un certain temps où il fallait l'inhumer, on a fini par le mettre là. L'officier ne vous en a certainement rien dit : c'était naturellement ce qui lui faisait le plus honte. Il a même essayé plusieurs fois, la nuit, de déterrer le vieux, mais on l'a toujours chassé.
— Où est le tombeau ? demanda le voyageur qui ne pouvait croire le soldat.
Le soldat et le condamné le précédèrent aussitôt en montrant de leurs mains tendues l'endroit où devait se trouver le tombeau. Ils conduisirent le voyageur jusqu'au mur du fond contre lequel s'alignaient quelques tables entourées de clients. C'étaient probablement des ouvriers du port, des hommes forts avec de petites barbes noires et brillantes. Ils étaient tous en bras de chemise et ces chemises étaient déchirées, bref de pauvres gens humiliés. Quand le voyageur s'approcha, quelques-uns se relevèrent, se pressèrent contre la muraille et le regardèrent venir.
— C'est un étranger, chuchotait-on autour de lui, il veut regarder le tombeau.
Ils repoussèrent l'une des tables sous laquelle se trouvait, de fait, une pierre tombale : une simple pierre, assez basse pour disparaître sous une table. Elle portait une inscription en caractères minuscules ; le voyageur dut s'agenouiller pour la lire. L'épitaphe disait : « Ici repose le vieux commandant. Ses fidèles, qui n'ont plus le droit de porter un nom, lui ont creusé cette tombe et consacré cette pierre. Une prophétie nous assure qu'au bout d'un certain nombre d'années le commandant ressuscitera et, partant de cette maison, emmènera tous ses fidèles reconquérir la colonie. Croyez et attendez. »
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Tout sied à la jeunesse; elle noie le vilain détail dans le flot ininterrompu de ses forces vives.
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"Si, dans les commencements et à condition que les hommes l'eussent permis, je pouvais encore m'en retourner librement par le porche grand ouvert que le Ciel forme au-dessus de la Terre, ce porche alla s'abaissant et s'étrécissant à mesure que mon évolution allait à grand pas. Dans le monde des hommes, je me sentais de plus en plus à l'aise... Et de plus en plus enfermé... Ce propos devra retracer la ligne de conduite qu'à suivie celui qui fut un singe pour se pousser dans le monde des humains, et s'y établir durablement." - Compte-rendu d'une académie
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J'ai organisé mon terrier et il m'a l'air bien réussi. De dehors on voit un grand trou, mais qui ne mène nulle part; au bout de quelques pas, on se heurte au rocher. Je ne veux pas me vanter d'avoir eu là une ruse intentionnelle; ce trou n'est que le résultat de l'une des nombreuses tentatives que j'avais faites vainement, mais il m'a semblé avantageux de ne pas la recouvrir. Evidemment, il est des ruses si subtiles qu'elles se contrecarrent elles-mêmes, je le sais mieux que personne, et il est bien hardi de vouloir faire croire que ce trou peut dissimuler une proie digne de recherche.

Le terrier
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Le voyageur regardait la herse en fronçant les sourcils. Les renseignements concernant la procédure ne l’avaient pas satisfait. Il était bien obligé de se dire qu’il s’agissait là d’une colonie pénitentiaire, que des règles particulières y étaient nécessaires et qu’en toute chose on devait s’y prendre de façon militaire. Mais en outre il mettait quelque espoir dans le nouveau commandant, qui avait manifestement l’intention d’introduire, à vrai dire lentement, une procédure nouvelle, qui ne pouvait entrer dans la tête obtuse de cet officier.
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Le voyageur trouvait déjà l’appareil un peu plus attrayant ; la main au-dessus des yeux pour se protéger du soleil, il le parcourut du regard, du bas jusqu’en haut. C’était un ouvrage de grandes dimensions. Le lit et la traceuse étaient de taillé équivalente et ressemblaient à deux caissons de couleur sombre. La traceuse était disposée à deux mètres environ au-dessus du lit ; ils étaient rattachés l’un à l’autre, aux quatre coins, par quatre montants de cuivre jaune qui, au soleil, lançaient presque des rayons. Entre les deux caissons était suspendue, à un ruban d’acier, la herse.

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Si j’avais fait d’abord comparaître l’homme pour l’interroger, cela n’aurait généré que de la confusion. Il aurait menti, et si j’avais réussi à réfuter ses mensonges, il les aurait remplacés par des nouveaux, et ainsi de suite.
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Il était comme il avait été vivant ; on n’y décelait aucun signe de la rédemption promise ; l’officier n’avait pas trouvé dans la machine ce que tous les autres y avaient trouvé ; les lèvres étaient serrées, les yeux étaient ouverts, ils avaient l’expression de la vie, le regard était calme et convaincu, la pointe de la grande aiguille en fer sortait par le front.
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