Émue, bouleversée, éblouie, les mots ne sont pas trop forts ; l'histoire est celle d'une musicienne, violoncelliste, qui s'éloigne pour quelques jours de son compagnon, atteint de la plus sournoise des maladies, la démence sénile, l'Alzheimer, ce nom si terrible qui fait frémir chacun de nous. Elle nous emmène pour son échappée belle, sur les traces de leurs voyages antérieurs, dans ce Sud Est auquel Ahmed rend un vibrant hommage.
Tout est beau dans ce monde qu'il nous écrit avec tellement de douce pudeur, la tendresse, l'amour profond, la musique, les paysages si intensément vivants, le fil des saisons, les rencontres et rendez-vous que celle qui s'offre cette pause de nature et de souvenirs radieux raconte avec une infinie sensibilité. Il faudrait recopier presque toutes les phrases tellement elles me font écho, me soufflant à mon tour des phrases que je note dans les marges, comme un viatique.
Cette maladie, à peine nommée, tellement dévastatrice, elle nous la raconte autrement, entre oubli et résurgences, au fil des jours qui voient les mots s'en aller, les souvenirs disparaître, les efforts couronnés d'insuccès, la colère aussi et l'agressivité qui s'emparent du malade dont la conscience très longtemps perdure, pour s'enliser à jamais dans une nuit terrible pour l'autre ; et puis son chagrin à elle, sa compagne désemparée, effrayée, démunie, qui cherche à ralentir le temps pour que la maladie ralentisse et leur laisse quelques moments de tendresse, de bonheur, de partage.
La délicatesse d'
Ahmed Kalouaz dans la narration de cette tentative vouée à l'échec, la poésie si tendre de son écriture qui nous transporte au plus beau de cette nature qu'il raconte, la finesse et la sensibilité de son approche d'une telle souffrance font de ce livre un trésor.
Et pour toujours, ce vers de
Paul Eluard, qui rythme le récit :
“Je fête l'essentiel, je fête ta présence”.
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