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3,67

sur 425 notes
Avec Suspicious river, j'en suis à mon deuxième livre de Laura Kasischke. Si, dès le premier (Esprit d'hiver), j'avais repéré le style particulier de l'auteur, le calme désarmant, l'atmosphère mystérieuse et progressivement insupportable, dès le deuxième, j'ai pu repérer leur mécanique implacable, une machine méticuleusement réglée.

Il y a un fond mystérieux, calme, souvent froid avec de la neige, blanche et immobile. le temps semble souvent arrêté, ou s'écouler très lentement, avec douceur. Tout semble parfait, immaculé, mais en raison de la vitesse presque arrêtée, de quelques détails que Kasischke parsèment, des images inquiétantes, le malaise s'installe, et on sait qu'on ne voit pas tout, qu'il a quelque chose de grave qui s'est déjà passé ou qui va arriver. Ça n'arrive pas d'un coup, mais comme un long étranglement. Au début, on pense qu'il met ses mains pour nous caresser le cou, puis avec grâce, douceur, les doigts se referment lentement, dans une étreinte qui ne se desserre pas, un piège, où il est impossible de sortir.

Suspicious river. Déjà, le titre ! un air froid nous passe dans le dos, bourgade perdu au bout du lac Michigan, où il ne se passe rien, bien sûr ! le Swan hotel. Pour qui a déjà vu un cygne de près, avec son regard haineux, sait qu'il doit se tenir sur ses gardes. « Ce sont les maisons qui ont l'air le plus ordinaire qui le sont le moins.»

Il y a aussi la structure du livre, entrecroisant trois moments de la vie de la narratrice, Leila Murray. le présent, à partir du moment où Leila commence à coucher pour de l'argent, au Swan Hotel. Il a le moment où elle est très jeune, entre 5 et 7 ans, où elle surprend sa mère avec son amant, le frère de son père. Et un troisième moment, lorsqu'elle a autour de 17 ans, qu'elle rencontre Rick, et qu'elle doit se faire avorter. Comme des petites roches sur le chemin, nous apprendrons que ce n'était pas tout, la situation était pire que ça, bien pire. Au fur et à mesure des pages, on comprend. Ceci explique cela. Mais on ne sait pas à quel moment cela va s'arrêter.

Il faut imaginer un film au ralenti. Image par image. Un lièvre blanc qui galope dans la neige. C'est beau, élégant, gracieux. le mouvement au ralenti, les pattes qui se touchent au milieu du ventre, les oreilles qui volent au vent, imperceptiblement. Pourquoi voir un lièvre au ralentit, soudainement on comprend, le piège, au milieu de la piste. On voit tout ça au ralenti. le moment où la tête du lièvre passe dans le collet, le moment où le mouvement vers l'avant se stoppe, le moment où les pattes de derrière passent celles de devant. le retour du balancier. On perçoit la peur dans ses yeux, comme ceux d'un enfant. On voit le lièvre se débattre à une vitesse inattendue pour un ralenti. La douleur. Puis le mouvement s'arrête. Tout retrouve son calme. Comme dans un rêve. Un cauchemar qui devient léger comme un rêve.
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Laura Kasischke est la prêtresse des mots noirs et des mots blancs.

Dans son chaudron littéraire, elle glisse tour à tour une goutte d'ombre pour un éclat de soleil, une écharpe de brume grise et froide pour un souffle de vent tiède et caressant, un morceau de nuit pour un carré de printemps bleu, la mort, la vie, le sordide, l'innocence, la violence et la poésie.

Elle nous prépare un nectar empoisonné, une potion douce amère dont l'âpreté finit par accrocher la langue.

Saisissant, dérangeant, vénéneux et magnifique.
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Dans ce récit c'est le caractère de l'héroïne qui me semble le plus dérangeant et non l'écriture crue, sans concession et directe de Laura Kasischke toujours efficace.
La jeune Leila est tantôt lucide sur sa descente aux enfers (en faisant des passes dans un motel peu reluisant) et tantôt passive et soumise, devenant le jouet d'un maquereau minable.
J'ai interprété son attitude comme un défi à la lente destruction de sa mère qui avait suivie le même chemin comme si elle revivait cette destruction par procuration.
Une destinée tragique avec une petite réserve sur des passages qui quelquefois sont des redites qui allongent inutilement le roman.
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Datée de 1999, je découvre cet auteure sublime dans sa première oeuvre. Pour ne pas dire de bêtises, je vais en lire une ou deux autres pour être sûr que mes frissons sont justifiés.En tout cas je suis baba.
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Grande adepte des romans de Laura Kasischke, j'ai pourtant eu un peu de mal avec celui-ci! Rien à dire du côté du talent de l'auteure qui n'est plus à confirmer, mais c'est plutôt le thème et l'histoire qui m'ont rendu la lecture un peu difficile.
A suspicious River n'est pas un roman à lire qu'on on est déprimé, même pas un tout petit peu! On ressort de cette histoire avec un grand sentiment de vide et de désespoir, certes intéressant parce qu'elle ne nous aura pas laissé de glace, mais pas très positif!
L'héroïne met une telle application à s'autodétruire que s'en est difficile de continuer à la suivre, on a parfois envie de rentrer dans le livre et de la prendre par la main pour l'amener vers un avenir meilleur.
Mais non, la jolie héroïne condamnée avance lentement mais sûrement vers son funeste destin, et nous ne pouvons que la regarder, impuissants.
C'est dérangeant, frustrant, choquant...pas très agréable mais forcément marquant!
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J'apprécie l'oeuvre de cette autrice, que je cerne de mieux en mieux au fil de mes lectures. Dans ce premier roman, les éléments clés du style de Laura Kasischke sont déjà là : un destin de femme, une ambiance étouffante, un style lent, lourd et accablant, une fin marquante.
Au fur et mesure, l'étau se referme sur l'héroïne, on tremble pour elle qui se jette délibérément dans la gueule du loup.
Ce récit est bien sombre et peut sembler vain, mais il laisse entre voir le style caractéristique de la grande autrice qu'allait devenir Laura Kasischke.
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Beaucoup de talent chez l'auteur de ce roman noir qui met en scène une jeune femme amenée à la prostitution par un engrenage qui la broie chaque jour davantage. L'issue sera néanmoins surprenante. Il existe un vrai climat dans ce livre, pesant, étouffant même qui asphyxie l'héroïne, laquelle veut trouver la volonté en elle-même de chercher l'air. Très bon.
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Ames sensibles, n'ouvrez pas une page de ce livre noir , très noir voire très glauque mais ô combien addict... L'histoire est celle de Leïla, jeune receptionniste dans un hotel du Michigan qui vend son corps aussi facilement qu'elle donne la clé d'une chambre aux clients de passage. Leîla est absente à son corps comme elle est absente à la vie, toute entière plongée dans un passé destructeur que l'auteur nous fera découvrir par flash-backs successifs. Ce roman dérangeant, cru est écrit dans un style implacable. Et c'est le premier roman de cette auteur, ça m'chamboule...
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C'est une disparition de femme. Une vie qui s'éteint petit à petit dans un brouillard étouffant.
C'est un thème récurrent chez Laura Kashischke. Avec ce premier roman, elle signe une longue série sur la vie des femmes hantées par leur passé, des femmes qui souhaitent disparaître de leur vie qui ne leur correspond pas.
Leila se prostitue pour fuir la monotonie, pour retrouver une partie de sa mère disparue trop tôt. Elle enchaîne les hommes dans cet hôtel de bord de route dans lequel elle est réceptionniste. Elle perd petit à petit sa famille, son mari, sa dignité, ... Une descente aux Enfers qu'elle vit en dehors de son corps. Offrir son corps lui permet de sentir qu'elle existe encore. La violence des hommes la réveille un temps puis elle repart dans son semi coma quotidien.
L'écriture mélancolique de L. Kasischke nous fait passer de la tristesse à l'horreur en un instant. C'est glauque, terriblement gênant mais aussi terriblement humain.
La poésie de ce roman m'a de nouveau séduite.
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A Suspicious River, petite ville du Michigan, on trouve des cygnes, des vestiges indiens, "un bowling, sept églises, dix motels, quatorze bars..." (p. 73). Leila, jeune femme mariée de 24 ans, travaille dans un de ces motels comme réceptionniste. Elle est bientôt tentée de retrouver certains des clients de l'hôtel dans leur chambre pour leur vendre ses charmes. Elle s'attache à l'un d'eux, mais continue néanmoins à se prostituer... le fait-elle pour l'argent ? La réponse, complexe et glaçante, nous apparaît peu à peu à travers les retours sur son passé qui jalonnent le récit, dévoilant les drames qui ont marqué son enfance et son adolescence...
Le roman est prenant, captivant, mais très dérangeant aussi. Leila semble étrangement absente, indifférente, passive au milieu de ce drame, notamment dans ses relations avec les hommes, et cela renforce le malaise du lecteur.
Un tic d'écriture de l'auteur, déjà constaté dans un autre de ses ouvrages m'a particulièrement agacée ici : la succession des "comme" (en moyenne trois par page) avec des comparaisons parfois creuses, ineptes (exemple p.102-103 : "... des gobelets en plastique blanc pareil à du lait de vache...", "... la surface noire comme de l'encre...", "... ses cheveux étaient aussi lisses que du plastique...").
Un roman trouble, déconcertant, dérangeant.

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